ARTE et Musica dévoilent en avant-première le documentaire d’Andreas Morell sur Arnold Schönberg réalisé à l’occasion des 150 ans de la naissance du compositeur.
Pour illustrer le caractère visionnaire du maître de la Seconde école de Vienne, le Quatuor Diotima donne son Deuxième Quatuor, œuvre charnière dans le passage de la tonalité à l’atonalisme — en compagnie de la soprano Axelle Fanyo, puisque, fait rare dans l’histoire du genre, deux des mouvements comportent des lieder sur des poèmes de Stefan George. Grido d’Helmut Lachenmann et Bobok de François Sarhan complètent le concert et nous montrent combien l’expressionnisme a irrigué la musique contemporaine jusqu’à nos jours.
François Sarhan, Quatuor n°1 “Bobok” (2002)
Voici de quoi réjouir et étonner le public, "habitué" aux élucubrations dantesques et inventives, drôles et décalées de François Sarhant. Une composition rigoureuse, sorte de conversation entre les instruments, réinterprétation de la nouvelle de Dostoevski "Bobok". Ce mot magique, leitmotiv, récurrent, transformé par analogie en un accord, entendu dès le début, qui lui-même se développe et se renverse au fil de la pièce.Bel ensemble cohérent d'architecture musicale menée de doigts de maitres par les interprètes complices du quatuor Diotima.
Arnold Schönberg, Quatuor à cordes n°2 (1907-1908)
Une mine de sons, quasi mélodiques et fort flatteurs à l'oreille alors que la cantatrice à la voix de bronze émet une plainte tendue. Comme un prolongement du jeu des cordes qui prennent le relais dans de vastes et longues tenues.
Helmut Lachenmann, Quatuor à cordes n°3 “Grido” (2001)
Ouevre phare de cette soirée qui débute par des sifflements, effets sonores de sirène portuaire émis par les cordes. Souffle des archets sur les instruments en virevoltes, ornements, grincements, étincelles.Dans une atmosphère sombre et sourde, très contrastée. Les sons y sont organiques, animal, raclements, râles: de gorge, de pharynx, très anatomique, charnels. Puis plus légers au fil de l'oeuvre, diffus, vifs, aériens, sautillants. L'écoute est tendue, acérée. L'exercice musical est virtuose, à l'affut des incidents tectoniques de la partition lumineuse, chaotique. Des sons infimes maintiennent en haleine et concentration. Un concert hommage de toute beauté: le quatuor Diotima au mieux de sa "petite forme" de chambre!
soprano | Axelle Fanyo
Quatuor Diotima
violon | Yun-Peng Zhao
violon | Léo Marillier
alto | Franck Chevalier
violoncelle | Alexis Descharmes
présenté avec Arte
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire