Danser "beurré"
C'était en Avignon, en 2000,un solo de Erna Omarsdottir, "My movements are alone like steetdogs" chère à Jan Fabre, avec du beurre et l'artiste d'en mettre dans ses épinard et pas avoir un oeil au beurre noir!
Le corps s'écrase au sol, ondule, rampe, la tête tourne à
l'extrême et sort la langue: le premier mouvement d'Erna Omarsdottir
sera pour lécher une longue traînée de yaourt, sous les pleurs d'un
chien attaché à la voûte. Invitée de dernière minute de la manifestation
le Vif du sujet, la danseuse islandaise allume une véritable bombe dans
la chapelle des Pénitents blancs. Trois autres chiens sommeillent sur
le plateau, morts, empaillés l'un, suspendu, offre l'étrange décor de
son ombre projetée dans un rond de lumière.
Le chorégraphe et plasticien
flamand Jan Fabre ne fait jamais les choses à moitié. Au milieu de
cette meute macabre, la jeune femme exécute un ballet guerrier, mue par
un désir animal, puissante et sensuelle face au public médusé,
incroyablement flexible dans ses déplacements. «Au village sans
prétention j'ai mauvaise réputation», ânonne-t-elle, comme si elle
arrachait chaque mot de Brassens du fond de sa gorge.
Affront.
Plus tard, quand Erna Omarsdottir trempe son doigt dans une motte de
beurre, comme une nouvelle Maria Schneider trente ans après le Dernier
Tango à Paris, quand elle s'en enduit le haut des cuisses pour faire
passer sa robe noire trop étroite, tout cela n'est encore rien. My
movements are alone like street-dogs éclate sur un cri de Léo Ferré.
Perchée sur des talons pic à glace, une plaque de beurre serrée entre
les lèvres, elle danse dans un mélange de supplice et de délice,
l'affront au fond des yeux. «Nous sommes des chiens, dit la chanson, en
compagnie, on s'dérange. Je n'écris pas comme De Gaulle ou Perse. Je
gueule, je suis un chien.»Avignon le vif du sujet SACD 2000
Et l'artiste Melati à Québec à la même époque dans sur du beurre sur un air d'Adèle!!!!