mercredi 5 octobre 2016

Diners insolites du Patrimoine: un label de qualité! Fève philosophale de Thierry Mulhaupt en majesté en gare de Strasbourg

Quoi de plus naturel en somme que de partager un repas en amoureux ou entre amis au sein d'un endroit "insolite", non conventionnel pour accueillir un grand chef et ses recettes en osmose avec le lieu....Le Patrimoine se délivre, se déchaîne pour se faire découvrir par les plus curieux: monuments de la gastronomie à l'intérieur de ces écrins incongrus et non des moindres "Les Grands Chefs Étoilés d'Alsace et comme marraines "Les diVINes" d'Alsace: comme au firmament céleste d'un ciel étoilé;
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 La fève du samedi soir
Nous voici ce soir là en Gare à la Direction Départementale SNCF de Strasbourg, aux côtés, oh, surprise d'un "pâtissier": Thierry Mulhaupt pour relever le défi d'une soirée surprise (Le Crocodile était annoncé et pour des raisons obscures non dévoilées au public et clients,fit faux bon ou se fit la malle à la  belle étoile!


Alors pour un "pâtissier" se transformer en restaurateur,le temps d'un restaurant éphémère, rien de plus excitant et ce faiseur de pâtés, de petits salés (étymologie de pâtissier) , traiteur et génial organisateur de buffet ou réception, va devoir faire fort! Relever un défi avec son chef et sa brigade!
Une aubaine, une bonne étoile, un éclair de génie pour rester "chocolat" ou baba!
Gare aux aiguillages, aux passages à niveaux et autres signaux de bonne conduite ferroviaire!
Après une visite guide de la Gare de Strasbourg, agrémentée d'anecdotes croustillantes et de découvertes alléchantes, place au dîner dans le cadre prestigieux des locaux de la direction SNCF, boulevard Wilson à Strasbourg: montée d'escalier prestigieuse, balcons, cursives et mezzanines pour accueillir environ 80 convives, en couples ou tablées d'amis.
On va se faire plaisir, se laisser surprendre par une symphonie "tout chocolat" comme Thierry Mulhaupt en a seul le secret.
Amuse bouche et bière au chocolat en apéritif pour patienter à quai
"Thon snacké à la semoule de cacao du Vanuatu, salade de lentille et sauce Laurent" pour commencer le voyage de cet Orient Express, train nommé désir où l'on embarque désorienté!
Fine cuisine, al dente, surprenante pour les papilles aiguisées par les goûts et saveurs délicats du thon redécouvert, moelleux, sauvage en bouche Lentilles sublimées, croquantes, caviar du pauvre du Velay, bienvenu au pays du Grand Est ! Avec un riesling bien pétrolé Ortel 2013 de la divine viticultrice du domaine Stentz -Buecher de Wettolsheim qui régalera tout le repas
Un petit break musical en compagnie d'un ensemble musical de choix:Jam for Joy, aguerri à une musique d'ambiance de qualité, fusionnant avec mets et vin, discrètement, joyeusement: belle improvisation surprise sur le jingle de la SNCF, façon Coltrane: et si l'on dansait aussi renouant avec les entremets dansés des banquets du Moyen Age? La tentation est grande et l'espace s'y prête!
Saxo, piano, contrebasse au menu!
On enchaîne, impatient avec un "Dos de chevreuil, sauce gibier au chocolat Abiano Afrique 85%, purée de panais à la vanille, poêlée de girolles et chutnay de mûre"!
Du bel ouvrage fondant pour le gibier délicieux en cube saignant, auréolé de champignons des bois et fruits presque confis: sauvage et bon, dompté et dociles fragrances en bouche, accompagné d'un pinot noir, barrique 2011, charpenté à souhait.
Un trou alsacien, bonbon chocolat au foie gras d'oie enrobé de chocolat Téobora 61% à retomber en enfance, en contemplant le ballet des petites fées qui servent tous ces mets, dévalant l'escalier, sourires au lèvres, empressées, efficaces et très "sportives"!
Encore un morceau de "comté 36 mois, beurre au café du Brésil et sauce chocolat Brésil 62%" pour continuer ce voyage à bon train, plein d'entrain et de plaisirs partagés en compagnie d'un pinot blanc Vieilles Vignes, Barrique 2013
On jette un coup d’œil aux cuisines improvisées, véritable attirail, batterie et piano de fortune fort bien organisé et aux taches savamment distribuées: le coup de feu semble terminé et l'on passe au moment tant attendu: le dessert!Dressage des plats bien alignés, en rang serrés: un vrai ballet organisé;
En deux temps, en trois temps comme une valse endiablée:
Secret de chef que cette "tarte au chocolat Madagascar, framboises tardives au vinaigre basalmique, que ce "brownie au chocolat avec des morceaux de noix de cajou grillées, croustillant feuilleté au chocolat, crémeux chocolat et mousse au chocolat Vanuata 68 %."...
Un panel du savoir faire du pâtissier, un extrait de sa collection haute couture de gâteaux qui se regarderaient bien aussi en défilé!
On se quitte sur une touche "couleur café" et l'on retourne à quai après un périple gastronomique, léger, inventif, emporté par des saveurs et fragrances d'ailleurs, de pays proches ou lointains!
Et si Thierry Mulhaupt ouvrait sa maison à des convives, comme ces repas d'exception partagés chez des grands chefs étoilés, lui qui aime tant faire la cuisine pour ses amis et accueillir, partager "le pain" de cérémonie, cum panis, credo d'un maître au piano, à la table de mixage des produits de choix et matières premières qui sonnent aussi aux oreilles, aux yeux de celui qui pose un regard d’esthète sur le travail d'orfèvre de ce bijoutier, orpailleur du gout?
Peintre de la cuisine, merlin l'enchanteur de la gourmandise et si on lui dédicaçait ceci: "la gourmandise n'est pas un défaut, c'est ce que tous les gourmands disent"!
Longue vie aux repas insolites, ici sur la "bonne voie du rail" pour enchanter ces boites de conserve à la Wahrol, parrain iconique de la manifestation: de l'audace, du culot pour cette cuisine frappée d'inventivité, cette initiative de caractère, stylée, sélectionnée au plus haut d'une pièce montée!


"Les Métaboles", concert vocal


Au temple Saint Pierre le Jeune, le festival Musica invite Les Métaboles pour un concert de musique sacrée, composée par des musiciens de l'ex bloc soviétique, dont l'illustre Arvo Part, sous la direction de Léo Warynski, à l'orgue Denis Comtet.
La foule se presse devant le Temple, on sent venir un événement avec l’avènement de ce concert sacré qui donne une autre tonalité à la musique contemporaine

Arvot Part avec "De profondis","Magnificat", "Salve Regina" sera au rendez vous de cette soirée unique, originale, au sein d'un édifice réputé pour sa beauté architecturale et acoustique. Les voix d'homme résonnent, opulentes, savoureuses pour cette introduction à la contemplation, à la prière et dévotion
L'entrée des femmes dans le chœur de voix angevines renforce le mystique effet de cette réunion, cérémonie spirituelle et musicale, à cappella de nos rêves d'élévation
Messe, communion, en bonne compagnie, cum panis à partager entre public et chanteurs sous l’œil bienveillant de l'orgue qui va s'éveiller durant la pièce de Petr Eben: majestueux, sombre et oppressant, menaçant de toutes ces vibrations d'enfer annoncé, l'orgue avance et broie la musique, submerge les esprits, terrorises les coupables et sauve ceux qui échapperaient à cette menace affirmée solidement: impressionner pour mieux régner sur les âmes pécheresses!
Les voix s'élèvent, cristallines, posées, célestes, les pièces s’enchaînant naturellement, tant le programme est conduit, construit pour un crescendo vers la félicité
Une soirée divine, planante qui offrait à chacun l'occasion de découvrir ensemble, une formation vocale "Les Métaboles", riche de toutes hybridations et mutations vocales, se métamorphosant à l'envi selon les ambiances, œuvres ou événements à soutenir de leurs souffles puissants, engagés, jouissifs: la vie en quelque sorte, donnée à la musique par l'émission du corps, chair, vecteur de résonances et vibrations naturelles si percutantes: et l'émotion de naître à fleur de peau...
L e M se dessine, comme Monde, Métabole, Musica: on "M " !!!

Les œuvres du jour:

Vytautas Miskinis et son "O salutaris hostia"

Dimitri Techsnokov avec "Three sacred Songs opus 43" et "Ave verum corpus opus 67"

Petr Eben avec "Moto ostinato"

Alfred Schnittke pour "Three Sacred Hymns"

Georgy Sviridov avec "Mystérious Nativity" et "Sviatyi Boje"



"Visual Exformation" Quatuor Diotima: concert-installation visuel sonore: la coupe au carré.


Oeuvre musicale et lumineuse pour quatuor à cordes, musique de Jesper Nordin, scénographie Cyril Teste, designer de la scène, un son et lumière interactif, esthétiquement exigeant et à la pointe de la technologie!
Comme Lucio Balla et son "feu d'artifice" en 1917 en compagnie de Stravinsky, voici un ballet de lumières sans danseurs, un rituel nouveau multimédia, analyse et codages des paramètres musicaux, programmation des combinaisons de couleur: voici la nouvelle palette, les pinceaux et toiles de la création musicale d'aujourd'hui!
Au Théâtre de Hautepierre, le bal peut commencer.Le dispositif est en place, les musiciens viennent s'y installer calmement, dans l'obscurité
Trois structures de formes carrée, rectangulaires s'entrelacent, comme des poupée gigognes, se complètent, imbriquées les une dans les autres. Figures géométriques parfaites, solides, au sol, dessinant des formes simples, sobres, évidentes.Quatre mouvements pour exprimer les incidences d'une extrême complexité entre lumière, musique et instruments, live, en direct et interactivité devant nous: la fabrique de la magie est convaincante, opère au plus précis, à la pointe de chaque angle de ces cubes évidés, magnétiques, peu à peu ourlés de lumière blanche, de lumière noire, puis colorée. Ramy Fischler, designer de la musique en temps réel, accompagné de programmateur lumière, auteur scientifique, réalisateur en informatique, n'est donc pas seul pour créer ce jeu d'artifices visuels, alors qu'un son à la Bill Viola borde le tout et déclenche le processus
Lente métamorphose de la structure, combinaisons subtiles entre son et lumières, tout concourt ici à se laisser aller à la contemplation recueillie de ce petit chef d'oeuvre mutant, chrysalide de nos rêves, papillon de nuit de nos fantasmes.
L'oeil écoute, fasciné cet opus hybride, cette sculpture cinétique à géométrie variable, transformable à souhait
A l'intérieur le quatuor se joue des difficultés, habite son loft ajouré avec habileté et confortablement installé dans ses "murs" transparent, anime cet habitacle révolutionnaire. Soll LeWitt ou Donald Judd eussent été convaincus que lumières néons, calculs savants de formes divagantes dans l'espace sont l'avenir de la sculpture sonore. Fiat Lux et plus encore pour ce délicieux voyage au pays des lucioles fluorescentes émettrices de fantaisie radicale, angulaire, rigide, froide mais pétrie de surprises et d audaces.