Mat est un jeune garçon solitaire. Il a bien ses copains du foot, qui
admirent son jeu et son adresse. Mais une fois le match terminé, Mat
retourne à sa solitude. Il est heureux comme ça Mat, libre comme
l’oiseau de proie qu’il soigne dans une vieille cabane abandonnée. Il a
besoin de ça, de se retrouver seul, de jouer les funambules en déjouant
faussement le vide et la mort à un mètre de hauteur. Et puis il rêve
beaucoup. Dans ses rêves, l’aventure est là et il vit. Car tout n’est
pas rose dans la vie du garçon. Au départ de sa mère, son père s’est mis
à boire et à s’aigrir. Le cœur sec de n’avoir plus su se faire aimer.
Sa douleur, il la reporte sur son fils, tellement épris de liberté et
tellement attaché à la vie qu’il lui semble vital de se faire détester
de lui, en lui racontant des choses atroces de la guerre. Et puis il y a
la jeune Élodie qui ne peut que se laisser séduire par ce garçon si
différent.
Edmond Baudoin touche, à travers
Mat, ses sujets de
prédilections : l’insouciance de la jeunesse, le rêve, l’espoir, l’amour
et la vie. Le regard de l’auteur, toujours ouvert à la poésie du monde,
joue ici les funambules entre milieu naturel et milieu urbain. Le jeune
héros devient alors, sous son pinceau, un catalyseur de poésie fasciné
tant par les oiseaux, qu’apaisé par le flux automobile sous un pont
semblable à celui d’une rivière. Un album qui prend également quelques
consonances historiques et qui démarque clairement le monde des adultes
et le monde des enfants. Encore une histoire de regard qui ne sait plus
voir la beauté de ce monde et s’enferme dans la sauvagerie et la bêtise.
Sans artifices narratifs, ni subterfuges esthétiques, Baudoin emmène le
lecteur dans le monde onirique de son héros. Et comme la jeune héroïne
de l’histoire, il est bien difficile de résister à cette jeunesse
sublimement hermétique à la folie de l’homme.
Un album magnifique comme un rappel, à ceux qui seraient passés à
coté de cet auteur, à quel point son œuvre entière est incontournable.
Edmond Beaudoin avait illustré l'ouvrage d'Odile Rouquet" La tête aux pieds", sur la kinésiologie!
Pas de hasard donc entre Danse et BD!Collection "recherche en mouvement"