mardi 18 août 2015

"Bussang" à la mode allemande!

Cet été le fameux Théâtre du Peuple-Maurice Pottecher affiche un programme très "germanique" avec trois spectacles déclinant théâtre-musique-chant dans un joyeux florilège consacré à Brecht, Schiller et des compositeurs de l'époque
C'est donc à un petit régal déjà matinal avec "Récital à deux sous" que démarre une journée en fanfare dans ce charmant petit village où l'ambiance est à la rêverie bucolique, à la culture et à une sage gastronomie locale: pâtissier et charcutier du cru à se damner!
L'ambiance est conviviale, partageuse et mille et une petites mains s'affèrent dès potion- minet pour rendre le séjour de tous agréable et mémorable: confection de sandwichs, de plats du jour et de bonne humeur pour tous!
120 ans de théâtre du peuple ça se fête avec cette "année allemande" au menu!


"Récital à deux sous": Ah, si j'avais deux francs cinquante!!!!!

En entrée le délicieux récital, amuse bouche, "Récital à deux sous" de et avec Mélanie Moussay: on la connait chanteuse, comédienne, interprète, la voici "musicienne" et metteur en scène d'un charmant florilège de chansons mêlées d'une époque nostalgique où la séduction l'emporte sur les sentiments, le charme sur la sagesse!
Une heure durant, ce récital insolite mêle cabaret et chansons, "où se croisent l'amante abandonnée et l'anarchiste, le tout servi par une diva en quête du grand frisson et accompagnée par un trio détonnant"! Juste résumé d'un spectacle à déguster sur place sans modération et dont l'on emportera des souvenirs de nostalgie dévorante, de complaintes lancinantes et de beaucoup de bonheur et de joie

Mélanie Mousay s'y révèle audacieuse, conquérante et séduisante, un tantinet provocante comme on l'aime à l'entendre et la regarder
Joli travail corporel de placement pour une cantatrice qui bouge très bien et sait changer de répertoire en un seul bond, passant de la coquinerie, au drame, du pathos, à la légèreté, de l'éros au Thanatos, avec aisance et subtilité
"Le tango stupéfiant" de Marie Dubas lui va à ravir, Boris Vian lui permet de conter dans un beau suspens les aventures d'un savant fou avec sa  "Java des bombes atomiques" et Kurt Weill lui inspire mimiques , attitudes et jeu très sélectionnés!
Une invitée surprise en "Madame Arthur" fait mouche, insolite comédienne au visage inoubliable qui traverse la scène pour un unique numéro historique et mémorable! Chantal Gobert !
Mélanie Moussay, très inspirée à la "première" confie son enthousiasme de participer à cette aventure artistique et humaine: une résidence de plus de trois mois à Bussang, qui va quelque peu "changer" sa boussole de direction! Sa voix chaleureuse se prête à cet exercice périlleux de récital "hommage" ou reprise de mélodies connues qu'elle adapte et dont elle s'approprie avec décence, respect mais aussi avec culot, audace et répartie!
On en redemande et les rappels saluent aussi le travail et la présence cocasse et comique de ses trois compères-complices musiciens: Henri Deléger, Camille Dueirard, Gabriel Mattei.
Elle ravit, Mélanie qui ne se fait pas "moussay" pour autant!


"Intrigue et Amour" Schiller pas mort!
Yves Beaunesne met en scène un texte qu'il révèle judicieusement dans son actualité, sa musicalité, sa férocité.
Des intrigues, une cabale qui tient en haleine le public qui se régale de la langue de Schiller dans une traduction crédible et soumet un rythme, un timing très serré au spectacle.
Le jeu de Louise incarné par Jeanne Lepers est attachant, convainquant et quasi virtuose dans le genre de divers caractères exprimés subtilement dans une jouvence et une félicité remarquable
Beaucoup d'entrain, de justesse dans cette revisitation croustillante d'un drame bourgeois qui pourrait bien ne lus nous concerner!
Eh bien , si, cela nous touche et nous conduit à vivre ces destinées étranges et obsolètes comme des aventures épiques à suivre absolument sous peine de manquer une marche accédant à l'édifice monumental de la langue de Schiller! Jean Claude Drouot en prime, s'il vous plait!

"L'opéra de quatr'sous": pas en solde !


Vincent Goethals se permet d'aborder Brecht, Kurt Weill avec "ses moyens du bord" et cela est fort audacieux, téméraire et réussi!
Dans la salle mythique du" Théâtre du Peuple" au crépuscule du soir, c'est toujours à un rituel concentré que l'on se prépare: un voyage au long cour qui va être magique, digne d'un lieu qui résonne de tant d'aventures, de références et d'émotions.
Le théâtre y prend ses aises et s'installe sous la houlette d'un metteur en scène aguerri aux exercices de style les plus complexes
L'Allemagne revue et corrigée, en "revue" et cabaret stylé, jamais redondant, juste, à la mesure du pari, de la gageure du projet.

Ça fait du bien de retrouver quelques références sur lesquelles s'appuient nos mémoires collectives; c'est un risque aussi que de remettre sur l'établi une oeuvre aussi mythique, mais dans ce cadre exceptionnel, cette ambiance particulière au festival, ça passe, sans "casser"!
La corruption, l'évocation de la bourgeoisie dégringolante, les bas-fonds, tout y est sauf peut-être le rythme général du spectacle qui reprend un bon souffle dans la seconde partie
Les comédiens rayonnent, l'opéra épique leur inspire attitudes, gestes et chant qui s'ils ne sont pas "virtuoses" participent de cette envolée lyrique qui enivre et affole!

Belle programmation pour ces "120 ans" de Bussang, bussang neuf pour un projet et une équipe "bucolique" en diable où le théâtre populaire nous rappelle qu'il n'est pas mort, mais bien vivant dans cette enclave des Vosges où il fait bon passer un moment hors du temps tout près de l'éducation populaire qui plane à bon escient sur ce lieu magique où la forêt joue encore son rôle de décor final pour honorer nature et culture!

www.theatredupeuple.com  jusqu'au 23 Aout !




vendredi 24 juillet 2015

"Facing Time" : Jan Fabre "Mons-trueux" !



JAN FABRE : « FACING TIME », ROPS / FABRE, NAMUR

fabre
Jan Fabre : Facing time / Rops/Fabre / Musée provincial Félicien Rops & divers lieux / Namur (BE) / 14 mars – 30 août 2015.
«Si je devais voler une oeuvre dans un musée, ce serait la Pornocratès de Félicien Rops», déclarait Jan Fabre, dans une interview en 2011.
Namur, partenaire de Mons 2015, invite Jan Fabre pour une rencontre posthume avec Félicien Rops : un parcours inédit dans les musées et en plein air, à la découverte des univers audacieux et interpellants de ces deux artistes belges. La conversation entre Rops et Fabre, au-delà du temps, va déranger, secouer, interroger.
« Facing time » nous convie à un face-à-face entre deux artistes, séparés par deux siècles d’histoire et de développement de l’art. Modernité, techniques, thématiques, tout est sujet et objet à changement. C’est à travers le temps et le regard que les parallèles et similitudes entre Fabre et Rops viennent chercher le dialogue.
Joanna De Vos, commissaire invitée : « Quand Jan Fabre a découvert les oeuvres de Félicien Rops dans les années ‘70, il a été fasciné d’emblée par son imagination magistrale. Par les sujets qu’il aborde dans ses dessins, peintures, gravures, lettres et illustrations, et la façon dont il les représente. Par ses caricatures, ses corps extatiques et vulnérables, par son rendu réaliste de la peau, de la chair et du squelette, et l’intérêt tout particulier qu’il porte à la femme sous toutes ses facettes. Par la volupté et le raffinement que respirent ouvertement ses déshabillés. Et enfin par l’ode que Rops fait à la vie, dans tout ce qu’elle a à la fois de beau et de terrorisant.

Jan Fabre voit en Rops un allié qui s’est créé un monde à lui et un langage propre, non conventionnel. Qui, dans un langage poétique et enflammé, s’est opposé au confort d’un environnement familier. Qui a fait preuve d’intransigeance, de subversion, de total abandon, mais aussi d’intégrité et d’ironie. Qui n’a jamais cessé d’être son propre complice. Qui a répété, pas pour le plaisir de répéter, et reproduit, pas pour le plaisir de reproduire, mais pour réinterpréter et perpétuer cet univers qu’il a fait sien. »
Joanna De Vos, commissaire invitée: « Facing time » : « Rops et Fabre affrontent littéralement le temps, ils voyagent dans le temps qu’ils dévoilent, questionnent et défient. Rops a déclaré « Rops suis, aultre ne veulx estre », et Fabre « Je suis un mouvement à moi tout seul ». Il s’agit clairement de deux artistes d’avant-garde qui font cavaliers seuls, créent une réalité à eux à laquelle ils croient fermement et abordent dans leurs oeuvres des problèmes et sujets universels. Ils sont tous deux des chevaliers d’une ère romantique, qui vivent selon leur horloge interne et leurs propres règles, luttent en se donnant à fond, mais font également étalage de leur vulnérabilité et preuve d’autodérision. « Facing time » parle de leur maîtrise du temps. »

jeudi 23 juillet 2015

Les monstres qui parlent

LES MONSTRES QUI PARLENT

Valérie EtterBarbara Stentz
Sous la direction de Valérie Etter & Barbara Stentz
Esthétiques
ARTS, ESTHÉTIQUE, VIE CULTURELLE BEAUX ARTS 


Quelle est la place du monstre dans les arts ? Quels sont les enjeux de sa mise en scène ? Ce livre explore les multiples visages de cette figure énigmatique en convoquant des articles émanant de disciplines multiples. Si le monstre excelle à s'exhiber, il faut savoir saisir les signes et les présages qu'il adresse. Ce que dit le monstre engage une réflexion sur le monde où nous vivons. Il bouleverse les normes établies tant au niveau artistique que social et politique.