"Lamenta" de Rosalba Torres Guerrero et Koen Augustijnen: perte et retrouvailles
Une fois de plus l'être ensemble dans une communauté fait office de pré-texte, de pré-mouvement issu de la culture populaire grecque. A partir de l'étude approfondie du "miroloi" de l'Epire, danse ancestrale qui évoquent le départ, la perte et l'absence.La terre, les racines, la nostalgie y sont convoquées sur une musique lancinante, chants de lamentation. Une danse incarnée, faite de rituels pour se reconstruire dans le groupe!Résonances qui se retrouvent sur le plateau, ici et maintenant pour une transposition contemporaine de toute beauté, les costumes y ajoutant des touches de couleurs virevoltantes.Un marathon de danse fusionnelle entre les corps sur le plateau nu, danse "étrangère" à la culture des deux chorégraphes, auscultée avec respect, pertinence.S'emparer d'un matériau existant pour le modeler, le transmettre et interroger la notion d'héritage, voilà le propos très convaincant de cette démarche artistique . La danse y est fulgurante, hypnotique, performante, fougueuse Folie, sorcellerie à l'appui pour se perdre dans l'épuisement, le don de soi, la perte.Être ensemble pour se tenir debout, faire la ronde ou dévoiler sa virtuosité en solo, tout concourt ici à la vision d'une certaine utopie de la communauté retrouvée Du moins, celle des danseurs arpentant le plateau à l'envi.
La séparation est une expérience quotidienne : parfois on s’éloigne de quelqu’un pour écrire un nouveau chapitre, parce qu’une famille est fondée, parce que miroite, au loin, la possibilité d’une autre vie. La mort aussi vient nous séparer.
Mais les rites sociaux qui nous permettent de donner un langage commun à nos émotions sont de plus en plus rares. Le Miroloi,
en Grèce, réunit la musique et la danse en une plainte qui donne forme à
la douleur tout en tentant de l’apaiser. Le son doux des clarinettes et
un rythme ralenti constituent un héritage des Balkans dont les
chorégraphes Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero s’emparent avec
les codes de la danse contemporaine. Comment le corps traduit-il en
mouvements une émotion intérieure ? Neuf danseuses et danseurs venus de
différentes régions de Grèce accompagnent les deux artistes, à la
recherche d’une dynamique interculturelle qui conjuguerait la tradition
et le présent, l’intuition et l’intellect, le rite et le quotidien.
Dans le cadre du FOCUS "Grèce : un certain regard" du 5 au 15 octobre 2021.
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