mercredi 22 juillet 2015

Les lieux de la Pensée en mouvement:la Parenthèse en Avignon le off



LA BELLE SEINE SAINT DENIS à la Parenthèse
Combat de militant pour ceux qui tiennent le flambeau et qui chaque année au cœur d’une cour privée fort agréable présentent le must de la recherche actuelle en danse contemporaine, métissée, pensante à la tête chercheuse ! Le théâtre Gérard Philippe, Louis Aragon et concordan(s)e

« Palimpseste » de Michèle Noiret


Elle revisite « solo Stockhausen » daté de 1997 et rappelle à la mémoire visuelle et corporelle qu’une œuvre évolue, avec le temps, avec les corps qui « grandissent » viennent à maturité dans leur composition, leur interprétation, leur intelligence d’une pièce qui évolue.
Michèle Noiret, une femme qui danse, simplement, de noir gainée, le corps « intact » d’une danseuse aguerrie à son art
La discipline opère et elle restitue sobrement son écriture, sa volonté de « susurrer » muette quelque chose aux yeux du spectateur :mystère, seule la musique borde cet essai. David Drouard au final l’accompagne comme pour y recevoir un acte de passation, d’adoption de l’œuvre qui ne se fera pas sous « x » mais bien dans l’intimité d’un corps à corps généreux

« L’Incognito » chorégraphie de Fabrice Lambert sur une proposition littéraire de Gaelle Obiégly

Autre formule que l’on apprécie : découvrir la suite du projet « concordan(s)e qui allie création littéraire et écriture chorégraphique, duo, duel, dialogue entre deux auteurs de la calligraphie gestuelle et sémantique.
Un tandem qui laisse ouvert une vision tranquille d’un salon qui abrite l’auteure, assise dans son fauteuil et laisse pénétrer un étrange personnage gainé de noir, cagoulé dont ne ne perçoit pas les traits, ni ne distingue quelque intention.
Enigme des gestes, des attitudes qui frôlent les mots, dictent les accents et rythment la scansion d’une écriture qui fluctue, bouge, s’incarne, se fait chair et vision
La voix off raconte, parle et laisse filer le temps qui passe.
Fabrice Lambert danse, elle pense sans mot ni mouvement. La pensé en mouvement ?

« Avec Anastasia » DE Mickael Phelippeau, avec Anastasia Moussier

C’est bien pour elle que la pièce, solo, a été conçue, taillée sur mesure : à la mesure de la personnalité joyeuse d une jeune fille-femme exubérante, drôle et pleine d’humour et de distance quant à son sort.
Elle est radieuse, flattée d’avoir été choisie et exulte
Intimité et partage, générosité de Anastasia font que l’on est vite en empathie et que ça fonctionne
Solo pour ses cheveux, danse un peu fofolle et subtile, t- shirt et décontraction, ça fait du bien d’être en sa compagnie et cet « essai », pièce en chantier se termine dans un petit bis avec le chorégraphe : percussions de table, jeu de dames où elle sort ni vaincue, ni vainqueur mais encore plus charmante, attendrissante !

La Belle Seine Saint Denis c’est la bonne scène de Terpsichore d’aujourd’hui, muse qui s’amuse mais inspire en pygmalion ceux qu’elle touche !

mardi 21 juillet 2015

AVIGNON DANSE DANS LE OFF : diverses propositions à retenir!

"RAGING BULL" par la compagnie Caliband Théâtre au Théâtre des Lucioles


Une autobiographie de Jake LaMotta, le taureau enragé du Bronx, mis en scène, dansée et mise en musique, c'est un défi qu'il fallait se donner pour faire exister un personnage hors du commun
Toutes griffes dehors, ce boxeur se raconte à travers les corps et les sons d'un comédien Mathieu Létuvé, une chorégraphie et interprétation de Frédéric Faula et une musique et sons en live de Olivier Antoncic
Quelle performance, jouée tambour battant par des interprètes de haute volée autant dans le jeu tenu du boxeur-conteur que dans les apparitions du danseur
Tous incarnant le même personnage aux multiples facettes dans un décor virtuel vidéographié, très graphique, mouvant et à l'esthétique singulière de noir et de blanc
Sa destinée est sombre, opaque, glauque et les bas fonds suggérés par une ambiance lumière sensible à la pénombre
On suit, haletant, le destin de cet homme tantôt adulé, tantôt paumé avec empathie et sympathie
Un très bon rythme enfile l'histoire qui nous tient en haleine, à bout de souffle et la performance opère!
On songe à Denis Ménochet dans son rôle du "spectre" dans le film de David Perrault "Nos héros
sont morts ce soir"

"LA CONFERENCE DES OISEAUX" de la compagnie Lamoureux au Théâtre des Lucioles


D'après la version de Jean Claude Carrière, interprétée par le danseur-comédien Pierre Lamoureux, voici une version sublimée d'un conte où les oiseaux sont rois, palabrent, discutent mais ne veulent pas quitter leur territoire malgré les sollicitations de la huppe!
Le texte est conté par un danseur et là, tout est rythme, syntaxe et phrasé joué dans des gestes tres appropriés
Jamais de mime ni d'illustration désuette pour cette belle , tendre et féroce évocation d'un monde animal, humain, trop humain
La danse est fluide, vaste, ouverte, plexus solaire au ceur de l'envergure des battements des bras, des ondoiements des hanches du danseur
Poésie, bivouac pour philosopher et grandir dans l'écoute du monde et de ses acteurs.
Un très bon moment de méditation collective!

"YOSHINORI KIKUSAWA " sur l'esplanade du Palais des Papes


Et si l'humeur vous dit sans faire votre tête de mule dans votre protectrice papa bulle, vers 20H 30 au coucher du soleil, allez surprendre le plus beau solo de danse du festival:celui de Yoshinori Kikusawa : des instants de grâce, entre capoiera, hip-hop et autres métissages!
On songe à la chanson de Bashung, "il danse".....................Les chorégraphies offrent un savant mélange de genres issu de la danse de rue, de la danse contemporaine, des arts martiaux, et de la méditation!Des mouvements dynamiques, aériens et lisses comme l'eau.

DANSE DANS LE OFF AVIGNON 2015 HIP HIP épopée! épHOPée !

Le hip-hop a la part belle dans le festival off: danse accessible, simple, ludique, inventive et festive, elle s'empare des lieux de la "danse" comme le Théâtre Golovine qui présente encore deux autres spectacles fort réussis

"ICI ET LA" de la compagnie Daruma :Ah, les filles !

Au bonheur des dames, des demoiselles pour cette création très féminine de la chorégraphe Milène Duhameau: un trio féminin plein de tonus et de poésie qui joue avec la structure et l'architecture de la salle. Appuis, bonds et rebonds, belle technique irréprochable pour un spectacle puissant et bien rythmé. Le mur est en dialogue et soutient leurs évolutions à la verticale, à l'horizontale: construction bien charpentée de trois corps arrimés solidement
Puis tout se défait pour mieux se reconstituer! Le mur partenaire en réclame.
Tenue sport, décontractée, durant 35 minutes, le flux et reflux se répand, ondoie, convainc par la légèreté, la fluidité de la gestuelle, bien incorporée en chacune d'elle!
Et quand au final, chacune invite un spectateur à devenir son partenaire, c'est les enjeux de la vie qui se dessinent et décident de la suite!

"INDEX" de la compagnie Pyramid au Théâtre Golovine : danse à l'index et à l’œil !


Faut-il les montrer du doigt, cette bande de compères, escogriffes, pieds nikelés ou rats de bibliothèque?
Ou les mettre à l'index tant ils font de gaffes, de gags à la Chaplin ou Keaton?
Harold Lloyd veille au grain sur cette tribu cocasse qui oeuvre dans une bibliothèque comme des monte en l'air, l'air de rien
Il leur arrive toutes sortes d'aventures burlesques inspirées du cinéma muet avec beaucoup d'intelligence et de justesse
C'est comique en diable et les livres délivrent leurs secrets de polichinelles avec flegme et insolence, douceur et patience
La place du livre dans notre quotidien les inspire et tout chavire sans cesse à travers le langage hip-hop, mimé où le détournement d'objets du quotidien
Une bouffée d'air frais souffle sur cette bibliothèque où quelques fantômes en enfer pourraient bien surgir des placards!