dimanche 9 septembre 2018

Meredith Monk : les grands entretiens d'Art Presse


Préface de Jacqueline Caux, spécialiste de la performance américaine et réalisatrice de films sur des musiciens.
« La voix peut constituer un véritable clavier d’expression, un second langage » 

Meredith Monk, née à Lima en 1942, est une chanteuse, performeuse et chorégraphe, figure majeure de la scène américaine. Elle développe très jeune une qualité de voix exceptionnelle, qu’elle ne cesse d’approfondir en explorant l’appareil vocal entier (bouche, gorge, larynx, glotte). Elle débute sa carrière en 1964, dans un contexte artistique new-yorkais en pleine effervescence, qui abrite aussi bien la Factory d’Andy Warhol que la Kitchen, lieu où sont présentés les spectacles d’avant-garde et où l’on peut écouter la musique de John Cage et Steve Reich. En 1968, elle fonde sa compagnie, The House, puis, en 1978, le Meredith Monk & Vocal Ensemble, avec lequel elle effectue des tournées dans le monde entier et enregistre plusieurs titres.

Dès lors, elle ne cesse de créer des œuvres qui intègrent toutes les disciplines. Son goût pour l’expérimentation se manifeste dans son approche de la voix et de la musique – elle étudie toutes les techniques du monde, s’inspire de la musique médiévale aussi bien que d’Erik Satie – mais aussi dans les arts de la scène. Elle intègre de la vidéo, des films dans ses chorégraphies aussi appelés « opéras cinématographiques » (Atlas, 1991). Ses spectacles donnent lieu à des courts-circuits temporels, pour déconstruire les codes en vigueur de la danse, de l’opéra, du chant et du montage cinématographique. En France, c’est le Festival mondial du théâtre de Nancy, que présidait Jack Lang, qui l’a invitée pour la première fois en 1973, suivi le Festival d’Automne en 1975. Depuis, elle revient régulièrement, accueillie par divers espaces culturels, tels que le musée du Louvre ou la Fondation Cartier…

Son expression libre, affranchie de toute rhétorique formelle et spécifiquement féminine font de Meredith Monk une pionnière dans l’art de la performance et de la création d’avant-garde.

"La danse américaine" : les grand entretiens d'Art Presse


Entretiens avec Andy DeGroat, Karole Armitage, Trisha Brown, Lucinda Childs et Meredith Monk.
Préface de Jacqueline Caux, spécialiste de la performance américaine et réalisatrice de films sur des musiciens

« Elaborer une phrase comme le ferait un compositeur » Trisha Brown

Sous l’influence de toute une école de chorégraphes américains, la danse a connu une révolution esthétique au cours des années 1970. Ils déconstruisent les codes de la danse classique, explorent de nouveaux modes d’expression du corps, intègrent des disciplines tels que la vidéo, le cinéma, les arts plastiques. De nouvelles problématiques se font jour : l’expressivité du corps, la mise en avant de l’individualité, l’importance des décors qui ne sont plus considérés comme de simples fonds, la question générationnelle, la prise en compte de la caméra dans la chorégraphie, les représentations donnant quelquefois lieu à un film qui n’est pas que documentaire. Parmi ces chorégraphes figurent Andy DeGroat, Merce Cunningham, Karole Armitage, Trisha Brown, Lucinda Child, et Meredith Monk à quiartpress consacre un volume entier. Tous ont été révélés en France dans le cadre du Festival d’Automne, du Festival d’Avignon et du Centre national de la chorégraphie à Angers.

Andy DeGroat (1948) débute à New York puis s’installe en France au début des années 1980, après une magistrale représentation au Centre Pompidou ; Karole Armitage (1954) est engagée dans la compagnie de Merce Cunningham en 1975, puis réalise des performances dans des lofts de Soho. Elle refonde la danse classique par son style vif et débridé qui dégage une forte énergie ; Trisha Brown (1936-2017) est certainement la plus connue. Membre fondateur du célèbre Judson Dance Theater, groupe informel de danseurs à New York, elle développe un langage chorégraphique structuré, dit le « mouvement brownien », où les corps se meuvent avec une grande fluidité dans l’espace, dans la lignée de Merce Cunningham.  Elle a régulièrement collaboré avec le peintre Robert Rauschenberg. Le musée d’art contemporain de Lyon lui a rendu hommage en 2010 ; Lucinda Childs (1940) est également associé au Judson Dance Theater. En 1973, elle crée à New York la Lucinda Childs Dance Company, puis s’installe en France en 1976. Remarquée par son solo dans Einstein on the Beach, mis en scène par Robert Wilson, elle développe un style plus minimaliste, collabore avec des plasticiens, notamment Sol LeWitt. Le Festival d’Automne lui a consacré une rétrospective en 2016.

Ce volume contient également un extrait du journal que Merce Cunningham a tenu pendant le tournage de Channels Inserts, un film-ballet réalisé en collaboration avec Charles Atlas.

"Dante troubadour" La Divine Comédie: les cercles de l'enfer": laisser Lucifer!


STRASBOURG - Église protestante Saint-Pierre-le-Jeune Dimanche 9 Septembre

Dante Troubadour – La Divine Comédie Les Cercles de l’Enfer

Dante Troubadour propose au public de vivre l’incroyable périple de Dante à travers les Cercles de l’Enfer qui, une fois passés les limbes, correspondent chacun à un des péchés capitaux. Cette visite se fera sous la conduite d’un narrateur exceptionnel, le comédien Denis Lavant. À l’exception du Miserere qui débute le récit et du Vexilla regis qui le clôt, Dante n’a mentionné aucune pièce musicale, uniquement des bruits, des cris et des gémissements. C’est dans cet esprit que La Camera delle Lacrime a choisi d’insérer des prières du Codex Buranus, version médiévale des Carmina Burana qui ont inspiré Carl Orff.

Al Dente !

Sous la direction de Khai Dong Luong dans l'église scénographiée de très beaux éclairages, débute l'opus original signé de l'ensemble "La Camera delle lacrime"
Entraînante, dansante, en "prologue" une musique surgit, bordant le récitatif du comédien Denis Lavant, tant attendu dans cette nouvelle production et prestation.Allègre ritournelle, routine teintée de grelots, portée par des instruments propres à la musique dite médiévale:vielle à roue, cornemuse,flûtes, doudouk, lyra, viola d'arco.....et percussions!
Denis Lavant explose, sa voix emplit les voûtes de l'église qui répercute et réverbère le son à outrance.
Il s'agite, tout de noir vêtu, pardessus , chapeau et tresse rouge flottante.Se lance dans l'allée centrale, sautillant, courant à l'envi de tout son corps agile. La musique, gaie, primesautière accompagne ce lutin malin qui saute et franchit toujours les limites du jeu dans sa folle version et interprétation des rôles.
Tous "les cercles" des sept péchés capitaux sont passés en revue par le chanteur, Bruno Bonhoure; du haut du jubilé, il apparaît: sa voie résonne, lumineuse et chaude, de bronze et se mêle à celle du récitant, conteur des péripéties de Dante et Virgile.
Du souffle dans le jeu du chanteur qui respire la vie parée de cette voix de haute contre qui fait l'ascension de la gamme des résonances, timbres et harmoniques médiévales. De belles apparitions en fond de chœur, quasi fluorescentes font discerner les personnages comme dans rêves et brumes fantastiques.La fiction de la narration, conduite par le comédien, diabolique personnage versatile et danseur aguerri fait mouche.
Il danse, tourbillonne, alors que le chanteur se masque de mimiques grotesques, de grimaces maléfiques.
Le cercle des avares, ces "radins" succède à d'autres, évoquant luxure, gourmandise....Lavant n'est pas "avare" de gestes et d'engagement très physique et c'est tout son talent de mage, ecclésiastique qui se révèle, inattendu, surprenant.
Il grimpe en chaire alors que le chant plaintif , profond et solitaire de son compère, s'élève, subtil, contrasté, modulé.
Tel un personnage sorti d'un tableau de Garouste,


Lavant bondit, surgit, vocifère, hurle: invoque Satan, le Diable ou Lucifer


Joue même de la flûte!
Al dente, cru, féroce et menaçant, le jeu des principaux protagoniste de ce voyage initiatique, conduit l'écoute vers la gestuelle fine et dosée du chanteur: suspension, doigté, expressions du visages concourent à une lecture aisée des caractères ou émotions de nos deux joyeux lurons ou pathétiques victimes d'un leurre.
Au final, c'est les yeux au ciel, au firmament que se clot l'intrigue et ce chant du cygne demeure en suspension dans l'espace
De belles visions fantastiques, énigmatiques, quasi initiatiques pour cette création théâtrale, bordée de musique joyeuse ou tendue.
Un épilogue, heureux, retentissant pour conclure, le langage des signes exploré pour signifier le monde, et se termine la première partie d'un futur triptyque sur la Divine Comédie de Dante.
Affaire à suivre pour ce théâtre du geste chanté, conté par des artistes engagés et enthousiastes!



La Camera delle Lacrime (France)

Fondée en 2005, La Camera delle Lacrime se donne pour mission de valoriser les répertoires en langue d’oc et d’ouvrir sa pratique de la musique ancienne à tous les publics. Elle se caractérise par une double conduite artistique assurée par le chanteur Bruno Bonhoure et le metteur en scène Khaï-Dong Luong. Avec le concours de spécialistes, La Camera delle Lacrime a pour vocation la création de spectacles d’esthétique contemporaine organisés à partir de sources patrimoniales du Moyen Âge, essentiellement des 12e et 13e siècles.
Bruno BONHOURE
direction artistique et chant
KhaÏ Dong LUONG
direction artistique,
mise en scène
Denis LAVANT
Comédien – lecteur
Jean BOUTHER
régisseur son et lumières
Antoine MORINEAU
percussions
Christophe TELLART
vielle à roue, cornemuse, flûtes, doudouk
Andreas LINOS
viola d’arco, lyra