ORATORIO CONTEMPORAIN
Après Place en 2023, Musica invite à nouveau Ted Hearne pour la première française d’un autre oratorio : The Source.
La pièce répond de la même écriture musicale inclusive, additionnant voix singulières, récitatifs auto-tunés, balades néo-soul, section rythmique pop et cordes contemporaines, le tout mis en scène par Daniel Fish dans un dispositif vidéo quadri-frontal.
Son sujet est Chelsea Manning qui, en 2010, fit fuiter plusieurs centaines de milliers de rapports classifiés de l’armée américaine sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan et contribua ainsi à révéler la conduite militaire des États-Unis et les exactions commises envers les populations.
Entouré de quatre écrans géants, le public est au coeur de l'action. Dans le bain, d'emblée comme ces visages qui semblent scruter l'espace, s'interrogeant ou surveillant des allées et venues. Visages surdimensionnés qui vont peu à peu s'additionner par double. Face à face, ils nous toisent, voient au delà de notre pré carré. Histoire de nous impliquer aussi dans cette narration singulière. De façon frontale se dissimule "l'orchestre" caché derrière un rideau semi opaque. Les corps et instruments se révèlent selon la lumière, surimpression ou dissimulation. Superposition qui occulte une vision nette. La situation est tendue tout du long, la musique, présente et fébrile opère côté fracas, destruction, déflagration. Le spectacle est total: immergé dans les quatre coins de l'image, au coeur du processus de fabrication on est concerné, impacté, visé. Comme ces balles qui tuent en film témoin et acteur en direct des horreurs des snipers et autres assassins de circonstance guerrières. Les affrontements font rage, alors que les visages surdimensionnés sont à peine touchés. Ils observent, impuissants la terreur du monde belligérant et impulsif, déraisonné et assassin.Une ode, un oratorio pour la paix, la grande, la belle odalisque déboulonnée de son socle... Les voix en proximité comme des chants de sirène désabusés.On retrouve Eliza Bagg, derrière soi, avec émotion.
« Quelle musique n’est pas politique ? » Découvrez le parcours de Ted Hearne, compositeur, chanteur et chef d’orchestre américain, retracé par le philosophe Lambert Dousson. Sous l’angle de l’hybridation des genres et des langages musicaux, il éclaire les liens entre écriture musicale et pensée politique chez le compositeur étasunien.
Au Maillon le 26 Septembre dans le cadre du festival MUSICA
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