lundi 6 octobre 2014

"Let's dance": c'est le pied sur ARTE!

Le dimanche soir, c’est pas toujours la joie : on appelle ça le syndromus déprimationi du domincho (non). Mais les trois dimanches à venir vont envoyer du lourd si vous vous calez devant ARTE — et je ne saurais que vous le recommander très très fortement !
Let’s Dance est une série documentaire écrite par Florence Platarets et Olivier Lemaire et réalisée par ce dernier, qu’il serait plus que dommage de rater.

Une histoire de la danse au vingtième siècle

Le documentaire n’est a priori pas un genre qui (me) fait forcément palpiter, mais vraiment, vous ne risquez pas de vous ennuyer devant celui-ci. Let’s Dance s’adresse à tous les amoureux de la danse, et à tous les autres : il montre avant tout un art vivant, un art du mouvement et en mouvement, en constante évolution, ouvert à toutes les interprétations et à toutes les réappropriations.
La trilogie trace une histoire de la danse au vingtième siècle d’une façon accessible à tous, dynamique, enlevée, mais aussi fouillée, fine et sensible. Et l’une de ses surprises, c’est que c’est drôle, vraiment !
Les liens entre les différentes danses ne se font pas de façon strictement linéaire ou chronologique : chaque épisode se concentre sur une partie ou un aspect du corps, que ce soit le pied, la peau nue ou le corps tout entier et l’émancipation et l’expression que la danse permet.
Lets Dance, le documentaire dARTE à ne surtout pas rater dimanche ! letsdance11

« Tout le monde il est beau… »

Et puis cela fait du bien de voir des danses aussi différentes placées sur un pied d’égalité (pardon), et d’avoir une vision qui ne s’arrête pas aux frontières de l’Europe et des États-Unis, ou à celles de la « morale » dominante.
On se balade au Crazy Horse comme sur les scènes contemporaines où tout le monde danse joyeusement (ou non) dans le plus simple pas pareil ; ça saute, ça glisse, ça s’agite tout ce que cela peut tripoter, ça rampe, ça se déhanche et ça twerke sur des musiques très très cool.
De la danse créée par les miniers sud-africains à la danse traditionnelle indienne en passant par le burlesque, il ressort de Let’s Dance une plénitude galvanisante : que ce soit chez les danseurs, dans leurs mouvements ou la façon dont ils sont filmés et que les images sont montées, une passion et un enthousiasme nous sautent littéralement dessus.
Derrière les différents styles, les danseurs sont montrés comme empreints du même besoin d’expression et de mouvement, et tous expriment un rapport particulier et personnel à leur corps et au monde qui les entoure, toutes périodes et tous milieux sociaux confondus.
Enfin, c’est beau ! Certaines scènes sont des mises en scènes à part entière, et font penser au film documentaire Pina de Wim Wenders. C’est très très bien filmé, ce qui relève tout de même du défi dès qu’on touche à la danse. Et c’est d’autant plus fou dans le premier épisode C’est le pied ! qui s’intéresse… aux pieds.
Lets Dance, le documentaire dARTE à ne surtout pas rater dimanche ! letsdance2
Le saviez-vous ? Pied se dit pied en flamenco.
Sur ce, je vous laisse baver devant le trailer, et je m’en vais faire le pied de grue devant ma télé.
Ça commence dimanche soir sur ARTE, à 22h25 !

dimanche 5 octobre 2014

Juliette danse sans son Roméo!

"Juliette, petite danseuse"
C'est mignon et accessible!
Juliette a 4 ans. Elle grandit, entourée de son petit frère Pierre, de Charou son chat, de ses parents, de sa cousine Noémie et de ses grands-parents. Dans cet album, la fillette apprend à danser.
De Doris Lauer chez Lito

Musica:Ateliers, concert, spectacle: prendre le pouls de la musique d'aujourd'hui!

Matinée plutôt édifiante pour la présentation publique des "Ateliers" dirigés par Philippe Manoury auprès de publics non initiés à la musique contemporaine ou à l'écriture.
Ateliers Percustra: ça cartonne!
L'expérience est généreuse, riche et belle: confier une de ses œuvres à un groupe d'élèves du lycée professionnel Saint-Jean de Colmar: "Klag" ce "Schlag" ou "Klang" remodelé devient sous la direction et l'exécution de ces jeunes, une pièce fragile, simple mais où tout le rythme requiert une attention à l'autre, au groupe et à son propre jeu.Sons et chocs à l'appui!
Belle concentration et musicalité de ces jeunes, sensibilisés à la méthode simple et efficace "Percustra" que les percussions de Strasbourg avaient mise au point pour rendre accessible un solfège corporel et percussif "pour les nuls".Les corps et attitudes des interprètes trahissent trac ou maladresse, mais jamais un manque d'investissement ni d'authenticité. C'est troublant et émouvant, et l'oeil et l'oreille du public sont à l'écoute, bienveillante de ce chalenge.
Pari tenu pour ces "professionnels" d'un jour confronté au concert, à la communication d'un long travail!
Même aboutissement pour les six interprètes de la pièce de Annette Schlunz auprès des élèves du lycée professionnel Le Corbusier de Illkirch."Traces" leur permet d'investir écriture et jeu, pratiques des percussions corporelles et instrumentales, mise en scène et jeu d'acteur.Prendre son pouls, c'est aussi sentir la percussion première, organique, sensible et sensuelle, vitale de son corps! Très beau début!
Autour de six cartons, les voilà à frapper la matière de concert avec audace, écoute et musicalité.La prestation est sincère, directe et sans chichi; combat de fleurets, à l'appui.
Ateliers de la création
Toujours avec des élèves de Colmar, c'est l'oeuvre collective "Electro ,what?" qui fait mouche: électroacoustique, née des balbutiements en la matière de ces tous jeunes créateurs, la pièce est singulière, tonique, humoristique. Félicitetions à ces jeunes "apprentis" de la musique d'aujourd'hui qui se frottent avec enthousiasme à la création à partir de leurs nouveaux outils de prédilection:audiovisuel, multimédia, électro-domestique, électronique industrielleembarquée, télécommunication et réseaux.
De quoi faire pour alimenter la musique de demain!
Puis c'est au tour des deux protagonistes de cette expérience, Claude Ferrier et François Papirer de s'y coller dans deux oeuvres ludiques: ""Clash Music" de A. Huber et "Toh" de Minoru Miki.
Duel, duo, sourires et complicité pour ces deux associés des Percussions de Strasbourg: et ceci ne s'invente pas: l'exécution est brillante et sans faille, les corps justement engagés et sereins, sans tension, hormis celles nécéssaires au jeu et à l'interprétation.
Bravo à ces jeunes pousses de la musique, du travail collectif dont l'aboutissement est remarquable par sa qualité et le justesse du pari tenable et tenu: en "ignorant" tout de la fabrication de la musique, on gagne en justesse et spontanéité, cette "virginité" de la connaissance évite ainsi de gommer références, citations et auitre acquis qui parfois plombent la créativité.
Vive la liberté de l'enseignement haute couture de Manoury et des "Percustra"!


Ensemble Linéa
Sous la direction de Jean Philippe Wurtz, les deux oeuvres de Unsuk Chin "Fantaisie mécanique" de 1994 et "Gougalon" de 2009 seraient ici deux coups de coeur!
Musique charmeuse, quasi mélodique et pourtant pleine d'écueils, d'obstacles à franchir pour l'oreille et l'écoute.
Inspirée de la musique foraine, "Gougalon" est un puits de surprises, d'univers évoquant foire et cirque à la Nino Rota. Suspens aussi de la contrebasse qui rappelle quelques bribes fameuses d'"Ascenseur pour l’échafaud" de Miles Davis. Musique, comme autant de saynètes de rue, de sons de ces petits métiers ou de musique circasienne, endiablée, emballante, suggestive.C'est magnifique et plein d'évocation des contrées coréennes de l'auteur:une musique populaire imaginaire, stylisée, déstructurée et seulement en apparence primitive".
Le "Graphein" de Raphael Cendo paraissait entre les deux morceaux, bien radical, complexe, "chose étrange à l'orée de deux mondes".Comme les écritures varient et livrent sons, ambiances et univers singuliers.

"Te craindre en ton absence"
Un spectacle signé Georges Lavaudant sur des textes de Marie NDiaye et musique de Hector Parra et interprèté par l'Ensemble intercontemporain, sous la direction de Julien Leroy, cela ne se refuse pas!
Scénographie lumineuse très pointue, parterre de plumes blanches:un écrin pour Astrid Bas, comédienne qui une bonne heure durant incarne une femme en prise avec son destin. Monodrame de cette voix seule face à la musique, comme un voyage au plus profond de l'âme, de l'inexprimable, de l'étouffement.La femme y porte le poids de la vie et du souvenir.Œuvre intime sans grand éclats, feutrée où la mise en scène sobre de Lavaudant révèle quelques superbes moments chorégraphiques: assise sur un tronc d'arbre, l'actrice se livre à une gestuelle inédite et originale, issue de tout son corps, si "parlant" à ces instants!
La musique, venue du fond de scène protège, entoure et berce l'actrice usant d'une solide science orchestrale et un emploi subtil de l'électronique qui constellent la psyché du personnage!