jeudi 31 mai 2012

Damien: il en connait "un rayon" en danse et mode à la librairie Kléber!

Dans notre capitale européenne, la librairie qui fait acte d'initiative en matière d'ouvrages sur la danse, c'est bien celle de la place Kléber!
Mais il n'y a pas de miracle!
Qui se cache donc derrière ce rayon très d'actualité, section ARTS au deuxième étage?
Damien Brem, un jeune homme altier, aimable et à l'écoute des moindres caprices de ses clients. (de sa cliente) et toujours prêt à devancer vos vœux, désirs et à anticiper sur les sorties d'ouvrages des éditeurs, petits ou grands. Pour preuve récemment, il déniche "Giselle" de Wilfride Piollet et Jean Guizerix (des habitués de la librairie Kléber pour leur complicité avec René Char), "Résidences" de Quentin Bertoux et Bernard Noel pour des photos de l'Echangeur, "Malandin+ Houeix" éditions maison, et bien d'autres ouvrages philosophiques, même des revues où il déniche des articles sur la danse!Il se "livre" et nous "délivre" ses secrets de libraire!
Ce qui préside à ses choix: l'actualité des parutions, bien sûr puisqu'une librairie, ce n'est pas un centre de documentation ni une bibliothèque.
"Ici, ça tourne, ça circule et mes rayons changent bien sûr selon les arrivages, les éditions, les documents soit qui nous parviennent, soit que je commande dès que j'en ai l'écho"
C'est aussi la mode qui le passionne: sa grand-mère, couturière lui a "passé" ce gout des beaux tissus, des formes et surtout de "la charpente", de l'architecture des vêtements, comme celle des corps!
La danse qui a souvent croisé Yves Saint Laurent, Jean-Paul Gaultier ou Christian Lacroix, le questionne sur le sujet du costume. Balanciaga, Courrèges lui ont enseigné ce don du choix de la beauté, de la rareté. Et surtout d'une allure assurée, très en adéquation avec sa pensée; Il bouge bien aussi notre libraire et ses mouvements , sa façon de s'habiller attestent d'une véritable passion pour le maintien, le "service" et la gentillesse d'un accueil toujours souriant, à l'écoute.
Librairie Kléber
1 rue des francs bourgeois
67000 STRASBOURG
www.librairie-kleber.fr

"Ad Vitam" de Carlotta Sagna: solo pluriel

Carlotta Sagna, en résidence avec Caterina à Pôle Sud à Strasbourg durant la saison 2011/2012 signe ici un solo, parlé, conté, dansé, inspiré quelque part aussi par son travail de terrain avec les participants amateurs aux divers projets de proximité de résidentes!
Elles ne chôment pas les sœurs Sagna et Carlotta s'empare ici d'un texte inspiré des carnets signés de sa mère Anna et en propose une adaptation très personnelle, sobre, maline et profonde.
Seule sur scène, vêtue comme au quotidien elle campe une femme qui questionne la raison, les habitudes et les choses acquises et bien rangées. Comment pense-t-on?
A-t-on besoin de cet harnachement de clichés pour vivre, bouger, parler, communiquer?En bref, danser, semble ce qui lui réussit le plus dans une gestuelle mesurée, précise, vive et argentée.
Elle est gaie, intelligente et mordante, charmeuse, enjôleuse juste ce qu'il faut pour séduire et non manipuler.En un mot, elle danse et en final son manège de déboulés très contemporains, fuguant  dans l'espace comme une musique de parade se révèle l'instant brillant qui atteste d'une présence remarquable."Normale", ou folle, au comportement "pathologique" ou vraiment incarnant la vie qui se fabrique dans l'instant.Pas de tricherie, ni de truc ou effet dans cette prestation, incarnée au plus près de la chair. Décalée, désaxée, sa chorégraphie emplit le plateau au point de l'envahir et d'y laisser la rémanence d'une mouvance gracieuse, rieuse et éclairée.
Quant la raison donne droit au corps, quand le corps résonne de pensée, voilà le bel ouvrage de Carlotta, ad vitam, eternam!

"Baron Samedi" de Alain Buffard à Nouvelles Festival -danse-performance Strasbourg

"Baron Samedi": titre singulier comme tous les spectacles signés Alain Buffard: inclassable, impertinent, indisciplinaire et plein de talent!
De ce perturbateur de cérémonies vaudoues, Buffard conserve le côté iconoclaste et charivariesque du carnaval.
Fait pour déranger, pas toujours pour arranger les choses!!!
Pour preuve, 6 danseurs, deux musiciens en live: guitare électrique et contrebasse.
Les trois danseuses-chanteuses sont black et pleines d'allant, pas conformes aux normes "esthétiques" de la "danseuse" et c'est très bien ainsi.Le danseur black est sublime, monsieur Loyal en diable, maître de cérémonie, bateleur et discipateur en herbe.Voilà les mélodies de Kurt Weill, bougées, scandées comme jamais, vivantes et réactualisées pour donner le meilleur de leur suspens et rythmique. Brecht en tremblerait de jubilation!Nadia Lauro signe le dispositif scénique, plateau blanc, oscillant et en déséquilibre, pourtant stable dans son allure de radeau pour naufragés.
Fany de Chaillé assiste à la conception et mise en scène, un Buffard très inspiré et décalé que l'on apprécie par son engagement politiquement incorrect et ciblant les questions du monde en pirate dévastateur jamais racoleur ni arrogant.
Face à l'événement, aux corps qui agissent et réagissent, parlent, s'expriment et revendiquent leur altérité!
Toujours dans le juste, le fantasque, pas la fantaisie désuette mais l'humour grinçant d'un engagé physiquement dans le langage chanté et dansé.