jeudi 18 décembre 2025

"Il tango delle capinere" texte et mise en scène Emma Dante: el tango passa! Remonter le temps dans une course contre la montre.

 


Pour célébrer le passage à la nouvelle année, deux vieux amant·es, corps voûtés, dansent un dernier slow. Tout doucement, les souvenirs refont surface, leur histoire d’amour se raconte à rebours. Avec ce bijou d’une infinie tendresse, Emma Dante, artiste majeure de la scène internationale, imagine le récit chorégraphié d’une vie à deux, entre joie et nostalgie.


Enlacé·es avec une touchante maladresse, une vieille femme et un vieil homme remontent le cours de leur existence partagée, jusqu’à la rencontre originelle et sa promesse d’amour éternel. Du premier baiser à la première dispute, en passant par la naissance de leur enfant, chaque étape de vie, légère ou cruelle, devient un récit intime, rythmé par les chansons populaires du répertoire italien, qui savent si bien empoigner le cœur. D’une malle ancienne, la femme fait surgir un flacon de pilules contre la toux, un voile de mariée, une télécommande, des ballons multicolores, comme autant de reliques d’un passé enfui. Le temps d’un rêve, les comédien·nes ôtent leur masque, retrouvent leur jeunesse, avant de cheminer délicatement vers la mort. Que reste-t-il de l’amour quand les années ont passé, quand l’être aimé disparaît ? Avec sa sensibilité à fleur de peau, la metteuse en scène Emma Dante pose son regard sur les émotions de nos aîné·es, sur un monde qui n’est plus, et offre à travers cette magnifique histoire d’amour un moment d’humanité bouleversant.

Deux oiseaux rares à travers le miroir aux fauvettes
 
Le monde à l'envers, à rebrousse poil, la vie dans le rétroviseur..On avance et on recule comme pour le tango dans cette pièce de Emma Dante aux fragrances nostalgiques et quelque peu mélancoliques.Un homme, une femme, recroquevillés,grimés, masqués de fard blanchi par le temps qui est passé à travers leurs corps et leur chair. Encore debout mais déjà dévolus à se redresser, retrouver la verticalité, l'érection première. Les braises de l'amour ne sont pas éteintes et le volcan semble prêt à se réveiller. Pas de pathos mais un côté ubuesque dans cette usure, cette perte qui tout à coup sera résurrection, rédemption des corps absurdes.Ils s'enlacent, tout de blanc poussiéreux vêtus un peu à la manière des danseurs de "May B" de Maguy Marin-Beckett, cette bande de vieux agités par le mouvement.Un peu à la Kantor ou Joseph Nadj..Pour mieux remonter le temps, retrouver leurs danses et leurs ébats d'autrefois. On rembobine le film et les voilà, cheveux bruns, twistant allègrement comme au bon vieux temps sur des rythmes endiablés, le diable au corps.Pour se laisser aller à de belles démonstrations d'enlacements, de frictions, d'attirances amoureuses Ils sont danseurs et comédiens dans un joli mutisme ou les gestes parlent d'eux-mêmes.Manuela Lo Sicco est drôle, maline, le geste prometteur, ample et très rythmé.Lui est pathétique, vieux et croulant puis alerte, bondissant et magnétique. C'est Sabino Civilleri, partenaire idéal, papa jouant avec son nourrisson à l'aviateur idéal. Ils font la paire, ce couple dansant sa rétrospective de vie, retrouvant énergie et talent de danseurs de danse de couple: milonga, tango et rock'n roll à l'appui.Et les ressorts ne sont pas grippés!
 

La robe de mariée sortie tout droit d'un des coffres à souvenir transfigure notre héroïne en Loie Fuller, tout voile dehors dans de belles volutes diaphanes. Lui en père Noel élastique se fait papa charmeur et bienveillant. L'enfant est capricieux et joue du "carillon" pour bercer ses parents. La jeunesse revient en force, en maillot de bain dans de beaux ébats érotiques.Pas d'âge pour danser et s'aimer, tisser des liens irrévocables .

Burlesque, comique ce binôme crève l'écran en focale ou gros plan de visages hébétés, en nuisette ou tenue de bal, lunettes au point, en strass et paillettes de concours de danse.Le couple revu et corrigé par Emma Dante est atypique et l'on est en empathie directe avec leur forte présence, leur humanité à vif, à fleur de peau et d'enveloppe charnelle. Les pas de danse s'inventent et se succèdent dans différents registre à l'envi. Le Tango des Fauvettes c'est tout un chapitre de l'histoire de ce couple au rythme des plus fameuses chansons de leur époque. Dans les deux malles à souvenirs que de costumes et d'images! Tableau final: les reliefs de tout ce rêve dans la solitude et l'absence des deux personnages.Le festin d'Emma en poupe!Al dente!Ni trop dure ni trop cuite cette mise en scène chorégraphique séduit et berce des rêves éveillés, des tours de magie pour remonter le temps...
 
A la comédie de Colmar jusqu'au 19 Décembre

"Circus Remake" , Le Troisième Cirque / Maroussia Diaz Verbèke : circum révolutions...

 


Inventrice de la circographie, terme par lequel elle définit sa pratique, Maroussia Diaz Verbèke a repris le fil de Circus Remix, solo manifeste de 2017, et conçu Circus Remake comme sa démultiplication. Dans une scénographie colorée, sur un plateau en forme de 45 tours, Theresa Kuhn et Niń Khelifa développent avec brio et humour un parcours convoquant acrobatie, corde volante, jonglage et clown, au rythme des vinyles qu’elles posent sur la platine. Mais elles ne sont pas seules : un long collage sonore fait de parcelles de textes structure la performance, de Raymond Devos à Claire Denis, en passant par Annie Fratellini ou Jacques Derrida. Cette parole, bannie hors des frontières du cirque au début du 19ème siècle, Maroussia Diaz Verbèke la fait rentrer par la porte de derrière, comme une voix plurielle qui s’insère entre les numéros et les articule sans nier l’autonomie de chacun·e. Préservant l’essence du cirque, elle donne à voir et à entendre un nouvel avatar de ce « troisième cirque » qui dépasserait le clivage entre la tradition et le cirque contemporain et qui a donné son nom à la compagnie.

C'est le choix de l'arène sans chapiteau, le public enveloppant  un cercle-rond, tapis de sol multicolore, qu'à fait la circassienne , électron libre du "cirque moderne" ou "nouveau cirque". Tout en nous contant une histoire du cirque fort édifiante que l'on ignore...Des voix off bordent le récit dramaturgique d'un opus hybride fort décapant. Deux artistes sur la piste, les corps solides et bien architecturés, vont s’ingénier à décaper les icônes traditionnelles liées au spectacle du cirque. Pas de "tigre" ni autre  savantes bestioles bien dressées mais une atmosphère faussement débonnaire pour nous accompagner dans un périple cosmique: c'est l'anti piste aux étoiles et pourtant, le risque, le danger physique sont présents, maintenant le public solidaire en empathie,en haleine en apnée.Des "numéros" il y en a où le déséquilibre, la corde, le tremplin, les sauts dans le vide sont bien au menu! Tout concourre à rejoindre les fondamentaux de cette mise en espace traditionnelle, académique pour mieux la transcender. Par une réflexion menée à haute voix off, digression sur les arts de la scène, l'histoire du royaume circassien. Une bande son très sophistiquée déroule des bribes extraits de chansons, musiques de film ou autre référence au spectacle vivant. Humour et distanciation au programme pour mieux nous introduire sur la planète cirque sans lui ôter son charme, son suspens, sa vie sur un fil. Des poses vertigineuses, des bonds, des entrelacs savants des corps dans les noeuds des liens, sur la brèche du portique qui soutient les deux femmes au travail. Démonstration d'un savoir faire et d'un savoir être ensemble que ce duo, Nin Khelifa et Theresa Kuhn en vedette.Des panneaux oriflammes séquencent les saynètes, les entremets musicaux, les apparitions de l'une ou de l'autre. De deux choses lune, l'autre c'est le soleil..Deux artistes souples, élastiques, virtuoses des galipettes et autres figures légendaires de l'acrobatie ou du contorsionnisme. Pas de foire ni de cage mais un spectacle tonitruant, mené tambour battant sans artifice ni accessoires encombrants, sans clown, mais avec l'esprit Devos ou Tati, Desproges ou espiègleries fines à la Chaplin. Le tout bordé par un disque qui déraille sans cesse, un vinyle vintage qui gratte et qui chatouille aux bons endroits. On a le nez en l'air mais les pieds bien sur terre dans cette galaxie, "circus remake" comme un readymade à la Duchamp.  Beaucoup d'inventivité pour ce cirque décalé, déglingué époustouflant de joie et de malice où les corps jubilent et s'envolent dans une réflexion philosophique salutaire et bienvenue: on y apprend bien des ficelles pour mieux se glisser dans les arts du cirque d'aujourd'hui: sans tambour ni trompette, sans strass ni paillettes mais avec la chaleur et la bienveillance de ceux qui prennent le risque de nous enchanter! Maroussia Diaz Verbèke joue et gagne sur l’échiquier , bordé par l'échelle du ciel qui monte au sommet des cintres et nous met à la renverse! Circographie du troisième type- cirque-  garantie!Si c'était à "refaire" remake, on en reprendrait bien une part!Du cirque, Arte "povera" d'une grande richesse! Motus et bouche cousue en sus.

 

Au Maillon jusqu'au 20 Décembre


samedi 13 décembre 2025

La Magnificité , Collectif GREMAUD/GURTNER/BOVAY : du ballet et de la balayette.....Cou de balai sur guéridon!


 Dans un espace nu et blanc, équipé d’une poignée d’accessoires – un balai, une table, des post-it, une brosse, un seau en plastique... – trois figures non identifiées expérimentent avec un plaisir non dissimulé le « faire ensemble ». Tour à tour participant·es d’un jeu de société, animateurs et animatrices de radio, artistes de stand-up lourdingues, musicien·nes dans un groupe de rock, il et elles sont les protagonistes sympathiques de ces tentatives sans cesse répétées de parvenir à ses fins, si modestes soient-elles. Dans cette collection de saynètes aux accents burlesques, Tiphanie Bovay-Klameth, Michèle Gurtner et François Gremaud traquent le sublime dans le petit rien et célèbrent la « magnificité » du dérisoire, à l’heure où tentent tous les renoncements. Jouant avec les codes sans jamais tomber dans la parodie, à la frontière du sens et du non-sens, les trois artistes essaient encore et toujours : on y croit on y croit on y croit... et parce qu’ils et elles y croient, on y croit nous aussi, à ce bouillonnement savamment orchestré.


Grand ménage pour méninges à trois, coup de balai et chevelure en brosse, c'est du pain béni que cette offrande sur tabula rasa, petite cérémonie  en une dizaine d'actes, saynètes joviales et réjouissantes. Un trio ou un triolet? Trois notes dans deux mesures...pour mieux condenser les effets de manches qu'ils n'ont pas..Trois chaises pour accueillir leurs postérieurs toujours debout sur la brèche, sur le fil de funambules pouvant toujours basculer côté cour ou jardin pour le meilleur. Trois larrons, escogriffes débonnaires s'ingénient à croquer le monde dérisoire et futile de nos us et coutumes. Trois compères aux physiques anodins mais pas vraiment. Tableau de farces et attrapes, jeu de massacre ou de foire, allez savoir car tout va bon train.


On a le temps de respirer ou soupirer, l'instant d'un entremets, d'une pause, arrêt sur image volontaire où ils suspendent leurs souffles, puis passent à autre chose. Du coq à l'âme sans transition, fondu au noir pour passer derrière le miroir, cette paroi qui nous sépare de leur manigances.Stand-up à la Vanhoenacker satirique ou comique des Trois Baudets, au petit cabaret insolite, on se marre discrètement ou ouvertement: question de pudeur quand on s'identifie allègrement à l'un ou l'autre. Ils sont accessibles, drôles, folâtres et enjoués, malins et perspicaces, un peu nigaud et naïf parfois. Mais toujours sur le pied de guerre, balai en main, porte manteau-clarinette, balayette -guitare. Les objets sont détournés, simples acteurs de l'action, esquissant des concepts ou des idées pour mieux rebondir, ricocher d'un sketch à un autre. La voix de son maitre pour la radio, les vedettes de show bis dérisoires qui sont "malades" et le clament haut et court!Que la vie est palpitante et pleine de rebonds futiles pour ce trèfle à trois feuilles qui déverse bonhomie et empathie sans vergogne.Alors on rigole, on s'étonne, on navigue en bonne compagnie de ces pinces Monseigneur sans rire et sans reproche. Ca donne envie de chroniquer tôt le matin à la radio pour réveiller les populations laborieuses ou faire philosopher sans Pépin la gente boboiste.Cordiales salutations distinguées à cet opus partagé de bonne humeur et sans chichi ni falbalas, hormis ces costumes prêts à porter  le fardeau léger de notre humaine condition. 


A vos marques, prêts, partez pour une tournée vertigineuse à portée de main. De maitre à danser, les claquettes irlandaises comme Chaplin ou Françoise et Dominique Dupuy, Merce Cunningham à leurs débuts! Tous en cène pour ce partage , festin ludique et onirique, les pieds bien sur terre . On trinque à leur santé et l'on va s'en jeter un derrière le zinc inoxydable comme eux,galvanisantes brèves de comptoir à l'appui. François Gremaud, Tiphanie  Bovay-Klameth, Michèle Gurtner comme dans notre bonne "Choucrouterie" si elle était suisse!

 Au Maillon Paysage 10 jours avec François Gremaud 12 – 13 décembre 2025

 photos © Dorothée Thébert Filliger

 

vendredi 12 décembre 2025

"Hansel et Gretel" de Engelbert Humperdinck: du bon pain tres épicé....Corsé, révélateur de pratiques insoupçonnées ....


 Hansel et sa petite sœur Gretel ne manquent ni de chansons ni de danses pour tromper la faim qui leur tord le ventre, chasser le désespoir qui les guette et adoucir les corvées qui les épuisent. Leurs joyeuses chamailleries ne sont cependant pas toujours du goût de leurs parents que la misère a beaucoup abîmés. Une insignifiante histoire de lait renversé, et les voilà chassés hors de la maison par leur mère. Livrés à eux-mêmes au milieu des bois où les apparences sont souvent trompeuses, ils vont être tentés par un piège des plus attrayants, concocté par une stupéfiante créature, passée maîtresse dans l’art des artifices et de la séduction. Son péché mignon ? Elle raffole de la chair fraîche et tendre des enfants encore innocents…


Traditionnellement présenté à Noël sur les scènes allemandes, ce conte musical inspiré par l’une des histoires les plus célèbres des frères Grimm enchante petits et grands outre-Rhin depuis plus d’un siècle. Engelbert Humperdinck y déploie avec un sens inné du merveilleux une partition à la fois opulente et subtile, où d’authentiques chansons populaires croisent des leitmotive wagnériens et de magnifiques envolées lyriques. Présenté devant un public virtuel durant l’hiver 2020, le spectacle mis en scène par Pierre-Emmanuel Rousseau renonce au folklore de la maison en pain d’épices pour renouer avec l’esprit de cruauté du conte original, incarné ici par une « sorcière » pleine de surprises. Un regard renouvelé porté sur un grand classique confié au chef Christoph Koncz.
 

On aurait pu s'attendre à une version enchantée, naïve ou tendre d'une légende gourmande d'un conte de fée mythique et enchanteur...C'est tout l'inverse que nous propose Pierre Emmanuel Rousseau dans ce spectacle de fin d'année, loin des poncifs du genre divertissement de fêtes! 


Le premier tableau nous invite sur un terrain vague jonché d'immondices, d'un fatras de reliefs périmés, de désordre et de pauvreté. Une caravane défoncée pour habitacle et refuge de deux enfants, unis dans le paupérisme et l'insalubrité. Pourtant, ils chantent le désir et la vie, l'optimisme et le réconfort de cette fraternité. Enfants abandonnés, laissés pour "conte" compte  par des parents absents? Le jeu plutôt réjouissant des deux chanteuses nous plonge dans l'histoire qui s'avèrera cruelle et démoniaque de deux pauvres hères livrés à eux-même. Rien de réjouissant, ni de gourmand, ni de sucre d'orge dans cette version non expurgée du conte des frères Grimm. Tout prend sens à l'apparition de la Sorcière, être androgyne ou travesti, créature hybride sans foi ni loi, qui ne songe qu'à capturer les deux proies de ses désirs gloutons et furieux, avide de dévorer comme un ogre ces proies faciles et dociles. Terrifiante interprétation sur le vorace, le boulimique, le compulsif de désirs cruels et mortifères. Ogre comme à nulle pareille, cette sorcière est magnétique et envoutante, et sème la panique autant que la futilité dans ce monde loin d'être féerique. Le décor, les espaces dévolus à ce récit irrévocable en diable fonctionne comme une machine à broyer les destins. Portes tournantes, cages de prisonnier, otage de ce monstre déchiré par la convoitise et les interdits. On songe au caractère "pédophile" de ce personnage , violent, coupable d'actes et de pensées perverses et indociles. On est ému et terrifié par cet aspect non dissimulé d'une histoire trop souvent évoquée à l'eau de rose et pleine de gourmandise. Pas de tuiles en pain d'épices ici mais un récit corsé des us et coutumes des puissants et des impulsifs prédateurs. Dénoncer à travers musique, danse et chant les affres de la perversion, voici un parti pris fort décapant qui plonge dans la véracité des pseudos "contes de fées": la psychanalyse est de bon ton et résonne aux problématiques d'aujourd'hui sur le droit des enfants et la protection de leur existence fragilisée par les pratiques d'adultes abusifs. Les artistes, chanteurs, danseurs y mettent toute leur énergie, leur humour aussi dans des airs, des chorégraphies de bon aloi. La foret se transforme en "the witch palace" où tout est illusion et artifice.Cage aux folles divagations, leçon de danse et autres glissements sémantiques du récit non édulcoré!Sur une partition qui frise les plus grands, de Mahler à Wagner, les interprètes naviguent sans heurt et nous entrainent dans cette passionnante version très corsée, sans fard, épicée aux fragrances d'une cruauté édifiante, dévoilée dans le vif du sujet. Tous au diapason, Julietta Aleksanvan à la voix pleine et puissante à la dimension de la sensualité et à la force de la musique. La chorégraphie se glisse dans les entremets musicaux avec bonhommie, grâce et futilité des poses, gestes et attitudes de cabaret bigarré. On y fait la fête autant que l'on y danse en cadence sur des airs légers et virevoltants. Les chanteurs investis dans cette mise en espace pour servir un récit palpitant débordant d'ingéniosité .Les costumes sont ravissants, rutilants et évoquent cette parfaite interprétation du "joli", naïf, caché dans des atours féeriques. Une psychanalyse des contes de fée comme au temps de Bruno Bettelheim et des révélations fouillées faisaient déjà surgir la monstruosité des penchants humains.... 

Direction musicale Christoph Koncz Mise en scène, décors et costumes Pierre-Emmanuel Rousseau Lumières Gilles Gentner Chorégraphie Pierre-Émile Lemieux-Venne Maîtrise de l’Opéra national du Rhin, Orchestre national de Mulhouse

Hansel Patricia Nolz Gretel Julietta Aleksanyan Peter Damien Gastl Gertrud Catherine Hunold La Sorcière Spencer Lang Le Marchand de sable, la Fée rosée Louisa Stirland

A l'Opéra du Rhin du 7 au 11 Janvier 

photos clara beck 

 

 

jeudi 11 décembre 2025

Pièce sans acteur(s) , François Gremaud et Victor Lenoble : en attendant l'absence...Deux parturiantes sous maieutique.


 On connaît le théâtre sans décors, sans costumes, fait seulement de la présence humaine qui habite le plateau. Avec Pièce sans acteur(s), François Gremaud et Victor Lenoble poussent l’expérience plus loin encore : plus rien sur la scène désormais que deux hautes enceintes à cour et à jardin, d’où s’élèvent une voix, puis deux, de la musique. De quoi parle-t-on ? Des comédiens eux-mêmes, jouant une autre pièce, ailleurs, bien réelle, elle (ou pas ?). De poules, de ballet, de Goethe, d’une biche qui entrerait soudain en scène... et on se surprend à ressentir cette puissance des mots à faire émerger mentalement tout un monde. Mais d’où viennent ces voix, qui dialoguent si spontanément apparemment ? Sont-elles enregistrées ? Dans ce minimalisme à haute teneur poétique, c’est du théâtre qu’il sera question finalement, de ses artifices et de ses dissimulations, du plaisir qu’il procure, lorsqu’il redouble le monde dans ses moindres détails ou lorsqu’il est réduit à son plus simple appareil.


Il y a eu des pièces sans danseurs dès 1917 avec "Feux d'artifice" de Giacomo Balla, voici une pièce sans comédien... Il y a eu des jours de "relâches" sans relâche mais avec "entr'acte" du temps de Picabia, Clair,Satie et Borlin pour l'opus "Relâche" des Ballets Suédois


..Voici une pièce de jeu sans pion, ni roi, ni reine mais avec des diagonales de fous..Deux enceintes sur scène: c'est pas une rave party avec ses murs d'immenses enceintes, ni celles de Pierre Henry pour ses sculptures sonres.amoncellement de hauts-parleurs, empilés tels les robots de Nam June Paik...Deux personnages immobiles, figés bien ancrés sur le plateau nu. Des mots sourdent de "la bouche" de chacune des enceintes. Ce sont d'abord ceux de Victor Lenoble boulanger Bio reconverti qui nous raconte la genèse de l’expérimentation: donner la parole puis le son puis les deux simultanément à ces colonnes, totems muets et statiques. Et ça marche: peu à peu, les deux enceintes prennent vie, accouchent à tour de rôle comme des acteurs dans leurs rôles respectifs. Les deux auteurs comme des écrivains confiant leur textes à ces bouches bées. Au tour de François de s'exprimer, de dire son avis et de faire avancer le schmilblick..

 


Face à nous, tout semble s'animer et si une biche vient bientôt faire partie du voyage, c'est aussi désincarnée, absente, arlésienne diaphane, spectre bienveillant en rupture avec la chair. C'est un leurre et tout se renforce par une mise en abime souhaitée par les acteurs virtuels. Faire une pièce qui raconte celle ci mais en chair et en os. Alors pourquoi pas s'y atteler et nous montrer ces deux protagonistes sur scène, costumés en enceinte. La maïeutique semble opérer et l'on imagine le tableau vivant et désopilant de ce show hors pair. Un gros travail pour le spectateur, obligé de se faire son film avec images et humour. Beaucoup de tendresse dans ce dialogue entre machine, robot bien bâti comme de sculptures sonores. Rien d'autres que leur présence habitée par l'absence des comédiens: absurde en diable à la Ionesco, une petite heure durant, le piège fonctionne jusqu'au coup de théâtre final.


Il y a bien un faune dans la cage et un humain dans l'autre habitacle. Après une description d'une séquence de "L’après-midi d'un faune" de Nijinsky/ Roerich/Debussy suite à une panne de courant nous ramenant dans le silence et l'obscurité totale. 


C'est bluffant et plein de fausses routes, de leurres, de farces et attrapes de bon gout.On image les nymphettes à la Duncan virevolter auteur du faune -comme Charlot dans son film "une idylle au champ"- alors que rien ne se passe excepté dans notre imagination. Alors à quoi bon se flageller et mettre en place des dispositifs lourds et encombrants, alors que l'imagination peut faire le reste! Un musicien par pupitre suffirait pour l'orchestre!Coup de théâtre final quand les deux auteurs-comédiens-metteurs en scène sortent des cages des enceintes...Les créatures ainsi évacuées et engendrées sont bien de beaux bébés réels. La maïeutique a opéré et longue vie à cet opus et à celui qui n'aura jamais lieu: le récit par deux acteurs de ce que nous venons de voir! Les coquins! Le "Theâtre et son double" d'Antonin Artaud en filigrane, sur la perte et la vacuité...Deux enceintes, "une porte et un soupir", on ira loin...Et ce sera le "début" de la fin!

Au Maillon les 9 et 10 Décembre 

mardi 9 décembre 2025

TRAVAUX PUBLICS EFTHIMIOS MOSCHOPOULOS – FÁE | An ephemeral dinning: nature vivante et table rase, garnie de reliefs épatants.

 


Efthimios Moschopoulos est un danseur et chorégraphe grec actuellement basé à Athènes. Ce projet FÁE | An ephemeral dinning place la table, au centre de sa recherche. Une table qui serait un lieu de rencontre, un confessionnal bucolique distillant à la fois la tendresse et la violence de la campagne, sa solitude et l’angoisse de son identité, son besoin d’expression et la formation de sa sexualité. Une table comme un support pour partager ses souvenirs et ses références à la nourriture, le dîner en tant que pratique sociale.
 
Seul, soliste habité par une gestuelle féline, animale, vêtu de noir et chaussé de bottes, il parcours l'espace, se repère, s'anime fébrilement de sursauts tétaniques au souvenir d'une mise à bas d'une brebis de ces troupeaux d'enfance. Les images et son corps se confondent, se jouxtent et prennent une dimension sacrée et symbolique du sacrifice de l'agneau. Une table penchée l'attire, le transforme en reptile, tortue portant son habitacle. Alors que des images filmées défilent, celles d'une table de festin où vont se presser des moutons d'un troupeau affamé, il danse cette fébrilité et les fruits de son imagination surgissent. La table devient l'endroit, le lieu d'un supplice de fruits et de légumes qu'il va violenter. En les fracassant sur la bordure, déchiquetant les fibres. Pour mieux faire émaner les fragrances du céleri, des agrumes pressées sous ses doigts. Une véritable performance de plasticien, laissant les reliefs comme un tableau piège de Spoerri. Nature "morte" bien vivante, lui-même offert aux regards, le corps livré sur la table, élu du sacrifice. Efthimios Moschopoulos livre ici une très belle esquisse de sa proche création, encore en "chantier ouvert", la parole libre et généreuse sur son travail, ses sources d'inspiration: l'enfance baignée de religion, de nature et de contact avec l'animalité. La difficulté aussi d'assumer son identité parmi les siens. Une "cène" quasi religieuse que ce banquet, festin de Eftthimios.Belle trajectoire source de réflexions et de questionnement de la part du public, réuni ce soir la pour assister à cette présentation de très grand intérêt. Sur l'autel de la chorégraphie, le corps du danseur se donne et se raconte dans une narration sensible, jamais mimétique. Le tableau final respire encore de cette étonnante figuration: le végétal écartelé sommeille à présent dans la quiétude de la réparation. Un solo nourri de denrées comestibles dont le souvenir sera sensuel et philosophique, poétique et émouvant.. La danse des orifices, bouche bée, ces petits bruits de mastication dans la bande son, tout réfléchit ici le rapport immédiat, puis plus esthétique de la danse à la nourriture. Lire "la danse des orifices" de Roland Husca.

Résidence : LU 08 > DI 14 DÉC
Efthimios Moschopoulos est soutenu par Onassis AiR pour 2024/2025 dans le cadre de la bourse de dramaturgie et pour 2025/2026 dans le cadre du réseau Grand Luxe.

A Pole Sud le 9 Décembre 

Jérôme Brabant Cie l’Octogonale "Planètes" et cosmogonie des-astres-euse.

planètes jerome brabant photo vIncent VDH

 France7 danseurs + 2 chanteuses 2024 

Dans Planètes, de Jérôme Brabant, sept danseurs et deux chanteuses incarnent un système solaire en mouvement. Inspiré par Disharmony of spheres de Foo/Skou, le chorégraphe crée une danse cosmique où chaque corps devient matière : pierre, glace, gaz, etc. Les notes légères et soupirées du duo Philipp | Schneider s’étirent et se fondent dans des nappes créées par Nicolas Martz, qui laissent imaginer le chant des étoiles et créent une atmosphère en apesanteur. La gestuelle est précise, nette, inspirée par l’observation des formes courbes et organiques des mouvements des planètes. Mais chacun des interprètes tient sa propre partition, comme chaque corps céleste a sa propre orbite. De décalage en décalage, un cycle hypnotique se fait sentir, soutenu par les lumières hallucinées de Françoise Michel – évocation subtile du voyage final de 2001, L’Odyssée de l’Espace. L’espace-temps s’étire. La pièce explore l’ordre et le chaos, évoquant une quête d’harmonie face aux dérèglements du monde. 


Planètes Jerôme Brabant photo Vincent VDH

Danse cosmique, étoilée comme au temps du Roi Soleil..C'est ce dont on aurait pu rêver...Mais la cosmogonie en a décidé autrement. Et les astres évoluant chacun pour soi ne font ni constellation, ni voie lactée ou W de Cassiopée. Alors de quoi s'agit-il, sinon de singer l'écriture ou la technique brillante de Cunningham, les justaucorps de Rauschenberg, les gravitations de ces points dans l'espace, corps lancés en orbite, météorites jetés dans la fulgurance du mouvements des astres.La danse de Jerome Brabant est lisse et sans incident, probable et sans surprise, redondante et lassante. Soporifique pour ses évolutions sempiternelles  qui n’obéissent pas au processus de la répétition mais de l'ennui. Alors sauvons les lumières de Françoise Michel qui sortent du lot sur ce plateau nu, de blancheur auréolée. Les 7 danseurs exécutent le phrasé monotone et monocorde de l'écriture sans jamais dévier, disjoncter comme on l'aurait souhaité.Pas de dérèglement en vue ni de chute de météorite dans ce planétarium inventé où la magie de l'univers et du cosmos reste absente. Désastre des justaucorps designés moulant et délivrant l'intégralité des lignes corporelles qui auraient pu être calligraphiées."Planètes"Mars , Vénus, Mercure au rendez-vous manqué de la lune et du soleil. "La mécanique de l'aurore" de Louis Ziegler nous fait encore signe et sens, géopolitique du cosmos du Roi Soleil, centre, astre, autour duquel gravitent les planètes de la cour. Dans "Planètes", les axes de rotation comme seul ancrage pour une danse qui fige les courants d'énergie et glace l'imagination.L’horlogerie sans déraillement s'épuise et nous avec...Sur la piste aux étoiles, les lumières sont éteintes.

Planètes de Jerôme Brabant photo Vincent VDH

Conception et chorégraphie : Jérôme Brabant
Aide à la dramaturgie : Kitsou Dubois
Danse : Alexandra Damasse, Valentin Mériot, Yves Mwamba, Emma Noël, Manuelle Robert, Nina Vallon, Lucie Vaugeois
Composition et chant : Josephine Philip, Hannah Schneider
Univers sonore : Nicolas Martz
Création lumière : Françoise Michel  

A Pole Sud le 9 Décembre 

"Planètes" de Jerôme Brabant photo Vincent VDH

"Andromaque": jamais d'eux sans Troie: n'aguère d'aujourd'hui sans relâche


Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector… qui est mort, tué pendant la Guerre de Troie. Liés par cette chaîne d’amours impossibles, c’est sur le sang que marchent les personnages dans cette création de Stéphane Braunschweig qui met en scène Racine pour la troisième fois, avec le constant souci d’articuler aux affects le contexte historico-mythologique. Comment se relever de la déflagration que constitue la Guerre de Troie ? La victoire peut-elle vraiment être assurée par l’élimination totale de celui que les vainqueurs désignent comme ennemi ? Comment se protéger d’un futur de vengeance et du ressentiment transmis d’une génération à l’autre ? Sur une inquiétante ligne de crête, Andromaque n’interroge pas moins que la possibilité même de la paix.

La guerre laisse son tapis ensanglanté, déjà sur scène, immense rond rouge carmin, terrifiant mais plastiquement très beau, efficace dans ce qui va se jouer sous nos yeux: des conflits amoureux sans issue exceptée la guerre, la violence faite à chacun des membres d'une tribu mythologique complexe.Le sang versé et répandu dans lequel baigne chacun, qu'il le veuille ou non. Bain de liquide aqueux,flaque où gravitent les protagonistes, autour d'une table de blanc virginal, de trois chaises renversées: un dispositif sobre et léger pour la lourdeur et le fardeau du destin. C'est la folie pour tous, cette schizophrénie ambiante, incarnée par ce panneau faussement transparent qui dédouble les personnages aux multiples fractures et plaies d'humains cabossés par le sort inéluctable. Tous vêtus de noir, costumes contemporains, excepté Andromaque virginale victime, vierge à l'enfant en icône finale. Dans ce chaos ambiant, un peu de douceur ou de tendresse.Tous sont l'objet de souffrance dans l'expression de l'amour fou, de la résilience, de la plainte ou de la colère. La langue de Racine portant une musicalité contrastée, des timbres de voix et des tessitures multiples pour la servir. Les comédiens sous la direction de Stéphane Braunschweig, tous engagés dans cette tragédie légendaire qui parle à nos inconscients collectifs comme une réalité géopolitique trop d'actualité. Enracinés, ancrés dans la langue et les vers scandés, murmurés ou éclaboussés de rage et de colère par chacun en alternance du déroulement du récit. Cette oeuvre portée sur la scène baigne dans le sang, la liquidité des sentiments et expressions de chacun des personnages qui se heurtent sans cesse à la fatalité. La guerre de Troie aura bien lieu pour eux qu'ils soient vainqueurs ou vaincus, hommes ou femmes traqués par ce vent de fureur incontrôlée. Bel exercice un peu distancé cependant pour concerner directement un spectateur médusé par la complexité des héros transmettant  cette opacité. Un recul est nécessaire pour plonger dans les eaux ensanglantées avant d'y perdre pied et de s'en détacher.Le traumatisme au coeur du sujet vecteur de sollicitations émotionnelles fortes et incontournables. Les comédiens tous remarquables par leur identification souveraine à un opus"classique" loin des clichés offrant ici des perspectives de réflexion sombre mais nécessaire. Naguère, détroit sans issue.

[Texte] Jean Racine
[Mise en scène et scénographie] Stéphane Braunschweig

[Avec] 
Jean-Baptiste Anoumon, Bénédicte Cerutti, Thomas Condemine, Alexandre Pallu, Chloé Rejon, Anne-Laure Tondu, Jean -Philippe Vidal, Clémentine Vignais

[Collaboration artistique] Anne -Françoise Benhamou 
[Collaboration à la scénographie] Alexandre de Dardel 
[Costumes] Thibault Vancraenenbroeck 
[Lumière] Marion Hewlett 
[Son] Xavier Jacquot 

Au TNS jusqu'au 18 Decembre 

 

lundi 8 décembre 2025

Compagnie Leïla Ka - "Maldonne":"Maldonne" et mobile! Leila Ka : elle se dé-robe en robe des champs, des villes. L'étoffe des chrysalides pour seule parure.

 


Au plateau, des robes. D’intérieur, de soirées, de mariage, de tous les jours, longues ou courtes. Et cinq femmes rebelles qui se jouent et s’affranchissent de ces identités d’emprunt.
Tout commence par un souffle. Celui qu’expirent, face au public, les bouches des cinq danseuses serrées les unes contre les autres. Comme soudées par un fil invisible, elles portent des robes aux imprimés fleuris et démodées rappelant le temps où la féminité était - est encore ? - affaire d’apparence. Un préjugé que ce quintet explosif va faire voler en éclat, au cours d’un spectacle qui mixe allègrement les styles, chorégraphiques et musicaux.

Dans un geste collectif impeccablement exécuté, les cinq corps féminins se mettent d’abord à jouer des coudes puis à se désarticuler, à l’unisson et en décalé. Progressivement, leurs gestes traversent les mille et une tâches domestiques traditionnellement réservées aux épouses et mères, pour mieux s’en émanciper dans une énergie libératrice.

Leur conquête de ce girl power s’incarne dans leurs changements de tenue, tout au long de la pièce, à vue ou en coulisses. Une quarantaine de robes sont ainsi portées puis abandonnées, comme autant d’oripeaux dont il convient désormais de se défaire.

La bande son elle aussi s’affranchit joyeusement des normes, enchaînant le « Je suis malade » de Serge Lama revisité par Lara Fabian, avec Leonard Cohen et Vivaldi. Contrairement à son titre, Maldonne redistribue les cartes à l’endroit, en un élan iconoclaste et vivifiant.




Leïla Ka
France 5 interprètes création 2023

Maldonne

Véritable prodige de la scène chorégraphique d’aujourd’hui Leïla Ka impose son énergie sur scène. Précise, pressée, dramatique et paradoxalement relâchée sa danse nous propose des montagnes russes d’émotions. La chorégraphe tente dans Maldonne de créer une dramaturgie hypnotique portée par cinq femmes. Sur scène, des robes. De soirée, de mariée, de chambre, de tous les jours, de bal. Des robes qui volent, qui brillent, qui craquent, qui tournent … Toujours fidèle à son univers théâtral, elle fait évoluer les danseuses sur des musiques issues du classique, de l’électro et de la variété. De cette intimité au féminin la chorégraphe dévoile et habille, dans tous les sens du terme, les fragilités, les révoltes et les identités multiples portées par le groupe.

Un gang sororal : mâle-donne...
Cinq femmes sur le plateau nu, en longues robes vintage pieds nus dans le silence: une galerie de statues médiévales qui s'anime peu à peu de gestes spasmodiques dans un rythme en canon, en points de chainette, en maillon subtil de changement imperceptible. En savant tuilage. Ce quintet silencieux possède l'éloquence du mystère d'un spirituel rituel, l'étoffe du désir de bouger, de s'animer. Dans des spasmes, des halètements qui rythment leur souffle et leurs gestes au diapason. Autant de soubresauts qui hypnotisent, intriguent tiennent en haleine.Tableau vivant dans une galerie d'art, un musée de l'Oeuvre Notre Dame où les vierges sages et folles trépignent à l'idée de s'évader. Soudain surgit la musique et le charme est brisé: mouvements tétaniques ou circonvolutions élégantes et distinguées, alternent. A la De Keersmaeker ou Pina Bausch pour la grande musicalité gestuelle, le port de robes colorées ou pastel .Elles se vêtissent et se devêtissent sans se dérober, se parent de tissus, d'enveloppes, d'atours sans contour. La seconde peau des vêtements comme objet de défilé, de mouture charnelle. Anatomie d'une étoffe de chutes, de roulades au sol pour impacter la résistance à cette fluidité naturelle. Vivantes, troublantes les voici à la salle des pendus, les robes accrochées dans les airs, boutique fantasque de spectres ou ectoplasmes flottants dans l'éther. Dans une jovialité, un ton débonnaire. 
 

Complices et joyeuses commères , elles se soudent en sculpture mouvante pour des saluts prématurés qui se confondent en satisfecit et autre autosatisfaction: la beauté pour credo. Et les robes de devenir étoffe de leurs pérégrinations, de leurs ébats protéiformes. Clins d'oeil à la fugacité, à la superficie des désirs. Se revêtir d'atours séduisants et aguichants pour plaire, se plaire. Bien dans leur assiette, leur centre, la pondération des corps en poupe: l'assise et l'ancrage comme essor de leurs bonds, chutes ou simple présence sur scène Les voici en mégères apprivoisée, se crêpant le chignon dans des bagarres burlesque à la Mats Ek: mouvements spasmodiques, changements de direction à l'envi, énergie débordante.  "Je suis malade" comme chanson de geste, comique et pathétique à la fois.
 

Ou figures de "bourgeoises décalées" comme un Rodin mouvant en pose jubilatoire.Encore un brin de Léonard Cohen pour faire vibrer nos cordes sensibles. Les robes que l'on essore comme du beau linge, en famille,au lavoir, qui battent le sol comme des lambeaux, des serpillères de ménage qui se jettent à l'eau. Lavandières ou travailleuses d'antan. Fresque historique de la condition féminine brossée en moins d'une heure. La joie y est vive, les personnages attachants en phase avec le public attentif et concentré. Les "donna e mobiles" comme des plumes de paon dans un Rigoletto très féminin-pluriel de toute beauté. Leila Ka magnifie nos fantasmes de femmes, les expurge, les projette au dehors comme pour les exorciser en magicienne, prestidigitatrice de choc.
 

Création 2023 - Pièce pour 5 interprètes
Chorégraphie : Leïla Ka
Avec (en alternance) : Océane Crouzier, Jennifer Dubreuil Houthemann, Jane Fournier Dumet, Leïla Ka, Jade Logmo, Mathilde Roussin
Assistante chorégraphique : Jane Fournier Dumet
Création lumières : Laurent Fallot
Régie lumières en alternance : Laurent Fallot, Clara Coll Bigot
Régie son en alternance : Rodrig De Sa, Manon Garnier

 
le 7 Decembre a Mougin dans le cadre du festival de danse de cannes

Nederlands Dans Theater - NDT2: du sur mesure en majesté! A la dimension du Festival de Danse de Cannes 2025: XXL...En cloture magistrale

 


Trois pièces, trois regards sur notre présent. Le triple bill proposé par les virtuoses du NDT 2 offre une vibrante démonstration du pouvoir de la danse à éclairer nos vies.
Watch Ur Mouth - Chorégraphie : Botis Seva / Folkå - Chorégraphie : Marcos Morau / FIT- Chorégraphie : Alexander Ekman

Pour beaucoup, chaque jour est un combat. Contre les difficultés, les tourments intérieurs, les jugements d’autrui et « l’incessant bavardage de la vie quotidienne ».

Watch Ur Mouth de Botis Seva incarne, dans les corps expressifs de ses interprètes, une traversée au cœur de ce chaos. Ce chorégraphe autodidacte, dont la danse mixe allègrement les influences hip-hop, contemporaines et théâtrales, délivre toutefois un message d’espoir : derrière le tourbillon du monde, l’amour et les connections entre les êtres demeurent nos plus précieux auxiliaires pour continuer à tenir debout. Chacune à leur manière, les deux œuvres qui l’accompagnent témoignent du même besoin de retrouver une énergie inspirante.

Folkå de Marcos Morau fait ainsi écho aux rites mystiques auxquels se livraient nos ancêtres des cavernes pour repousser la crainte immémoriale de la mort. Par la musique et par la danse, la pièce offre un précieux moment de communion collective, à rebours de la frénésie du monde contemporain.

Quant à Alexander Ekman, il questionne avec FIT notre besoin systématique d’harmonie, dans notre quotidien mais aussi dans la création alors que celle-ci se nourrit de ce qui « ne rentre pas dans le puzzle ». Sur les rythmes jazzy du Dave Brubeck Quartet, une démonstration réjouissante du pouvoir de la discordance.


FIT- Chorégraphie : Alexander Ekman 
Quand la danse se faconne comme un groupe soluble autant que soudé, alors la magie opère pour cette jeune troupe incroyablement opérationnelle et crédible.Jeunes interprètes déjà virtuoses en la matière,les voilà dans le flux de mouvements en cascades,de courses,d'arrêt sur image très cinématographiques.Bande déferlante,alignement éphémère au registre de l'écriture chorégraphique.Et des virevoltes de longues jupes blanches pour mieux aureoler la fluidité de la danse.

Watch Ur Mouth - Chorégraphie : Botis Seva

"Take five" au zénith,galvanisant les danseurs au mieux de leur forme dans cette chorégraphie qui projette les corps,  divagations dans l'espace en bandes hallucinées d'énergie.La troupe se jette dans une rythmique bien connue d'une œuvre qui appartient à l'inconscient collectif dansant au delà des frontières...La pièce n'est pas que cela,dévoilant flux et reflux à l'envi.Les interprètes au plus près d'une sensibilité aiguë, incarnant l'enfermement, la détention des corps soumis. Hip-hop et danse fluide alternent pour évoquer cette frustration de mouvements liée à l'incarcération, toutes les formes de castration possible d'un monde politique d'enfermement.


Folkå - Chorégraphie : Marcos Morau 
Une performance inégalée pour la compagnie en ouverture de soirée pour mieux apprécier les talents de ces danseurs tant adulés par le public.Fouge,électricité d'une énergie sans faille ces  "Noces "de la danse et de la lumière que l'on assiste, à une véritable course contre la montre.Urgence des mouvements,des déplacements incongrus,des rencontres humoristiques, de ces ricochets de mouvements en bande défilante.Les costumes évoquent une identité semblable à la musique, folklore suisse ou des Balkans, cloches de vaches en sus.Tonicité garantie avec ces  rythmes fulgurants qui parsèment l'immense plateau à conquérir par ces électrons libres.Et le récit prend forme,la communauté humaine prend ses marques et subjugue.On demeure pantois devant une telle œuvre bigarrée,hallucinée ou tout bascule sans cesse.Mario Morau étonne toujours sans lasser ,génie et démiurge ambassadeur de la légitimité de la danse comme art majeur.


Watch Ur Mouth
Création 2025
Chorégraphie : Botis Seva - Assistants chorégraphie : Jordan Douglas, Victoria Shulungu
Musique : Torben Sylvest avec Bunny Sigler Shake your booty ; Sony music, Warner-Tamerlane Publishing Corp (BMI), Warner Chappell Music Holland B.V.
Performances voix avec Magero, The Seva Family
Création Lumières : Tom Visser
Scénographie et costumes : Botis Seva
Répétitrice : Lydia Bustinduy

Folkå
Création 2021
Chorégraphie, décor : Marcos Morau
Mise en scène : Shay Partush
Création musicale : Juan Cristóbal Saavedra avec Condividiamo La Luna & Whisper: Kim Sutherland. Le Chœur bulgare de Londres avec Dessislava Stefanova : Mor’f Elenku, trad.; Izgreyala Yasna Zvezda, trad. arrangement par Dessislava Stefanova; Razbolyal Se E Mlad Stoyan par Kiril Todorov.
Costumes : Silvia Delagneau
Création lumières : Tom Visser
Direction répétition NDT : Ander Zabala

FIT
Création 2018
Chorégraphie : Alexander Ekman
Musique : Nicolas Jaar : No. The Dave Brubeck quartet: Take Five. © Valentine Music Ltd
Doug Carroll: “Peacocks” par Animal Sounds.
Lumières : Alexander Ekman, Lisette van der Linden
Scénographie : Alexander Ekman
Costumes : Alexander Ekman, Yolanda Klompstra
Texte : Alexander Ekman
Collaboration artistique : Julia Eichten
Dramaturgie : Carina Nildalen
Citation du Directeur Artistique
 
Au Palais du Festival le 7 Décembre dans le cadre du festival de danse de Cannes

Ballet de l'Opéra Grand Avignon - "United Dances of America" Cultures en bonne compagnie

 


Où en est aujourd’hui l’émergence version US ? Réponse avec ce triple bill porté par l’interprétation aiguisée du Ballet de l’Opéra Grand Avignon. À découvrir d’urgence !
Elle et ils s’appellent Rena Butler, Mike Tyus & Luca Renzi, Stephen Shropshire. Peu connus en Europe, ils incarnent quelques-uns des nouveaux visages de la danse Outre-Atlantique.

Pour sa première saison à la tête de la compagnie avignonnaise, Martin Harriague les réunit autour d’un programme donnant à voir la créativité audacieuse d’un pays confronté à toutes les tensions contemporaines.

Dans This That & The Third l’Afro-américaine Rena Butler, originaire de Chicago, dénonce sur fond de musique urbaine les normes sociales et comportementales menaçant les identités individuelles. Avec Holy, le Californien Mike Tyus et son partenaire Luca Renzi rendent un hommage humaniste et spirituel à la contre-culture, sur un poème du chantre du mouvement hippie Allen Ginsberg. Quant à Stephen Shropshire, vivant actuellement aux Pays-Bas mais né à Miami, il orchestre dans Mythology un rappel musical et poétique de la terrible insurrection d’Attica, qui révéla en 1971 le racisme systémique régnant dans les prisons américaines. Point commun de ces trois regards passionnants : le rejet de tout enfermement, physique, spirituel ou symbolique, et un puissant désir de liberté. À ces enjeux forts la danse donne magnifiquement corps, dans une grande diversité de styles et d’inspirations.



United Dances of America
Création 2025

This That and The Third
Pièce pour 6 interprètes - Chorégraphie : Rena Butler - Musique : Chance The Rapper, Justin Hurwitz

C'est chacun pour soi au départ,tenue sportive  gestes vindicatifs de boxeurs en colère,individualistes et rageurs. Couleurs des costumes à l'appui qui parcourra la pièce jusqu'au bout.Puis c'est la curiosité des contacts entre membres de différentes couches sociales  qui fera le reste.La narration,le récit sont ici portés par les six interprètes dévolus entièrement aux phrasés très écrits d'une chorégraphie tirée au cordeau.Les corps s'y plient et s'y déploient sans cesse dans une fluidité où une tétanie contagieuse à l'envi.Un fulgurant solo au sol d'une des interprètes,électron libre renforce l'idée de peur,de traque de ceux et celles différents d'origine sociale.Au final c'est le groupe qui l'emporte dans une solidarité adoptée, acquise à force de contacts fructueux.La danse au delà des mots pour fédérer les énergies,rapprocher les inconnus ou les parias.Belle ode à l'altérité..Toute en couleurs chatoyantes et rayonnantes d'espoir.


Holy
Pièce pour 2 danseurs et 1 violoncelliste - Chorégraphie : Mike Tyus & Luca Renzi - Musique : J.S. Bach, Allen Ginsberg

Un duo de deux hommes quasiment nus se profile d'emblée dans la lumière sur le plateau nu.Deux corps splendides et canoniques,en miroir évoluent au sol s'assemblent,se repoussent,s'attirent pour une ode à l'amour interdit,bafoué dans une société intolérante et castratrice.Sensualité garantie dans une interprétation distinguée,sobre et mesurée. Toujours très écrite, la danse s'y déploie, sereine et autoritaire dans des gestes et attitudes amoureux.Une œuvre osée ,virtuose et sans concession aux pensées rétrogrades.


Mythology
Pièce pour 12 interprètes - Chorégraphie : Stephen Shropshire - Musique : Frederic Rzewski

La pièce finale de ce programme riche et fort pertinent s'impose pour évoquer la lutte,la résistance à l'oppression,à l'humiliation.Les corps sous tensions,performants et aguerris à un style percutant s'affrontent à l'ordre et la soumission dans une écriture solide comme le propos l'impose.La Musique se fait voix et rythmes ascendants pour une apogée réelle de l'humanité encore possible.La poétique très politique de cette pièce laisse penser et réfléchir :je danse donc je pense,philosophie à rependre d'urgence pour apaiser les conflits.

Notons qu'a chaque intermède une courte séquence filmée introduit les problématiques et laisse faire connaissance avec chaque chorégraphe de façon très pédagogique.Une compagnie soudée et virtuose des savoir-êtres multiples partagent avec le public des éclairages sociétaux comme seule la danse est en possession de la faire.Un être ensemble façonné de main de maître par Martin Harriague,celui qui relie en toute intelligence et laisse la danse porter sa voix au delà des mots.Le "cum panis" laïc d'une communauté dansante de toute beauté. En bonne compagnie..

Avec : Daniele Badagliacca, Sylvain Bouvier, Lucie-Mei Chuzel, Aurélie Garros, Joffray Gonzalez, Léo Khébizi, Hanae Kunimoto, Tabatha Longdoz, Kyril Matantsau, Marion Moreul, Ari Soto et Giorgia Talami

Maitresse de Ballet : Brigitte Prato

le 7 Decembre dans le cadre du festival de danse de cannes theatre palais stephanie

dimanche 7 décembre 2025

10 eme anniversaire des studios de danse du PNSD: des joyaux prometteurs dans une architecture vibrante.


 L'excellence,la maîtrise,le travail concourent à cette présentation des jeunes talents du Ballet Rosella Hightower. Une pépite de jeunes interprètes déjà aguerris à la scène,ce soir là pour interpréter en public quatre chorégraphies.

"L'orchestre" de Jean Sébastien Colau offre la visibilité de toutes sortes de marches et démarches à l'unisson entre autre.Un exercice cher à la danse contemporaine de Cunningahm à Mathilde Monnier entre autres chercheurs de rythmes, déambulations,divagations savantes de parcours dans l'espace imparti.Au diapason,à l'écoute,les danseurs font  corpus et s'adonnent au mouvement avec  naturel,aisance et très belle présence.De très beaux portés illuminent Mozart en majesté. 

Comment ne pas citer  ce solo"internally unbound" impressionnant et très prometteur de Sofia Naumenko qui incarne une chorégraphie périlleuse,véloce et virtuose signée Thais Fayaubost sur une musique de Robert Ruth.Sa disponibilité corporelle est fameuse et laisse augurer de bien belles perspectives de prises de rôle ou de diversité de style à venir!

Suivent deux pièces de Ruben Julliard du Ballet du Rhin: "Et là " et "Soudainement ici" pour laisser apprécier les talents confirmés ou en devenir de  ces interprètes au delà d'une technique maîtrisée, vecteurs,passeurs d'émotion,de musicalité et d'intelligence de la danse."Penses à ce que tu danses" édictait Trisha Brown. Et l'architecture lumineuse du grand studio,remarquable outil de travail,de faire rayonner les interprètes au sein de leur école dirigée par Paola Cantalupo.Et l'architecte Dominique DESHOULIERES architecte-urbaniste architecte consultant MIQCP DESHOULIERES JEANNEAU architectes, de main de maitre de ballet d'offrir un site, un endroit, une niche pour la danse de toute beauté et de grande efficacité!Un maitre-à-danser d'architecte:Compas à longues branches croisées et incurvées, qui sert à mesurer une épaisseur ou un diamètre intérieur.


Au studio de danse de l'PNSD Rosella Hightower le 6 décembre. 

 

https://www.archistorm.com/realisation-campus-georges-melies-cannes-christophe-gulizzi/ 


Companhia Paulo Ribeiro & Orchestre national de Cannes - "Louis Lui": musique et danse au diapason"

 


Voici, présenté en création mondiale, le deuxième volet d’une traversée musicale et chorégraphique où le corps - social, politique, sentimental - est le baromètre du temps.
Première mondiale
Coproduction Festival de Danse Cannes - Côte d’Azur

Plus que toutes autres, les cent dernières années auront sacré l’alliance du corps et de la musique. Paulo Ribeiro a ainsi dédié à chacune des époques de sa « Trilogie » - le début du 20e siècle, les années soixante et le monde actuel, une partition spécifique qui nourrit et détermine son inspiration. Ancrée dans les débuts du siècle passé, la Partie I, présentée en 2024 à Coimbra au Portugal, faisait écho aux œuvres de Maurice Ravel et de Luís de Freitas Branco.

Selon le même principe d’alliage entre « un son et corps universels », l’acte II met à l’honneur notre présent en associant les contemporains Louis Andriessen et Luís Tinoco. Le titre reflète la similitude de leurs deux prénoms mais également le mystère de cet autre, « Lui », qui toujours surprend et apporte « le paradis ou l'enfer ». Créant non pas avec mais sur la musique, le chorégraphe se laisse guider par ces deux pièces musicales, interprétées en direct par l’Orchestre National de Cannes.

À rebours d’une époque aseptisée où les émotions sont passées à la moulinette dévastatrice des réseaux sociaux, il s’attache avec ses six interprètes à ce qui nous lie irrémédiablement les uns aux autres. Et affirme, dans les corps traversés du « souffle du temps », le pouvoir salvateur de la danse.


Il faut mettre en avant la création musicale de cette pièce issue de la rencontre d'un chorégraphe et d'un compositeur de notre temps.Un challenge fort réussi que cette alliance danse et musique,unique et jouée en live par l'orchestre de  Cannes. Une première qui cherche encore son rythme, mais donc la croisière s'annonce prometteuse.Les danseurs engagés dans cette aventure incarnent solitude et presence forte dans une chorégraphie basculant d'une œuvre musicale toute fraîche, pleine de  contrastes, de sonorités inédites,à celle d'une partition connue.Deux compositeurs s'y confrontent avec bonheur.Une seconde partie plus narrative,des costumes rougeoyants,bottines et tuniques carmin et le récit se prolonge en gestuelle  doucement tétanique.On y avance au rythme de la musicalité de la partition à découvrir même sans la présence de la danse. Une œuvre inspirée bicéphale dont le binôme fonctionne dans les harmoniques de la composition.


Création 2025 - Pièce pour 7 interprètes
Chorégraphie et direction artistique : Paulo Ribeiro
Assistante chorégraphe : Ana Moreno
Musique : "Symfonie voor Losse Snaren" / "Symphony for Open Strings" de Louis Andriessen (1978)
"Au fond, la lumière" une création originale de Luís Tinoco 

Avec : Diogo M. Santos, Francisco Ferreira, Liliana Oliveira, Marta Cardoso, Rodrigo Loureiro, Beatriz Correia et Vivian Põldoja
Et l’Orchestre national de Cannes, chef d’orchestre Arie van Beek


le samedi 6 Décembre palais des festivals dans le cadre du festival de danse de cannes