jeudi 17 décembre 2020

"Corps": Raphaël Cendo et l'Ensemble Linéa : corps et graphiquement en accord !

 


Un CD, un disque tout récent à peine sorti des presses: un événement à la hauteur du combat que mènent les artistes en ces temps de turbulence, de fracture, et de pressions de toute sorte...

Trois œuvres signées Raphaël Cendo, compagnon de route de l'Ensemble Linéa depuis 2013;

"Corps", Graphein", "Action Painting",trois titres  en étroite relation avec l'instrument, qu'il soit acoustique ou corporel: une ode au physique, à la matière, au geste et à l'engagement physique de l'interprète dans la réalisation, la physicalité d'une expérience singulière: délivrer la composition musicale d'un auteur dans l'instant de sa transmission physique, perceptible, visuelle et audible.Une écriture charnelle inédite pour des sonorités hors des sentiers battus. Et comme interprète de la pièce "Corps", Wilhem Latchoumia: félins pour l'autre !

Un voyage nous attend au creux du temps, de la matière sonore.

A propos de "Corps" .

Le chaos, le piano au taquet ! Saturation, exubérance, revirement constant.Le piano, trituré, augmenté, volubile, versatile: on imagine l'interprète, porté par ce cataclysme qu'il provoque, auquel il participe allègrement. Flux et reflux des sons pour atteindre le calme, comme une réconciliation dans un mugissement de sirène.Atmosphère sous-marine avec murène et combat acerbe entre piano et ensemble, en ruades, rebond et déchainement horripilant. Frappe irrévocable des percussions Insert des cordes entre les escapades contrôlées du piano Ambiance cavernicole, menaçante, inquiétante... Les matières sonores s'inventent, par touches, par impact. Échos métalliques, résonances et réverbérations palpitantes du son, mugissant échafaudage tremblant d'un édifice en déséquilibre. Coulées de notes incandescentes, très terrestres, solides, tectoniques. Contraste entre l'immersion des sonorités et  leur émergence.Énigme, étrangeté de ce grimoire à ouvrir avec délicatesse, tel une boite de Pandore... Le piano reprend le pas, percussions et cordes se déchainent, un gong se replace: fusion et émulsion du son, déferlement inopiné, déconcertant de bruits et de fureurs.Un univers mouvant, des matières sonores en éruption. Une lente progression mènerait à une issue sans "annonce" anticipée, excepté la baisse des décibels, laissant place au suspens, mystère et autres esprits languissants comme habitants...On imagine les interprètes à défaut de les voir, émettre et créer ces sons polychromes et "enchanteurs";Les oubliettes fantasmagoriques d'un monde peuplé de sons inventés, surgis de matières en fusion.Un dernier phénomène de déconstruction radicale s'embrase, plongeon dans l'enfer extravagant du style Condo: un train d'enfer en épilogue quitte le quai: foisonnement de propositions hétérogènes, jusqu'au gazouillis final des cordes, des sifflements des vents ,la colère des percussions...

"Graphien"

Survoltée, l'écriture de Raphaël Cendo, irradiante, démesure au delà des frontières et des cadres, indomptable, irascible, déchainée, radicale Indomptable trublion hérissé, griffes dehors, déchirant les voiles dans des inventions fertiles et prolixes, inouïes...Pas "fréquentables", ces fréquences incongrues; pas de domestication possible pour cette bête enragée, passible de corrections inimaginables, de redressements incommensurables. Enfant terrible de l'inventivité déraisonnable, face aux "lois" de la dé-composition ou re-composition musicale Radical en diable et complètement "timbré".

La profusion des sons incalculables, issus de sources non identifiables fait leurre. Fatras et pataquès redoutable, écriture tectonique, géologique, celle de plaques qui se diffractent, se fracturent, déboulent, s'entrechoquent pour mieux s'effondrer. Cité interdite où le défricheur, voyageur, explorateur de l'inconnu pénètre en conquérant des territoires incertains, vierges qui oscillent, chavirent, se retournent, se renversent.Danser du Cendo serait un doux euphémisme,pléonasme tant l'équilibre de ses compositions est instable, surprenant, désorientant. Feu d'artifice incandescent bien de notre temps.Déchainement et bassin d'effondrement, roche métamorphique en mille-feuilles de schiste scintillant.

Quant à "Action painting"la musique fébrile et tonitruante se confirme On y reconnait ni identifie "personne" d'entre les instruments tant ce "charivari" savant, déboussole, riche de pierres précieuses non identifiables. Dans une énergie vitale, fracassante, les instruments se catapultent, se déchainent, déversant un flot de timbres inédits aux ressources insoupçonnées. Sur notre perception des sons. Ventilation, pulsion, pulsations, déflagrations au poing. Tempête et tsunami en figure de proue.Raz de marée sonore, capable de se déplacer de son giron en un clin d’œil. C'est un spectacle sonore, visuel, lumineux où le geste l'emporte pour mieux se déplacer, se mettre en mouvement et déplacements incessants. Acharné, répétitif emportement qui fait escale en bout de piste sur le tarmac de l’inouï.

Un CD qui intranquillise et déploie toute la richesse d'une musique radicale sans concession à l'écriture musicale intronisée.

L'Ensemble Linéa, fidèle à sa ligne éditoriale: "étonnez moi", sous la direction de Jean Philippe Wurtz

En coproduction avec "l'empreinte digitale"

 


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