lundi 25 juillet 2011

Hélène Cathala en Avignon: "Ophélie ne dort pas"!


 

 
 

 
C'est au Théâtre Girasole que s'affiche une pièce chorégraphique répondant au doux nom de « la Jeune Fille que la rivière n’a pas gardée ». Mais attention, il ne faut pas s’y méprendre : cette création signée Hélène Cathala, chorégraphe de la compagnie Hors commerce est un des cocktails des plus détonants. Au menu : musique électronique fortement chargée en B.P.M. * associée à une danse nerveuse et technique.
 

« la Jeune Fille que la rivière n’a pas gardée »
© Sylvie Veyrunes
 
Hélène Cathala, à l’origine du projet, fut par le passé interprète pour Dominique Bagouet et Trisha Brown. Pour concevoir la Jeune Fille que la rivière n’a pas gardée, elle dit s’être inspirée du personnage d’Ophélie de Shakespeare dans Hamlet. Ici, contrairement à l’héroïne, la belle n’est pas la proie des flots, puisqu’elle ressort enrichie et renforcée par sa traversée de l’eau. La jeune interprète Nina Santes semble être taillée sur mesure pour le spectacle : elle incarne une Ophélie d’aujourd’hui, vêtue d’une tenue sportive aux couleurs vives. Son air enfantin et énergique est en adéquation avec le passage de l’adolescence à l’âge adulte, sujet de cette pièce dont la traversée du cours d’eau, semblable à une épreuve initiatique, est la métaphore.
 
La scénographie de cette pièce chorégraphique fait largement appel aux nouvelles technologies. Au sol, pour symboliser le lit de la rivière, sont disposés des capteurs sonores à infrarouge, de couleur bleue, qui s’éclairent à l’approche de la danseuse. En fond de scène se trouve également un écran sur lequel sont projetées des images vidéo créant parfois avec la silhouette de l’interprète des jeux d’ombre et de lumière. Cependant, c’est la musique qui tient ici une place centrale : des sons issus des capteurs se déclenchent à mesure que l’interprète effectue des mouvements et réciproquement. Une parfaite synergie se crée alors entre les boucles sonores et la danse improvisée. Les sonorités rappellent des notes de piano ou des séquences électroniques plus élaborées. Une part de la musique est également orchestrée en direct par Arnaud Bertrand, concepteur sonore de la pièce présent sur un côté de la scène, entouré de son matériel.
 
Gestuelle nerveuse et gracile de la danseuse
Ici, la chorégraphie semble suivre un schéma narratif découpé en trois moments. Le point de départ se fait lent puis déstructuré, créant une montée en puissance pour atteindre enfin un apaisement. La gestuelle nerveuse et gracile de la danseuse compose un vocabulaire parfaitement autonome, fluide ou inattendu, comme autant d’esquives pour échapper aux tumultes du courant. Bien que la pièce peine un peu à s’installer, la seconde partie plus intense permet rapidement d’oublier les premiers moments de latence. Quant à la courte durée de cette expérimentation proche de la performance, elle peut laisser le spectateur sur sa faim.
 
Avec cette pièce, Hélène Cathala donne à voir une belle énergie se déployer. Ce travail marque une volonté forte de la compagnie Hors commerce d’affirmer sa position dans le champ de l’expérimentation des possibles et de la transmission. En somme, cette danse n’a pas peur de se risquer à la nouveauté, en interrogeant les potentiels et en multipliant les directions.

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