dimanche 18 octobre 2015

Soirée "pièces courtes": rendre la monnaie de singe de la pièce, danses de la Balle pour Cathy Dorn et sa sagrada familia !


Beau baptême pour la jolie petite salle de spectacle du nouveau complexe culturel de la Vill'A à Illkirch: salle comble pour la dernière soirée de la "Folle Semaine" de la compagnie "Itinéraires"
Pour cette "semaine folle" inspirée de celle des grands magasins, pas de soldes, mais des "promos" inédites, des pièces que l'on s'arrache, comme au "bonheur des dames" .........On se bouscule gentillement à l'entrée, retrouvailles pour beaucoup, venus soutenir, regarder les "pros" à l'affiche de ce soir là:soirée des "grands", ceux qui ont croisé Cathy Dorn durant leur carrière ou apprentissage de danseur-chanteur-acteur!
En entrée ou "amuse-bouche" sur la merveilleuse mezzanine de la chaufferie réhabilitée (superbe architecture industrielle à vue), un circassien,Paul Herzfeld,étrange, tout jeune acrobate, doublé par un couple de musiciens bohèmes, Sylvain Piron et Catherine Paira-Piron, opère à vue sur son mât chinois: exercice périlleux, haletant où tout le monde est en apnée pour suivre des yeux les évolutions virtuoses d'un homme de l'air


Belle prestation, rehaussée par les touches sonores des deux compères musiciens , corps sonores de cette saynète alléchante, suiveurs des faits et gestes de ce magicien de l'éther, suspendu, glissant, frôlant l'absurdité de l'apesanteur!
Comme une joyeuse redoute,farandole, cavalcade, voici le public invité à intégrer la salle de spectacle pour y goûter en primeur aux péripéties d'une longue et belle soirée réunissant artistes et public pour un instant unique de communion!
Jean Lorrain et Patrick Labiche aux commandes pour introduire l'événement, celui qui n'aura lieu qu'une fois! Et il fallait y être, bravo, c'est le bon choix pour ce soir!
Catherine Bury ouvre le bal avec son solo "Structure et .....Assise", enchevêtrement de corps et matière, sur de très belles percussions sonores, métalliques: un univers singulier en émane, frôlant, glissant au sol, et s'achevant par une érection humaine à quatre pattes, chat botté claudicant dans l'espace!


Cathy Dorn et Jean Lorrain ponctueront la soirée de petites pièces courtes, empruntées à leur répertoire sur Prévert: c'est" l'Ane dormant","Le petit poucet" et "Le mouton à grosses fesses" de Roubaud, un joyaux de subtilités livresques et littéraires, magnifié par une inventivité gestuelle et un jeu très "malin" de la part de ces deux escogriffes si bien associés, cul et chemises, complices et détracteurs de la bien séance!
Joie et plaisir de regarder, écouter les mots qui bougent, les gestes qui parlent sous la houlette de ces deux bonimenteurs, pas "menteurs"!
Claudine Pissenem sera une jolie révélation tant son "Petit itinéraire d'amuse bouche" est frais, gai et virevoltant: empruntant autant au langage de la danse africaine, qu'à la danse contemporaine, la voici en dialogue avec Cathy Dorn pour enchanter petits et grands dans les turbulences d'une paire de bottes de sept lieux, comme une "danse des petits pains": manipulatrice de son corps pour des percussions sonores terrestres, jouisseuse de ses mains pour un ballet classique désopilant, malin et très révélateur des fondamentaux de la danse: en dehors, en dedans, sur les pointes ou en casse-gueule, que voici une belle caricature caustique des petits pas codés, bien décodés!
"Surprises" avec Mauricette Juan, belle danse nostalgique sur des airs médiévaux à la saudade, évocation d'une marée de souvenirs à partir d'objets fétiches, coquillages chéris par la mémoire de la danseuse, chorégraphe de ses rêves
Incarnation d'une femme qui danse et se joue de la nostalgie pour nous offrir un portrait touchant d'une femme aimante, qui se transforme peu à peu d'infante à déesse hispanisante, sensuelle et flamboyante.
"Point de suspension" de Bruno Béguin, comme une halte, un bivouac dans ce tumulte bigarré, ces vents et marées de la création dansante
Recueillement sylvestre pour évoquer l'équilibre fragile de l'homme et de sa nature
Bois et sculptures naturelles à l'appui pour des suspensions, équilibres et déséquilibres virtuoses des matières convoquées: péril, suspens, danger de la construction à vue d'une installation plastique fragile!
Et puis c'est "Les vacances de Mademoiselle Nini" où Emmanuelle Konstantinidis et Patrick Labiche donnent à voir un duo craquant, désopilant sur la séduction, la feinte et l'ignorance: quand celui qui convoite est titillé par celle qui séduit, se cache les vertus du sexe et de la chair tentatrice
Des sept péchés capitaux, la "luxure" serait -t-elle la plus vivace, la gourmandise la plus alléchante?
Il faut voir se révéler les doigts de pieds de la femme alanguie dans son fauteuil à la "Emmanuelle" pour comprendre le désarroi de ce partenaire qui lui chante "Aline" où du Charles Aznavour, pour entrer dans les affres d'Eros et Thanatos à corps perdu!Quand la femme sans tête, masquée par sa revue "vogue" dévoile et fait parler ses jambes, sa cambrure, elle en dit plus long que toute les revues "crazy horse" de Panam! Que Brigitte Bardot est encore belle avec son gigolo !
Délicieux moment érotique, sensuel et très distancé aussi de danse coquine, évocatrice, simulatrice et bien "charnelle" en diable!


Et pour vous servir Geneviève Charras et Jean Lorrain sur un perchoir idéal, jouant sur les "différences" et contrastes, sur les paradoxes petit-grand, lourd-léger, évoquant l'oiseau de Prévert comme une sentence de tribunal où l'accusé déclare "Ta Cathy t' a quittée?", "Ta Cathy t'a pas quittée!"
Avec "La cimaise et la fraction" et "Les Papous" se clôt ce championnat du verbe, du geste, du théâtre du verbe incarné que proposaient Jean Lorrain et son double Cathy Dorn: gaieté, spontanéité mais surtout virtuosité de la performance danse-paroles, guidé par Raymond Queneau

Et le public d'apprendre à l'unisson le langage des signes pour fédérer l'aspect participatif de l'oeuvre de Cathy Dorn!
On se quitte en se rassemblant sur la mezzanine pour un dernier coup de bluff hallucinant de mât chinois et le bal est fini!

Pas pour longtemps car Cathy Dorn n'a pas fini de nous étonner, de nous séduire par ce long chemin, "itinétaires bis" sur le sentier de l'âne, broutant ce qui ne se mange pas dans les fermes à batterie: l'herbe fraîche, les racines, les épines!
Keine Rose ohne Dorn, sans opiniâtreté, sans joie et douleurs, sans fraternité sans l'être ensemble que tricote Madame Dorn au fil du temps!
Au bonheur de la Dame, au plaisir de se rencontrer au studio, sur le plateau, pour tous ceux friands d'expériences artistiques, personnelles, conviviales!
Vaut toutes les séances de "divan", assurément!
Bon anniversaire et bon voyage: revenez si le pays vous plait!

A la Vill'A Illkirch jusqu'au 18 Octobre: on ne brade pas, ni ne solde à la "semaine folle": on promeut, on partage, on troque, on participe!
Equitable et participatif avant l'heure "bo-bo"!

samedi 17 octobre 2015

Danses de oufs !



"Chagall, le triomphe de la musique" : une exposition "danse" !


L’exposition de la Philharmonie de Paris intitulée Marc Chagall : Le Triomphe de la musique explore les créations pour la scène de Marc Chagall, les commandes décoratives et architecturales liées à la musique. Sont réunies environ 300 œuvres (peintures, dessins, costumes, sculptures et céramiques), incluant des installations multimédias notamment grâce à un dispositif exceptionnel développé par le Google Lab autour du plafond de l’Opéra de Paris et un ensemble de photographies pour la plupart inédites, dont celles d’Izis prises dans l’atelier de Marc Chagall dans les années 1960.

Les décors que Chagall réalise pour le Théâtre juif de Moscou en 1920, conservés à la Galerie Tretiakov, constituent un décor universel réunissant les arts (Musique, Danse, Théâtre, Littérature) dans une approche d’art total, faisant rayonner la culture et la langue yiddish par l’association du spectacle populaire, de la musique, du rythme, du son et de la couleur. Plus tard, fuyant l’Europe pour les États-Unis, Chagall renouvelle son approche scénique par la découverte de l’espace et de la monumentalité de l’architecture et des paysages américains. En 1942, il crée les décors et les costumes pour Aleko à Mexico, puis pour L’Oiseau de feu à New York en 1945, renouant ainsi avec la musique russe. De retour en France, l’Opéra de Paris lui commande un travail similaire pour Daphnis et Chloé en 1958 (1959 pour la première à l’Opéra de Paris), une collaboration qui culmine en 1962, avec la commande par André Malraux, alors ministre des affaires culturelles, du célèbre plafond de l’Opéra Garnier, inauguré en 1964. Panthéon musical personnel de l’artiste, il constitue à lui seul un formidable hommage aux compositeurs qui ont marqué l’histoire de la musique. Les nombreuses esquisses inédites de ce projet, également présentées dans ce volet de l’exposition, restituent pas à pas la genèse de la création et les différentes étapes de son processus créatif. Dans toute l’œuvre de Chagall, la musique se manifeste par un surprenant éventail de résonances à travers lesquelles notre temps se révèle enchanteur.