Murray Schafer est considéré comme pionnier de l’écologie en musique. Celui auquel on doit la notion de « paysage sonore » n’a cessé de militer en faveur du respect de la nature, en particulier dans sa dimension acoustique. De sa musique vocale, il dit qu’elle cherche à établir une relation spirituelle avec l’environnement, voire, comme il le suggère à propos des Magic Songs, « à restaurer des aspects de la nature qui ont été négligés ou anéantis par l’humanité ». Croire en la magie, faire vibrer le monde et accorder les esprits, c’est l’expérience à laquelle nous convient les Métaboles avec la participation de la Maîtrise Sainte Philomène de Haguenau sous la direction de Léo Warynski.
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Murray Schafer
Snowforms (1981): la jeune chorale est tout de noir et blanc vêtue et murmure, susurre à mi-mot, en ondulations, en autant de modulations précises.De très beaux aigus jaillissent de ce magma sonore, compact, soudé, en canon, en tuilage et résonances harmonieuse. Les jeunes choristes sous la direction de Nicolas Wittner font ici un ensemble soudé, à l'écoute et fort synthétique à écouter.Une interprétation subtile, engagée et généreuse de la part de la maitrise bien rodée à l'exercice de la sccène !
Magic Songs (1988):l'Ensemble des interprètes chanteurs prend place pour un démarrage vocal parlé-chanté à la russe, vif, haletant, répétitif. La foule y est présente avec cris, murmures, silences en suspension, dissonances....Très ponctué, le phrasé de la pièce s'égrène en pépiements puis évoque une sorte d'hymne ou une pastorale bucolique.Aérienne, enjouée, alerte.Avec enthousiasme et allant dans une mêlée où les vibrations magnétiques irradient l'espace de la grande salle de la Halle Citadelle.Comme une forêt de chants qui se déplace, les chanteurs circulent, se dispersent.Chute brusque des aigus en cascade, soutenues par les voix de basse: comme des trains qui s'ébranlent, en marche, on y frappe des pieds en cadence arythmique.
Vox Naturae (1997):quasi liturgique, ce morceau invite à la méditation; deux groupes de chanteurs se répartissent l'espace, enveloppant les spectateurs, les bordant de sons qui se répondent.Le son traverse et dialogue en couches superposées: il tourne comme les chanteurs, de dos, et comme une envolée forment canons et échos, ricochets et caramboles.Telle une foule en émoi, une volière joyeuse: messe ou requiem pour un environnement sonore de toute beauté saisissante!Éclats de voix percutants, rythmes variés à l’appui, on songe aux Carmina Burana avec tambours dans une sorte de farandole ou redoute finale.
Veljo Tormis Raua Needmine (1972):Le chef s'empare du tambour pour mener le bal:des borborygmes, des voix parlé-chanté qui vocifèrent comme des oracles, une menace en pulsations régulières.Agora ou forum des sons où s'exprime la foule sans négliger aucune altérité de chacun.Des solistes s'exposent dans ce joyeux brouhaha de slogans féroces de manifestation publique.Dans une langue cosmopolite qui rend la musicalité, diverse, étonnante et modulée à souhait.
Murray Schafer Miniwanka (1971): tous réunis, voici les "choristes" au zénith pour une joute de chants d'oiseaux au loin et sur le plateau.Cacophonie enjouée, vivante où les frappes pieds et mains sur les corps s'intègrent à la musique et font de la pièce une chorégraphie de percussions corporelles, inédites.Comme une avalanche qui réverbère le son, tel le tonnerre qui gronde en ricochet de pupitre en pupitre.Une sorte d'allocution au final, prise de parole pour teinter cet édifice du son, de couleurs fortes et vibrantes.Le son y est solide en fondement architectural très tectonique: les bâtisseurs de chant vocal, de musique issue aussi des temps médiévaux font office de conteurs, serveurs de l'harmonie autant que du chaos!Quand amateurs et professionnels s'allient l'union fait la force !Et crée de beaux rapprochements complices, de générations
Les Métaboles
direction | Léo Warynski
Maîtrise Sainte Philomène de Haguenau
direction | Nicolas Wittner
Halles Citadelle dans le cadre du festival MUSICA
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