vendredi 29 juillet 2011

"Itinéraires des danses macabres": un livre précieux!

Il est "épuisé" mais pas épuisant à la lecture!!!
Ce superbe livre d’art étudie et reproduit un grand nombre de fresques, peintures et sculptures représentant des danses macabres dans l’Europe entière. Ces fresques sont apparues dans les églises médiévales pour rappeler l’égalité de tous face à la mort. Entre burlesque et satire, ces œuvres ne laisseront personne indifférent.Et comme dit "ce n'est pas la mort qui danse, mais les vivants"!
Danse des morts, danse de la mort?
Tout dans cet ouvrage est passé au crible.Voici quelques illustrations de danses macabres en Europe!







"Kaboul disco" et "La parenthèse": le rapt du corps "kidnapé"

Nicolas Wild raconte l'histoire des corps militaires, domptés, l'histoire des corps en révolte, qui résistent à Kaboul.Un journal vécu physiquement par l'auteur lors d'un séjour en Afghanistan.
Page 138  du Tome 1 voir la séquence dans un night club au son de "sex bomb": les femmes y sont "dévoilées"!!! Chronique d'un pays en reconstruction où tout geste peut faire signe!

En 2005, Nicolas Wild, dessinateur de bande dessinée sans domicile fixe, trouve à la fois un plan squat et un boulot. Seulement c’est un peu loin : à Kaboul, dans un Afghanistan encore instable après la guerre.

Voilà donc ce jeune insouciant transporté dans une capitale en crise, chargé de dessiner une adaptation de la constitution afghane, puis de travailler sur la campagne de recrutement de l’armée. Il devient dès lors un observateur privilégié de la reconstitution hésitante du pays tout en menant la drôle d’existence des expatriés occidentaux à Kaboul. Il sent progressivement naître un fort attachement pour ce pays où il décide, malgré les risques de prolonger son contrat.

Un regard ironique et pertinent sur les réalités de ce pays au cœur de l’actualité.

 Avec"La parenthèse" de Elodie Durand, voici un autre genre de rapt à soi-même: le récit graphique dépasse l'autobiographie douloureuse de l'auteure: elle y réinvente la fonction même du récit d'une vie en noir et blanc. Magistrale, cette parenthèse, recompose les fragments d'une mémoire effacée et trace dans le temps les étapes d'une guérison.Que des histoires de corps, de mémoire gravée dans le corps....

"C'est l'histoire d'une jeune fille âgée d'à peine plus de 20 ans, d'un drame dans sa vie qui semblait être sans retour, d'une chute dans la maladie, dans la perte de soi. Ce récit est une bataille contre l'adversité. Il parle de la mémoire parfois si fragile, d'une convalescence inattendue, de comment, un jour, on réapprend son alphabet, à compter, à retrouver ses souvenirs." Élodie Durand 


"Mauvais garçons", "Freaks'squeele" et "Les noceurs": drôles de fréquentations pour la danse!

Florent Maudoux signe "Etrange université" pour son héroïne très "manga" super woman de choc: ses gestes et attitudes sont renversants, époustouflants et au chapitre V "Butterfly Twist" ça explose!
Voir "Tranches de squeele" ou "des bonus à vous couper le squeele" où l'auteur dévoile ses secrets de fabrication, de griffe, de marque et dévoile la signification du "squeele"!!!
Belle illustration de flamenco, source de son inspiration pour les gestes de l'héroïne...

Brecht Evens, auteur néerlandais peint, dessine à l'aquarelle un univers mordoré, incertain, lumineux où la danse .se taille la part belle. très belles images de disco clubs, de bars, de salles de bals où les personnages chavirent à l'envi. Des plongées et contre plongées très cinématographiques en dessinent les contours. Vertigineux!!!

Le flamenco ou rien
Drôle d’idée que celle de Christophe Dabitch de développer un copieux diptyque dédié au flamenco ! Ce flamenco ce qui raconte des histoires tristes, des amours impossibles, des univers empreints de deuils et de pauvreté humaine…  Comment faire « entendre » aux lecteurs cet art andalou qui mêle savamment chant, danse et accords de guitare ?
C’est le parti pris – et le pari réussi – des Mauvais garçons, ces deux copieux albums furieusement crayonnés par Benjamin Flao. De nos jours, quelque part en Andalousie, Manuel et Benito traînent à longueurs de journées. Si Manuel a vécu en France, Benito le Gitan n’a jamais quitté sa terre natale. Les deux hommes ont un idéal néanmoins : celui du flamenco traditionnel. Il faut dire que Benito chante comme un dieu.
Vivants de rien et de l’air du temps, les deux amis pourraient être riches s’ils succombaient aux sirènes du flamenco commercial mâtinés de notes rock… Trop puristes pour sacrifier à une telle infamie, Manuel, Benito et leurs amis musiciens et danseurs passent ainsi leurs journées, entre langueurs sans activités et séances de flamenco.
Seules les femmes arrivent à leur faire oublier leur passion, mais pour quelques heures seulement…

Voir les pages 28/31 dans Solea 1 et pages 102/103 dans Solea 2 pour les séquences danse flamenco: par les femmes, par les hommes!!!



"Petit traité de morphologie": anatomie de la danse...

BD d'après les cours donnés par Jean François Debord à l'école des Beaux Arts de Paris de 1978 à 2003.

Un régal signé Agnès Maupré; "La symétrie, c'est la mort! ou pire, la bêtise!" confie le professeur en prologue à sa série de cours! Page 6 tout commence par une superbe démonstration: "comment ça se tient un être humain?"  "dans les aplombs naturels et vivants". Un dialogue plein d'humour s'établit avec le squelette "Oscar", témoin et cobaye de l'étude sur l'anatomie! Légendaire figure pour les étudiants! Tour continue en compagnie d'un écorché, tout y passe et le "bassin" (de la danseuse classique) aussi! Le trait noir et blanc est franc, plein de vie et de mouvement. On y croit aux démonstration du professeur émérite.Et à son centre de gravité:"on passe son temps à perdre l'équilibre et à le retrouver, c'est ça qui est rigolo!" confie-t-il....Danseur????
On notera qu'Agnès Maupré a suivi ces cours en compagnie de Joann Sfar et travaillé le graphisme du "Chat du Rabbin"! Filiation oblige, c'est tout aussi délicieux !

Le corps en question: ah, les filles!!!!! qui dansent!!!!

Décidément, dans les albums récents d'illustration, le corps est questionné, visité, décortiqué avec un malin plaisir...Effet de mode? Sans doute, mais sous-jacent un vrai questionnement sur le plus bel instrument du monde, celui qu'on ne quitte pas, que l'on habite où qu'on y "loge" selon les critères de confort, bien-être et autre indices de vie ou de survie!!!!
Dans "J'aurais adoré être ethnologue", Margot Motin, auteure et illustratrice s'en donne à coeur joie.
"Si j'avais pas été illustratrice, j'aurais adoré être"....Championne de Pole Dance!!!! Et de la voir danser aussi dans "Dirty Dancing à la télé!!! Elle passe sa vie à bouger: "i Like to move it": chez elle en petite tenue légère, en couleurs! Le quotidien est transcendé par la danse, joyeusement. Un ouvrage contre la morosité pour trouver le bon équilibre entre soi et les autres.Un autoportrait plein de verve et d'humour sur une femme qui danse sa vie!

J’aurais adoré être ethnologue, ça parle de quoi en fait ?

Et non, ce n’est pas un essai sur la vie des pygmées ni un émouvant récit d’enfance. Cette bd c’est une plongée dans l’univers d’une fille, qui a un amoureux, une adorable puce, un chat, des copines, une maman, une soeur, un papa, des potes. Elle aime les fringues, prendre un café avec ses copines, et discuter de tout et de rien avec les gens qu’elle aime. Même si sa maman l’innonde de reproches parfois, même si sa fille a le chic pour la mettre dans des situations embarassantes (mais hilarantes), même si son chéri aime le foot.

Jusque là c’est un peu pareil que notre vie à nous, sauf que

Margaux Motin raconte sa vie à elle avec beaucoup d’humour et d’autodérision. Et c’est addictif. Parce qu’on rit beaucoup mais aussi parce qu’on se reconnait dans pas mal de ces situations. En plus d’être drôle, Margaux Motin a un dessin absolument magnifique, léger, aérien, féminin, qui rend encore plus savoureux son humour parfois un peu trash. En plus, la bd est belle. Et c’est ce qui rend encore moins important l’argument du ‘y’a déjà le blog’. Parce qu’en plus d’avoir un contenu génial, c’est un bel objet, luxueux, agréable, qu’on a plaisir à regarder. Le genre qu’on aime avoir entre les mains mais qui en jette aussi dans la bibliothèque. C’est également une super idée cadeaux pour tous les gens à qui tu voudrais offrir une bd drôle et qu’ils aimeront à coup sûr.
Pour résumer, J’aurais adoré être ethnologue c’est le même plaisir que le blog de Margaux Motin, mais sur papier. Ce serait vraiment dommage de s’en priver !
:
"Je m'appelle Diglee, j'ai 22 ans, une sœur dingo et géniale, un homme roux, une Best Friend Forever qui me supporte depuis 10 ans, une mère super canon, et trop de cellulite pour mon IMC, malgré mes chorées diaboliques sur Lady Gaga. Et comme ma vie intéresse tout le monde, hein, bah .. J'en ai fait un blog. Et puis de ce blog, j'en ai fait un livre. Voilà."
Dans le genre et toujours chez Marabulles éditeur, "Autobiographie d'une fille gaga" par Diglee.
Autoportrait également où quand il neige notre héroine danse "Noel" à sa façon sur "christmas bells are ringing"!Désopilant! Le sport ne lui réussit pas et tant mieux! Elle redanse "la reine" qu'elle croit être en "tututu tutu tulu" et au final "comme quoi il n'est jamais trop tard"? les souvenirs d'apprentissage de la danse abondent:et on se régale.Nulle en danse!!!! Trois chorégraphies l'ont marquée à vie pour le pire et le meilleur"A croire que je rigidifiais avec l'âge!" "Faut les booster, ces jeunes": quatre pages consacrées à la chorégraphie de "Bad Romance" à se rouler par terre Ah, les filles!!!!

"Je suis quelqu'un d'assez souple dans la vie"
Lire ègalement toujours de Margaux Motin chez Marabulles "La théorie de la contorsion" et surtout l'épilogue et la post face sur le grand écart stemplé!!!!

"Tango monde": tango-passion illustré! Le bel Otero...


« TANGO-MONDE » est un livre d’art comprenant 99 dessins, gouaches, aquarelles, encres, pastels, tous inéditsdu peintre Mariano Otéro,.sur des textes de Jean-Louis Coatrieux
"Je ne saurai jamais pourquoi. Pourquoi le tango et pas autre chose. Dans cet abandon total, intense, physique. Cette tendresse sombre et cette tristesse impatiente, avec elles le bonheur du corps, des corps. Dont je ne sais rien ou presque. J’ai cette passion qui se danse avec tout ce que nous sommes à deux. Une musique certes, mais pas n’importe quelle musique. Un chant aussi, amoureux, exalté, angoissé. La langue peut-être qui résonne de vagues très longues. Ou cet enlacement profond qui nous rend vulnérable au monde. J’aime, oui, ces suites de prises de pieds attaquant les notes, les ciselés de jambes et les esquives des hanches. C’est se donner et se perdre. Des gestes qui dévoilent et presque déshabillent. Tête-à-tête. Corps à corps. Mélange de force et d’attirance. De défense et de conquête. Tout ici ouvre et reprend la vie."
Merveilleux ouvrage dédié au tango: figures, postures et ambiance garantie!

jeudi 28 juillet 2011

"Rébétiko" et "Bandonéon": la musique et la danse en BD


Dans l'album "Bandonéon" de Jorge Gonzalès,nous sommes en1916. Un bateau part d'Italie et navigue pendant 40 jours. À l'intérieur, plusieurs centaines d'européens qui débarqueront finalement à Buenos Aires. Ainsi commence l'histoire d Antonino et de son fils Horacio. Ils vivront le processus de changement social, politique et culturel que l'immigration européenne produisit en Argentine au début du 20e siècle. Bandonéon, c'est l'histoire du tango, de la solitude et de la nostalgie de l'immigrant. Cette oeuvre a gagné le Premier Prix International du Roman Graphique .Belle scène de bal au début de l'album dans des tons séppia, rehaussant l'atmosphère début de siècle.....
Quant à "Rébétiko" (la mauvaise herbe) de David Prudhomme,c'est la Grèce des années 1930 qui est en jeu avec cette musique bannie, le "rébétiko" qui met le feu aux poudres!!!! 5 musiciens y provoquent un voyage à travers le pays et la danse....
Page 57 une scène de sirtaki, page 96, le héros danse sur fond de colonnes grecques en plein air et tout s'achève sur une séquence de bal dans des tons rouges chatoyants....
Danse du "si je meurs que vont-ils dire?" pages 42/43...A ne pas manquer pour le cadrage très cinématographique du personnage qui "s'amuse" follement en tangant à l'envi!

Valiumvalse: Tomi Ungerer les "croque"!

Un collectif de 7 musiciens aux allures singulières et qui fait de la world music française ?
Et oui ! L’orchestre nomade du sud… de l’Alsace n’a pas fini de nous surprendre.
C’est sur de la chanson à texte que le bandonéon s’étire aux côtés des percussions africaines. Leurs influences sont multiples mais leur objectif unique : faire danser les foules sur des rythmes venus des 4 coins de la terre.
Ils nous font passer d’un état à un autre avec force et subtilité. Chaque thème abordé nous interpelle… et c’est en Live que la magie opère.
Leur dernier opus « le tango des gangsters » est le fruit de deux années de travail où le pianiste Sébastien Troendlé (label PST) prend en charge la direction musicale du groupe. Le résultat est novateur : qualité des arrangements, de l'enregistrement et du mixage, avec un orchestre original où s'invitent un violon, une viole de gambe et autres ondes Martenot. Masterisé au Greenwood Studio par Glen Miller et illustré par Tomi Ungerer, cet album se donne les arguments nécessaires pour figurer dans la catégorie tant convoitée des albums faits pour résister à l’épreuve du temps.

"Le funambule": équilibe...Déséquilibre!

Le funambule
Auteur: Marie-Danielle Croteau
Illustration: Josée Bisaillon
Fort de son grand succès, la collection Au pays des grands visite ici l'univers de Marc Chagall. Né Moyshe Shagal au siècle dernier de parents épiciers, il est l'aîné d'une famille de neuf enfants. À cette époque avaient lieu les plus beaux spectacles du Grand Cirque de Russie dont Moyshe raffolait. Il passait l'été à la campagne, chez ses grands-parents, entouré de tous les animaux de la ferme qu'il adorait. Moyshe a joui d'une belle et riche enfance, toute en douceur et en magie, qu'il a magnifiquement transposée dans son oeuvre.!
Chapitre IX: "Le funambule avançait lentement au dessus du vide, glissant son pied comme dans un pas de danse"

Voir également "Traité du funambulisme" de Philippe Petit
 Le traité du funambulisme" est un livre singulier écrit par un être d'exception qui s'appelle Philippe Petit. C'est l'histoire d'un homme épris d'absolu qui tente de relier le fini à l'infini. "Le traité du funambulisme" comme l'explique Paul Auster dans sa préface est "le premier texte consacré à l'art du funambule, on y retrouve à la fois l'art et la science du funambule, le lyrisme et les exigences techniques du métier et pourtant il ne s'agit ni d'une méthode ni d'un manuel d'instruction." Philippe Petit avertit dès les premières pages : "Non, le fil n'est pas ce que l'on imagine, ce n'est pas l'univers de la légèreté, de l'espace et du sourire, c'est un métier. Sobre, rude, decevant qui n'est pas prêt à tout offrir pour se sentir vivre, celui-là n'a pas besoin de devenir funambule. Surtout il ne le pourrait pas."

Philippe Petit raconte avec grandeur le fil, le câble d'acier qui a succéder à la corde de chanvre, son installation entre deux mâts, le chausson en peau de buffle pour marcher dans le ciel, le balancier de bois ou de métal qui favorise les traversées à grande hauteur, le point de mire, le vent, la solitude, la peur. "La saveur d'une seconde d'immobilité, si le fil nous l'accorde, est un bonheur intime." dit-il. Philippe Petit est un faiseur de rêves, un artisan de l'espace, un homme libre.

Un mot est venu à moi après la traversée de ce beau texte, il s'agit de météore, j'ai recherché son étymologie, il vient du grec meteôros qui veut dire *élevé dans le ciel*, j'ai souri, puis le mot s'est envolé.

J'aimerais encore souligner que Philippe Petit a accompli des traversées inouïes, poétiques et monumentales, clandestines parfois, comme celle de 1971, où il avait relié les deux tours de Notre-Dame de Paris en hommage à la cathédrale, un autre spectacle non autorisé en 1974 à New-York au World Trade Center entre les deux plus hautes tours du monde, qui depuis ont volé en éclat. Son rêve, traverser les chutes du Niagara. 

Et bien sur "Le Funambule" de Jean Genet!!! (version Preljocaj!!!!)

"Danse et architecture": Palladio et la danse

Cet ouvrage collectif daté de 2010 est le rapport d'un workshop à Vicenza d'étudiants également à l'université de Montpellier
On y découvre l'intérêt de Palladio pour la chorégraphie ainsi que les rapprochements sémantiques de son discours par rapport aux fondamentaux de la danse.

mercredi 27 juillet 2011

Le clown et la ballerine: délicieux!!!

Un clown tombe sous le charme d’une ballerine. Ce qui paraît insensé : cet amour improbable se révèle être une quête où le clown, personnage principal, va tout mettre en œuvre pour être aimé de la ballerine.
Tout d’abord, il se transforme en funambule mais tombe, puis devient écuyer ou encore grand magicien. Mais comme tout le monde le sait : un clown fait des clowneries et tous ses efforts finissent en catastrophes.
À la fin, dépité, il décide d’arrêter de changer pour se contenter d’un amour à sens unique et reprend donc ses cascades et gags. C’est à ce moment-là que la ballerine se met à rire et avoue à ce cher clown qu’il lui plaît tel qu’il est.
Une histoire de différence, de compréhension et d’acceptation mais avant tout une histoire d’amour, illustrée par des couleurs chaudes et douces.
Une histoire où tout est bien qui finit bien !

La catcheuse et le danseur: du punch!

Bonnie aime beaucoup de choses, notamment faire du catch. Kim vient de loin et rêve d¿être danseur. Les deux amis montent un grand spectacle de catch et de danse, et leurs talents font école. Un éloge de la différence illustrée avec une patte personnelle et fantasque.
Estelle Spagnol

"Pieds de cochons" porc royal!!! et cochonnes rient!

Lécole des Loisirs propose un nouvel album de Maurice Sendak, sur un texte de John Marshall, au titre évocateur, qui sent bon l'humour et la drôlerie, Pieds de cochons. Et comme souvent chez Sendak, l'histoire se multiplie en rebondissements et en suspens. Un loup maigre se retrouve dans un quartier de la ville qu'il de connaît pas. Un arôme sublime plane dans l'air. Le loup affamé se lèche les babines devant une affiche de ballet prometteur, "Le Lac des truies". Le festin risque d'être merveilleux au regard de ces cochons, gros et gras, en tutu. Le loup fera tout pour pouvoir entrer et dévorer ces victimes. Mais, de page en page, on s'interroge, le loup aurait-il lui aussi une vocation de danseur ? Un album réussi pour rire pleinement.

"Penser et mouvoir": quand la philosophie danse!...Sur "la peau du monde"!

Livre : Penser et mouvoir : une rencontre entre danse et philosophie. Marie Bardet. L’harmattan, La philosophie en commun.
Quelles postures une philosophie doit-elle inventer pour saisir des gestes ? Comment peut-elle dé-composer des mots pour tenter de dire ce qui se passe entre des corps en mouvement ? A quels pas communs et divergents sommes-nous invités en dansant et en philosophant ? Ici se dessine le paysage d’une rencontre entre danse et philosphie. En se mettant à penser, à marcher et à rouler ensemble, danse et philosophie croiseront des problèmes de représentations, de perceptions, de compositions et de démarches collectives.

un extrait

de la peau
À travers l’exercice d’une attention sensible à la gravité, la peau devient lieu de partage du sensible et de la répartition des appuis. La peau est travaillée dans son épaisseur, animée et animant cette tension, cette écoute qui se donne en mouvements, par frissons. Elle peut s’épandre ou se rétracter dans une respiration propre à cette écoute‑composition qui se donne dans l’immédiateté comme tension. L’épaisseur du lieu plutôt que la finesse de l’entre, ce qui se passe comme sensation/action se passe plus dans ce mi‑lieu que dans chacune des deux instances séparées par l’entre deux : un milieu créé par cette tension soutenue, et traversé de conflits, d’affirmations et de guerres. Le milieu cutané, avec ses propres bêtes, amphibies inversées d’un intérieur‑extérieur partagé dans tous les sens, intensément.
La peau est un organe, mais organe décentré par excellence, pas de cœur, pas de centre, pas d’orientation fixe, il ne reste que la limite entre l’intérieur et l’extérieur qui tend à se perdre dans sa matière dermique, dans son éclatement multidirectionnel, dans son expansion temporelle de l’expérience d’une durée tendue entre un avant et un après, dans cette égalisation entre activité et passivité qui tisse une épaisseur intensive. Caresseur caressé. Un champ de force, lieu d’articulations multidirectionnelles, entre contact et partage, qui compose les mouvements, juste à la limite. Milieu où s’affine l’expérience de la relation gravitaire, la peau est lieu de la durée : il n’est qu’à voir les rides. Une philosophie des caresses, une danse des plis.
En dansant, la peau se départit ainsi de son rôle de fermeture, d’emballage, en s’ouvrant, sensiblement, « elle enfante des volumes », qui ouvrent le corps au monde, pour une danse particulièrement portée sur la peau. Louppe a ainsi de très belles pages sur la peau, qui, par la relation gravitaire, devient « milieu perceptif[3]».
À la fois étendue et intensive, continue et éclatée dans des segmentations de vecteurs toujours renouvelées, la peau est un lieu de désorganisation du corps et du mouvement. Oscillation ni contradictoire ni dialectique entre un pli sur soi et une expansion qui déjoue les limites habituelles et indivi­duantes, en restant au plus près des sensations. Expérience sensible de la peau, contact au sol, à l’air, contact de l’image de mon corps avec les images du monde et des autres ; expériences par la peau d’une danse qui ne laisse pas in‑tact, mobilisant tissages et détissages temporels[4] et métamorphoses de ce qui, à un moment, fait la danse ; mise en jeu de qui fait la danse, travaillé à la limite de la peau.
Retour des problématiques qui tissent la philosophie depuis longtemps autour des questions de subjectivation, posées ici aux processus de sensibilité d’un moi qui, à travers la peau, comme à travers plus largement toute la relation gravitaire, se constitue en s’échappant. Et là, dans un rapprochement particulièrement éclairant pour la danse, la question de la peau comme frontière rejoint celle des frontières du sujet, à travers la question des temporalités de constitution‑déconstruction. »

"La danse des costumes" Repères N° 27 : la peau de la danse!

Repères, cahier de danse - nouveau numéro
La danse des costumes - n°27/mai 2011

Tout contre la peau, le costume révèle le danseur, autant qu’il le protège. Il fait naître des sensations spécifiques, suscite – ou réprime – des postures et des mouvements.
Comment les interprètes vivent-ils leurs costumes ? Comment les costumiers questionnent-ils les corps ?

Dans ce numéro, ils nous font partager leur intime connaissance de la fibre, de la coupe, de la couleur et de la lumière, de la couture et du pli, du mouvement et du poids…
Le costume est d’abord approché en tant que «ce qui reste» d’un spectacle : qu’il soit réutilisé, transformé ou exposé dans un musée, il est le vestige d’une danse disparue et du corps d’un danseur.
Cette attention au costume comme témoin traverse le numéro, conçu comme un parcours en images, autour de grands ensembles : voiles, académiques, parures, pantalons, tutus. Des esthétiques a priori éloignées, mais recourant à des éléments vestimentaires proches, se trouvent alors mises en relation : regarder la danse à partir du costume nous invite aussi à approcher différemment le paysage de la création chorégraphique.


Et pour le chapitre "vies de costumes" notez:
- Le costume comme empreinte du corps, entretien avec Dominique Fabrègue
- Mémoires de costumes, par Catherine Langlade
- De la scène aux cimaises par Elise Bruneval


"Pinocchio l'acrobatypographe": à se tordre!

Quelle idée extraordinaire : faire des lettres avec son corps ! D’un trait plein de délicatesse, Georges Lemoine invente un Pinocchio acrobate. Avec sa tête, ses bras, ses jambes, il va faire d’abord un A, puis un B… quelques fois une balle, une fleur, un oiseau, une souris viennent terminer la forme. C’est comme un vrai cours de gymnastique ou de yoga.
Sur la page de gauche on a la lettre typographiée et un petit texte, par exemple pour le P : « n’oubliez Pas, je ne suis qu’un Petit Pantin, mon Papa, c’est GePetto qui aime la Polenta » et à droite Pinocchio qui forme la lettre
avec son corps, trop fort !
Même si 26 lettres ça finit par le fatiguer !
Mais ça peut nous donner envie d’essayer à nous aussi !
Ce n’est pas juste un abécédaire de plus, c’est un album poétique, inventif et lumineux.
Pour le "H", c'est un merveilleux équilibre, digne d'un danseur....L e "T" est "tendu", le "Y" acrobatique et le "Z" fait danser notre héros!!!!

mardi 26 juillet 2011

"Plein feu sur le tutu" de San Antonio: les couvertures varient!!!! Et font "le tour de france" à bicyclette, en danseuse!!!!!!!!

Quand San Antonio danse.....
A vous de choisir l'emballage, le contenu c'est du genre:
Un trouduction
"Rappelle-toi que dans cette affaire j'ai drôlement mouillé mon maillot.
Tu parles d'une escalade!
Je pédalais que d'une!
Tout en danseuse, mon pote!
Et avec plein feux sur le tutu!"


Amélie Nothomb, "Robert des noms propres": à lire!!!!

Résumé :
  Pour un écrivain, il n'est pas de plus grande tentation que d'écrire la biographie de son assassin.
Robert des noms propres : un titre de dictionnaire pour évoquer tous les noms qu'aura dits ma meurtrière avant de prononcer ma sentence. C'est la vie de celle qui me donne la mort.


 
Pour changer un peu des mes lectures du moment, je me suis tournée vers ce très court roman d'Amélie Nothomb, "Robert des noms propres".

 
  Une nouvelle fois, Amélie Nothomb m'a prouvé qu'elle était vraiment une 'magicienne des mots'. C'est toujours avec beaucoup de talent, je trouve, qu'elle réussit en quelques mots à exprimer une idée très forte alors qu'un long discours n'aurait pas fait mieux.
 
  La quatrième de couverture de "Robert des noms propres", surprenante et intrigante, comme toutes celles des romans d'Amélie Nothomb, nous mène vers un récit où des personnages exubérants entrent en jeu.
  Comment une femme enceinte à 'fleur d'hormones" a pu se retrouver au commissariat ? c'est avec une scène déroutante que débute ce récit et, c'est en prison, que l'héroïne, Plectrude voit le jour. Orpheline, elle n'est pas une enfant comme les autres, à commencer par son prénom, et elle va nous le prouver tout au long de son enfance.
  Plectrude ne suit aucun des codes imposés par notre société et elle dérange. L'occasion pour Amélie Nothomb de nous placer face à nos pires vices et défauts, en particulier à notre jalousie.
  Le thème principal de ce roman est en fait le cruel apprentissage des Rats de l'Opera et c'est ici qu'Amélie Nothomb est la plus dure. Néanmoins, avec son flegme et son détachement habituel, l'auteur dénonce sans jamais s'impliquer.
  A noter que j'ai parfois trouvé une certaine ressemblance entre Plectrude et la petite fille héroïne de "Métaphysique des tubes"... 
 
  En guise de conclusion, je dirais qu'avec "Robert des noms propres", Amélie Nothomb signe à nouveau un roman surprenant, presque dérangeant, où les pires vices de la société sont mis en avant avec une légèreté déconcertante. Mais la grande force de ce roman est qu'il réussit à nous faire passer par toutes les émotions, de l'admiration à la haine, en passant par le dégoût, jusqu'à un dénouement digne d'une grande tragédie grecque. Amélie Nothomb n'est cependant pas dénouée d'humour comme le prouveront les toutes dernières pages !
 



Le trésor des Hollandais: "joyeux"!

Odette Joyeux signait ce très bel ouvrage "Le trésor des Hollandais" dans la collection "L'âge heureux". Que du bonheur dans le récit de ce polard qui tourne autour d'une ballerine disparue!!!
Les illustrations de Philippe Daure sont pertinentes et l'impression couleur de l'époque (1975) chatoyante.

Sans oublier le film avec Claude Bessy et Cyril Atanassof et la série TV.....

Livres, bouquin sur la danse...

Pour la jeunesse qui aime danser et qui se raconte des histoires!!!!
Quant à "Espéranza" fière andalouse, irrésistible!

lundi 25 juillet 2011

Hélène Cathala en Avignon: "Ophélie ne dort pas"!


 

 
 

 
C'est au Théâtre Girasole que s'affiche une pièce chorégraphique répondant au doux nom de « la Jeune Fille que la rivière n’a pas gardée ». Mais attention, il ne faut pas s’y méprendre : cette création signée Hélène Cathala, chorégraphe de la compagnie Hors commerce est un des cocktails des plus détonants. Au menu : musique électronique fortement chargée en B.P.M. * associée à une danse nerveuse et technique.
 

« la Jeune Fille que la rivière n’a pas gardée »
© Sylvie Veyrunes
 
Hélène Cathala, à l’origine du projet, fut par le passé interprète pour Dominique Bagouet et Trisha Brown. Pour concevoir la Jeune Fille que la rivière n’a pas gardée, elle dit s’être inspirée du personnage d’Ophélie de Shakespeare dans Hamlet. Ici, contrairement à l’héroïne, la belle n’est pas la proie des flots, puisqu’elle ressort enrichie et renforcée par sa traversée de l’eau. La jeune interprète Nina Santes semble être taillée sur mesure pour le spectacle : elle incarne une Ophélie d’aujourd’hui, vêtue d’une tenue sportive aux couleurs vives. Son air enfantin et énergique est en adéquation avec le passage de l’adolescence à l’âge adulte, sujet de cette pièce dont la traversée du cours d’eau, semblable à une épreuve initiatique, est la métaphore.
 
La scénographie de cette pièce chorégraphique fait largement appel aux nouvelles technologies. Au sol, pour symboliser le lit de la rivière, sont disposés des capteurs sonores à infrarouge, de couleur bleue, qui s’éclairent à l’approche de la danseuse. En fond de scène se trouve également un écran sur lequel sont projetées des images vidéo créant parfois avec la silhouette de l’interprète des jeux d’ombre et de lumière. Cependant, c’est la musique qui tient ici une place centrale : des sons issus des capteurs se déclenchent à mesure que l’interprète effectue des mouvements et réciproquement. Une parfaite synergie se crée alors entre les boucles sonores et la danse improvisée. Les sonorités rappellent des notes de piano ou des séquences électroniques plus élaborées. Une part de la musique est également orchestrée en direct par Arnaud Bertrand, concepteur sonore de la pièce présent sur un côté de la scène, entouré de son matériel.
 
Gestuelle nerveuse et gracile de la danseuse
Ici, la chorégraphie semble suivre un schéma narratif découpé en trois moments. Le point de départ se fait lent puis déstructuré, créant une montée en puissance pour atteindre enfin un apaisement. La gestuelle nerveuse et gracile de la danseuse compose un vocabulaire parfaitement autonome, fluide ou inattendu, comme autant d’esquives pour échapper aux tumultes du courant. Bien que la pièce peine un peu à s’installer, la seconde partie plus intense permet rapidement d’oublier les premiers moments de latence. Quant à la courte durée de cette expérimentation proche de la performance, elle peut laisser le spectateur sur sa faim.
 
Avec cette pièce, Hélène Cathala donne à voir une belle énergie se déployer. Ce travail marque une volonté forte de la compagnie Hors commerce d’affirmer sa position dans le champ de l’expérimentation des possibles et de la transmission. En somme, cette danse n’a pas peur de se risquer à la nouveauté, en interrogeant les potentiels et en multipliant les directions.

La danse de Taiwan à Avignon "off"


Pour la cinquième année consécutive, le Centre culturel de Taïwan à Paris, a invité des troupes de l'île pour à se produire dans le cadre du festival. Un éventail très intéressant d'artistes qui mêlent avec grâce théâtre et danse, réflexion sur la société et introspection.Avignon 2011 Off Taïwan danseurs.jpgIl y a dans l'imaginaire des jeunes artistes de Taïwan, l'Isla Hermosa des premiers navigateurs qui la découvrirent et l'aimèrent, l'ancienne Formose, une forte interrogation sur le monde. Une énergie, une intelligence rayonnante qui ne se contente pas d'art pour l'art.
Créer, à Taïwan, c'est donner une cohérence plus forte encore à une forme certaine de résistance.
La présence de Taïwan à Avignon a porté ses fruits puisque nombre des compagnies qui se sont succédé chez les Papes depuis un lustre, ont été invitées en tournée ensuite. Et certaines reviennent au festival.
Dans 1:0 présenté par le M.O.V.E Theatre de Taïwan qui revendique une recherche dans laquelle danse et théâtre s'épaulent et que l'on avait pu déjà applaudir en 2009 dans Fight me now et qui était déjà présent en 2008 avec CH3CC13, des jeunes gens et des jeunes filles s'affrontent. On y danse et on joue. On se jauge. Et l'on s'affronte par exemple dans des tournois de ...ping pong réglés comme des ballets mais où, bien sûr, la part d'aléatoire apporte une grâce et un humour qui font mouche sur le spectateur.
Hong-Zhen Fu, metteur en scène de la compagnie, a été formé auprès d'un maître qui avait travaillé avec Jerzy Grotowski. Il connaît très bien la réflexion sur le corps et le théâtre du grand artiste polonais qui a tant marqué les metteurs en scène, comédiens, chorégraphes européens et même occidentaux en général.
Il dirige  cinq artistes, vifs et déliés. Le spectacle est très soigné, précis. Lumières, vidéo, musique originale, tout est pensé pour faire de cette pièce brève, dense mais aérienne, un objet d'une grande cohérence, d'une originalité profonde. Des surtitrages parfois viennent en appui du spectacle, mais, pour l'essentiel, on comprend tout. On est en osmose avec ces artistes.
Théâtre de la Condition des Soies, 13 rue de la Croix, 84000 Avignon (04 32 74 16 49).
A 13h30 M.O.V.E.Theatre Group (55 minutes); à 15h40 Scarecrow Contemporary Dance Company (50 minutes); 17h50 WCdance (50 minutes); 20h30 Ten Drum Art Percussion Group (55 minutes). Relâches certains jours.
A Paris, le Centre culturel de Taïwan à Paris est situé 78 rue de l'Université, 75007 Paris (01 44 39 88 66).
http://www.ccacctp.org

"Rondes et belles" :les danseuses XXL, grassoulettes!!!!

Ballerines XXL

Danseur obèse, Juan Miguel Mas a créé l'ensemble Danza Voluminosa, une troupe qui commence à trouver son public.
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Cuba, Teatro Nacional. Dans le hall, six femmes exécutent pliés, jetés, pirouettes et autres figures du ballet classique. Ce qui l'est moins, c'est la taille des ballerines et des tutus, ainsi que le regard des curieux à l'extérieur qui pensent, comme le dit le danseur et chorégraphe Juan Miguel Mas, créateur du groupe, qu'il s'agit là d'exercices pour perdre du poids. Or Danza Voluminosa est un ensemble professionnel, pour lequel Mas, formé entre autres au Ballet national de Cuba, imagine des chorégraphies adaptées à la corpulence des sept danseurs, six femmes et un homme.

Danseur et chorégraphe, Juan Miguel Más est le fondateur en 1996 de cette compagnie hors du commun : la troupe « Danza voluminosa » et ses danseuses « XXL ». Si la minceur est devenue un peu partout la référence en matière de beauté, on préfère ici les rondeurs. Toutes les danseuses pèsent plus de 100 kilos!
"Danza Voluminosa" aide les participantes à combattre la routine, les pousse à sortir de chez elles. Les personnes fortes ont tendance à rester chez elles et à manger. C’est un cercle vicieux : plus on est complexé, plus on mange, et plus on sent angoissé. Alors qu’avec la troupe, elle viennent travailler dans une ambiance détendue, elles font bouger leur corps.
Depuis de nombreuses années, Juan Miguel Más est conseillé par une ancienne première danseuse du Ballet nacional de Cuba.

Ses ballerines ne prétendent pas braver la pesanteur. Au lieu de leur imposer des figures sur pointes ou des portés, leur chorégraphe préfère miser sur des pirouettes et des enchaînements de mouvements fluides. Ses personnages ont les pieds sur terre et… une bonne dose d’humour.

Grâce à l’engagement passionné des danseuses, le miracle se produit : elles semblent se métamorphoser tout naturellement en « mariposas », les papillons de la chanson de "Freddy", la chanteuse cubaine obèse des années 50, dont le nouveau spectacle de la compagnie retrace la vie.


Steven Cohen, le performer

Ce Sud-africain, né en 1962 à Johannesburg, est juif, homosexuel, artiste, travesti, préoccupé par le sort du monde. Souvent perché sur des chaussures de 30 cm de semelle qui lui tordent les pieds, maquillé, jouant de son corps, il ressemble un peu à l’artiste Matthew Barney dans son cycle "Crewmaster". Il est rasé, quasi nu, le corps peint de blanc, les oreilles en pointe terminées par des plumets. Il fait couple avec son ancienne nounou, Noire, Nomsa, 89 ans. Celle-ci quasi nue aussi, semble surgir du berceau de l’humanité, résurgence de la Vénus Hottenttote qui frappa tant les esprits européens au XIXe siècle. Elle avance hésitante, souriante, se confronte aux images vidéos ou plastiques que Steven Cohen a préparés : visites des grottes où sont nés les hommes, rappel des galaxies qui nous ont enfantés, souvenir douloureux de l’esclavage, images des grands singes si humains qui sautent de branche en branche parfois pour se dévorer.
Le performeur et son étrange compagne nonagénaire, rejouent l’histoire de l’humanité, issue de cette Afrique que Nomsa symbolise, avec l’art pariétal et la première maîtrise du feu. Elle est parfois habillée d’un tutu blanc illuminé. Lui, a de drôles d’antennes sur le crâne ou danse avec contre son corps, cachant son corps, un grand singe empaillé et criant. L’homme descend du singe, l’humanité n’a pas été créée par Dieu mais s’est faite par une longue et douloureuse évolution. Et nous restons tous, des singes.
Le côté drag-queen, écorché vif de Steven Cohen, est touchant, même s’il est souvent kitsch. Montrer ainsi la nounou vieille, nue, parfois enchaînée, provoque le malaise des voyeurs que nous sommes. Dans une belle scène, Nomsa caresse maternellement le visage de Steven.