Se "relooker"
Y a pas Photo! Tu veux ma photo? Je te tire le portrait!!!
Cet atelier vise l'expression du corps à travers la découverte de son propre être; il s'agit de trouver ses fonctionnements, ses expressions, son "bougé", sa voix pour en faire de concert avec les autres, une population singulière et joyeuse!
Mettre en scène chacun avec son identité, son "look", sa démarche, ses vêtements, ses couleurs...
Au final, se laisser "photographier", modèle, statue, tableau collectif ou défilé de mode,pour garder la "trace" de l'expérience, en faire un livret et se l'offrir en partage
(avec la complicité de Durmeyer Jean Claude)
lundi 23 septembre 2019
"Al gran sole carico d'amore" Luigi Nono, le "révolutionnaire" !
Deux autres thèmes dominent ces scènes à l’enchaînement vif, quasi cinématographique. Tout d’abord la place des femmes dans l’engagement : la communarde Louise Michel, Deola, personnage d’un poème de Cesare Pavese, ou Tania Bunke, qui combattit avec Ernesto Che Guevara et mourut en Bolivie peu avant lui, et dont la vie de clandestinité enthousiasma Nono. Le dernier thème est celui de l’échec, l’expérience de la défaite, des révolutions écrasées, des personnages cruellement renvoyés à l’énoncé d’un verdict les condamnant à la mort, à la prison ou à la déportation. L’histoire est toujours celle des vainqueurs. Représenter la Commune de Paris, les troubles dans l’Empire russe de 1905, les luttes ouvrières dans la Turin de l’après-guerre ou les camps sud-vietnamiens, c’est faire l’histoire des vaincus et espérer, à travers un chant ténu, d’une fragile beauté, renverser jusqu’à l’histoire elle-même.
Les masses humaines y sont traitées comme des touches, des taches de couleurs qui s'animent: choeur et figurants, dès le départ font pression vocale et physique pour évoquer la "révolution" autant Mai 68 que la Commune et ses ravages humains Sur des textes de Marx, Gramshi et autres théoriciens de la "révolution", les chanteurs incarnent des personnages phare. Le décor qui se meut grâce aux interventions d'images fixes ou animées, grâce à un projecteur d'antan, recouvert de végétal.
L'ambiance est au combat, à insurrection mais la lourdeur des décors, leur omniprésence dans le champ des évolutions, figent la donne. Peuples en colère à travers l'histoire dont on remonte le cour, ils s'agitent plus que n'avancent. La musique, elle se fait puissante, les chants solistes aux voix magnifiées redonnent à l'ensemble une cohésion. Les sources d'émission, de la fosse d'orchestre résonante sont galvanisantes pour les comédiens-chanteurs affublés de costumes bariolés. La sculpture échouée sur la scène, visage, yeux vides et mains, tétons surdimensionnés pourraient situer tout ceci dans un univers de BD ou science fiction. Mais le propos très "grave" de Nono s'y prête-t-il?
Les chanteurs sont au mieux de leur forme; les masses de travailleurs, des usines de cartonnage aux fumées des cheminées des espaces industries font submersion et pourtant . On sourit à la vue d'un révolutionnaire sur fond de BD criarde et hyper colorée. Doit-on en rire et tourner en dérision la passion de Nono pour le politique, le "livret" d'opéra collectif qui traite d'un sujet brûlant qui le tarabuste et donne naissance à une musique acharnée, perturbée, en mutation constante?
Belles images et "trucages" cinématographiques opèrent pour des artefacts, leurres de perspectives saisissants....On si croit à Clichy sous Bois où sur les rives des océans exotiques.
Soulignons les effets de déplacements de masse, la mise en scène chorégraphique à la "Laban" des corps groupés qui font masse, poids et avancées communes, collectives.
Al gran sole carico d’amore, Action théâtrale sur des textes choisis par Luigi Nono et Yuri Lyubimov. Mise en scène : Sebastian Baumgarten ; décor : Janina Audick ; costumes : Christina Schmitt ; chorégraphie : Beate Vollack ; vidéos : Chris Kondek. Avec : Sara Hershkowitz, Cathrin Lange, Sarah Brady, Kristina Stanek, soprano 1-4 ; Rainelle Krause (Tania) ; Noa Frenkel (contralto, la Mère) ; Karl-Heinz Brandt, ténor ; Domen Križaj (baryton) ; Andrew Murphy, Antoin Herrera-Lopez Kessel, basses ; Ingo Anders (Officier) ; Constantin Rupp (Soldat). Chor des Theater Basel ; Sinfonieorchester Basel ; direction : Jonathan Stockhammer
Au Grand Théâtre de Bâle dimanche 22 Septembre dans le cadre du festival mUSICA
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dimanche 22 septembre 2019
"Cage au carré" : Unsquare dance à Musica! Quand le "Bird s'est envolé de sa Cage!
John Cage inventa presque par hasard le « piano préparé ». En glissant divers matériaux ou objets (vis, boulons, morceaux de caoutchouc, de plastique, de bambou, de laine…) entre les cordes d’un piano, il obtint un nouvel instrument, une sorte d’orchestre de percussions aux sonorités variées et inouïes. Bertrand Chamayou et Élodie Sicard s’emparent des premières pièces qu’il composa pour ce mystérieux instrument entre 1940 et 1945 à l’attention de son plus proche collaborateur, le danseur et chorégraphe Merce Cunningham.
Défi pour cette production audacieuse au regard du "patrimoine" de la danse et de la musique! Cage sans Cunningham, il fallait bien s'en affranchir gracieusement, sans embarras, ni reniement au répertoire de conservatoire!
Alors, le "résultat" est convaincant et fort "intelligent" au regard de la danse tout particulièrement
Focale sur le mouvement donc, alors que la salle est encore éclairée, la danseuse est présente, en noir et blanc sur un vaste tapis de sol blanc, quatre pianos à queue aux quatre coins du plateau. L'obscurité nous fait pénétrer dans le premier morceau de piano "préparé"; Elodie Sicard au pied du piano, pose yoga suggérée, puis elle rampe lentement vers l'instrument, le touche et s'en empare comme une barre, partenaire de poids et de repoussement : jeu avec le piano, elle s'y agrippe, s'étire pour mieux le quitter et devenir une "femme du milieu", du centre! Les sonorités de guitare pincée, frappée lui inspirent un trajet en diagonale, parsemé de gestes au ralenti dans de beaux et torsadés jeux de bras, de buste. A des niveaux différents, sa danse très "écrite" dessine des tracés, des phrasés étonnants, des parcours en arrière ajustés, pieds nus, vêtue de noir et blanc. Comme des gongs, les sonorités lui inspirent des torsions au sol, des profils posés, des agenouillements glissés de toute beauté. Sensualité au corps, discrète présence immergée dans la musique sans jamais la concurrencer. Les bras levés en tension, le corps géométrique dans une savante géographie des points, lignes et plans Sa réflexion chorégraphique, très plasticienne.Elle arpente, se mesure à l'espace, cadre son corps, sa tête entre ses mains, aborde des profils très Nijinsky, se taille des spirales en déséquilibre pour mieux bouleverser l'espace. Elle reste parfois immobile dans l'obscurité, modeste présence face à la présence des pianos préparés qui se partagent la scène au carré. Carré d'As pour ce jeu ludique de passassions, trajet entre les instruments que le pianiste fait de bonne grâce!
Dans la lumière, elle devient chamane tournoyante ou derviche tourneur, s'emparant de toutes les cultures chorégraphiques, jusqu' à celle très "danse d'expression" de la sorcière de Mary Wigman: la transformant en version animale remarquable. Corps relâché, nonchalant, débridé, là voila qui esquisse quelques phrasés à la Trisha Brown, flex,perdant radicalement de vue toute empreinte rigide et académique de Merce Cunningham.
D'ailleurs délibérément absent de cet opus musique-danse atypique!
Ne chercher pas le "Bird" il s'est envolé de son Cage !
Quelques belles reptations au sol, des poses à la Maillol, sculptées dans l'éphémère, allongée en suspension, une danse parfois "empêchée", bridée, aspirée de toute par vers des énergies jusqu’au-boutistes. Un voile noir pour vision fantomatiques à la Loie Fuller ou Martha Graham, et voilà son corps qui traverse l'histoire et flotte dans l'éther.
Le piano se fait son de cloche, musique frivole et joyeuse: elle en esquisse quelques mudra de danse indienne, étranges prières suggérées puis s'en délivre, se débat avec force et puissance physique dans des réminiscences de danse dadaïste, surréaliste. Les pieds en dedans, se fait faune, revisite discrètement le répertoire des "gestes" emblématiques de dame la danse et s'affranchit même des silences de Cage pour danser, librement inspirée par l'espace-temps, le vide, la vacuité.
Avec parcimonie, discrétion et empathie, Elodie Sicard incarne charnellement la musique de Cage, si riche sous les doigts de Bertrand Chamayou qui épouse et transforme les intensités de la "préparation" des ses quatre instruments de percussions mystérieusement mutant en orchestre de percussions!
Cage, aux anges, en sourirait comme dans ses fous rires et si de dos, la danseuse incarne les sons hispanisants avec parcimonie et retenue, il songerait à tout le parcours qu'opère la musique pour gagner sa place "contemporaine" et laisser à la danse son expression d'aujourd'hui!
Quand Merce n'est pas là, les souris dansent!
A la Cité de la Musique et de la danse dimanche 22 Septembre dans le cadre du festival Musica
John Cage Mysterious Adventure (1945) / 8’ John Cage The Unavailable Memory of (1944) / 4’ John Cage Primitive (1942) / 4’ John Cage In the Name of the Holocaust (1942) / 6’ John Cage The Perilous Night (1942) / 12’ John Cage Root of an Unfocused (1944) / 5’ John Cage Daughters of the Lonesome Isle (1945) / 12’ John Cage A Valentine Out of Season (1944) / 3’ John Cage Tossed As It Is Untroubled (1944) / 3’ John Cage Bacchanale (1940) / 8’ John Cage Our Spring Will Come (1943) / 5’ John Cage And The Earth Shall Bear Again (1942) / 3’
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