samedi 29 novembre 2014

Cathy Dorn:on danse? Trente ans et pas une ride: kein Tanz ohne Dorn!

Comme un billet en "prologue" à ses trente ans: on verra pour l'épilogue: une valse a mis le temps!
Sans boussole, ni GPS, voici bientôt Trente printemps que Cathy Dorn suit un "Itinéraires bis" sans bison Futé, mais avec un petit air malin et espiègle de danseuse de tout son "corps" de ballet!
Empruntez "Le chemin de l'âne" comme disait Dominique Boivin, où brouter à son gré est plus ludique et bénéfique que dégainer son porte monnaie au  péage de l'autoroute.


Il faudrait citer tous les titres de ses spectacles pour suivre pas à pas, ses évolutions dans le vaste territoire chorégraphique: planète Dorn, où osez "Josette" serait le leitmotiv humoristique, clin d'oeil à ses pairs.
Pas d'"Eclipse" dans son parcours, semé de "Vertigo" à la "Vertical Horizontal", toujours "Poubelle que jamais" dans des "Complicités" rarissimes (avec les photographes Patrick Bailly Maitre Grand ou Nathalie Savey) En compagnie d'Aperghis, de Pascal Comelade pour décoiffer les codes musicaux de la musique à danser, pour s'em- baller aussi lors de bals baloches en compagnie de Sylvain Piron!


Et en "s'accordé on danse" et en s'avouant qu'"on est foutus, on mange trop!" dans des "navigations" interactives avant l'heure dans les cafés internet branchés!
En vidéo aussi pour un hommage à Camille Claudel, implorante, "Le dieu envolé",en "Portraits en mouvements" en famille avec ses complices, en "causeuses", en jardins animés de crinolines à Wesserling....En performeuse au CEAAC pour Ilana Isehayek ou Christine O Loughlin...........
En inventaire à la Prévert avec Jean Lorrain pour "Inventaire" ou "DanseFables", bref, en fleur bleue ou pas ,selon ses humeurs vagabondes.
Avec les enfants et son âme d'enfant intacte, active, pugnace et joyeuse! Avec Claudine Pissenem

Bon anniversaire Cathy Dorn et sa bande , comme une danse de lucioles, avec tous ceux qui l'accompagnent depuis belle lurette, larirette: graphiste, régisseur, amateurs éclairés, producteurs (Le Préo, L'Espace Athic, Denis Lecoqc)............Ritournelle, errons errons petits baluchons, en "donnez corps", encore et en corps en "cor-son" en "balsprung" et autres sauts de biches ou de moutons, en grand jeté, n'en jetez plus dans ce petit manège enchanté!
Étonnez moi Cathy! Et surtout avec Boby Lapointe "Tas quitté ta cathy, ta cathy t'a quitté"..............

Un livre d'or "Itinéraires" verra le jour en Octobre 2015 lors d'une semaine festive événementielle à l'Illiade à Illkirch
souscription: 19 euros...........
www.itinerairescompagnie.fr


bientôt sur kiss kiss bank ou crowd funding!

Adrien Giros au CEAAC: vendre la mèche à un garde du corps!

Au centre international, CEAAC à Strasbourg, Adrien Giros est de "mèche" avec Mozart!
Lors d'une résidence d'artiste à Prague, le voilà confronté au "Mausolée" de Mozart, son musée, brûlé, pillé par des rapaces, oeuvre à jamais disparue, hormis une mèche de cheveux qui deviendra le point de départ de son processus de création in "situ". Quatre têtes empérruquées, cheveux noirs au vent, débridés vont ainsi évoquer le démiurge et cet épisode lié à sa mémoire disparue, détruite, rayée de la liste...Comme ses "perruques", objets subtilisés dans une entreprise par les employés...et que l'on retrouve chez soi, comme des trophées dérobés à son patron!


Quatre "figures dans le vent",s'effilochent, se dispersent et sèment des sons, frissons, bribes de musique, "opératoires"...Laboratoire expérimental du mental de l'artiste , de sa "maison" intérieure à revisiter comme un petit musée qui condenserait son oeuvre magistrale; la mèche de cheveux emblématique trône sous vitrine comme dans un conservatoire. Danse des mèches, visuel en vidéo d'un personnage qui tourne la tête et fait danser sa chevelure comme une "donna mobile", un Don Juan jubilant de sa parure séductrice.


Quatre mannequins comme chez un coiffeur ou un styliste dans une boutique improbable, musée de Mozart, perle de la musique d'opéra. Les ombres portées magnifient et amplifient les ondes du mouvement:théâtre en noir et blanc d'un opéra fantôme ou le comandeur veille!
Très chorégraphique cette installation qui tend à rappeler la vanité des choses et de l'existence: ne resterait-il de Mozart qu'une "mèche de cheveux" (voir la chanson d'Adamo) pour maintenir le souvenir au sein d'un mausolée lénifiant, inspiré des panthéons à la gloire des politiques!Désuet, critique, narcissique cet épisode conjugué du démiurge et de Giros est une boutade vivifiante, décapante et décapitée, cinglante sur le pouvoir et la position de l'artiste dans la société: belle réussite sous forme de métaphore en mouvement, dans le vent dans l'air du temps, du tempo mozartien, du rythme des danses de la tête, du tronc, de la nuque! Très organique et kinésiologique, cette installation fonctionne comme un garde-corps ou corps de garde de la mémoire.
A l'encontre de l'immobilité, de la fixité médusante  et pétrifiante de ses gardiens du temple, inflexibles, imperturbables et incorruptible, veilleurs des mausolées et autres handicapés de la cervelle!
Capitale, en chef, en majuscule, cette installation vous fera perdre la tête comme un tournoiement de "giros"!

"The guards" Au CEAAC international jusqu'au 14 Avril 2015
www.ceaac.org
www.adriengiros.com
"Mon travail s’inscrit dans un registre protéiforme, je travaille autant avec la lumière, la photo, la sculpture et la vidéo… Mais je pars souvent d’une expérience ou d’un fantasme sonore. Durant les 3 dernières années mes recherches se sont élaborées autour de différents questionnements entre le temps et la matière, notamment, dans la nature avec des oppositions de forces entre la roche et la chute d’eau ou encore l’avalanche. J’étudie et cherche à retranscrire la relation entre le bruit et les vibrations, de la vidéo à la photographie et la sculpture et cela en relation à notre corps. De nombreux champs s’entrecroisent et s’opposent dans mon travail, j’aime parfois y semer le trouble, des contradictions car je pense que cela crée à la fois de la tension mais également du mystère, car le mystère nous questionne, il ouvre sur des champs de possibilités infini et alors nous pouvons nous raconter des histoires, j’aime que les gens qui voient et/ou écoutent mon travail se racontent et imaginent des histoires aussi différentes qu’elles soient les unes des autres ! J’aime également créer des atmosphères, des ambiances, qui plongent le spectateur dans un autre monde, que notre corps se trouve en tension dans l’espace sonore et visuel, une tension qui se relâche à un moment donné et nous fait prendre conscience de notre propre matérialité."
Adrien Giros




vendredi 28 novembre 2014

"Cédric Andrieux": nom prénom....Danseurs, vos papiers!

Il sera seul sur scène, sur un plateau nu, dépouillé, mémoire à vif sans accessoire ni objet encombrant.
Seul et avec tous les siens: ses maitres à danser, son passé, sa formation de danseur qui n'est soi disant pas destiné à en devenir un, tant son physique semblerait ne pas s'y prêter selon les canons du métier!
Danseur contemporain, danseur formaté Cunningham, danseur de toutes les danses qui le traverseront durant une carrière dictée, tantôt par l'envie, tantôt par les rencontres amoureuses......
Cédric Andrieux, n'est pas si "banal" que cela, il va et vient dans la sphère chorégraphique avec intelligence et détermination, hésitation et doute, ennui ou passion.

Il montre et démontre à l'aide de sa mémoire corporelle intacte que la danse s'est inscrite dans ses muscles, son corps, sa pensée
Un string pour masquer ses "parties" chez Merce,le pudique et pudibon choréhraphe américain, très puritain,et c'est parti pour sourire aussi de ses aventures en académique, cette "seconde peau sans trou" que Rauschenberg a su si bien magnifié sur les corps canonique cunninghamiens........
Tout semble lui coller à la peau et ce justaucorps orange fait figure de symbole, de témoin d'une époque où l'on s'affranchi de tout sans rien oublier!

Une heure durant, la vie et l'oeuvre de Cédric se dévoile sous ladirection artistique de Jérôme Bel, ce trublion de la danse!
C'est beau, touchant et ça fait mouche!
Longue vie à celui qui ose se présenter comme un interprète vivant qui choisit, subit, patiente ou se lasse, avoue parfois s'ennuyer à la barre ou jubiler dans l'immobilité permise d'un corps trop souvent soumis à la performance, la perte d'énergie ou la démonstration d'une virtuosité qui ne lui appartient pas!
Merci pour cette justesse, cette vérité qui émane d'un corps pensant, dansant qui ose se raconter avec ses mots, son langage, son silence, sa danse!

Dans la série de ses portraits de danseurs (l'interprète du Ballet de l'Opéra de Paris Véronique Doisneau, le danseur traditionnel thaïlandais Pichet Klunchun…), le chorégraphe et metteur en scène Jérôme Bel s'est attaqué à Cédric Andrieux, longtemps membre de la compagnie américaine de Merce Cunningham avant d'intégrer le Ballet de Lyon. Après de longues conversations avec Andrieux, Bel en a extrait un texte, interprété et dansé par Andrieux lui-même, évidemment. Le titre est simple et net, comme souvent chez Bel : Cédric Andrieux. Une plongée dans l'intimité d'un danseur et de son quotidien artistique qui montre, explique, dissèque et se confie dans un même élan. Une reprise à voir ou revoir.

Cédric Andrieux est un solo pour le danseur éponyme Cédric Andrieux. Dans cette pièce il pose un regard rétrospectif sur sa carrière, tout d’abord son apprentissage de danseur contemporain à Brest, puis au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de la ville de Paris, ensuite en tant qu’interprète de Merce Cunningham à New-York et récemment au sein du Ballet de l’Opéra de Lyon.

Cédric Andrieux s’inscrit dans une série initiée en 2004 avec le solo pour la danseuse du corps de ballet de l’Opéra de Paris Véronique Doisneau. En 2005, c’est Isabel Torres, ballerine du Teatro Municipal de Rio de Janeiro, et Pichet Klunchun and myself, duo conçu avec le chorégraphe et danseur de Khôn (danse classique royale de Thaïlande) Pichet Klunchun à Bangkok.

Toutes ces productions mettent l’accent sur l’expérience et le savoir de certains artistes ayant tous connu une carrière significative d’interprètes. Ces artistes sont aussi des danseurs dont les pratiques s’inscrivent dans différentes traditions : ballet classique, danse classique Thaï, et Modern Dance américaine. Chacun de ces interprètes est à ce titre impliqué dans une pratique distincte de celle des historiens d’art, des critiques et des chorégraphes.

Par ailleurs, dans chacune des pièces qui construisent cette série, c’est à la première personne que s’énonce leur expérience de courants constitutifs de l’histoire chorégraphique occidentale ou asiatique. Chacune a donc pour titre les patronymes de ceux qui les interprètent. Constituée de soli, à l’exception du duo Pichet Klunchun and myself, c’est donc à la croisée d’une histoire et de l’histoire de la danse que se déploient les différents opus de cette série.

Chaque artiste y produit un discours qui relate le plus simplement possible les conditions de travail propres aux différents contextes où il intervient. Discours singulier, discours minoritaire aussi, puisqu’il s’agit de reconnaître aux interprètes leur statut de créateur afin de les situer dans le cours de l’histoire. Ce parti-pris permet en effet de faire jouer un principe d’égalité face aux catégories de discours validées par la culture, qu’il s’agisse de celui des historiens, des critiques ou des chorégraphes. L’enjeu de ces pièces repose ainsi sur des témoignages qui permettent d’attester une subjectivité au travail distincte et complémentaire des discours habituellement produits vis-à-vis des pratiques artistiques constitutives de l’histoire chorégraphique.

Ce qui est décisif pour moi dans ce travail, c’est d’essayer d’analyser dans quelle mesure tel ou tel de ces projets artistiques, de ces esthétiques, produit une aliénation ou une émancipation de l’interprète en tant que sujet historique, social, et en tant que travailleur. Ce coefficient d’aliénation ou d’émancipation, chaque interprète en est le vecteur. En retour, je tiens que c’est ce dont chaque spectateur est amené à faire l’expérience, l’interprète étant, comme son nom l’indique, le traducteur, le passeur dont le travail intervient entre celui de chorégraphe et du public.