mercredi 30 octobre 2013

"Nos héros sont morts ce soir": à catch-catch: un film spectral en noir et blanc!

Bas les masques!
Voici un petit chef-d'oeuvre d'images de corps de catcheurs masqués, en noir et blanc très contrasté!
France, début des années 60. Simon, catcheur, porte le masque blanc, sur le ring il est « Le Spectre ». Il propose à son ami Victor, de retour de la guerre, d’être son adversaire, au masque noir :  «L’Equarrisseur de Belleville ».
Mais pour Victor, encore fragile, le rôle paraît bientôt trop lourd à porter : pour une fois dans sa vie, il aimerait être dans la peau de celui qu’on applaudit. Simon suggère alors à son ami d’échanger les masques. Mais on ne trompe pas ce milieu-là impunément…Un film de David Perrault avec Denis Ménochet dans le rôle de l'Ange Blanc et de l'équarisseur...
Des images scintillantes, spectrales, du mouvement, du ralenti: c'est brillant et la danse de l'héroine sur une musique de Gainsbourg rappelle les bons temps de la Nouvelle Vague: Godard n'est pas loin qui veille à cette prise des corps filmés au plus près de la chair, des courbes des épaules.
Avancez masqués pour cette fiction-réalité très noire, très blanche.Très réussie!

"Mauvais Genre": du caractère incarné!

Les images sont crues, fortes, étonnantes!
Le récit de cette destinée peu commune ébranle, touche et fait mouche.Paul, déserteur en planque, se travestit pour devenir Suzanne et fréquenter le Bois de Boulogne et sa faune.
Traumatisé par la Première guerre mondiale, Paul déserte et se retrouve enfermé chez lui avec Louise, fraîchement épousée. Pour sortir librement, il se travestit. Devient couturière et habitué(e) du Bois de Boulogne, où une faune s'adonne à une grande variété de pratiques sexuelles…
D'un essai des historiens Fabrice Virgili et Danièle Voldman (La Garçonne et l'assasin, éd. Payot), Chloé Cruchaudet a tiré une bande dessinée magnétique, sensuelle et sombre. Bien loin de ses précédents ouvrages, l'aventure Groenland-Manhattan (prix Goscinny 2008) et la trilogie Ida.

"Cauchemar dans la rue": David Sala et sa muse Natacha

david sala s'a-muse!

Une BD noire, une histoire de flic à Paris, un rêve pour mieux fuir une réalité torride!
Une femme s'immisce dans ce destin pour le préserver de la chute: elle danse dans le sable et trace des figures de cœur avec ses orteils comme Anna Teresa De Keersmaeker quand elle danse en "land art" dans les jardins des films de Thierry de Mey.
Le graphisme est épuré, vaporeux comme le rêve qui s'assume; la femme spectrale esquisse ses pas de danse, gracieuse, légère, futile et très versatile. Arabesques, ports de bras classiques, pieds nus, elle s'envole, tourbillonne. Gros plans, focales sur ses pieds qui dessinent un cœur du bout des orteils...C'est tendre et beau. Les gestes amoureux, les caresses, les baisers s’enchaînent pour une séquence amoureuse radieuse!
Et la muse là-dedans? Une jeune femme modèle de Strasbourg qu'on ne nommera pas et que l'on ne soupçonne pas d'être à l'origine de cette scène dansée très réussie!...Sa femme Natacha Sala!!!