"La chair a ses raisons" de et par Mathieu Desseigne-Ravel: trapèzes sans filet !
Il sera de dos, à peine éclairé, comme un trophée d'animal, écorché. De la chair vive revisitée comme de la pâte à modeler, polie comme une sculpture de Camille Claudel ou Rodin, dans la semi obscurité: un panorama mouvant de sa structure musculaire, vivante, lisse, huilée, sensuelle.Pétri de micro mouvements à peine perceptibles.Vision hypnotique d'un phénomène plastique, très réussie qui tient en haleine et se déploie à l'envi dans un espace-temps lumineux très réduit. Cela opère au delà de l'imagination: de la danse à vif, tendue, infime sensations curieuses de petite géographie corporelle se métamorphosant au gré des impulsions nerveuses. Non sans rappeler le travail de Laurent Goldring pour Donata d'Urso ou Xavier Le Roy ou celui d' Olivier Lelong sur le corps plastique.
http://genevieve-charras.blogspot.com/2016/09/lutherie-instrument-prepare-pour-grand.html
A l'Atelier
"Nulle part est un endroit" de et par Nach: Terpsichore en baskets !
Solide, valide, tonique, son caractère se révèle d'emblée: Nach est un phénomène plus qu'attachant. Féline, maline, au regard et mimiques saisissante, elle tient le plateau pour une "conférence dansée", solo incarné de sa personnalité abrupte. C'est à travers son récit que se découvrent toutes les variations du krump, par le filtre de son corps que l'on "apprend" à repérer les postures, attitudes de ce street art singulier.Pied, talons en force, traces de danse baroque, influences diverses. Dans sa stature massive, par le truchement de sa voix pleine et joviale on pénètre avec empathie dans son univers: voix off et vidéos à l'appui pour sceller sa parole en direct.Une présence rare, engagée, séduisante et dérangeante tant elle bouscule les idées reçues, fait basculer poids et appuis pour une lec-dem unique en son genre. Bienvenue dans sa sphère idéale et partageuse.
A l'atelier
AUTOUR ...
"La mécanique des ombres" de et par Naif Production dans le cadre des Garden Party du Théâtre des Doms : anonymat à visage couvert.
En "petite forme-version extérieure" sur le plateau du jardin trois étranges personnages apparaissent cagoulés, visages masqués, couverts. Que dissimulent-ils sinon leur identité, leur faciès, leur regard. Seuls dialoguent les corps qui s'attrapent, se soulèvent, s'affrontent, se racontent.Énergie acrobatique, autant que geste dansé fluide, innervé de flux et reflux. Statuaire à la Daniel Firman parfois, tout bouge, oscille, périlleux exercice de style froid et distancé.Les interprètes sont au diapason pour une chorégraphie signée Mathieu Desseigne-Ravel, Sylvain Boullet et Lucien Reyes.
"Lost in Ballets russes" de et par Lara Barsacq: mémoire vive
Elle est en filiation avec Léon Bakst, décorateur et costumier des ballets russes et raconte son histoire, ce qu'elle fantasme de cette époque, thème que l'on retrouvera dans sa pièce en hommage à Ida Rubinstein. Simple et accueillante proposition de la suivre dans son périple, à la recherche du temps, de ce qui l'a marqué dans les strates de son corps dansant. Elle nous guide et nous emmènent joyeusement sans nostalgie sur la piste d'une époque, d'une esthétique qui lui ressemble et qui nous rassemble. Pas d'égo, ni d'exclusion dans cette résurrection d'impressions, de sensations liées à son passé-présent très convaincant. Ne rien oublier de ce qui nous construit!Que ce petit rituel public soit perçu comme une boutique fantasque aux portes ouvertes sur la connaissance collective!
A L'Atelier
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