Du 11 juin au 28 septembre 2014
«Les Ballets Suédois ont sauté à pieds joints
par-dessus les lieux communs chorégraphiques. Ils s’en portent fort
bien. Ils veulent du nouveau. Le Ballet moderne, c’est la Poésie, la
Peinture, la Musique autant que la Danse.»Programme des Ballets Suédois, Théâtre des Champs-Elysées, nov-déc. 1924
C’est
ainsi que la compagnie des Ballets Suédois, fondée en 1920, à Paris par
Rolf de Maré, se présentait au public : à la pointe de l’avant-garde
non seulement chorégraphique, mais artistique. « Les plus grands poètes,
les peintres les plus modernes, les musiciens les plus hardis » sont
sollicités : Cocteau, Claudel, Pirandello, Cendrars écrivent des livrets
mis en musique par Ravel, Honegger, Milhaud, Satie, Auric ou Cole
Porter, tandis que Fernand Léger, Picabia, De Chirico, Bonnard, Steinlen
dessinent les décors et les costumes. Une liste à laquelle il faut
encore ajouter, entre autres, le nom de René Clair, auteur d’un film
projeté pendant le ballet « instantanéiste »
Relâche, en 1924 !
De
1920 à 1925, Les Ballets Suédois auront ainsi rivalisé avec la célèbre
compagnie des Ballets Russes de Diaghilev, dans la recherche de
modernité artistique, préfigurant le happening et la performance.
L’exposition
sera aussi l’occasion de redécouvrir Jean Börlin (1893-1930), le
chorégraphe unique de la compagnie. Élève préféré de Michel Fokine, il a
su transgresser sa formation classique pour inventer un vocabulaire
chorégraphique plus libre, expérimentant de nouveaux modes d’expression
artistique. Elle explorera tout particulièrement les relations du
chorégraphe et danseur avec la peinture, avec le folklore et les contes
nordiques ainsi qu’avec le cinéma, et montrera sa conception
chorégraphique du tableau en mouvement. Elle permettra aussi de mettre
en valeur les chefs-d’oeuvre - pour partie inédits - des collections de
la Bibliothèque-musée de l’Opéra, provenant du fonds des Archives
internationales de la danse donné par Rolf de Maré en 1952 : maquettes
de décors et de costumes de Fernand Léger, de Nils de Dardel,
d’Alexandre Alexeieff ; costumes de scène jamais montrés depuis les
années 1960, photographies de ballets et de danseurs, affiches de
spectacles, peintures et sculptures de Karl Hofer, de Per Krohg, d’Antti
Favén ou des frères Martel, autant de témoignages déterminants, non
seulement pour l’histoire de l’évolution des arts plastiques, mais pour
l’histoire des arts de la scène sous toutes leurs formes (mime,
pantomime, danse folklorique, danse moderne, performance...).
Elle
montrera, enfin, la postérité des Ballets Suédois à l’Opéra de Paris,
qui engage l’étoile de la compagnie suédoise Carina Ari, fait travailler
les peintres (Léger, De Chirico) et les musiciens (Milhaud, Honegger,…)
ayant créé pour Rolf de Maré, et accueille une reconstitution de
Relâche par Moses Pendleton en 1979.
Présentée
par l’Opéra national de Paris et la Bibliothèque nationale de France
dans les espaces de la Bibliothèque-musée de l’Opéra, l’exposition Les
Ballets Suédois vise ainsi à réévaluer un maillon fondamental dans
l’histoire de la danse et des arts au XXe siècle.