mardi 28 janvier 2014

"Mat" de Beaudoin: quand danse le foot!


Mat est un jeune garçon solitaire. Il a bien ses copains du foot, qui admirent son jeu et son adresse. Mais une fois le match terminé, Mat retourne à sa solitude. Il est heureux comme ça Mat, libre comme l’oiseau de proie qu’il soigne dans une vieille cabane abandonnée. Il a besoin de ça, de se retrouver seul, de jouer les funambules en déjouant faussement le vide et la mort à un mètre de hauteur. Et puis il rêve beaucoup. Dans ses rêves, l’aventure est là et il vit. Car tout n’est pas rose dans la vie du garçon. Au départ de sa mère, son père s’est mis à boire et à s’aigrir. Le cœur sec de n’avoir plus su se faire aimer. Sa douleur, il la reporte sur son fils, tellement épris de liberté et tellement attaché à la vie qu’il lui semble vital de se faire détester de lui, en lui racontant des choses atroces de la guerre. Et puis il y a la jeune Élodie qui ne peut que se laisser séduire par ce garçon si différent.
Edmond Baudoin touche, à travers Mat, ses sujets de prédilections : l’insouciance de la jeunesse, le rêve, l’espoir, l’amour et la vie. Le regard de l’auteur, toujours ouvert à la poésie du monde, joue ici les funambules entre milieu naturel et milieu urbain. Le jeune héros devient alors, sous son pinceau, un catalyseur de poésie fasciné tant par les oiseaux, qu’apaisé par le flux automobile sous un pont semblable à celui d’une rivière. Un album qui prend également quelques consonances historiques et qui démarque clairement le monde des adultes et le monde des enfants. Encore une histoire de regard qui ne sait plus voir la beauté de ce monde et s’enferme dans la sauvagerie et la bêtise. Sans artifices narratifs, ni subterfuges esthétiques, Baudoin emmène le lecteur dans le monde onirique de son héros. Et comme la jeune héroïne de l’histoire, il est bien difficile de résister à cette jeunesse sublimement hermétique à la folie de l’homme.
Un album magnifique comme un rappel, à ceux qui seraient passés à coté de cet auteur, à quel point son œuvre entière est incontournable. 


Edmond Beaudoin avait illustré l'ouvrage d'Odile Rouquet" La tête aux pieds", sur la kinésiologie!
Pas de hasard donc entre Danse et BD!Collection "recherche en mouvement"

lundi 27 janvier 2014

Ernest Pignon Ernest:le trait, l'attrait de la danse



Il expose actuellement à la Galerie Lelong.
On se souvient de ses décors pour les spectacles de Jean Christophe Maillot, "La belle", "Le Lac", "Daphnis et Chloé": des scénographies à la démesure de la notion d'espace, temps et lumières chez le chorégraphe
Maillot  fut aussi modèle de la série sur le port de Brest, crucifié sur les murs du port en image déchirée, éphémère!
Paroles du chorégraphe:
"C’est la part merveilleuse de ce métier de chorégraphe. Quand je rencontre Ernest Pignon- Ernest et que je lui demande de travailler avec moi, ce n’est pas au peintre mais à l’artiste que je m’adresse pour qu’il goute au partage dans une œuvre collective. C’est la même chose avec Philippe Guillotel, Jean Rouaud… L’art chorégraphique est une fusion des arts. J’aime réunir des pensées différentes au service d’un spectacle et qu’à la fin il soit difficile de savoir qui est à l’origine de quoi."
 

Le chevalier d'Eon: une BD très "bal masqué!



Après Milady de Winter, Agnès maupré revient sans contrefaçon avec l’incroyable histoire de Charles de Beaumont, dit « Le Chevalier d’Eon »,qui passa plus de 30 ans habillé en femme après avoir été espion sous la solde de Louis XV.
Esprit fin, fine lame, le chevalier d’Eon est une icône de l’ambiguïté sexuelle et l’un des grands mystères de notre histoire. Les polémiques sur son sexe sont l’un des plus croustillants potins du XVIIIe siècle. Mais son histoire n’a de glamour que le commencement. Il a bien été l’espion androgyne aussi à l’aise en jupe qu’en uniforme de capitaine des Dragons, sillonnant la Russie et l’Angleterre pour le compte de Louis XV, mais son dévouement pour ce roi capricieux et peu sûr de lui, lui vaudra plus d’ennuis que de bonnes fortunes et le costume féminin sera pour lui une prison imposée par son roi qu’il devra porter de ses cinquante ans jusqu’à sa mort…La BD est très graphique, les scènes de bal masqué en plongée, très cinématographiques (pages 12/ 13  22/23, les étreintes érotiques fort belle et chorégraphiques.(page 21)
Course de chevaux dans la neige, (pages 48/49) fort mouvantes, tableau érotique page 83, comme une mise en scène de Willy Dorner..., balancelles vertigineuses, ça bouge au maximum pour évoquer la vie tumultueuse et mouvementé du héros si "troublé" et trouble! Troublant de grâce que ce coup de crayon coloré et savoureux!
Et tout cela n’est que résumé du destin fait de mystères et d’intrigues.