"No Man's land" de la compagnie Daruma, Milène Duhameau : du large !
Cest au Chateau de ST Chamand à potron-minet sur un plateau extérieur: trois danseurs, tenue banalisée citadine, urbaine: ils vont tenter la rencontre par de multiples passages, frôlements, inter-actions. Volubiles, dans l'espace vaste et ouvert, ils tissent une histoire simple et convaincante: une relation d'apprivoisement, de rejet, de doute ou in fine d'adhésion entre eux. De beaux arrêts sur image pour lester la tension, affermir l'attention et rendre crédible l'évolution des relations Les gestes issus du hip-hop sont vifs et les évolutions possibles dans ce vaste terrain de jeu, aspirent à tracer un chemin, des circonvolutions tracées très graphiques.La proximité avec les interprètes rend possible un jeu interactif et le silence qui se fait ce jour là, incident technique, pose et repose le regard sur le mouvement, simplement habité.
Palmyra" de Bert and Nasi :corps dominé, dominant.
Autant danseurs, comédiens, que clowns, deux compères vont esquisser les relations de soumission, de domination: politique du corps qui se tait pour celui qui serait le "réfugié", qui verbalise, pour celui qui défend sa cause de dominateur Nasi est tapi dans son coin, muet, ficelé par son ignorance. Détruire, disent-ils: d'une assiette brisée vient le malheur, le doute et la suspicion. Les premières démarches pourtant entre ces deux larrons furent une très belle scène introductive: sur un skateboard, chacun évolue, glisse, traverse l'espace le temps d'une romance baroque ch'io pianga" de Haendel.Temps fort qui augure d'une belle exploration de l'espace.Les assiettes retombent, l'incompréhension persiste, la domination est bien ce mutisme que le corps recroquevillé de Nasi, exprime.
"Bataille" de la compagnie Dernière Minute Pierre Rigal: jeter son corps dans la bataille!
Un duo performant où deux individualités confrontent leur langage, leurs codes, leurs façons d'exprimer colère, haine, désir, tendresse...Violence des gestes, percussions corporelles pour mieux battre le rappel de la lutte à mains nues, corps en jeu. Les esquives, certes, mais aussi les claques et rentre -dedans pour simuler qu'il faut "jeter son corps dans la bataille" !Duo de choc où le jeu se fait masochisme, répétitions et parfois absurdités des comportements belliqueux!On s'y manipule à l'envi,on s'y confronte dans la chair, à coups de poings, à coup de gueule.
"Iskanderiah Leh ?" par la compagnie Ex Nihilo: l'atelier bien établi!
Anne Le Batard et Jean Antoine Bigot s'adonnent à la joie d'étaler les établis du travail en cour pour toutes les investigations visibles du "labeur" du processus de création.Tout est circulation d'un point à un autre dans ce laboratoire de recherches, à vue, dévoilé.Alexandrie pourquoi? en sera le leitmotiv: recherche et déboires en interrogeant les corps qui parlent, qui se souviennent de Marseille, de l'Egypte, autant de zones d'exil, de départ ou d'arrivées périlleuses. Cinq manipulateurs d'objets, d'images qui jonchent le sol et qu'il ne faut pas oublier, négliger pour vivre ensemble.Une écriture singulière pour ce plateau ouvert au public: la langue gestuelle n'a pas de frontière!
"Plubel" de Clémentine Vanlerberghe: les femmes silhouettes..
Quatre esquisses de corps à peine éclairées dans une mouvance douce, sensuelle, fluide. C'est beau et intime, à fleur de traces fugaces, de rémanence dans l'espace qui s'invente, se dessine. La clarté se fait peut à peu sur ce quatuor changeant, figurant moultes situations physiques d'investigations du corps dans l'espace.En legging noir, torse nu, poitrine dévoilée en figure de proue, elles défilent aussi, talons hauts en bottines comme des pieds de chèvre surhaussés. C'est quel peu satanique et diabolique, fortb et suggestif.Groupe ou individualité, la danse révèle chacune par une présence intense qui touche et remue.Ligne, autorité, beauté de la scénographie font de cette pièce un réceptacle de "plus belle tu meurs" incontestablement indisciplinaire!
"Le sale discours" de David Wahl et Pierre Guillois: ce que "le sot l'y laisse"....
Un "bijou" pour raconter l'histoire du "sale", c'est du propre! David Wahl, d'emblée entraine par les mots, les gestes dans son univers décalé, féroce, documenté, fouillé, qu'il faut croire ou fantasmer. Causeries plus que conférences ou allocution, ses élucubrations historiques viennent tordre le cou à la raison, au dogmatisme. Récit, petite géographie linguistique et corporelle, sa pièce avance, distinguée, précise, séduisante. Le déchet, le tri de tout rebut, ce que "le sot l'y laisse" à recycler, font office de matière première à moudre. A pétrir et à méditer à l'envi. C'est un alchimiste, prédicateur, prophète de pacotille qui tricote des récits passionnants et la matière plastique dans laquelle son corps-conteur évolue se fait entrave, pollution, charge ou bain de jouvence. En tout cas des images performatives et plasticiennes s'y rejoignent pour jubiler plus que ternir la vision d'un monde fataliste. Du très bel ouvrage qui tient en haleine et interroge l'auditoire, ébranlé, déplacé, comme un danseur qui chemine dans la pensée en mouvement.
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