mardi 3 novembre 2020

"Le rêve du collectionneur": mesdames rêvent.....Une installation utopique dans un non-lieu ectoplasmique.

 


Comment taire un tel événement !

Commentaires....

Rêverie,cauchemar, insomnie pour nyctalope allumé.

Cabinet de curiosités ou "lieux saints" ? Cabinet d'amateure ?

Une lampe de chevet  achève bien la lumière, une console, console bien son buffet, 1001 facéties autour de l'art de collectionner, voici de quoi avoir "un point de vue" sur une collection. Mise en espace dans une vespasienne, vue de tous, à l'angle d'un pont et d'un quai...Point de vue sur un millier d'objets, présents, mais pas tous "visibles" tant la quantité efface la visibilité exhaustive du monde.D'un monde, microcosme: celui de la danse immortalisée, momifiée par une mise en forme d'objets, tous uniques, singuliers, prenant forme de la muse Terpsichore! Un jeu d'enfant pour s'a-muser" pour muséographier , pour mettre en "cène" à trois, la cérémonie de l'accumulation, de la récollection...et du partage: cum-panis !En bonne compagnie.

N'apparait que ce qui fut capable de se dissimuler d'abord..(phasme)

Point de vue donc, pas de vue sur "on y voit rien": impossible d'embrasser l'ampleur des dégâts causés par un "trop plein": alors on se résout à imaginer, à prolonger les pistes suggérées par les apparitions d'un pyjama aux dessins d'arabesques.Par une Carmen au balcon d'un tiroir de commode, pas commode à vider du regard.Sur fond de tapisserie parsemée rythmiquement d'insectes bizarres dansants, agrippés au mur qui se font la mâle. Phasmes dissimulés qui apparaissent, découverts, dévoilés ou bien mantes religieuses athées, pas catholiques du tout ni orthodoxes.

Deux miroirs pour renvoyer des icônes qu'on ne peut soupçonner d'exister, sauf au delà de ce miroir.Sur l'autel du sacrifice, on gomme, on coupe, on évacue,on abrège pour faire plus vif, plus léger que ce poids de senteur de 63 ans de collection.On ne devient pas danseur, on nait, on est danseur...

Scénographie aérée, sensible à l'atmosphère surannée, désuète mais en plein dans le mille: avec les 1001, deux escogriffes hirsutes d'inventivité, face à la complexité du sujet.Exposer sans trahir le corps pensant de celle qui a rêvé la danse à partir de ses émotions provoquées par des objets, effigies de ses fantasmes sur l'art polymorphe qu'est la danse. On "tache" d'être pertinent avec Corine Kleck, on se fait "mère" adoptive de tous ces êtres non-vivants avec Véronique Moser.On joue à la devinette, à colin-maillard pour pister les traces de pas de tous ces ours en peluche "tutuifiés" où l'on affirme que décidément l'habit fait le moine.Et les blisters des Barbies restées intouchables derrière leur vitrine de plastique -on éventre jamais les emballages-reflètent la lumière incisive du jour...La collection est vierge d'usage, comme neuve malgré le temps qui a passé.Les placards débordent, déversent leur contenu ou le masquent, objet de convoitise: qu'est-ce qu'il y a derrière, l'ob-scène de nos imaginations rendues fertiles par ces cachotteries voulues, réfléchies, conspirées

Alors on s'arrête devant la vitrine de l'édicule, on fait des galipettes pour regarder de tous les points de vue possible, on s'échine comme au vide grenier pour tenter de trouver l'origine d'un bras, d'une jambe à peine suggérée par un positionnement incongru: une Barbie jambes en l'air, tronquée, Joséphine Baker en bonne femme Banania qui cligne de l’œil dans le miroir...Cachée, dissimulée. Deux flamands roses en tutu qui se répondent d'une étagère à l'autre, un département ibérique avec frou-frou et castagnettes...Le bazar est prolixe et ouvert jour et nuit, habité par les fantômes qui hantent le petit cabinet, celui qui vit tant de gens passer se soulager: et l'on est soulagé, rassuré par cet outre-noir , tombeau de la danse, ré-écriture d'un récit joyeux, rosé, bleu, ou à pointe.Mausolée érigé en mémoire du mouvement pétrifié des objets accumulés, triés, choisis, conservés, entassés.

Alors on se colle à la vitre comme un insecte curieux, assoiffé d’intérêt et de curiosité pour une "version" toute personnelle, fruit d'un tandem bicéphale unique en son genre: Les Kleck-Moser Sisters Big Band, 1001 visages animés de facettes kaléidoscopiques. Un phare dans la nuit de cet automne-hiver citadin à ne pas manquer comme boussole déboussolée, vous détournant du droit chemin!

Installation visible 24 H sur 24 jusqu'au 5 Janvier au "petit cabinet" faubourg de pierre à Strasbourg.

Collection de la collectionneuse Geneviève Charras, charivarieuse

lire sur les petits cabinets, vespasiennes ou lieux d'aisance:

"le parti pris des choses" Francis Ponge

"la vie mode d'emploi" et "cabinet d'amateur" de Georges Perec

Alain Cavalier "lieux saints" sur les "cuvettes d'aisance"......

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