Avignon FESTIVAL IN 2011 : « Les agités du bocal » !
Boris Charmatz, chorégraphe et directeur du Centre Chorégraphique de Rennes est l’artiste invité, associé à la programmation de cette édition 2011 du festival d’Avignon.
Toute une filiation s’organise, se tisse autour de lui, de ses pratiques artistiques, de sa conception du « Musée de la Danse », titre quelque peu provocateur au regard de la notion de patrimoine, de mémoire ou de répertoire, préoccupations actuelles de la profession « danse » !!
Pas de formol dans le « bocal » de ce génial démiurge de l’inédit en matière de création, d’enseignement et de passation ! Rien que du neuf, du sur mesure pour se surprendre d’abord lui-même et étonner son public, ses compagnons de route comme Jérôme Bel, Xavier Leroy et bien d’autres. Ses « élèves » aussi réunis autour du projet « Bocal » né de l’envie de partager des expériences artistiques singulières dans des disciplines multiples, hors du champ strict de la danse.
« LE CABARET DISCREPANT » : en verve et avec tous !
Alors, allons du côté d’Olivia Grandville, ex interprète de la compagnie « Bagouet » qui depuis mène, indépendante,son chemin parsemé de fantaisie, de rigueur et de désir de faire découvrir, textes, personnages issus ou non du milieu de la danse. Après sa visite du côté de Kurt Schwitters pour « Le K de E », la voici se penchant sur les fameux textes de Maurice Lemaitre « La danse et le mime ciselants » : un must de manifeste sur le corps de la danse dans les années 1960, ainsi que les textes d’Isidore Isou, auteur et inventeur du « Lettrisme ». Ce mouvement fait alors son entrée dans les arts du geste et après son passage ni les chorégraphes ou danseurs ne peuvent ignorer que le bouleversement qu’il a apporté à leur art est aussi profond et contraignant qu’en leur temps, ceux de Noverre ou Petipa. Des problèmes toujours neufs s’y posent et l’on remercie Olivia Grandville de ressusciter cette prose délicieuse et pertinente, décapante, très proche du mouvement réflexif actuel qui ébranle la danse contemporaine de façon si salutaire !En compagnie de Sylvain Prunenec, Vincent Dupont, Catherine Legrand, Pascal Quéneau et Manuel Vallade, la voici qui décortique le texte, en fait un vivant manifeste animé par les corps vociférant les mots, les mettant en « geste » en verve ! Cabaret disjoncté, électrique, éclectique, le spectacle est jubilatoire et commence en déambulation pour se clore en salle. On y chemine à travers les textes comme lors d’un tapage nocturne, en liesse, en état de déraison moqueuse, pince sans rire, un peu choqué, un peu rassuré sur l’avenir de l’art et des artistes !Subversif, potache, dissonant, discordant, voici l’état des lieux de la danse d’aujourd’hui aussi. Et le parallèle de se constituer sans heurt avec joie et gaité, intelligence et sagacité, malice et complicité. Du bel ouvrage de « dame » et de « damoiseaux » pour mieux appréhender la suite du festival.
GENEVIEVE CHARRAS
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