Gisèle Vienne explore dans The Pyre la création d’une
pièce très en tension, au rapport impossible aux mots et à la narration.
L’écrit – le roman de Dennis Cooper – sous-tend toute sa chorégraphie
et le geste muet tente d’étouffer cette narration à travers son
abstraction. Leur collaboration s’aventure le temps d’un spectacle dans
les méandres d’un paradoxe essentiel à la danse, toujours prise entre
abstraction et narration. Gisèle Vienne, interroge en profondeur la
forme même du spectacle en troublant notre perception. Le geste
trouve son prolongement dans le silence, ou plutôt dans la voix
intérieure du spectateur, qui, après avoir assisté au spectacle,
découvrira le texte de Dennis Cooper sous la forme d’un court roman
distribué au début de la représentation.En résidence "européenne" à Strasbourg à l'initiative du Maillon et de Pôle Sud, la chorégraphe prend ici ses marques et ses attaches avec un brillant solo de Anja Rottgerkamp: une femme oscille dans un univers plastique évoquant un tunnel dont les parois ne cessent de vibrer dans des étincelles de leds qui façonnent un réseau vibratile hallucinant.
Elle semble en interaction avec ce dispositif surdimensionné qui la dévore, l'enferme, l'hypnotise au point parfois de la tétaniser. Son corps vêtu d'un "justaucorps"argent se déploie dans cette atmosphère rehaussée par un enregistrement musical très tendu, qui va crescendo jusqu'à l'ultime déflagration, détente et résolution d'un geste unique.La lumière est son seul partenaire, hormis l'apparition du fils, un jeune homme qui tente de la divertir de cette folie intérieure qui la consume, comme au bucher.
On songe au travail plastique de Julio Leparc ou de Ikeda où la cynétique renforce la perception dynamique du temps et de l'espace en immergeant le spectateur dans les volumes architecturaux revisités...
Le travail de Patrick Riou et de Gisèle Vienne, qui créent une
véritable sculpture lumineuse, et la composition musicale de Peter
Rehberg et Stephen O’Malley, mélange de musique électronique et de
guitare électrique, participent de la physicalité de l’expérience très
sensorielle que propose The Pyre.
mercredi 22 janvier 2014
"Au bord du monde": c'est beau une ville la nuit?
Un film documentaire de création de Claude Drexel qui va loin, très loin chercher les âmes et les corps de ceux qui l'habitent, la nuit.
Ils sont "chez eux", cherchent à s'inscrire dans ce paysage irréel d'une capitale qui scintille de toutr part, paisible, calme, sans personne à ces heures où ils veillent, attendant un sommeil qui ne vient jamais, sauf par bribe.
Le temps s'étire, s'allonge, le froid tombe, la pluie tombe..
"Aux abris" de fortune, des espaces de "fortune" pour peu fortuné, dans des quartiers plus que chics, les bords de Seine, le jardin botanique, la place Vendôme....Paris "abrite" ses hommes et femmes en marge, en rupture qui glissent doucement vers l'isolement, la schizophrénie.
Paradoxalement la capitale est filmée dans ses plus beaux atours, la tour Eiffel illuminée veille au grain pour que rien ne change sous les sunlight!
Cadres, décors, prise de son sont extrêmement précis, mis en scène pour valoriser ces personnes qui deviennent personnages de la nuit.
Les corps ne dansent pas ici, ils attendent, végètent ou se reposent d'un rythme inhumain fait à leur journée de sempiternel déménagement ou course à la bonne affaire.
Les images signées de Sylvain Leser sont sublimes, les portraits, caméra fixe, sereins, posés, les décors dévorent les personnes: métro, bords de Seine, ponts....Presque de l'art plastique, de la sculpture de lumières! La prise de son de Nicolas Basselin distencie les actions, ne sont pas du genre documentaire coup de poing hyperréaliste!
Çà brille aussi dans les yeux de certains: Jeni, Wenceslas (qui fait tous les jours sa revue de presse), Christine, Pascal et les autres tentent de survivre sur les trottoirs de la capitale. Certains sont sans-abris depuis plusieurs années, Michel, âgé de soixante ans, garde toujours l'espoir de rebondir. Des personnes peuvent être généreuses, comme cet homme qui a ramené deux sacs de victuailles à Pascal, mais la grande majorité de la société préfère passer son chemin et n'envisage même pas la possibilité pour ces personnes de s'en sortir. "On dérange toujours" se plaint Michel. C'est ce fatalisme et ce manque de solidarité qui attriste le plus Christine.Le sapin de Noel de Pascal, à côté de sa cabane, ne clignote pas car sans branchement électrique, mais il est si "home sweet home"!
Un film d'utilité publique.
Paris, la nuit. C’est ici qu'ils vivent, ces fantômes de la nuit, ces oubliés de la cité. Sans-abri, ils hantent trottoirs, ponts et couloirs du métro, au bord d’un monde où la société ne protège plus. Ils nous font face, ils nous parlent.“Au bord du monde” redonne la parole à ceux qui, en perdant leur logement, leur fonction sociale, leur famille parfois, s'en sont trouvés privés. Il cède la place à ceux qui l’habitent : Jeni, Wenceclas, Christine, Pascal et les autres. A travers treize figures centrales, Au bord du monde dresse le portrait, ou plutôt photographie ses protagonistes dans un Paris déjà éteint, obscurci, imposant rapidement le contraste saisissant entre cadre scintillant et ombres qui déambulent dans ce théâtre à ciel ouvert.
Précédemment auteur d’une comédie noire au casting populaire (Affaire de famille, 2008), Claus Drexel négocie un virage radical en arpentant, caméra au poing, les trottoirs, les ponts et les couloirs du métro à la rencontre des sans-abri, âmes errantes d’un Paris nocturne. Son documentaire capte des destins brisés sous les lumières de la mégapole et, à hauteur d’homme, rend une humanité aux oubliés de la société, ennoblissant un réel tragique. Mais pour toucher plus de monde, il aurait sans doute gagné à être diffusé à la télévision.
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
"Sous le pont Mirabeau": Apollinaire visionnaire?
mardi 21 janvier 2014
Piano:une touche noire, une blanche pour danser!
Le piano, boite à musique, gâteau d'anniversaire, piano factice de ma performance à la Galerie Art course de Cathy Gangloff et bien sur "Mon piano danse" de Michel Berger!
Sans oublier celui de Cage, bien "préparé" ou de Bertrand Lavier, revisité!
Pas touche, ça rend marteau!
Comment oses-tu douter encore de moi
Même ton amour ne t´en donne pas le droit Si une minute mes souvenirs se noient Je te dis ton nom, je lui souffle tout bas Et c´est le diable qui le prend par le bras Mon piano danse Mon piano danse Mon piano rêve Et m´entraîne vers toi Mon piano danse Mon piano danse Mon piano vole Et me conduit vers toi Et certain soirs où je ne suis plus moi Je quitterai ma ville au cœur de bois Mais que le ciel s´écroule et me foudroie Personne au monde ne peut plus rien pour moi J´ai quelque chose de fou au bout des doigts Mon piano danse Mon piano danse Mon piano rêve Et m´entraîne vers toi Mon piano danse Mon piano danse Mon piano vole Et me conduit vers toi Suis-moi il me dit suis-moi De quoi as-tu peur suis-moi ah Suis-moi il me dit suis-moi Mais moi je n´sais pas jusqu´où il ira, jusqu´où il ira Mon piano danse Mon piano danse Mon piano rêve Et m´entraîne vers toi Mon piano danse Mon piano danse Mon piano vole Et me conduit vers toi Mon piano danse, danse,? | ||
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