jeudi 17 juillet 2025

"Sortir de l'ombre": au "gré" du karst! Dominique Haettel et Corine Kleck fusionnent l'espace et la matière.

 


Sortir de l'ombre réunit deux artistes, Corine Keck et Dominique Haettel. L'installation évoque une apparition, au sens d'une manifestation presque imperceptible, surgissant dans un espace silencieux. Elle rend visible ce qui habituellement se dérobe : formes en suspens, présences fragiles, tensions entre disparition et surgissement. L'apparition ne dit pas tout, elle effleure. Elle habite la frontière entre l'absence et la présence. 

 Qui aurait pu soupçonner le grenier du Musée de la Poterie de Betschdorf de pouvoir receler les trésors d'une grotte d'un relief karstique de l'ère tertiaire? Et bien la découverte vient d'être faite au sein de la charpente revisitée par deux artistes explorateurs, géologues et spéléologues de Schweighouse...

photos dominique haettel

Entrez dans cet univers unique et vous voilà parachuté dans une grotte où des stalactites tout de blanc cousus voisinent avec leurs formes miroirs , des stalagmites, colonnes sèches, statues verticales légèrement décapitées.  Une atmosphère de mystère se dégage de cette installation, sobre, pertinente au regard de l'environnement intime de boudoir de cette grange traditionnelle. Le vieux bois des poutres supporte les tensions de ces sortes de sacs, enveloppes suspendues au cintre d'une salle des pendus d'un carreau de mineurs.Comme des chemises de nuit au tissus rêche, emplies de souvenirs, de parfums nostalgiques. Comme des chauve-souris suspendues dans la pénombre.Comme des vessies, matières organiques voisines du travail de l'artiste Ernesto Neto.Tel des tétines lactées aspirées par des gueuloirs féroces.Des pis de bestioles fantastiques en proie à des dévoreurs avides d'un liquide salvateur.Sous les doigts de fée d'une artiste couturière Corine Kleck qui relie et noue souvenirs et réalité. Réalité d'un songe éveillé où les matières tissus et plâtre-chanvre-chaux se rejoignent dans une belle sérénité ambiante. Comme des os tronçonnés à différents niveaux, les vases de Dominique Haettel sont érigés comme des totems votifs, des trophées d'une nuit étoilée.Asticots ou vers se tortillant de plaisir au gré de la lumière changeante. De ces profondeurs jaillissent des récits fantasmagoriques à l'envi. La sérénité du lieu apaise ces visions et la blancheur envahit l'espace en douceur.


Les formes se transforment au gré des déambulations autour de cet étrange profusion de sculptures rigides et souples à la fois. Se heurtent les matières blanchies, virginales comme des spectres, funambules des poutres du grenier. Fantomatiques esquisses plastiques d'un univers onirique digne d'une grotte d'un relief calcaire étrange. La blancheur, pâleur extrême ou incandescence visuelle est du plus bel effet optique.Immobiles, les structures pourtant s'animent dans un silence enveloppant magnétique.

La découverte de ce trésor archéologique et géologique au sein d'un Musée où la terre et sa transformation sont reines est quasi une évidence: les fouilles y sont archéologie du futur et en somnambules avertis on chemine les yeux grands ouverts dans cette carrière chaleureuse bercée de clarté autant que d'obscurité planante. Une tranche d'histoire à visiter en grimpant l'escalier du musée,curieux et intrigué par cette intervention plastique rêvée.Une immersion tendre et feutrée à vivre dans la quiétude d'un lieu fantasmé: le grenier de nos mémoires minérales et textiles ressuscité par l'imaginaire de deux sculpteurs du temps.Le sable blanc qui jonche le sol, comme érosion des sculptures et du relief ancestral.

Au Musée de la Poterie de Betschdorf jusqu'au 30 Septembre



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