vendredi 18 janvier 2019

"Qui Hess" ? Performance de Geneviève Charras dans le cadre de l'exposition "Dans le rétro" photographies de Jean-Louis Hess

photo alain villa

le vendredi 15 Février 18H 30

"Qui Hess ?"
Hommage! à.......
Un photo-graphe, icône, iconoclaste, inclassable
Ce sera irrévérencieux..malicieux et ......?

Performance dansée chantée par Geneviève Charras, charivarieuse

Dans le cadre du vernissage  de l'exposition "Dans le rétro"

Une exposition à la Galerie La Pierre Large
 25 rue des Veaux à Strasbourg
du 15 Février au 16 Mars 2019



Nu qui danse !!!

jeudi 17 janvier 2019

"Winterreise" : marche et déroute, errance et bivouac pour Lieder recyclés.

Présenté avec l'Orchestre philharmonique de Strasbourg.
Avancer ou tourner en rond, chercher ou attendre – que vit un homme en fuite ? Afin de questionner l’errance des migrants, Kornél Mundruczó s’approprie la relecture musicale par Hans Zender du célèbre cycle de Franz Schubert.
Primé à Cannes pour ses longs métrages, l’artiste tisse ici un lien subtil entre la musique, le jeu et des images filmées dans un camp de réfugiés en Hongrie. Pour dire l’impasse existentielle d’hommes anonymes, il nous convie, avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg dirigé par Thierry Fischer, à une forme de ciné-concert théâtral résolument ancrée dans le présent.

Un vieux canapé défoncé, abandonné, de la neige et une cuvette de wc, voici le décor campé pour ces "winter reise" inédits: sur la route, en chemin, apparaît le vagabond, sdf des temps modernes, errance au poing. Le son des pas dans la neige et dans le silence comme ouverture pour ce concert. Les cordes pincées, puis une guitare, puis les flûtes et la mélodie se glisse dans cette mise en scène de la misère, du désarroi, de l'abandon. Le chanteur,Janos Szemenyei,entouré des images photos ou vidéo projetées sur l'écran en fond de scène se fond dans le décor mouvant.Scènes de la vie quotidiennes dans un foyer de réfugiés ou d’accueil. Au seuil d'une maison rêvée, morcelée, il chante, exprime sa solitude, le froid, la mélancolie..Un accordéon, le piano du pauvre , s’immisce dans dans l'orchestre et crée une ambiance triste et mélancolique, nostalgique. Les espaces projetés, vides auparavant, se peuplent d'individus anonyme, étrangers, habitants de ces lieux transparents, sans âme ni identité: ils leurs ressemble.Refuge de ses pensées, abri de sa tristesse, de son impression de froidure, de vacuité. Notre vagabond se lave, vit sa vie de nomade, de déraciné, de déplacé au sein d'un exil forcé. Séquence du repas où il ouvre une boite de conserve, tandis que des images de ses pairs montrent une cantine peuplée d'étrangers aux regards effacés; divisé en 12 ou 48 images qui reproduisent le même thème, l'écran accompagne notre anti héros avec une certaine efficacité. Visages rapprochés, assoupis, endormis...


Histoire et visages d'hommes pour l'essentiel de cette cavale accompagnée de figurants virtuels!Le comédien-chanteur bégaie sur un texte de livre offert à son usage, annone en mauvais allemand quelques mots des textes de référence.Décalé de la mélodie, les propos sont triviaux, simples, accessibles. Les chats peuplent ce no mans'land...Avec une couverture rouge comme partenaire fantasmée, il rêve et se projette, nous regarde à travers ces 48 paires d'yeux reproduites, qui clignotent et produisent un bel effet cinétique à la J.R. Un policier intervient pour réclamer les papiers de ce sans domicile fixe, sur les chemins, la route, les sentiers qui se révèlent  non battus par cette réécriture dramatique. Et musicale, il va de soi: sans concession au romantisme, à l'académisme de Schubert Il fait froid dans cet univers dépouillé, vacant, cette atmosphère de rupture, de fuite entamée sur les chemins de l'inconnu.Chemins de traverses, marche et démarche. Des coups de revolver en image pour terminer le voyage vers nulle part, des portraits d'homme qui simule le geste ultime du suicide. Gros plans démultipliés sur la misère du monde.Une masse d'homme déferle dans un couloir, s'y entasse et interroge notre chanteur, virtuellement. Les correspondances entre textes et images font mouche.
Schubert ne renierait sans doute pas cette fine réadaptation sémantique et musicale d'une oeuvre phare de référence dans l'histoire du Lied!
Et l'orchestre philharmonique d'embrasser ce défit avec conviction et justesse !

Au Maiilon Wacken jusqu'au 18 Janvier

Musique Schubert’s Winterreise de Hans Zender, mise en scène Kornél Mundruczó, Proton Theatre, direction Thierry Fischer, présenté avec l’Orchestre philarmonique de Strasbourg.



"The Falling Stardust" d' Amala Dianor : poussières d'étoiles dans la voie lactée.


  • « Des entrechats qui s’entrechoquent », selon Amala Dianor : C’est cela The Falling Stardust. Le chorégraphe réunit neuf interprètes aux fortes personnalités : danseurs virtuoses issus de différents horizons, du classique au hip-hop.
"Oscillant de l’empreinte d’un style à l’autre, cette constellation éphémère distille ses sensations dans l’espace musical, réagissant aux frissons de l’aventure. Une pièce mêlant force et fragilité, doute et conviction envers le défi renouvelé d’une danse ouverte et partagée."
 Poussières entre la terre d'où vient Amala et l'éther, l'air, le ciel étoilé de la danse classique !

Le flyer en dit long: un danseur , noir, Roi Soleil trône dans un environnement de palais doré, foyer de la danse dans un théâtre napoléonien: chaussé de pointes roses, alors que derrière lui, une danseuse déploie une longue robe blanche en arabesque! 
Que va donc "subir" le langage classique au regard de cet appel à voir les codes autrement?
Venir de la terre et s'élever en faisant de la poussière, d'étoiles ! Tel serait en résumé l'inspiration du chorégraphe en longue résidence, artiste associé, à Pôle Sud.Déplacer les codes, s'inspirer d'un autre vocabulaire en composant des syntaxes décalées.
Les outils sont là, les instruments, corps dansants vont se plier à ses exigences techniques .

Qu'en est-il donc de la "constellation du cygne"? ..Puisqu'il sera question d'étoile, d'emblée la lecture de la pièce oscille vers une évocation du cosmos, d'une galaxie où trône au dessus d'un petit groupe de danseurs, une structure surdimensionnée, sorte de vaisseau inter planétaire, spatial, qui protège, couvre de ses immenses tentacules, ce microcosme bruissant. De ce cocon puissant emergent les mouvements fluides et coulants de neuf danseurs, alors qu'au dessus d'eux gronde sons et bruitages, comme sur un tarmac vrombissant du souffle d'une machinerie de science fiction. Vêtus de noir, sorte de seconde peau ajourée, tatouée, laissant se dévoiler les formes des corps, juste au corps seyants, pour chacun différent. Chaussettes ou nu pieds pour mieux tracer et glisser au sol, dessiner dans l(espace des volutes, tours et ronds de jambes gracieux, fébriles L'écriture de Amala Dianor se révèle très "contemporaine", inspirée du langage classique de façon tenue, embrassant les espaces de cette férocité rapace du dévoreur de souffle qu'est l'interprète "classique".Le groupe se fait et se défait à l'envi, tisse, trame et chaine en de savantes figures en alternance où chacun se fraie son chemin. Tableau aérien, fluide où se tricote à l'endroit, à l'envers, le tissu, la matière de la danse: on songe à Forsythe, démiurge du genre qui détricote la syntaxe des déplacements avec brio, surprise et tracés fulgurants. 
La lumière sculpte les corps, le chorégraphe pétrit les formes qui se lovent, se plient, arcs-boutants, pour évoquer ce noyau de vie, charnière d'énergie à la lisière de l'indicible.
Comme d'un bouquet,d' une vasque, d'un choeur d'un végétal hybride, émergent les membres transfigurés des danseurs. Statue mouvante, méduse, polypode gracieux, la créature plastique s'ébranle, éclate comme un météorite lancé, projeté dans l'espace. Electrons libres délivrés de la pesanteur, entre terre et éther, les danseurs sont catapultés littéralement de leur cocon intime. Tandis que la sculpture fractale , cristal limpide ajouré de néon, veille, toit du monde sur  cette communauté fébrile. Des courses folles sillonnent le plateau, marqué par les ombres de ce monstre céleste suspendu aux cieux.Des alignements s'intercalent, chassés croisés, entrelacs savants de corps échevelés.Gestes étirés, allongés, dans une énergie de velours, en dehors "classiques" se profilent et prennent le dessus dans l'écriture gestuelle. Bras en couronnes ou corbeille, beaux pliés, fouettés, battus, manèges  insérés comme ponctuation des gestes: cela fonctionne à merveille, surprend, déroute et séduit par la qualité de l'énergie qui en sourd.
On ne se questionne plus sur l'essence du mouvement, ce glissement progressif du plaisir d'évoluer tout style confondu. Y compris, droit à la chute ! Des emprunts, des citations ne sont pas le registre ici convoqué: il s'agit simplement d'épouser, de correspondre à un climat, une ambiance dénuée de narration: seul le récit inscrit dans les corps conte quelques "aventures", quelques bribes d'histoires plurielle inscrite dans chacun des interprètes.Avec une grande maîtrise, Amala Dianor signe ici une pièce singulière, juste en résonance avec un univers musical, celui de Awir Léon,tantôt symphonique et ample, tantôt réduit au souffle ou à la percussion électro-acoustique.Il tricote, entrecroise les matériaux de la danse, lumières, sons, espace, corps en tension-détente et brode une toile veloutée sensuelle, visuellement ébouriffante au regard de la danse, vivante. Envolées spatiales diffractées, amplitude des gestes qui s'allongent, s'étirent à l'envi, caresses de l'espace, solides appuis d'aplomb , cinquième position de référence qui s'avère si esthétique quand elle n'est pas "caricature" de posture apprise !
De beaux alignements mouvants, épine dorsale qui se tord, invite à des métamorphoses multiples, révèlent  des figures de groupe qui se transforment et hypnotisent. Dos, échancrures, sculptures en ronde bosse en émergent. Les costumes, la scénographie et l'espace signés, Clément Lebras sont en osmose directe avec l'atmosphère, l'univers d'Amala Dianor
Ce dernier nous révèle la richesse plastique d'un vocabulaire qui se plie sans rompre au délié de la signature très contemporaine du chorégraphe, auteur ici d'un petit manifeste à l'usage des curieux , fans et férus de découvertes, friands de décalages: torsion, volutes, arabesque, détirés, modelage des corps, tout un abécédaire qui compose avec des outils bien huilés, rodés, un langage singulier, unique. Des soubresauts du hip-hop, des saccades et engrenages tectoniques d'autres univers gestuels, il fait un beau patchwork insolite et jamais ne cede à la démonstration ni au "cour de danse" virtuose.
Il faut avouer que les interprètes qui portent cette griffe, cette marque de" fabrique" se lovent et filtrent de leur singularité, cette volonté de métamorphoser les signes cabalistiques du "classique"
Citons tout particulièrement Keyla Ramos, habitée par la grâce de détirés inouïs, d'énergie cosmique saisissante! 
Une plongée intergalactique dans la voie lactée, chevauchée fantastique à travers le temps, l'espace, magnifiée par métronome et composition savante dun chorégraphe à l'écoute de ceux qui façonnent la danse d'aujourd'hui: les interprètes !

Soulignons ici le compagnonnage fidèle de Pôle Sud permettant à cet "artiste associé" de déployer dans le temps expérience et réflexion, essaie et "coup de maitre" dans le respect et la connaissance approfondie de la "profession" danse,  du  métier du danseur.
Chapeau à l'équipe et à son chef de bord, Joelle Smadja, pilote , capitaine au long cours dont la boussole semble ne jamais égarer le navire ni perdre de vue le cap de l'excellence et de la modestie, du partage, de la rencontre, de l'adhésion aux courants de la danse d'aujourd'hui ! Toujours dans l'intelligence, l'inter-ligere , relier les uns aux autres.

Au Théâtre de Hautepierre jusqu'au 18 Janvier