lundi 27 septembre 2021

"Passion de la petite fille aux allumettes": un opus étincellant et magnétique, dramatique!

 


Les chanteurs et chanteuses de l’Opéra studio et de la Maîtrise de l’Opéra national du Rhin se penchent sur la musique vocale américaine, qui a connu une période d’effervescence créative au cours des dernières années. Partenaire de Julia Wolfe et Michael Gordon au sein de Bang on a Can, David Lang signe une adaptation méditative du conte d’Andersen La Petite Fille aux allumettes enrichi d’extraits du texte de la Passion selon saint Matthieu de Bach. Une oeuvre vocale poignante, accompagnée par deux pièces pour choeur d’enfants de Caroline Shaw et Ted Hearne, figures montantes de la nouvelle génération.

David Lang The Little Match Girl Passion pour quatre voix solistes avec percussions (2007) C'est au final une pièce rare qui débute par des alternances de mélopées balancées qui tanguent un rythme scandé . Une "narratrice" s'en détache en conte en parlé-chanté les péripéties de cette "petite fille aux allumettes" dans un anglais parfaitement et calmement maitrisé.Comme une litanie groupée, à cappella, très contrastée, modulée en suspens et accélérations.En sobres et bonnes comédiennes les deux chanteuses cheminent dans ce récit glaçant, dramatique.. Bercements lascifs ponctués de légères percussions que chacun manipulent en chantant!Un très beau duo féminin de Lauranne Olivia et Elsa Roux Chamoux en enluminure dramaturgique, reprenant les motifs, leitmotivs mélodiques de la partition.!Tout s'accélère et les récitants, témoins et acteurs du déroulement de l'action racontée, s'animent de caractères et nous tiennent en haleine.Comme des vocalises, plaintes et cris à l'appui, des lamentations nostalgiques sourdent et se répoandent dans l'espace du lieu.Douceur et lenteur des voix du choeur comme écrin.Le récit avance, toujours progresse, récurent, lente avancée vers le drame fatal de la solitude, de l'abandon et de l'indifférence.Tout semble peu à peu s'éteindre, l'épilogue en postface conclusive Le tout, l'ensemble sonore vocal ponctué par de légères et discrètes percussion individuelles pour dessiner une syntaxe, un phrasé subtil et enchanteur Il ne s'agit pas d'un conte de fées mais bien d'un drame où une phrase répétitive sur fond de voix de ténor fluide et tenue fait office de fatalité incontournable.La neige tombe inexorablement sur ce tableau magnétique offert aux regards: le chant, les voix s'y révèlent conductrices et médium puissant de l'histoire contée dans un flux et reflux de musique qui transporte.


Caroline Shaw Its Motion Keeps pour choeur d’enfants et alto solo (2013) C'est une virevolte, un chant polyphonique en spirale avec des aigus vertigineux: le chef d'orchestre frôle l'espace du bout des doigts, félin, les genoux flex, habité par un enthousiasme contagieux.Telle une adoration, lente ou vive, cette œuvre murmurée, susurrée est puissance en vibrations, en timbre. Enveloppant les pincés du violon solo qui chante comme ce chœur de voix angéliques.


Ted Hearne Ripple pour choeur d’enfants (2012): tout de noir vêtues les jeunes chanteuses choristes émettent de leurs voix très claires, des sonorités angéliques qui résonnent en rémanence acoustique dans le chœur de l'église Saint Paul. Des murmures dans des aigus impressionnants font que le son semble tourner, calme dans un recueillement remarquable.Parsemé de silences audacieux qui maintiennent une suspension assidue.Des masses sonores imposantes pour un ensemble vocal au diapason!Une soliste dans la chair comme ange conducteur, bergère de ce groupe solide, soudé et fort entrainé aux embûches vocales ou de l'écoute individuelle dans le collectif.

avec les chanteurs de la maîtrise de l’Opéra national du Rhin et de l’Opéra Studio
direction musicale | Alphonse Cemin

alto | Benjamin Boura chant | Lauranne Oliva, Elsa Roux Chamoux,
Damian Arnold, Oleg Volkov

Al'Eglise Saint Paul à l'occasion du festival MUSICA  production:Opéra National du Rhin

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