C'est toujours un immense plaisir que de retrouver ce plateau de plein air à la Parenthèse, une cour privée, ouverte à l'accueil de la Danse à potron-minet!
"Les Baigneurs": Art Doudou !
Cette édition là démarre à l'extérieur des murs avec, parmi le public, les deux silhouettes burlesques en diable de Clédat et Petitpierre: telles deux figures quasi grotesques mais très attendrissantes, ces baigneurs, ours de peluche bariolés de rayures balnéaires , entrainent dans un univers tendre et diuillet. En dépliant nonchalamment leur tapis de bain, parmi nous, ils interrogent leur place dans cet espace ouvert à tous. Gestes ralentis pour mieux s'installer, prendre des pauses édifiantes de paresse, de relâchement, d'innocence. Pris en flagrant délit de délicatesse, de respect l'un de l'autre, ils nous convoquent "gentiment" sur l'autre scène pour y déguster cette matinée de sensations douces.
"Le fil" de et par Sylvain Prunenec: "j'ai la mémoire qui flanche....."
Travailler sur "la mémoire de la matière", sur les sensations qui jaillissent et convoquent la mémoire corporelle, ainsi va le propos du chorégraphe qui plonge dans les strates du vécu, de son histoire pour "penser" le corps et panser les résurgences du ressenti inscrit sous la peau, dans les muscles profonds Et si les "souvenirs" s'entremêlaient de façon à leurrer celui qui cherche à les raviver? Telle serait l'objet de cette belle et subtile prise de corps et de parole du danseur, irradiant de malice, de considération pour la danse, pour sa danse: d'un "incident" de parcours en scène, il fait et construit un cheminement kinésiologique qui aboutit à sa propre vérité; Qu'il sait si bien partager, laisser voir, entendre et filtrer.Se raconter aussi au travers des gestes précieux de Bagouet, Trisha Brown ou Odile Duboc Traces et dépôts, le corps s'imbibe, s'imprègne et resurgit la danse de Sylvain Prunenec, fluide, habitée, féline!Détachement et distanciation par le récit de la parole aussi: cela fait un bien fou et l'on chemine avec sa pensée brillante par delà les époques!
"Abdomen":de et par Clémentine Maubon et Bastien Lefèvre: ceci n'est pas du sport!
Un duo qui démarre sur les chapeaux de roues, très sportif, emporté par les tenues vestimentaires adéquates et le tempo : deux gymnastes rodés qui se cantonnent à leur savoir courir sur place et autres défis physiques. Danse duo à l'unisson des efforts pour mieux basculer dans un autre langage, fluide et complice dans l'énergie partagée. De quoi faire surgir le sentiment, l'union, l'amour; le heurt des corps une fois encore confrontés à leur gestuelle inscrite: force, tonicité, rudesse ; l'abandon se fait timide et discret: encore un beau chemin à parcourir avant d'accéder à une respiration poreuse et salutaire....
"Mal compris" de Mael Minkala : message bien reçu!
Il est interprète de son propre solo, taillé sur mesure et dans le vif de son sujet: lui-même face à sa destinée, complexe enchevêtrement de circonstances, de cultures et d'appartenance Frêle silhouette exilée de son sol, de sa terre, à travers son corps, torse nu, il clame avec énergie la fragilité de la vie. Musclé, statuaire ambrée qui dévoile sa chaine musculaire comme autant de réseau de circulation, il dévoile son identité de danseur, d'auteur avec audace et authenticité. Visa pour franchir les frontières du contact, sa danse muselle aussi son corps, le confine dans la douleur C'est émouvant et juste sans fioriture, à fleur de peau.
Et l'on se quitte pour l’angélus, ravi d'avoir assister à l'éclosion d'autres mondes....
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