LE GRAND JETE PANPAN SUR LE TUTU
chapitre I
LES PELUCHES
Histoire d'ours: le tutu ne fais pas le danseur.
Collection de mascottes, de doudous de caractère, voici mon trésor de "arctophile", de marque ou de marché aux puces, collectés souvent dans l'ancienne boutique de Strasbourg rue de la Nuée Bleue, "A la quête de l'ours": la maison des ours, tanière et planque à animaux inanimés des Steiff, marque de collection de haute facture, à des peluches anonymes, banalisées, doudous de toute sorte, porte-clef ou porte bonheur. Planqués derrière ma vitrine dans mon meuble de cuisine trônant dans le salon où se mêlent vaisselle et oursons emprisonnées. Ne cherchant qu'à s'enfuir de ce grand zoo miniaturisé. Ils dansent en couple, l'homme et la femme affublés de tutus. Curieuse confusion des genres , travestis ou androgynes au choix. Désormais c'est "Tête d'ours" qui attire mon attention. Mais je fais un détour: l'accumulation n'est pas collection: addition à payer qui peut se faire lourde.,
Le terme arctophile vient du grec ancien : arctos (ours) et philos (amour, attirance). Un arctophile désigne donc au sens premier quelqu'un qui aime les ours, mais l'usage moderne désigne plutôt un passionné et un amateur d'Ours en peluche.
chapitre II
LES FAMILLES: tribu ou collectif?
Voici venir les être humains au milieu d'un bestiaire toujours très présent. Fillettes colorées, bigarrées, tressées; ou Astérix et son bal de fin de banquet. Famille d'insectes de bois, articulés, marionnettes à doigts. Toutes sortes d'animaux: de préférence des ours, mais aussi des lapins, souris, grenouilles...Peu de cochon ni de chiens ou chat: une girafe, des singes..Un bestiaire à la Poulenc ou Wiener, plein de charme ou de tendresse. Canards poule, volatiles ou hippopotame de Fantasia: celui qui danse car mesuré à un film d'animation.Mallarmé écrirait que ce ne sont ni homme ni femme qui dansent mais figures fantasmées .“La danseuse n’est pas une femme qui danse, car ce n’est point une femme, et elle ne danse pas". Sans compter sur les 70 Betty Boop, danseuse, collector inédit de costumes à danser, portés par la plus sexy des créatures cinématographiques. Barbie bien entendu, et ses imitations,les trois collector de mon enfance, plus toutes les autres sur fond de diorama kitsch. Le nombre aidant, c'est sur l'escalier du Palais Garnier que j'installe ce gala de fin d'année, classique et figé pour l'éternité.
La danse est "être ensemble", collectif résonant et participatif.... Même en représentation artificielle, conservatoire et bocal de formol renié à bon escient par nos contemporains.
Chapitre III
LES ARTISTES:la muse danse: Terpsichore en tutu
Achat d'oeuvres repérées comme la "Cavalcade" de Claude Lapointe, Mickael Jackson vu par Christophe Meyer ou "commandes" pour mon récital sur la danse d'un crabe en tutu référence à "La danseuse" mélodie de Honegger qui fait sortir des coulisses un crabe-danse, les bras en corbeille . Christiane Jaeg s'y attelle joyeusement. La Ballerine de Gunter Grass écroulée dans les coulisses n'est pas loin.
Cathy Gangloff s'inspire de tout l'univers de ma collection pour créer une Betty Boop en tutu, cernée par un cerf, les 1001 en font danse de soldats autobiographique, Barbara Leboeuf pour une revisitation du Lac des Cygnes. Tout un panel d'imaginaires personnels auxquels je me suis frottée aussi, inventant une boxeuse affublée d'un tutu en pinces à linges miniatures de cocktail: un Oscar Schlemmer à la Philippe Guillotel ou Decouflé comme source d'inspiration. Je commande à l'illustrateur Raymond Piela ma carte de visite: une cigogne en tutu, à Fantine Andres l'affiche de mon récital sur les anges-un bouc, fesse en l'air qui danse. Eliane Karakaya découvre le faune de Nijinsky dans les entrelacs d'un morceau de bois flotté. A René Noel, commande de ses fantastiques grenouilles qui dansent, à Julien Kuntz une effigie de son cru. Dominique Haettel y joue du bois flotté dansant et du taefele. Ilana Isehayek pour sa sculpture en "déséquilibre".Tous jouent le jeu et font désormais partie de cette "galerie" d'art comptant -content pour rien qui m'enchante.D'autres "grosses pointures" s'y joignent, Philippe Favier pour ses "Petits pas", Joel Leick pour son "Icare qui danse", Raymond Waydelich pour son "Tango", Jean Arp pour ses "Danseuses", Tomi Ungerer pour son "Bal".J"acquière trois photos de Jacqueline Salmon sur Dominique Bagouet au travail avec un comédien.
Et je crée une ardoise en hommage à Marius Petipa et Benjamin Millepied histoire de mette mes pieds plats dans la fourmilière et à l'étrier."Pointes, talons" hommage à Marius Petipa et Benjamin Millepied
Chapitre IV
L'ENFANCE: le point de départ de la collection sans le savoir.
C'est Péri en tutu de mon arrière grand-mère conservé de génération en génération -allez savoir pourquoi-qui ouvre la collection. Puis Joséphine Baker en poupée gonflable publicitaire pour Banania enchaine: acquise auprès de ma mère à coup de gueule et de caprices en bonds d'achat cumulés pour gagner cette princesse noire affublée d'une ceinture de bananes en plastique. Les premiers produits dérivés....La suite, c'est la poupée mannequin de rêve, en tutu pailleté, collant noir ou patineuse à glace qui emballe mon imaginaire. La boite à bijoux, chalet suisse dévoilant une ballerine aux pointes effilées comme pièce maitresse. Le temps fera le reste à chiner des gadgets, objets, figurines, poupées folkloriques, livres pop-up, meli-melo ou leporello de tout format. Du Shadok danseur -qui n'a jamais existé- au pantin marcheur, automate .
C'est sans doute mes voyages et déplacements dans les festivals de danse qui ont attisé ma recherche et récollection d'objets. Montpellier et sa boutique "Pomme Reinette", Cannes et son antre "En sortant de l'école" et la fameuse "Boutique de la danse" et "Passion Danse"deux générations à Strasbourg de "commerçantes" engagées et passionnées.Clins d'oeils à Dany Jacquemont et Odile.
Chat-pitre V
DES LIVRES ET MOI: la bibliothèque rose
En bonne universitaire, ma bibliothèque idéale aussi démarrée dès l'enfance avec ce livre dans la bibliothèque théâtrale de mon père"le Ballet" de Boris Kochno, secrétaire de Diaghilev: j'y découvre les grandes figures de la danse et des ballets russes, Picasso, Satie, Cocteau...Des images saisissantes pour une petite fille, que le visage androgyne de Nijin,sky dans "le spectre de la rose" mais aussi dans "Pétrouchka"...Ce seront les bandes dessinées Aggie, Lili, Poucette, les Pieds Nikelés qui me lancent dans la lecture des aventures de danseurs.Puis l'illustration, les romans, biographies, la BD feront l'objet du fonds de plus de mille ouvrages sur le sujet de la Danse.Mes complices, conseillers avisés Natacha et Damien de la Librairie Kléber en seront les responsables...
Lire n'est pas aisé pour celle qui bouge en hyper-active tout le temps pour démarrer dans la vie, les "pieds plats" et devoir danser sans les formater à l'école de danse moderne de Jacqueline Robinson et des Dupuy. Chez Gilberte Cournand, à la "Librairie de la danse" rue de Beaune à Paris, ce gout là surgit.
les EXPOSITIONS
"Le rêve du collectionneur"
https://enviedequartier.wordpress.com/2020/10/12/du-nouveau-au-petit-cabinet-du-pont-de-pierre/
La collectionneuse Geneviève Charras a mis à la disposition de Véronique Moser et Corine Kleck sa collection d’objets de danse, savant mélange de choses collectées sur les marchés aux puces, trouvées ou données, éléments précieux ou plus modestes.
A la question du trop-plein, omniprésente dans le travail artistique du collectif 1001, le collectif a choisi de répondre par une organisation poétique de la quantité. Face au « toujours plus » il répond par l’humour et crée un monde en réduction. L’espace du Petit Cabinet devient décor et propose la mise en scène du « Rêve du collectionneur ».
Bien ordonnée ou brouillonne, sérieuse ou extravagante, la collection raconte le collectionneur. Il arrive que la collection échappe à la raison et se métamorphose en monstre exerçant la tyrannie du toujours plus. C’est ici que repose le rêve impossible du collectionneur : la totalité, l’intégralité, la complétude.
La recherche de Véronique Moser et Corine Kleck a trouvé un écho dans la gestion et l’organisation à grande échelle des Emmaüs de Mundolsheim, partenaires du projet. L’action de l’association renvoie inévitablement à la notion de surabondance mais aussi à celle de manque. Notre société, comme dans le monde en réduction du collectionneur oscille entre le toujours plus, le jamais assez pour certains et la part réellement manquante pour d’autres.
ART DOUDOU à ART COURSE
Une accumulation sous forme de pyramide gigantesque de peluches, toutes sans exception en tutu, issus de ma collection. Comme une montagne infranchissable de doudous à gravir en rêve ou en réalité. L"adulte immature le délivre de ce "rose c'est la vie" des ballerines classiques.
A vaudou-doux! Grigris et autres tuturbulences !
S'arracher à la voluptueuse douceur du doudou, cet objet transitionnel si "chair" à nos amours et amitiés d'enfance: le complice qui accepte tout, même de se perdre ou de se lâcher, lâchement, le jour de l'affranchissement: abandonné, délaissé, comme vous quand la conscience du monde s'ouvre à vous: comme d'une vielle chaussette, on s'en débarrasse ou on nous l'arrache, comme une dent de lait qui ne tomberait pas toute seule. Alors, il prend des proportions immenses, gigantesques et embarrasse l'espace de nos évolutions: comme une traine qui s'allonge et que l'on doit couper pour ne pas tomber, les pieds entravés, pris au piège, dedans !
Mon "Doudou", ma "femme" en Afrique....Celle qui console,
la mère-amante-femme, pleine de douceur et de compassion! Et Donald
Woods (le canard en bois) Winnicott bien sur....pour théoriser sur
notre seconde peau.....
Un "doudou", pas vraiment un "cadeau" consolateur, protecteur...Un ami-ennemi qui vous veut du bien, du mal, du fil, de la peluche à retordre. Alors on déconstruit la pile de doudous- spectateurs qui vous regarde du parterre et pas du haut du "paradis" comme les enfants de Marcel Carné, incarné! Un paradis qui s'écroule et révèle le monde: le "doudou" en tutu, c'est vous, le vouvou vaudoudou, amulette, en quête de joie et de libération de tulle, de poils, de plumes: du poids des entraves et souvenirs qui collent à la peau! On déstructure la montagne, obstacle à franchir, on se libère des doudous en les balançant en l'air, le temps d'une bataille de boules de neige avec le public, convoqué pour l'heure à l'abolition de l'esclavage: ce lien ombilical avec tout autre que soi: de la soie, à soi, qui fait écho à la liberté d'être!
Et la danse, et le verbe pour en faire une bonne terre à pis ! Les mamelles du Petit Robert en sus! '(suce)
Performance de Geneviève Charras à Art Course le samedi 3 AVRIL 16H dans le cadre de l'exposition "art doudou" à la galerie, 49 a rue de la course à strasbourgBETTY BOOP en 70 costumes à danser à La Case à Preuschdof
Une collection glanée en duo bicéphale avec l'artiste animatrice de La Case, Miriam Schwamm : accrochage en suspensions en funambules de cette midinette de charme, heroine de films d'animation de Fleischer attifée savamment de divers costumes, accessoires identifiant un style de danse: du classique au hip-hop en passant par le french cancan et autres danses du monde!Une vraie boutique fantasque...
Scénographie miriam schwamm Octobre 2024
LES PETROLEUSES à la Galerie du Puits 1 à Preuschdorf
60 Barbies danseuses dans leur boire blister se réunissent .Après le succès du film "Barbie" plus d'une centaine de clones de l'actrice vedette Margot Robbie viennent se réfugier au calme et faire bivouac à la station service bien connue des automobilistes de Preuschdorf. Pour ce meeting d'envergure, cette réunion au sommet, du carburant leur est nécessaire: des bidons vides sont mis à leur disposition pour abreuver leur gosier. Encore dans leur carapace de blister, anti feu ignifuge, les petites sculptures, objets non consommés, elles sont encore en tutu chrysalide, robe de mariée fantasmée. Vierges et intouchables, ces walkyries sociétales , diaphanes se transforment dans ce troisième lieu en furies incendiaires. Les "pétroleuses" c'est pas du bidon-bedon.
Une d'entre elle s'en détache, grandeur nature, Geneviève Charras pour vous faire vivre lors d'une performance inaugurale, les aventures d'une de ces rescapées des puits de pétrole de Merkwiller Pechelbronn. A cette occasion Ken, le sauveur Ryan Gosling, leur viendra-t-il en aide et se fera-t-il chasser de la ruche surpeuplée? Alors on a le pétrole et les idées pour cette marée noire burlesque, amas, compilation, accumulation de poupées barbie inédites sorties de la collection de G.C. Charivarieuse.
Rappel
de ces femmes révolutionnaire pourchassées sous la Commune de Paris,
accusées d'avoir mis le feu aux institutions de l'époque. "Pétroleuses",
symbole d'un premier féminisme et soulèvement légitime d'accusées à
tord et de travers!
Scénographie miriam schawamm octobre 2024
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