mercredi 3 février 2021

"AMOUR-S Lorsque l'amour vous fait signe, suivez-le... ": Radhouane El Meddeb (La compagnie de Soi) et le "ravissement".

 


COPRODUCTION POLE-SUD

FRANCE / 3 DANSEURS + 1 MUSICIEN / 60’

"L’hommage est l’un des motifs récurrents des créations de Radhouane El Meddeb. Après celui rendu au ballet classique dans sa version du Lac des cygnes, c’est à la poésie de Khalil Gibran que le chorégraphe se réfère, le temps d’un délicat trio aux gestes ciselés par un sentiment, l’amour. 
«  Alors Almitra dit, Parle-nous de l’Amour. Et il leva la tête et regarda le peuple assemblé, et le calme s’étendit sur eux. Et d’une voix forte il dit : Quand l’amour vous fait signe, suivez-le. » C’est ainsi que débute l’un des célèbres poèmes de Khalil Gibran. En écho à l’écriture mystique de cet artiste libanais des débuts du 20è siècle, ayant passé la majeure partie de sa vie aux Etats-Unis, Radhouane El Meddeb a créé AMOUR-S lorsque l’amour vous fait signe, suivez-le… Une pièce qui ouvre l’espace à la présence et à l’écoute. Sur scène, une femme et deux hommes. Tour à tour, les trois interprètes entrent en dialogue avec les compositions pour piano de Nicolas Worms que le musicien interprète lui-même au plateau. L’écriture du chorégraphe semble s’adapter à chacun d’entre eux. Parfois toute en lenteur, elle fait s’incliner le corps vers l’avant, ou le courbe en arc, visage levé vers le ciel. Parfois vive, elle se heurte au cycle du temps avec des gestes jaillissants ou encore happe un autre corps dans la spirale infinie des tours. Ménageant des vides et des silences, elle semble osciller en fonction du souffle ou des présences, tissant peu à peu le sens d’une démarche aussi fine que profonde de ce que peut représenter pour l’être, la dimension de l’interprétation."
 
Suivez....le guide,sur la carte du tendre.....

C'est sur fond noir, sol blanc que résonnent les premières notes du piano: sur touches noires, sur touches blanches, la mélodie prend forme sous les doigts du pianiste, seul sur le plateau: premier duo d'amour entre l'interprète et l'instrument pour faire résonner une musique originale, taillée sur mesure, haute couture entre espace et temps. On s'y laisse bercer jusqu'à l'apparition d'un jeune homme, de plissé gris anthracite vêtu. Seul et avec l'espace: celui de son propre corps qu'il ausculte savamment de petits précipités vifs, interrompus, comme "empêchés" d'aller plus loin, moins vite..Implorations, de profil, tantôt ciselées, hachées, tantôt langoureuses. Savoureuse lenteur comme en lutte contre des souffles inconnus. Tendus, invisibles mais prégnants, solides.Le danseur égraine le temps, se fait sablier et tourne autour du piano, sculpture en ronde bosse qu'il magnifie.Les gestes comme des ondoiements de cous de cygnes, en offrande, levés à l'offertoire de cette petite et curieuse cérémonie de l'Amour...Recueilli,en posture de révérence puis ouvert au monde pour mieux le prendre, le saisir, l'envelopper..S'en emparer. L'étreindre, s'éteindre, seul, jusqu'à la terre, jusqu'au sol. En autant de légers soubresauts tétaniques, il sculpte l'espace, le rend visible, charnel, les yeux clos, désaxé, déhanché. La spirale volubile s'empare de son corps, se propage dans chaque geste, en une jouissance, une sensualité: celle de celui qui se frôle, se touche, s'étire, aspiré par des énergies venues de toutes parts, lui donner vie et amour.Murmures indicibles du bouts des doigts, des lèvres, labiles.Un légato musical au plus proche de celui du piano, partenaire, écho et résonances des gestes qui s'enchainent ou se déchainent. Du "coupé, du staccato fébrile et inspiré, pizzicati altiers dans une aptitude au relâché, au laisser prise, rembobinant les gestes. La danse de William Delahaye coule de source, en torsions, en en-dehors et en-dedans à l'envi.La musique, mélancolique, profonde, incessante, berce comme dans un rêve, sur une île utopique. Il disparait laissant derrière lui des sensations de forte présence dissolue dans un long mystère.
 
Amour, je trace ton nom
 .
Une femme se glisse sur le plateau, chemisier transparent, longue jupe seyante.La tête affolée sur des épaules chavirantes, la voici parcourue de mouvements vifs, rapides, comme prise d'assaut par un esprit malin.Possédée, ravie par des forces extérieures , chercheuse, désirante, haletante, essoufflée...Les sons sourdent de son corps animé, mouvant, perturbé par des courants étranges...Elle résiste ou se déploie, parfois aspirée, aimantée, le tout en de longs déploiements lascifs, attirants.Des sensations se transmettent: l'attente ou le désir, la tentation tourmentée ou assumée...Déraison et folie de ses gestes tracés sur un petit espace, sur place.Une pause vers le pianiste complice, relation de fusion futile et éphémère entre les deux êtres de chair, de danse et de rythme.Très charnelle, l'interprétation de Chloé Zamboni s'inscrit dans une démarche poétique, vivante, proche du "cantique des cantiques".Le corps ému par de petits phrasés courts, en interjections, en syntaxe silencieuse, magnétique.Dans le silence retrouvé, elle s'incline au sol, offre son dos et s'évapore....
 
L'ivresse ou la part des anges.
 
Laissant place à un autre et troisième "personnage", torse nu qui se love dans des tourbillons circulaires, virtuose de l'équilibre et de l'axe mouvant! Emotion de l'ivresse, du vertige, du déplacement hypnotique d'un astre dans le cosmos.
Exalté, ravi, ivre de bonheur, de joie ce "derviche" des passions amoureuses qui transportent, se fait pivot, balise des affolements des sensations amoureuses. En émoi tournoyant incessant, le voilà affichant perte et errance dans le monde de la possession : un peu "pasolinien", charmeur, diabolique, séducteur... Dans un manège permanent, le corps jeté dans le rythme, vers l'épuisement, dans la dépense, l'extase, au zénith d'un nirvana fertile en émotions et flux sensuel.Philippe Lebhar envoutant ! Comme un élixir d'amour qui se distille, tel une clepsydre , goutte à goutte  .
La chorégraphie de Radhouane El Meddeb, tracée comme une calligraphie du désir, épousant les compositions subtiles de Nicolas Worms, au plus près des corps des interprètes, soulignant grâce, félicité et dévotion avec panache. Un "ravissement" à la Marguerite Duras, elle aussi possédée par l'Amant, l'Amour....

A Pole Sud le mercredi 3 Février 2021
Dans un contexte où se retrouver, danseurs et public restreint, fut un bonheur, remue-ménage de sensations retrouvées, transformées: le partage de l'instant fébrile du temps de la danse incarnée.
Merci à tous d'avoir oser la scène, tant désirée, celle qui fait vibrer et entrer dans des états de corps ravivés, quelque peu endormis depuis des mois de "frustration" humaine et artistique non consenties...

vendredi 22 janvier 2021

Peintures et auréoles : y a pas photo: ce sont des aurores boréales !!!! Pince moi, je rêve !

 Aurores au crépuscule pictural

Tableaux sonores, résonnants des timbres de couleurs résonnantes notes et touches de folie


Songe d'une nuit où plane le doute comme chez "Redon" et son "soleil noir",


 Apparition fébrile et vacillante d'une Loie Fuller, ivre d'évanescence vibratile , éphémère comme un phénomène lumineux stellaire dans ses voiles de feu follet , ses arabesques limpides.


Fantasmes et formes hallucinés de la tentation de Saint Antoine de Grunewald 


Paysage rêvé de Gustave Moreau à l'aube indicible d'une scène mythique , culte de la transparence...

Et si les "aurores boréales"n'étaient qu'un vaste leurre de rémanence optique sous l'effet hypnotique d'un ergot de seigle  hallucinogène ?

Photo-graphies de traces et signes cabalistiques, offrandes païennes aux dieux  des limbes

Spectres et ectoplasmes divagants, oscillants sous la pression des ondes furieuses d'un Zeus en combat avec Eole du haut des cieux 

Grains de beauté sur papier imbibé de pastels chimiques....

Sont-ce les "aurores boréales" issues de textes savants fomentés par les hémisphères divagants dans le vert de gris de l'ivresse de la science infusée de nos  ingénieux ingénieurs cosmogoniques...?

Ces photographies-images à l'aube de la Création du monde sont des éruptions de déclencheur dans la nuit glaciale qui se fige , mais qui cependant continuent à irradier et révéler des ondes et du vent magnétique solaire.Être immortalisées dans le jour sans fin par un œil sans paupière, par un diaphragme déployé pour mieux piéger les mouvances  de lumière des aurores, reines du cosmos.
Fixation du mouvement diffus et impalpable.
Qui échappe à tout, excepté à l'attention extrême de l'artisan de l’icône, le photo-graphe....Scribe, écrivain public des phénomènes extravagants.
Les images réelles de paysages nocturnes surnaturels jaillissent de la lumière qui palpite.
Mutantes créatures issues de nos hallucinations les plus folles...

"Provoquées par l'interaction entre les particules chargées du vent solaire et la haute atmosphère, les aurores se produisent principalement dans les régions proches des pôles magnétiques, dans une zone annulaire justement appelée « zone aurorale » (entre 65 et 75° de latitude)2. En cas d'activité magnétique solaire intense, l'arc auroral s'étend et commence à envahir des zones beaucoup plus proches de l'équateur."

mercredi 20 janvier 2021

Les inouies impatientes, auréoles boréales filles de feu: Zvardon s'enflamme !


 Les inouïes impatientes, auréoles boréales, filles de feu.

Silence spectral, harmonie des timbres allumés des aurores qui bruissent, percutent, résonnent dans l'espace cosmique d'une nuit sans fin.

Le jour ne se lève toujours pas, l'aurore dure, s'étire, s'éternise, lumineuse, bigarrée, enflammée de soubresauts magnétiques, hypnotiques.

Dans des turbulences opaques et denses s'élève un chant étrange: les couleurs fluorescentes s'entrechoquent , se lovent et éclaboussent le ciel pastelisé.

 


 

Flux et reflux ondulent, langoureux vertiges, valses mélancoliques au diapason, à l'unisson.

Le ciel est vaste et beau comme un grand reposoir, un encensoir de lumières irradiantes, un ostensoir résonne, élevé dans les cieux miroitants.... Comme un murmure....

 Que ces aurores "entendues", vestiges sonores qui sommeillent dans les mémoires des Samis, racontent, effrayent et résonnent à leurs esprits encore comme des légendes: entendre la lumière qui bruisse, craque, avance n'est pas si commun! Lumières inouïes comme des orgues imaginées. 


GENEVIèVE CHARRAS  le 20 JANVIER 2021