En
raison des conditions sanitaires actuelles, nous ne pourrons
malheureusement pas accueillir de public dans le Grand Palais pour La
Ronde le 16 janvier, ce qui nous attriste profondément ! Mais le
spectacle sera filmé, et fera l’objet d’une diffusion sur France 5, le
12 mars à 20h50, accompagnée d’un documentaire sur la conception du
projet, qui a connu de nombreux rebondissements du fait de la pandémie.
Happening Tempête est reporté au 8 mai 2021 dans le Grand Palais
éphémère sur le Champ de Mars, où nous aurons le plaisir de vous
accueillir.
"Après 120 ans d’une vie trépidante, le Grand Palais, nécessite une importante restauration. Plus d’un siècle après sa création, il entre aujourd’hui dans une nouvelle phase de son histoire. Au début de l’année 2021, il fermera momentanément ses portes pour entamer de grands travaux de restauration. J’ai souhaité inviter un artiste à imaginer une création pour marquer cette nouvelle étape de la vie du Grand Palais. Une sorte de rite de passage, où la Nef mise à nue sera offerte aux publics avant sa fermeture provisoire.
Un événement artistique tourné vers l’avenir et vers un Grand Palais encore plus ouvert à tous, plus accessible, ancré dans les mouvements et les réflexions qui traversent notre société, et qui offre au visiteur la possibilité d’être un acteur et un citoyen de son temps."
Chris Dercon
"Le Grand Palais est une cathédrale de la république. Même déserté au printemps de toutes ses activités, le lieu vide parlait encore. Il continue à résonner de sa longue histoire. Il me semble être un écrin gigantesque aux désirs les plus intimes.
Comme on ne peut passer abruptement du confinement à la foule, j’ai imaginé une ronde, La Ronde. Arthur Schnitzler a écrit ce texte extraordinaire de couples enchaînés les uns aux autres au moment où se construisait le Grand Palais. En 1900, le lieu ouvre alors que Schnitzler publie à compte d’auteur son œuvre qui fera scandale, en raison de la thématique sexuelle... ou de la judaïté de l’auteur.
Fermeture autour de la figure du duo, et ouverture infinie de la chaîne qui déplace les corps, les transperce. Schnitzler dit crûment amour et sexe des personnages sociaux (la comédienne, le soldat, la prostituée, le comte...). Il invente un protocole du désir perméable, passé et transmis à l’autre, parfois dans la tension, dans l’absence de concordance. La dramaturgie de ce livre est déjà une danse où les couples jamais ne se referment mais toujours rencontrent l’autre. Le Grand Palais est démesuré, il est difficile d’imaginer là une demi-mesure. Soit on peut y déclencher une tempête avec 6 000 personnes en présence, soit le considérer comme un écrin et y déposer délicatement un joyau prosaïque : une chaîne infinie de duos dansants, chantants, parlants.
Les corps bougent, se heurtent, s’embrassent, se quittent et pourtant restent, se lient dans l’espace mental, s’ancrent pour maintenir une continuité du vivant et du désir.
J’imagine une série de couples enchâssés, un paysage de duo
dansants, parlants, chantants, avec des artistes hors normes, qui se
suspendent au temps pour entretenir ce foyer plusieurs heures durant.
Des morceaux iconiques sortis de l’Histoire (de Don Quichotte à Dirty
Dancing en passant par Anne Teresa De Keersmaeker), des duos inventés
pour l’occasion, des extraits de Schnitzler, des artistes qui ouvrent
les sens et entraînent les visiteurs. Un événement dont la durée sera
embrassée par tous, interprètes et public, dans un doux et long
embrasement chorégraphique partagé.
Puis, avec le jour nouveau, le public sera invité à rejoindre un
collectif de corps dans une tempête de gestes -isolés-. Un
échauffement XXL. Un gigantesque atelier pour tous. Une performance
fugace, avant la clôture pour travaux. Quand même. Une explosion
d’amour pour la clôture du Grand Palais."
Boris Charmatz, juin 2020
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire