Ryoji Ikeda et Philip Glass incarnent deux pôles de la musique répétitive — celle née de la culture électronique japonaise, entre sinusoïde et bruit blanc, et celle du New York des années 1960, processuelle, psychédélique et sensuelle.
Avec 100 Cymbals, Ryoji Ikeda et les Percussions de Strasbourg mettent en lumière le potentiel des cymbales en suivant la mince frontière qui sépare le bruit de la résonance harmonique, tandis qu’Erwan Keravec réunit un groupe de sonneurs de cornemuses, bombardes et binious pour amplifier quelques-unes des premières pages de Philip Glass. Une expérience d’écoute unique pour se lover dans les vibrations.
Ryoji Ikeda, 100 Cymbals (2019)
Comme une immense installation plasticienne, les 100 cymbals s'alignent, petits soldats, pas tous pareils si l'on y regarde de plus près: venues de Turquie et du potentiel de l'instrumentarium des Percussions de Strasbourg, les instruments se dressent à hauteur d'homme pour mieux être doucement caressés, frappés, touchés subtilement et rendent des sons vibratoires subtils, légers, à peine perceptibles.... Un véritable temple bouddhiste où les cymbales, comme autant de petites flammes, bougent, résonnent, bruissent: les dix officiants, régulièrement modifiant leur poste dans un ensemble chorégraphique très opérant.
Visuellement, œuvre sonore plasticienne, cette pièce singulière qui nous est donnée de découvrir s'ouvre à Cage, en écho à son affection pour la culture zen, la danse, le mouvement naturel des corps et du son dans l'espace Vision reposante, hypnotique, calmante et bienfaisante d'une écoute toujours très concentrée sur ses fins: rendre l'infiniment petit à une place gigantesque, l'infiniment perceptible, digne d'une attention à l'environnement sonore quotidien qui nous berce ou nous froisse, nous ravit ou nous malmène à chaque seconde: les oreilles n'ont pas de paupières: heureusement!
Et bien sûr,en présence des Percussions de Strasbourg, modelées pour accueillir et réfléchir un répertoire inédit, caché, secret, révélé au grand jour par le festival Musica, au diapason de la diversité et de la rareté...Belle soirée inaugurale qui augure du meilleur pour la suite ...Chut! C'est un secret qu'on ne confie qu'à une seule personne à la fois.Concentration, surprises et découvertes à l'appui, tout surprend, dérange sans jamais heurter nos sens en alerte, aux aguets du moindre "bruit" issu de tant d'objets hétéroclites: au petit bonheur des auditeurs, charmés par tant de préciosité, de précision, d'attention à chaque geste générant musique et univers sonore inouï !
Philip Glass, Two Pages (1968) | Music in Fifths (1969) | Music in Contrary Motion (1969) | Music in Similar Motion (1969)
8 sonneurs
Gaël Chauvin, Mickaël Cozien, Erwan Hamon, Gweltaz Hervé, Erwan Keravec, Guénolé Keravec, Vincent Marin, Enora Morice
C'est une "symphonique" pour instruments identiques, un orchestre de chambre bien chambré qui interprète à coups de bombardes, binious et cornemuses le meilleur de Phil Glass. Cet instrument, le binioù qui fait partie de la grande famille des cornemuses. Il se compose d'une poche en cuir, d'un sutel servant à l'alimenter en air, d'un bourdon mélodique produisant une note continue, et enfin d'un lévriad sur lequel est jouée la mélodie.Une aubeine pour le son qui résonne dans la grande salle de l'Arsenal, prodigue et prodige de vibrations, ventilations incongrues et souffle atmosphérique de grande rigueur rythmique."Two pages", "Music in fiths", "Music in contrary motion", et "Music in Similar Motion" se succèdent en "mouvement". Erwan Keravec transpose les pièces citées pour réjouir les auditeurs de sons étranges, lancinants, déroutants,déboussolant d’impertinence mais de respect pour l'écriture de Philip Glass. L'obsession est reine et enivre, hypnotise. Ces instants de délectation peuvent horripiler ou déranger tant la vivacité, les fréquences, le volume sonore emplissent la salle et inondent l'atmosphère de notes tenues agaçantes.Mais si originales en tant que formation musicale que les cornemuses deviennent sympathiques et audibles.
A l'Arsenal dans le cadre de Cité internationale de musique de Metz et le festrival MUSICA METZ
Les Percussions de Strasbourg
Matthieu Benigno
Pin-Cheng Chiu
Hyoungkwon Gil
Léa Koster
Emil Kuyumcuyan
Théo His-Mahier
Minh-Tâm Nguyen
Lou Renaud-Bailly
Hsin-Hsuan Wu
Yi-Ping Yang et leshuit sonneurs autour de Erwan Keravec
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire