photo agathe poupeney |
Dans ce spectacle chorégraphique pour 12 danseur·se·s, Alban Richard se penche sur la musique minimaliste du milieu des années 1970, alors qu’elle influence de jeunes artistes qui choisissent d’en emprunter les architectures tout en s’attachant à d’autres modes de pensée et d’autres énergies. Là où Louis Andriessen substitue le chromatisme à la tonalité des premiers minimalistes, David Tudor établit un lien entre l’écriture répétitive et l’électronique musicale naissante en laissant libre cours à l’instabilité des processus. Quant à Brian Eno, il retient l’idée d’une écoute fusionnée avec son environnement et initie le courant ambient qui marquera durablement la pop et l’électro.
centre chorégraphique national de Caen en Normandie
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Programme musical
Louis Andriessen Hoketus (1976): c'est de façon frontale que nous abordons la grappe, la meute: en alternance les 12 danseurs alignés, de face, en canon et alternance, jouent à qui perd gagne en hauteur, décalage mécanique, avancées, reculés savamment calculés! Alban Richard nous fait son "Dance" à la Lucinda Childs, rigoureuse partition chorégraphique comptée aux entrées et sorties directionnelles, aux croisements impeccables, millimétrés au cordeau!C'est à couper le souffle et hypnotisant: les costumes, sport sophistiqué et très design-mode chamarrés. Des emboitements, puzzles acrobatiques dans la construction architectonique des ensembles, des échappées belles aussi pour libérer les corps, les projeter dans l'espace. Comme une horde, meute lâchée, maitrisée, vol d'oiseaux en bande d'étourneaux, nuées ou murmurations. Des marches communes, courses et voltes se tracent peu à peu, des solos se détachent, sauts et tours, hochements de têtes dans un rythme infernal tenu, incessant. Des tours à l'inverse des aiguilles d'une montre....Une performance qui se s'épuise jamais! Une petite pause aux vestiaires, à vue comme lors d'un match sportif pour respirer!
Brian Eno Fullness of Wind (Discreet Music, 1975): un beau quatuor de femmes, délicieuses créatures aux gestes fluides pour contraster avec la première pièce du programme.Très douce, dans une grande liberté apparente sur une musique détendue, lascive, quasi classique!
David Tudor Pulsers (1976)
Après une seconde pause, changement de costumes à vue pour métamorphoser les danseurs en athlètes performeurs "sportifs"! Costumes fluo, plein de couleurs, très seyants, évocateurs de compétition sportive, tous distincts et personnalisés.Déflagrations de solos en salves projetées, torsions des corps, spasmes de possédés, danse hystérique, ravageuse, très efficace! Comme autant de molécules, d’électrons libres, en profusions de propositions d'écriture gestuelle organisée et sur mesure.Quelques "poses-décors" pour figer des instants si précieux d'accalmie dans ce furieux groupe compacté par l'enthousiasme, galvanisé par la musique.Mécanique infernale des temps modernes, galops, tours de derviches, voltes, spirales à l'envi! On n'achève pas les danseurs, en chutes, rebonds, suspension, soulèvement constants.Une performance aérobique et athlétique remarquable tant la musicalité efface les travers de la "performance" pour la performance... Ces olympiades désorientent, déboussolent, les directions se fracassent sans se bousculer dans des couleurs vives, musicales autant que plastiques: des tableaux mouvants qui déconcertent, décalent dans une polychromie totale de sons et de mouvements vibratoires. Alban Richard, peintre d'une échappée belle irrésistible, tendue, volatile, futile, interprétée à la perfection minutée d'un ensemble hétérogène où l'identité demeure, l'altérité fait des uns et des autres des "soyez vous même" dans les touches et masses chorégraphiques denses et vertigineuses. Sur la piste, au chœur du stade ou dans l'arène rien ne s'épuise sur la surface de "réparation"!
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conception, chorégraphie, lumière Alban Richard
assistants chorégraphiques Max Fossati, Daphné Mauger
interprètes Anthony Barreri, Constance Diard, Elsa Dumontel,
Mélanie Giffard, Célia Gondol, Romual Kabore, Alice Lada, Zoé Lecorgne,
Jérémy Martinez, Adrien Martins, Clémentine Maubon, Sakiko Oishi
régie son Denis Dupuis
son Vanessa Court
lumière Jérôme Houlès
costumes Fanny Brouste
réalisation costumes Yolène Guais
régie plateau Olivier Ingouf
conseillère en analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé Nathalie Schulmann
Bonjour,
RépondreSupprimeril y a une petite inversion entre Pulsers et Fullness ;)
Inversion: tout à fait: la deuxième réalisation était faite sur la pièce de Brian Eno, une de ses trois variations sur les canons de Pachelbel... https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=brian+eno+fullness+of+wind
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