lundi 24 septembre 2012

"The Artist" : paroles, paroles....et musique live!!!!

"La voix de son maître": le film de Michel Hazanavicius, c'est l'histoire d'un petit chien, celui d'un grand artiste de film muet (Jean Dujardin en George Valentin) qui se perd dans le refus de jouer pour le cinéma parlant. Ce petit animal qui aboie en silence mais est le premier dans le film à émettre du son, à être la voix de son maître. C'est aussi celui qui lui sauvera la vie quand il pensera y mettre fin par désespoir. C'est aussi le rire muet, le sourire de Bérénice Bejo en Peppy Miller, star onctueuse de la comédie musicale  "sonore"
Le tout magnifier par cette version concertante inédite de la musique originale du film, celle du compositeur Ludovic Bource, en live, interprétée par le magnifique ensemble du Philarmonique de Strasbourg! Une version pour être en phase avec les images, soutenir l'intrigue, apaiser les temps de poésie, renforcer la violence de certaines scènes de désespoir.A la direction de l'orchestre, Ernst van Tiel, semble se régaler en direct de cette connivence musique-images et communique son enthousiasme, deux heures durant autant à ses interprètes, qu'au piublic!
Une belle démonstration de virtuosité délicate qui se répand tout au long du film et contribue à nous immerger dans un univers ou le muet à tout à gagner en le restant au profit d'une musique à la fois populaire et savante.Du bel ouvrage pour une expérience communautaire partagée: le public ne s'y trompait pas en ovation, debout dans la salle du PMC. Du jamais vu à Musica: Jean Dominique Marco, toujours aux commandes artistiques du festival, joue et gagne!
Pari tenu pour faire découvrir à un vaste public très varié les tonalités d'une musique brillante qui se fond dans les scintillements du gris lumineux des images en "noir et blanc", à la Fred Astaire.
Le talent des acteurs-danseurs du film se révèle d'autant plus dans la musicalité ainsi renforcée de leur magistrale interprétation!

Patrimoine Cage: qui va "piano va sano"

Toujours dans le cadred du festival Musica à Strasbourg, salle de la Bourse ce dimanche matin, on pouvait assister au concert de piano solo du brillantissime et très doué Wilhem Latchoumia
Un hommage à John Cage et à sa "descendance", s'il fallait parler de "filiation" chez un artiste iconoclaste qui refuserait surement cette idée d'héritage, au profit de la passation ou dela connivence.
Là où le programme du concert est édifiant, c'est de nous laisser entendre les sons inédits du maître, à l'ouvrage avec un tout petit piano d'enfant, un jouet de bois, semblable au piano droit: avec "Suite for Toy Piano", on assiste  à la scène cocasse d'un artiste, plié en deux, assis quasi à même le sol pour accéder avec son grand corps, au clavier du petit instrument. La poésie est déjà dans la vision de cette belle image humoristique et décapante. Les notes s'égrènent avec allant et joie.
Les autres oeuvres plus "sérieuses" rapellent que Jodlowski excelle dans le collage de la musique électronique alliée au son en direct dans "Série C" et "Série Noire" entre autre compositions d'excellence dans le genre.Pesson, Jarrell résonnent de la même veine, en déflagrations de notes et de sons inouïs L'interprète s'y révèle engagé, foudroyant de dextérité, d'audaces et de respect.
Quant à Wilhem Latchoumia, c'est un exquis bonheur de le voir jouer, à l'œuvre, avec ses longs bras agiles, son geste tranché et efficace, son engagement physique dans l'exécution des œuvres. Très "plastique", sa silhouette, sa mouvance sont autant d'éléments qui concourent à rendre vivant et convaincant ce répertoire dédié à la griffe de Cage: "étonnez-moi" disait Serge de Diaghilev à Jean Cocteau, et nous voici au cœur d'un héritage surprenant et attachant, à l'image de John Cage et de son rire tonitruant!

dimanche 23 septembre 2012

Wilhem Latchoumia: piano virtuose en "Cage"

Un récital de piano avec Wilhem Latchoumia, c'est déjà se mettre l'eau à la bouche, rien que pour le plaisir de voir et d'entendre ce virtuose du clavier contemporain.
"Cage et musiques américaines" au menu dans un objectif bien précis: relier le démiurge Cage à ses contemporains, tisser les passerelles, franchir des ponts lors d'un récital éclectique: John Cage a laissé en germe pour les compositeurs d'aujourd'hui, le plus riche terreau de bruits, de sons et de silences!Des 1948 Cage utilise le piano jouet et de cette fantaisie ludique nait un univers tout neuf: à la frange de l'irrévérence, du pied de nez ou du clin d'œil, le grand compositeur américain,faiseur de sons jette un sort au plus "respectable" instruments des salons européens et nous en livre un nouvel outil "préparé" surprenant.Que faire après John Cage, que peut-on encore inventer sans emprunter au maitre, sans singer toutes ses astuces et supercheries géniales pour détourner ce bel instrument à percussions? Quatre œuvres en hommage à Cage de Mincek, Filidei, Pesson, Jodlowski illustrent cette démarche.Le piano dans tous ses états, en état de siège, malmené, détourné, réinventé!