mercredi 19 juillet 2017

La danse au festival d'Avignon IN 2017 :Ambra Senatore et Israel Galvan: des tempéraments bien 'trempés"

Rien ne les réunit en apparence, sinon le défit à la scène, l'extrême précision de l'écriture, la rigueur musicale de leurs partitions chorégraphiques. Et le hasard du calendrier du festival!

"Scena Madre" de Ambra Senatore


En mode absurde
Une "scène mère", entre théâtre et danse, un creuset de gestes, d'attitudes, de revirements pour cette réflexion percutante sur le vivre ensemble, le groupe dans l'agora politique et poétique de la vie Iles sont en perpétuel mouvements, les interprètes chez Ambra Sebnatore, agiles, versatiles, interrogeant directions, regards, espaces où se glisser, interstices où se nicher un court instant. Pas d'histoire ici pour cette joyeuse tribu: des subtils jeux de regards, des expressions furtives, des placements, des arrêts sur images incongrus: un savant découpage scénaristique, très cinématographique
Rompus à l'exactitude de leur moment d'intervention où tout s’enchaîne sinon se rompt, les danseurs tiennent le plateau, haut et fort, lieu de dramaturgie intense. Là où cependant la parole ne serait jamais nécessaire, la chorégraphe introduit du verbe, du texte, des bribes de phrases qui reviennent en leitmotiv C'est inutile et brise le rythme, scotche les gestes là où évoquent déjà tout un univers indicible....Elle règne en interprète subtile, maligne, cocasse et très attractive; les autres la secondent, l'entourent, prennent le relais. Ces cadavres exquis mis au placard et ces jeux d'enfants, ces histoires absurdes ou insolites de corps magnifiées, serait opération salvatrice de la pièce. Des unissons très fluides, des corps dynamiques, expressifs campant des personnages identifiables au delà des mots, ferait l'affaire à eux seuls. Comme dans un rébus ou jeu de piste, chacun s'y passe le flambeau, témoin de cette course folle , relais de tonicité, de comique: une énigme à découvrir Au début était le geste et non le verbe !

"La Fiesta"

La Sagrada Familia fait sa chasse à la Cour: hallali, curée ou trophée?
Israel Galvan n'en est pas à son premier défi: la danse in situ, c'est son rayon, aussi: à Montpellier Danse dans la Cour des Ursulines, seul sur un sable résonnant, à la Carrière Boulbon, tout droit sorti d'un cercueil....Ils vont habiter le lieu, ces compères de toujours, chanteurs, danseurs pour y faire la traditionnelle "Fiesta", rituel social et familial de grande importance.
Mais que faire de cet immense espace sinon s'y perdre et tenter d'y faire résonner les claquettes infernales du flamenco iconoclaste du maestro? Il partage généreusement l'espace avec ses pairs, attend beaucoup trop souvent, retranché aux abords que chacun s'y retrouve. Lui, démarrant une belle démonstration, rampant dos au sol de résonances sonnantes et trébuchantes: invention du flamenco couché, à l'horizontale: il fallait oser.Il l'a fait, à son accoutumée Mais le temps passe et s'étire en longueur sans véritable rythme. Des estrades comme podium de résonance, des instruments singuliers, des voix magnifiques ne suffisent pas à tenir un propos; même la fête en semble absente; pas assez de délire pour emplir la grosse caisse de la Cour d'Honneur. Tout s'enlise vite dans la routine, les séquences égrenées au fur et à mesure. Et naît l'ennui, à peine relevé par un solo virtuose en finale, du maestro de frappé, du profil et des bras inouïs ! Un chant choral final aux accents médiévaux ne suffit pas pour reprendre le flambeau.
La Cour ne fait pas écho et ne renvoie rien à ses appels ou sollicitations multiples.La furie, la fougue tant attendues y sont absentes et toute tentative retombe comme un soufflé
On n'est pas à la "fête" et c'est bien regrettable. A la chasse à la Cour, on revient bredouilles, sans trophée ni paillettes.

Avignon festial IN : la Danse e-motion. Les sujets à vif. En plein dans le mille!

Que se soit dans "le sujet à vif" où à l'occasion des spectacles venus d'Afrique ou d'autres contrées, la danse est pour cette édition sacrément politique, réactive, intuitive aussi
Voici quelques unes des pièces vues et choisies durant cette période riche d'échanges et de partages

"Le Sujet à vif" A et B
LE A
A potron minet toujours dans le "jardin de la vierge" voici une matinée "à vif" !

"Ezéchiel et les bruits de l'ombre" de Koffi Kwahulé et Michel Risse


Tel père, tel fils !

Il entre harmonica aux lèvres, de blanc vêtu, quasi dandy,au loin une voix lointaine résonne au son de "Ezéchiel", il fait résonner l'espace de tout un petit tas d'accessoires dont il se sert autant pour créer du son que pour se détruire. L'autre aparait faisant craquer de ses doigts l'emballage plastique à bulles qu'il détient. Les deux compères se révèlent vite, l'un fil indigne de son père, l'autre père de ce trublion de fils, Ezéchiel: un amour filial plein de saveurs, de remontrances, de reproches mais de tendresse aussi. Ils échangent sur l'air d'une petite cuisine musicale de fortune. L'air de rien, on se pardonne ou l'on joue à l'offensive ouverte?Enfant gâté, chéri, puéril, boite à musique et gâteries sucrées en résonance, Ezéchiel fait tourner les serviettes, fait la girouette, le lance-pierre ou fait simplement du vent. Son père voudrait bien le menacer de sa matraque, de son archet ou fouet, le mettre au four à micro-ondes! Amour filial au poing, les deux protagonistes sont cruels et tendres à la fois, jouent et gagnent pour une ode à la filiation; c'est drôle et bien mené par Michel Risse, savoureux et futil dandy, Koffi Kwahulé naif et pardonnant à sa créature les pires marques d’irrespect!

"Incidence 1327" de Gaelles Bourges et Gwendoline Robin


Chuter sans s'autodétruire
Le Mont Ventoux, personnage principal de cet opus est tout d'abord décrit en voix off où sont révélées de bien curieuses informations passionnantes sur le mistral noir, le blanc, sur le Mont, sur le voyage de Françoise Pétrarque qui écrivit "L'ascension du Mont Ventoux"
Deux femmes prennent le plateau et commencent un rituel aquatique: de l'eau, de la vapeur sous toutes ses formes: issue de bouilloires bouillonnantes, d'un long bâton troué: le chant de tous ces objets réunis évoque le cliquetis de l'eau, sa présence persistante dans ce désert minéral qu'est la montage magique tant redoutée.Plastiquement, la mise en scène évolutive où sans cesse Françoise et Laure évoluent d'une échelle du ciel, d'une installation de verre à l'autre. C'est magnifique, poétique et inouï, tant brouillard, fumerolles dissimulent les actions, les auréolent pour en faire un dispositif onirique étonnant.Les références à la région, Avignon, Fontaines de Vaucluse rendent le texte proche et familier, le récit haletant : elles aiment l'eau, la chérisse, la transforme dans ce laboratoire buanderie de poésie, floutée, évanescente.Dans un rituel majestueux, l'eau est versée du haut de l'échelle, symbolisant la montagne: son ascension, anorak rouge oblige est superbe!
L'eau brûle sur la glace en nuages de vapeur, inonde la scène: nuages d'un amour impossible entre les deux femmes enlacées qui se bercent, souffrances d'un amour qui se consume dans les feux de la glace. "On est bien, enfin ensemble" dans l'au delà dans kl'eau de la fontaine..Retour en boucle du texte en off, brumes, neige, vent , tout se recouvre, se dissimule , disparaît. Immobilité des deux corps éperdus.

LE B
Au crépuscule du soir....
"La même chose" de Joachim Latarjet et Nikolaus


Un tandem précaire
Deux faux soldats déboulent armés de poteaux bizarres: bazooka ou mats chinois Ils émergent d'un camp de fortune, arborant une poussette vieillotte et déglinguée, fauteuil roulant ,empli d'un singulier bric à brac de fortune.Tout va chavirer, osciller dans cet univers déséquilibré, rencontre entre un clown à bascule et un être plus stable, cet opus est un petit bijou, un exercice de style à la Nikolaus, ce géant jongleur, équilibriste. Radieux portraits et scènes haletantes de cirque alternent, l'absurdité des situations pour trame et chaîne narratives Une lampe, une table, des chaises défoncées seront le socle bancale de cette histoire burlesque et tragique à la fois. Joachim Latarjet en partenaire musical, épaule et soutient notre croquignol de service avec moultes instruments résonnants, soufflants!
Le monde est en ruines, fait de malheurs et de mensonges comme chez Robert Waltzer, cité en référence.Dans sa chambre défoncée tout chavire, se renverse, lui tient par magie dans des positions en plongées fort décalées. Equilibriste de la précarité, fragile et agile trublion des codes circassiens Nikolaus enchante et touche droit au but: l'effondrement du monde, de ses acquis bancals, de ses assises flottantes: planche de salut pour chaussure esseulée, tout concourt à une certaine vision d'un monde lâche, en ruines Alors on hisse ensemble le mats chinois de la solidarité et tout peut recommencer, pas vraiment pareil, pas vraiment "la même chose": on s'est transformé en Ubu roi entre temps!Un joli chantier pour fin de spectacle, casse gueule où tout fou le camp !

"Le rire par-balles" de Julien Mabiala Bissila et Adèle Nodé Langlois


A votre bon cœur ! Salut !
Deux doux et tendres fous pour cet opus, une clown, femme coquette et coquine, musicienne, lui musicien du Congo démocratique épris de l'image de son grand père au village! Interactif et participatif, chacun milite pour de bonnes actions, sauver un centre de formation, sauver l'Afrique!
Ce sera rock et pédale wah wah,concert charismatique, ambiance endiablée pour insuffler du souffle, du vent à une société aigrie, égoïste, essoufflée. Eux, ils ont la pêche, lunettes noires, perruque et autres atours mode pour aguicher les foules, convaincre que rien n'est perdu du sort des leurs amis voisins africains C'est politiquement incorrect, plein de sous-entendus et de saveurs exotiques.
Un bon fil conducteur qui déraille dérape en rap, de la danse africaine en pastiche, du faux cul et des masques pour démasqué les supercheries du colonialisme.De Gaulle en mire pour cette parade comique, désopilante, irrespectueuse en diable!
Et Adell Nodé Langlois en clownesque héroïne de pacotille, l’œil mutin, adorable clown de dieu en quête de bonheur utopique. C'est gai, c'est vif, ça pirouette et ça rime avec girouette.

En prime cette année 2017 pour les 20 ans du "Sujet à vif" un contrepoint tous les soirs au jardin

"Le Sujet des Sujets" animé par Frédéric Ferrer et ce soir là partagé par Phia Ménard


Un sujet gonflé à bloc
Le défi: conter en 45 minutes l'histoire rocambolesque de "sujets à vif"depuis leur initiation à l'initiative d'un petit comité très sérieux de doux dingues, convoquant des artistes qui ne se connaissent pas, sur un sujet de leur choix: d'abord un danseur convoque un chorégraphe pour lui tailler une pièce sur mesure, puis le projet s'élargit aux autres domaines pour enrichir encore propos, esthétiques et expériences inédites.
C'est l'affaire de Frédéric Ferrer de lancer cette machine infernale, marathon des images et des références, Léon Zitrone de l'occasion commentant le plus beau match du monde Un conférencier jamais à bout de souffle, train d'enfer mené tambour battant, truffé d'anecdotes -celle du lion et la gazelle_ métaphore du chorégraphe et de l'interprète restant en mémorable vérité!
Sur la sellette, il conte , course contre la montre, plein de ressort pour remonter les pendules à l'heure du souvenir: pourquoi le "vif", pourquoi le jardin de la vierge, alors qu'elle n'y séjourne que par intermittence: un vrai thriller que cette histoire d’apparition-disparition de Marie, du jardin; et les plantes qui disparaissent du lieu au fur et à mesure...Alors intervient en fin de parcours de ce one man show un jésuite encapuchonné (Phia Ménard) qui aura le dernier mot: ensevelir la cour de matelas pneumatiques jetés des portes-fenêtres au renfort de grand bruit. Tous deux pour sauver le monde sur un radeau de fortune dont ils émergent, bouées autour du ventre, accouchant de petits matelas verts: c'est extrêmement beau et touchant, cinglé, visionnaire et en hommage à tous les "vifs" une ode à ce lieu de création ,terreau de recherche, de joie et de rêves: l'instabilité d'une désormais "institution" dans le IN, les vifs sont le lieu d'avenir, le creuset à ne jamais supprimer: c'est ici, là et nulle part ailleurs que se concoctent les plus vives propositions, vif argent toujours au vif du sujet.
Et ce n'est pas fini, loin de là: longue vie aux "vifs".Phia Ménard et son génie de la situation démontrant une fois de plus qu'une performance, c'est unique, inspiré et à ne pas rater!
Je vous salue, Marie, pleine de naufrages et de résurrections!

La Belle Scène Saint Denis à Avignon le Off 2017: pépites en couveuse !

La Belle scène Saint Denis éclaire nos matinées à potron minet par la richesse des propositions en chantier pour la plupart. Animées avec pugnacité, amour et dévotion par La Parenthèse, réunion des deux théâtre de Tremblay et Saint Denis, cette aire chorégraphique est devenu le territoire le plus couru ou disputé d'Avignon en matière de présentation de recherche et de laboratoire.Une couveuse pour jeunes pousses de la danse d'aujourd'hui.

SECOND PROGRAMME

"mA" de Sachie Noro et Yumi Rigout

Complicités

Un tapi blanc, une roue à carreaux noir et blanc, deux danseuses, mère et fille vêtues de noir, une guitare en direct, celle de Diego Aguirre pour bercer bascules, solo en canon, cheveux au vent des deux femmes complices.Elles s'attrapent, s'étreignent, se repoussent et dévoilent de leur atours, des couleurs qui feront partie de l'assemblage visuel de l'architecture de leurs corps rassemblés.Entrelacs, enchevêtrement des silhouettes, mouvements très animal, alors que la guitare frotte des sons crissants.Fusion hybride des reptations au sol, formes inédites pour métamorphose et manipulations subtiles, les cheveux longs toujours inclus dans la plasticité des images créées.
De beaux portés en équilibristes circassiennes, quelques entraves aussi dans les gestes.Lentement, à la Mondrian, les couleurs de leurs vêtements s'organisent, la roue se déconstruit comme un jeu de dames qui se démonte. C'est déjà fini et la guitare sèche se tait devant une telle grâce.

"Icones" de Sandrine Lescourant


Brut de coffrage
Deux hommes, deux femmes pour exprimer face au monde les humeurs et états de corps quotidiens des êtres furieux, parfois muets, interrogeant le public du regard, se présentant en toute simplicité pour de "vrai" sans chichi ni complaisance. C'est du brut, du dur, parfois haineux, rancunier, aigri par les accidents de la vie, les frottements à un monde aride, celui de la chorégraphe qui ne mâche pas ses gestes!Sans mentir, des mouvements tétaniques au corps,de petits dialogues, des arrêts sur image, une certaine impatience se dégage de cette agitation fébrile. Quelques selfies acrobatiques, féroces, pas toujours de la tendresse dans cette danse robotique, technologique de groupe branché hip hop . Des rouages syncopés, très mécaniques pour une photo de famille caricaturale, électrocutée par l'énergie débordante de la tétanisation.
 Un beau solo vient apaiser cette machinerie organique aux cent mille volts dont la douleur et la souffrance exprimés fait mouche et dérange. Inquiétude et intranquilité au poing, Sandrine Lescourant fait sourdre les histoires de corps, les fait avouer ou parler par la force simulée d'un micro scrutant une colonne vertébrale secouée à vif par la danse. On en ressort ébranlé, violé par ces épreuves non dissimulée et évoquées d'une vie difficile que le corps traverse et déverse.Panique à bord, contagion de la douleur, "icônes" est un coup de poing dans la gueule et ça fait mal, ç a touche et émeut au delà des maux.

"Ruines" de Sylvère Lamotte


Lenteur extatique
Deux hommes vont devant nous évoquer des univers tranquilles, nostalgiques, quasi romantiques, mélancoliques à souhait. Ce serait cet univers de ruines, de restes qui nous hantent les mémoires .
Un porté pour prologue, des vêtements décontractés qui lissent les contacts entre eux: c'est de cet abandon, manipulation gracieuse de l'un par l'autre qui ferme les yeux de quiétude et de confiance.
Un amour tranqille les traverse dans une danse contact,lascive, docile, endormie ou soumise.Presque christique tant des images de piéta ou de tableaux, toile du Greco ou De Vinci apparaissent furtivement. Enchevêtrement des corps , nichés l'un dans l'autre, au creu des espaces, des vides et des pleins des corps relâchés. Puis le face à face s'inscrit dans l'espace, ils se lâchent, se libèrent, se séparent, s'autonomisent pour mieux se re- enlacer Images de chimères criardes, miserere religieux fascinant, on entre en religion dans la saveur de la lenteur et la beauté, puissance divine qui domine les hommes. Ce duo , art du porté,cueille et recueille la méditation dans des déroulés assoupis au final, gisants libérés des contraintes du vivant, de la pesanteur, du poids de la vie. Le mouvement s'éteint, la guitare se tait, les transports bibliques s'épuisent dans une tendre mélancolie Le Louvre devrait  s'enrichir de cette oeuvre picturale émouvante jusqu'aux cimaises de nos pensées dansantes.

 PREMIER PROGRAMME de la belle scène saint denis

"Care" de Mélanie Perrier
Invulnérables
Deux couples d'hommes et de femmes de blanc vêtus vont évoluer sur un tapis blanc, comme endormis debout. La beauté et fragilité du site de la Parenthèse opère à merveille dans le bruissement du mistral.Le lent affaissement des corps en contact vers le sol,en appuis, délicat travail sensoriel, sensitif, intuitif berce l'atmosphère paisible.La fusion, osmose, participe de ses retrouvailles des corps enlacés, décontractés à souhait mais maintenus par une tension , une concentration exemplaire.
De légers portés, infimes écritures dans l'espace changeant, basculent dans des attractions, une attirance fébrile, comme des aimants retenus par une énergie contenue puis libérée.Un tonnerre de bruits de bombardement ne suffit pas à déranger la quiétude de cet ordre des choses.La masse des corps expérimente des surfaces, des emboîtements d'espaces très privés qui se révèlent.Chuter, céder, se relâcher, s'abandonner à l'autre , puissants couples ou individus partageant un savoir être ensemble, à deux qui n'a pas d'égal
La vision de ce manège de couple, sans lasser, est une véritable cure de jouvence et un bain de volupté inégalé.

"Juste Heddy" de Mickael Phelippeau


Heddy Salem à vif
Il est "la vedette" anti star de ce solo en chantier, aveu d'une personnalité fragile qui se raconte; ce "rôle" confié à ce jeune autodidacte par notre trublion chorégraphe s'avère succulent, drôle, attachant, émouvant. Il est bien seul, face à nous avec son corps pour instrument, son histoire en partage.
Il se meut de son bassin "méditerranéen", naif, timide, ce sportif déballant de son sac ses oripeaux, souvenirs ou son histoire de dealer engagé pour un casting dans un film louche...Il est attendrissant et vulnérable, presque trop confiant mais sincère.Il mime son existence par des gestes appropriés: légionnaire stupide aux gestes mécaniques et autres affres de la vie.Une ode à la femme de sa vie dans un tendre" allo maman bobo" et le voici en hip hopeur qui ne dé rap jamais sincère, confiant. Et pourtant il semble capituler, ne s'en relève plus de ce destin à rebondissements pas toujours heureux! Heddy Salem campe un beau personnage et en prime un petit rappel, cadeau de la maison, où il livre l'état de travail de son solo.Son cœur pulse, il se livre et délivre son vécu avec conviction.
Affaire à suivre sous l’œil bienveillant de son parrain chorégraphe à l’œil aigu et attentif!
Son visage à la Tahar Rahim émeut et trouble.