Entre
pénombre et éblouissement, immersion et introspection, le collectif
norvégien Verdensteatret nous entraîne dans une expérience aux limites
de la perception. À travers un vocabulaire de formes géologiques,
organiques et animales, Trust me tomorrow transforme la scène
en dispositif de spéculation sensorielle : chauve-souris, taupes,
crustacés des grands fonds et poissons troglodytes, serpents et
araignées du désert… et si comme eux, nous qui sommes tout autant
aveugles à notre environnement développions des capacités hors norme,
telles l’écholocation ou la sensibilité au magnétisme terrestre ? Que
verrions-nous ? Qu’apprendrions-nous sur le monde et l’inframonde, le
présent et le futur ?
Dans le noir de la petite salle résonnent comme des sons discrets de cor de chasse ou de vaches qui meuglent...Place au film et images vidéo: des pierres , un univers minéral s'y impose avec des bruits de caillasses froissées, des déchirures qui frissonnent, des bruits d'avalanche dans un chaos sonore et visuel impressionnant.Autant d'images-lumières diffractées pour brouiller les pistes des sensations en prise avec le virtuel. Une trompette pour souffler sur l'ensemble.Sur le plateau une forme noire indistincte, dolmen dressé ou météorite échoué sur fond de son de grillons lors d'une accalmie bienvenue.Nuées d'hirondelles ou d'étourneaux...D'autres sonorités peuplent cet univers décalé: des baguettes qui percutent dans l'obscurité d'une grotte qui goutte à goutte, son sur le bout des doigts et malaxés dans une terre battue noire.Le petit orchestre déglingué est installé au coeur de cette usine à sons; autant d'objets incongrus: sculpture de plumes qui frotte un socle, cavernes lumineuses qui semblent miroir réfléchissants...Machines infernales à la Tinguely en accord avec de très belles icônes vidéographiées:sur trois surfaces, les formes de paysages de dunes se métamorphosent, en gris teinté de blanc neige.Merveilleuse atmosphère étrange et fascinante que ce bric à brac artisanal, récupération en tout genre: des sculptures qui semblent grincer comme des girouettes dans le vent Ce laboratoire incertain fourmille et grouille de propositions sonores riches, à partir de trois fois rien. Cela fait mouche et cet atelier de tous les possibles envoie en crachin des éclaboussures de lumières venues d'instruments à vent..Des sculptures en plumes d'autruche pour le falbala! Quand une vielle à roue fait irruption dans cette ritournelle de sons qui tournent et avancent comme ces dunes qui se déforment sur les écrans.Dessinant des paysages multiples qui se diluent.Corps et graphie des images autant artisanales que sophistiquées.Explorateurs de sons, bricoleurs d'instrument comme en papier mâché recouvert de blanc pour mieux capter la lumière dans le noir Cette séquence est splendide, telle des néons à la Martial Raysse, qui s'animent en partition graphique stroboscopique. Tels une ossature qui se balade, suspendue dans les airs!Un univers étrange que l'on peut découvrir sur scène à l'issue du spectacle, comme une fabrique, un chantier arte-povera de la musique simple qui semble couler de source!
—spectacle crée par le collectif Verdensteatret
avec Niklas Adam, Magnus Bugge, Ali Djabbary,
Janne Kruse, Elisabeth C. Gmeiner, Asle Nilsen,
Laurent Ravot, Espen Sommer Eide, Martin Taxt,
Torgrim Torve
création française
Au Millon le 28 Sptembre dans le cadre du festival MUSICA
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