dimanche 8 mars 2020

Hanatsu Miroir: festival Arsmondo spécial Inde:l'Inde transfigurée !


Musique contemporaine et Influences orientales  I
La richesse des univers musicaux de l’Inde a fasciné plusieurs des grands compositeurs contemporains occidentaux. Pour cette édition d’ARSMONDO, l’ensemble strasbourgeois HANATSU miroir propose des œuvres de quelques-uns d’entre eux qui développent une approche à la fois originale, inattendue et spirituelle des traditions anciennes.

Dimanche 8 MARS à 15h à l'Opéra de Strasbourg  nous écoutions l'ensemble  jouer des œuvres de Scelsi et Harvey en première partie pour nous mettre bien dans le son et dans l'espace. Puis ils ont donné une version d'InC de Terry Riley comme on ne l'a jamais entendu, pour flûte, harmonium, trio à cordes et Organous +Sérum+Tyrell+Operator .
C'est pas tous les jours ! Et honnêtement, pour un dimanche après midi c'est juste ce qu'il faut.
avec Atelier Le Violon à Roue


Programme

Giacinto Scelsi:"Riti: I Funerali di Carlo Magno" (1976) pour violoncelle et percussion. C'est une ambiance inquiétante dans des vrombissements et lamentations, des pleurs des cordes que nous invite l'opus mystérieux du compositeur. Tonnerre, éclairs et foudre des percussions maniées avec doigté et main de maitre par Olivier Maurel magnifié par de très beaux éclairages sur les cymbales.Un orage se profile, menaçant.Des sons graves et puissants se libèrent pour créer suspens et retenue.
Jonathan Harvey "Ricercare una melodia (1984)" pour flûte et dispositif électronique.Un solo plein de charme et de discrétion : les sons se réverbèrent en direct comme des oiseaux ravis, joyeux, en écho ou en direct, enregistrés et diffusés au ralenti.Performance de l'acoustique et du virtuel, mêlés, allègres tonalités: la grâce volatile du jeu de Ayoko Okubo pour credo et leitmotiv, jeu périlleux, léger, futile de l'interprète: de très beaux échos viennent renforcer un univers sonore riche et spatial très réussi.
Giacinto Scelsi: "Trio à cordes" (1958) pour violon, alto et violoncelle. Ils cherchent à s'accorder, en dissonances, en éraflures de sonorités dans l'inconfort d'une écoute perturbée Tâtonnements dans l'obscurité, comme des somnambules dans le noir, les musiciens avancent dans l'espace sonore très étrange, les yeux bandés.D'infimes variations dans une lenteur hypnotique se greffent sur les archets des trois cordes.
Jonathan Harvey:"Lotuses" (1992) pour flûte, violon, alto et violoncelle.Des glissandos, fluides à l'unisson pour prologue, très aériens, volages, en élévation. De beaux dialogues entre cordes et flûte donnent un ton jovial, vif argent. De surprenants pizzicati, des souffles de brise légère envahissent l'espace sonore. De belles vibrations communes, telles des promenades animées, joyeuses en découlent.Des sons égrenés, frappés se détachent, discrets pour étoffer une pièce sereine, fragile, secrète.
En seconde partie c'est l’œuvre de Terry Riley "In C" (1964) pour un dispositif original de organous et dispositif électronique, bordant violo, alto, violoncelle, flûte et percussions. Impressionnant "instrumentum" qui séduit. Tout démarre au son d'un métronome, gyrophare répétitif à souhait. De longues tenues tonales, du souffle des tuyaux d'orgues.Des lumières s'allument selon les tempi et commandes; des alertes sonores, alarmes inquiétantes placent le spectateur-auditeur dans la position de qui-vive: maintien de l'attention, de l'écoute par paliers, et couches de sons successives.Des sons émergents sur une toile de fond lancinante. Une montée en puissance magnétique, des sons de manivelles qui tournent confèrent à l'opus une régularité mécanique drastique qui ralentit peu à peu, se grippe lentement.Ça coince et crisse.Dans une ritournelle enivrante, entrainante, dansante, tel un point d'orgue, une fugue, une esquive qui vire à l'obsession.Une "routine" renouvelée à l'envi, éternel retour des phrasés, rehaussés d'intrusions des cordes.Dans des lumières stroboscopiques, comme les harmoniques apaisantes.Les leitmotiv répétitifs pour ornements, derviches tourneurs et spirales aspirant l'espace torsadé qui se rétrécit. Puis s'allongent en écho, des sons haletants, hachés. Danse aux accents de sarabande, au trot ou galop, allant bon train dans un voyage sidéral,sidérant "transe-sibérien" hypnotique.
Un concert dont les lumières de Raphael Siefert font de ses sons périphériques, des états de transe, de transport et de spiritualité fort édifiants.

Flûtes Ayako Okubo Percussions et Electronique - Organous Olivier Maurel Violon Clara Lévy Alto Laurent Camatte Violoncelle Elsa Dorbath Harmonium et Lutherie Expérimentale - Organous Léo Maurel 

"Puissance de ...NatUre" "NUe comme un vert" : performance de Geneviève Charras

photo robert becker
"Nue comme un vert"

Performance de Geneviève Charras, charivarieuse 

A l'occasion du vernissage de l'exposition: "Puissance de ...NatUre"
à la Galerie Art Course
le mercredi 1 Avril 18H


Nue et crue: qui l'eut cru ? Comme appât pour le 1 Avril, un vers nu pour la pêche au bizarre, à l'insolite de la nature du corps en mouvement, de la voix qui s'émeut. Mille et une pâte de verre en pantoufle de vair.
 Vert-tige de l'amour, vert à soi, bienve-nue, parve-nue, entrete-nue.


 
"La nature symbolise la vie par ses forces incontrôlables.Le nu est un des thèmes majeurs de l’histoire de l’art.Soit les deux motifs s’opposent et rien ne semble pouvoir les accorder soit ils se fondent l’un dans l’autre pour créer une image unique. Quels sont les rapports qu’entretiennent aujourd’hui le nu et la nature ?Qu’est ce que ces deux motifs ont en commun?"
Exposition collective Du 1er au 25 avril 
galerie Art Course 49 Bis rue de la Course Strasbourg

Accroche Note: un CD remarquable: Pascal Dusapin à l'oeuvre.


Un CD de plus dans la remarquable collection de l'Ensemble Accroche Note !

 Beckett's Bones (2016)

"Le cycle de cinq Songs des Beckett’s Bones connu d’abord un destin fort contrarié. En 2007, juste après la composition de l’opéra Passion, j’entrepris de composer un petit cycle sur cinq poèmes extraits du recueil Echo’s Bones de Samuel Beckett, écrit entre 1928 et 1935, « mon » auteur aimé entre tous.
Mais quel ne fut pas mon désappointement quand j’appris que le légataire testamentaire à Londres en charge des droits (probablement un fossoyeur…) refusa l’utilisation de ces poèmes à mon éditeur. Après des années de marchandage sans résultat, et ne pouvant me résoudre à voir disparaître une de mes propres compositions, j’entrepris en 2015 de tout réécrire avec d’autres textes anglais que Beckett aimait :
trois élisabéthains (John Donne pour la première Song, William Shakespeare pour la deuxième et Ben Johnson pour la cinquième et dernière) et deux romantiques (John Clare pour la troisième et William Blake pour la quatrième). Il existe donc aussi deux versions de cette pièce, une que l’on n’entendra pas et celle-là.
Comme un pied de nez, je décidais de nommer cette partition Beckett’s Bones, en quelque sorte l’écho, le squelette de Beckett. Comme une affaire de fantômes…" (Pascal Dusapin)


   By the way (2012-2014)

"By the way fait partie de ces partitions que je nomme mes satellites. En général, ce sont des pièces de musique de chambre qui tournent et naissent autour d’un projet de dimension plus ample. Malgré l’extrême différence des formes, bien des questions techniques qui me préoccupent dans une pièce passent dans l’autre et vice versa.
Avec Armand Angster, nous parlions depuis longtemps d’une nouvelle pièce pour clarinette et piano. Alors, elle s’est écrite comme ça, surtout en voyageant, aux côtés de la composition d’un opéra (Penthesilea). C’est ainsi que By the way a été composée de loin en loin, pas à pas, (by the way…).
Varsovie 27 avril 2012 / Paris 23 mai 2012, Munich 13 juin 2012 / Salzbourg 17 août 2012, Bruxelles 31 août 2012 / Paris 17 octobre 2012, Berlin 18 avril 2013 / Paris 20 novembre 2013, Munich 8 juin 2013 / Paris 24 janvier 2014 la nuit... " (Pascal Dusapin)


 Wolken (2014)
"Alors que j'achevais la composition de l’opéra Penthesilea, je reçu en octobre 2013, la commande d’un festival allemand qui désirait célébrer Goethe en musique. Les délais étaient trop courts pour que je puisse accepter favorablement ce travail mais à cette occasion je trouvais dans ma bibliothèque un texte de Goethe intitulé « Essai de théorie météorologique » suivi d’un grand poème célébrant le travail du grand scientifique Luke Howard (1772-1864) qui avait publié en 1803 le premier livre décrivant les morphologies et les mouvements des nuages. La classification qu’il a établie est encore la nôtre aujourd’hui : cirrus, cumulus, stratus, nimbus.
Cet hommage de Goethe à Luke Howard me donna immédiatement l’idée d’écrire quelques lieds qui apaiseraient la furie de Penthesilea, opéra où tous les protagonistes ne cessent de se massacrer comme des fauves. A cet instant, ma vie avait sans doute besoin de flotter plus doucement… Je décidai donc de prendre un peu plus de temps pour écrire ces pièces pour piano et soprano et fut heureux de les confier à Françoise Kubler. J’ai pris les quatre poèmes portant les noms de quatre nuages, auxquels j’ai adjoint un fragment de Nausikaa, tragédie inachevée de Goethe où la référence à la luminosité blanche (In weisser Glanz) me semblait opportune…" (Pascal Dusapin)


  Trio Rombach (1998)
Ce trio fut commandé par L’Académie Ravel à Saint jean de Luz pour son 30e anniversaire. Il a été créé le 10 septembre 1997 dans sa première version violon, violoncelle et piano.
Lors de vacances dans le village de Rombach dans les Vosges, Armand Angster demanda à Pascal Dusapin d’adapter ce trio pour clarinette violoncelle et piano. Pascal Dusapin accepta cette proposition amicale et décida de baptiser ce trio, Trio Rombach pour piano, violon ou clarinette, et violoncelle. Cette pièce est dédiée au compositeur bulgare André Boucourechliev. Pour cette raison, vous pourrez deviner dans cette musique comme un petit parfum d’Est…


 le compositeur
C’est à l’âge de dix huit ans que Pascal Dusapin, né le 29 mai 1955 à Nancy, écoute Arcana d’Edgar Varèse, à l’Université de Vincennes. Sa vie bascule, il sait désormais qu’elle se confondra avec la composition musicale.
Il suivra plus tard les cours de Iannis Xenakis de 1974 à 1978, qu’il perçoit comme le dépositaire contemporain de Varèse. Xenakis est pour lui un maître à penser autrement qui élargit son horizon aux mathématiques et à l’architecture. Il trouve également le soutien des compositeurs Franco Donatoni et Hughes Dufourt. André Boucourechliev lui lègue de précieux conseils.
Son style souvent sensuel et lyrique est caractérisé par une polyphonie intense et l’emploi de la microtonalité. Son sens de la mélodie l’amène à calquer l’écriture instrumentale sur l’intonation de la voix, prépondérante dans son oeuvre. Auteur de huit opéras et d’un « opératorio », Pascal Dusapin compose également de nombreuses pièces solistes et d’ensemble ainsi que de grandes œuvres orchestrales aux masses sonores complexes. Pétri de littérature, de philosophie et de poésie, Pascal Dusapin nourrit sa création de l’observation des autres arts (notamment la photographie et l’architecture) ou de théories mathématiques et du dessin industriel.