jeudi 19 novembre 2015

"En attendant Godot" : silence on tourne !


Une mise en scène de Jean -Pierre Vincent, c'est comme un joli coup de vent sur un texte que l'on croyait "connaitre", une découverte du rythme des phrases, des silences aussi, surtout.
La force du jeu des acteurs pour ce "En attendant Godot3, émeut et cadre d'emblée le terrain de jeu: une sorte de désert, un arbre mort au centre, le sol recouvert de grains de sable, quelques touffes d'herbes, des petits cailloux et en toile de fond, un soleil dans un grand ciel bleu, sombre.......
Décor campé, unique pour ce premier acte, chapitre un des péripéties dans ce lieu unique, cette "unité" de lieu et de temps, une heure durant
Ils sont deux, dont le premier à se manifester tente en vain de retirer sa chaussure qui blesse son pied
Chapeau melon, costume de ville, petit, assis sur un gros caillou, rocher hiératique, immobile comme ce temps qui va être une belle unité durant la pièce.


Son compère , lui, ne l'aidera pas, simulant d'autres soucis, d'autres interrogations
Lui aussi, chapeau melon, tenue citadine: pourquoi ces deux Laurel et Hardy, vite assimilables à des héros de pacotille dignes des plus belles comédies burlesques du genre, sont-il ici, si bavards, si prolixes?Ils attendent Godot, Vladimir et Estragon, incarnés par Charlie Nelson et Abbes Zahmani, Alors de cette "attente" naîtra un dialogue décapant, absurde, qui caractérise la langue de Beckett: situation étrange, inédite, incongrue qui tout à coup accueille un duo irréaliste: un homme grandiloquent, tenant en laisse un autre homme fardé, cadavérique, deux ou trois valises à la main;
Passage étonnant, traversée de ce désert, comme "naturelle", absurde oblige. Lucky etPozzo, incarnés par Alain Rimoux et Frédéric Leidgens
On ne s'étonne quasiment plus de leurs attitudes, commentaires désobligeants, humiliants, caricaturaux. L'intrigue va bon train, car il n'y a pas d'histoire et la narration est celle des corps qui claudiquent, chancellent, dansent aussi par force, en laisse, domptés et prisonniers d'une situation renversante. Apparaît un jeune homme, Gael Kamilindi,comme une respiration, une ponctuation salvatrice dans ce petit monde, réglé comme une horlogerie


A deux, à quatre, la vie va, rien ne bouge ! "Rien à faire" alors "allons-y" ! Où ?
Il dénote, innocent, tendre et inquiet devant tant de cruauté, de crudité.
Malgré tout découle de cet univers singulier et implacable, la tendresse d'une amitié indéfectible entre nos deux protagonistes.Etude des postures burlesques, poses et gesticulations tétaniques comme au cinéma muet en noir et blanc et le tour est joué
Ces pantins du destin vont faire silences aussi, ces respirations qui nous positionnent comme les poumons de la pièce: ponctuer de silences, de places libres, de pages blanches, une situation de genre inouïe: pour mieux nous re-poser au sol, pour mieux nous suspendre en apnée dans ce monde obscur où la lune à rendez-vous avec le soleil, où les arbres morts font des feuilles, où les cordes ne servent pas à se pendre!
Et en attendant , Godot ne viendra toujours pas !


Au TNS jusqu'au 28 Novembre.



mercredi 18 novembre 2015

Danses pas "térrassées" !


Quatre danseuses en terrasse de Marie Laurencin





mardi 17 novembre 2015

"Des fleurs folles de leur tiges" de Bosc : vert tige de l'amour !

Et elles dansent !!
Ce petit livre, épuisé depuis longtemps, a paru chez Tchou en novembre 1968, sous le titre La Fleur dans tous ses états. Il a failli ne pas paraître, comme l'atteste un éditeur de l'époque : « Évidemment, cela ferait un livre à la fois charmant et amusant, mais d'une manière éphémère, car la censure saisirait le livre avant qu'on ait pu dire ouf ! C'est bien dommage, car je ne vois pas qui pourrait le publier... » Ce petit livre aurait pu s'appeler Les Fleurs du Bien. Il s'appelle désormais Des fleurs folles de leur tige, selon un autre voeu de l'auteur. Des fleurs se livrent aux plaisirs charnels, dans mille et une positions, en un Kama-sutra étonnant. On y retrouve le trait merveilleux de Bosc, son humour tendre, son désenchantement aussi. Il voulait en faire son plus beau livre, car ce serait peut-être le dernier.