mercredi 29 mai 2013

"Dites "oui" à Montpellier Danse 2013 et à Mathilde Monnier!


Laissez vous conquérir et épousez Terpsichore sans hésitation!
On insistera en ce jour de célébration du premier mariage gay à Montpellier, pour embrasser et saluer la programmation du prochain festival Montpellier Danse. Dire "oui", faire confiance aux choix de Jean-Paul Montanari, à la danse tout court dans sa force, pour "le meilleur et pour le pire" sans concession.
Plus particulièrement en mettant l'accent sur les deux créations de Mathilde Monnier reconduite pour trois ans à la direction du Centre Chorégraphique!Et dire si l'on s'en réjouit!

"Mais qu'est-ce-qui nous arrive?!?" , rencontre entre sa danse et la bande dessinée de François Olislaeger "Mathilde" et"Objets re-trouvés" questionnement intriguant: que se passe-t-il dans la tête d'un danseur?
Mathilde Monnier remue le terreau de la danse, du sens du geste et questionne l'espace: publique ou intime.Que se soit celui de la mémoire d'un danseur ou de la formation d'un Ballet, tel le Ballet de Lorraine à qui elle dédie ces "objets re-trouvés" Ce sera le 5 Juillet au Corum à Montpellier à 20H

Et pour la BD dansée ce sera les 23 et 24 Juin à Montpellier au Théâtre de l'Agora à 22H

En attendant courrez au Festival Nouvelles danse Strasbourg pour découvrir les 29 et 30 Mai à 20H30 au Maillon Wacken,"Twin Paradox" de la même Mathilde Monnier!

www.montpellierdanse.com
www.pole-sud.fr

David Rolland "testeur" participatif!


Au " Festival Nouvelles Strasbourg" danse-performance, c'est encore à une nouvelle forme expérimentale de "spectacle" que nous fûmes conviés auprès du projet "L'étranger au paradis" signé David Rolland.
On connait ce joyeux trublion d'une édition antérieure du festival, où sur la plate forme de la médiathèque Malraux, il faisait évoluer des groupes informels à l'aide de petites consignes écrites sur des carnets tenus en main par le public. Un gai bruissement de gestes, de sons, une bonne ambiance pour découvrir la joie du travail collectif dans l'espace urbain. Accessible, interactif, jubilatoire et imprévu!
Cette fois, confiance en la magie opératoire du plateau scénique où douze danseurs remettent sur le métier les fruits de la pensée du chorégraphe. De l'imprévu, de l'aléatoire à coup sur!
Ses "combines" pour mieux orienter le travail de ses interprètes, son celles d'un facteur de troubles, qui manipule les nouvelles tecnologies pour les orienter vers de nouveaux usages spaciaux et temporel.
Pour désorienter aussi les sens, la perception et la maitrise de l'immédiateté.


"UNE-SQUARE DANCE"
Sens dessus-dessous, donc pour un voyage au pays de l'étrange, au "paradis de l'étranger"!
Douze personnages entrent en scène, s’assoient, tout de noir vêtus façon tenue légère jogging matinal.
Ils vont chacun, parler, oser moults gestes, apparemment désordonnés, en écho les uns, les autres ou décalés.Ils semblent autistes, chacun pour soi dans son monde. Incommunicabilité?
Puis le groupe se forme dans la marche et la verticalité. Ils quittent leurs chaises et investissent le plateau, en ligne, sur les bords d'un tapis de danse carré,marbré de signes comme autant de détails graphiques qui vont conduire leurs pas dans un tempo hypnotique, régulier, scandé par les informatiuons audioguidées qui les scotchent à une directive stricte.
Le chorus opère, la danse démarre, pour une envolée bridée par les consignes reçues au cœur-corps de chacun. Comme autant d'informations incontournables pour le bon déroulement du spectacle.Sinon, on se plait à imaginer le chaos ou la cacophonie qui résulterait d'une impertinente désobéissance.
Pouvoir, maitrise d'un chorégraphe virtuel aux accents dictatoriaux? Mais-y-a-t-il un chorégraphe dans l'avion?
Cela pourrait se sous-entendre si la poésie et "l'imprévu" ne tenait le dessus!
Les tapis au sol se succèdent, se déroulent à l'envi: six séquences comme autant de partitions graphiques, rythmiques, colorées, pointillistes et musicales pour une composition visuelle et sonore, étonnante
Hypnotique, le rythme envoute et plonge le spectateur dans une atmosphère répétitive, lancinante, omnubilante.
Un "quart d'heure de folie" improvisé survient pour détendre l'atmosphère...
Car ils ont très peu répété, ces douze interprètes du cru, lancés dans l'aventure de la représentation l'avant-veille!
Belle performance chorégraphique et musicale, extrême concentration, les yeux rivés au sol pour suivre la notation chorégraphique signée David Rolland, Béatrice Massin et Anne de Sterck, plasticienne..
Au théâtre de Hautepierre ce soir là, toujours dans le cadre du festival Nouvelles Strasbourg, on assistait à un événement unique, dialogue d'écritures entre deux chorégraphes, une plasticienne et douze danseurs, musiciens par excellence!

dimanche 26 mai 2013

"Mérédith Monk" au MAMCS à Strasbourg: quel souffle!


Les sons du corps.
Mérédith Monk fait partie des pionniers de la danse contemporaine américaine, on l'ignore trop souvent. Partenaire des protagonistes du mouvement de la "Judson Church" auprès d' Anna Halprin, Yvonne Rainer et Trisha Brown, elle "se forme" comme danseuse à la méthode Dalcroze: la rythmique, la musique corporelle. Une approche singulière du mouvement et de la musique, très organique qui la pousse très vite à envisager  la voix, le souffle comme les fondamentaux de son art.
"La voix, le corps sont des instruments acoustiques uniques, universels qui se transportent en soi, avec soi" déclare-t-elle à l'issue de son concert exceptionnel du 25 Mai à l'auditorium du MAMCS à Strasbourg. Une rencontre unique organisée par les musées et Elecktramusic.
Le public est nombreux et semble s'être donné le mot pour cette soirée d'exception.
Elle apparait sur la petite scène, vêtue de noir et rouge, souriante, arborant ses deux jolies nattes à la "Gretschen" ou à l'indienne. Peu en importe la provenance ou l'origine: elle en est l'illustration.
Le corps est le centre du monde d'où vont sourdent les sons, les tonalités du cosmos pour un voyage musical hors frontières.D'abord seule en scène, c'est sa voix qui tisse avec sa tessiture si large et ample, les matières et toiles de sons, d'univers, de rythmes.Aucun artifice à part le micro qui amplifie ou donne de l'écho et métallise le son de sa voix, les sons de son corps gracieux, flexible. Celui d'une danseuse qui laisse parfois intervenir un geste, une allure, une attitude, une posture singulière, ponctuant le son, sans jamais l'illustrer.Des solos inédits pour l'oreille, inouïs que l'on regarde autant que l'on écoute, fasciné par ce corps robuste dont ils émanent. C'est "Juice", "Songs from the hill", des morceaux de choix des années 1969, 1977. Pas une ride à ces thèmes, ces chocs virtuoses, cette tonique tendre, malicieuse ou chaotique qui semble surgir d'une archéologie de l'avenir.


Puis elle invite à la rejoindre sur le plateau Katie Geissinger, complice de son groupe de recherche et d'improvisation "The House".Femme tout de noir vêtue, plantée sur ses talons hauts. Quelle présence, quel souffle dans les émissions sonores de sa partition vocale soliste; Quels gestes rapides, tétaniques esquissés à notre granse surprise, là où l'on ne les attend pas. Le style, l'écriture en sont griffés Mérédith, mais tellement incarnés, incorporés par la chanteuse, qu'ils lui appartiennent en propre.La syntaxe, la grammaire y sont construction précise, contours tracés comme une chorégraphie notée, alors que beaucoup de sons y sont improvisés en direct!
Puis c'est la rencontre en écho des corps et voix des deux artistes qui séduit avec "Hocket", "Volcano song", oeuvres écrites et consignées dans les années 1990.
La question de la mémoire se pose alors dans le dialogue qui suivra le concert. Mérédith semble préférer la passation directe, le corps à corps de l'interprète à l'autre de son vivant. Mais après, que deviennent ce répertoire, cette mémoire de l’œuvre de Mérédith Monk, patrimoine de la musique contemporaine?
La seconde partie du concert, c'est le duo Monk avec son piano: moments de grâce, retrouvailles avec des morceaux des années 1975, comme "Gotham Lullaby", "Travelling" qui résonnent dans les mémoires comme autant de grimoires magiques, hypnotiques. Grisant! D'autres œuvres viennent compléter ce programme riche et généreux, joyeux autant que grave, ponctué par une gestuelle sobre, très calculée mais toujours à l'émotion intacte en live. Se mouvoir, émouvoir avec ces "petits bougés" cristallins, vif argent, nacrés, évoquant des ambiances originelles quasi sacrées, porteuses de bonheur partagé.

Mérédith Monk, légende bien vivante, jeune, à la voix oscillant entre coloratour et grave est ce soir là rayonnante. On repart avec à l'oreille la marque sonore de ses murmures, chuchotements, cris, grognements, sanglots, chants diphonique.
Au cœur de la création dans un corps à corps vocal de toute beauté, avec son seul instrument résonnant du monde entier émanant de son centre. Toute la musique semble y être consignée: le souffle en fait surgir les vibrations métissées de toutes parts
Quel "beau voyage" initiatique entre grâce, félicité et volupté, force et hiératisme.Mérédith comme un roc oscillant, en équilibre-déséquilibre sur la frange de la vie, de la mort.Un dolmen dans le paysage rêvé de la danse musicienne.Terpsichore, la muse du mouvement sourit en cachette devant tant de justesse dionysiaque!