mercredi 29 septembre 2021

"Célébration" de l'usure ! Ne s'use que s'y l'on s'en sert ! On se tate ..... et l'on constate!

 


Mark Tompkins
Cie I.D.A. France 1 danseur + 2 musiciens création 2021

Celebration

Bienvenue dans Celebration, une invitation au spectacle tendre et crue imaginée par un artiste aux multiples facettes, Mark Tompkins. Ici, jeunes et vieux, musiciens et performer dansent avec les ombres entre gestes et chansons.

Autour d’une simple question : que signifie vieillir ?  Mark Tompkins a imaginé une tragi-comédie au propos singulièrement décalé. Entrelaçant mémoire et vulnérabilité, il nous parle aussi d’oubli et d’abandon. Immense silhouette comme lovée dans un bac à sable, un « jeune vieux » ou plutôt un « vieux jeune », joue et chante, créant de mini-mondes à notre image en manipulant de petits jouets. A ses côtés, le violoncelliste Maxime Dupuis et le vibraphoniste Tom Gareil. Ils orchestrent le trouble, dévoilant sa magie nocturne et musicale.


 La vie dans les plis!
Il nous attend sur le plateau du studio de Pôle Sud, intimement entouré de ses jouets favoris, usés par le temps, joliment éparpillés au bord d'un cercle de sable blanc et doux..Mark Tompkins, quasi nu , en petit slip discute avec ses objets de désirs lointains: "raconte moi une histoire" semble lui murmurer à l'oreille un vieil ours couché sur les ruines d'un château de sable miniature:et c'est chose faite avec l'histoire des trois petits cochons non expurgée.Percussion et violoncelle vont se mettre de la partie, encerclant de sons et de capharnaüm ce petit monde modeste et délicieux de tendresse.Couché, il songe, rêve, lové en fœtus puis se redresse aux sons des réverbérations du vibraphone et du violoncelle. déstructuré.Quelques traces laissées par ses doigts dessinant dans le sable. Gamin, enfance retrouvée et chérie par le biais de tous ces petits habitants, fétiches et marottes comme ce robot dansant clignotant, ourson comique et désopilant!Retour aux sources de ses amours: le chant, la voix rauque ou sensuelle pour ce "show must go on" éternelle envie et besoin de se produire face à nous, pour nous...Il se tâte, s'ausculte et constate que sa peau du ventre plissée dessine de jolies bouches souriantes.Distanciation et auto-dérision, "ridicule" et "grotesque" parodie des années passées à parader glorieusement!L'envergure des bras, immense Christ déployé à l'envi.Les deux musiciens au sol s'adonnent à, des fantaisies sonores tonitruantes, rageuses.Boxeur, sportif, Mark songe au temps passé, aux "performances" désormais terminées.Monsieur Loyal un peu usé et perdu dans le souvenir d'un corps inépuisable.Se faire "enguirlander" dans le cercle, couché au sol comme un Michel Ange, bordé de petits soins électriques par ses deux compères bienveillants.  Joli tableau à la Martin Parr que ces jouets manipulés, disséminés sur la plage désuète.Un bon duo de slam des musiciens gantés de couleurs arc en ciel encagoulé pour raconter en bref qu'il fait bon ou pas bon vieillir! Corps pantin en liesse ou au repos, la "retraite" n'est pas aux flambeaux et les sautillés  enfantins et rebonds attestent d'une autre "forme"passée qui laisse sa place à des états de corps nouveaux.Tompkins, modeste passeur de ce sentiment et sensation d'usure irréversible mais pas irrévocable.Des retrouvailles touchantes et émouvantes avec celui qui fut et est toujours trublion et féroce passeur de vérité et d'évidences incontournables: le corps ne ment pas !Et son image de Mark perdure avec cette "griffe", signature chorégraphique inédite qu'on lui connait!

A Pole Sud jusqu'au 30 Septembre !

Chorégraphe, danseur, comédien ou chanteur, Mark Tompkins a développé un étonnant parcours jalonné de projets ouverts qui vont des chantiers d’improvisation aux spectacles et traversent les genres. Parfois, l’artiste revient au solo comme dans ses Hommages consacrés aux grandes figures de la danse (Vaslav Nijinski, Joséphine Baker). Montages musicaux, théâtre et chansons, ses pièces marient la nostalgie et l’extravagance à l’autodérision. Le performer aime pousser jusqu’au bout ses personnages, et faire de ce travail intérieur, imaginaire, le lieu magique d’une révélation de soi. Ce que l’on retrouve dans Celebration, une pièce aiguisée sur le fil d’un tabou majeur de nos sociétés, le vieillissement.

"Black Village"....Motel ! Un polar à suivre, musique au poing!

 


Black Village (2019) 
un projet proposé par L’Instant Donné

C’était le temps des extinctions, le temps des rebellions. Un monde sans lumière, un dédale illusoire, hermétique et limpide à la fois. « C’était une construction, nous dit Antoine Volodine, qui avait rapport avec du chamanisme révolutionnaire et avec de la littérature […], une base de repli, une secrète terre d’accueil, mais aussi quelque chose d’offensif, qui participait au complot à mains nues de quelques individus contre l’univers capitaliste et ses ignominies sans nombre. » Sous la forme d’un concert clandestin, Black Village nous plonge dans une féérie noire, post-exotique, là où toute utopie est mise en échec, où seul le récit peut encore tracer la carte du territoire.

La petite salle des Halles Citadelle va devenir le théâtre d'une histoire passionnante, vécue, récitée, contée par une comédienne récitante fort douée, Hélène Alexandridis. Simple et sobre, elle devient le pilier, fondement du récit de conte loufoque et incongru, d'histoires à rebondissement. C'est la musique qui ponctue ce voyage qui renforce suspens et humour. Les instrumentistes s'en donnent à coeur joie,pour épauler le texte, jamais ne l'illustrant en redondances sémantiques sonores. Chacun y met du sien: cordes, vent, percussions aléatoires sur l'établi d'un boucher aiguisant ses couteaux pour mieux fendre le son!Plein de trouvailles sonores, une belle complicité entre les interprètes endossant chacun la responsabilité d'une intervention, commentaire sonore décalé des propos de l'actrice. L'ambiance de cette soirée d'automne ne gâchant rien à la confidentialité de l'oeuvre nocturne pour noctambules friands de ce "black village" et de son "motel" digne d'un Hitchcock!

texte Lutz Bassmann (alias Antoine Volodine)
mise en scène Frédéric Sonntag
composition Aurélien Dumont
comédienne Hélène Alexandridis

L’Instant Donné
Elsa Balas, Nicolas Carpentier, Caroline Cren, Maxime Echardour, Saori Furukawa, Mayu Sato-Brémaud

création lumière | Manuel Desfeux
scénographie, costumes, accessoires |
Juliette Seigneur
régie générale | Sylvaine Nicolas

"Syncretismus hypothesi": où va la science-friction?

 



La compositrice Jennifer Walshe, l’artiste sonore Mario de Vega et l’ensemble hiatus partagent une même vision de l’écriture musicale : le monde lui-même est le solfège, avec son chaos et ses harmonies, ses vivants, ses végétaux et microbiotes. Fruit d’une écriture collective, ce concert mis en scène libère les voix, les croyances et les énergies que recèlent notre environnement et nos technologies. Le syncrétisme qui en découle – nourri par les cultures irlandaise, mexicaine et rurale qui réunissent les artistes – demeure une hypothèse, celle d’un monde et d’un champ de l’art en devenir. Une expérience musicale où l’occulte et le paranormal n’apparaissent plus comme des ennemis du sens.

Cris d'oiseaux lointains, bol tibétain, sac de survie qui palpite: les regards des musiciens se figent vers le haut pour trouver la bonne étoile.Les corps tombent et chutent, des confettis s'éparpillent, des fleurs massacrées sur l'autel d'un buffet de curiosités hétéroclites. Le tout dans une cacophonie déstructurée comme cette petite cuisine magique à la Hervé Thiès dont les nuées et vapeurs sentent le leurre. Émincé de musique d'objets plastiques en poupe pour ce chef "au piano" des mets moléculaires!Émulsions de recettes chimiques de sorcier au poing.Les interprètes nous ignorent ou se tournent le dos dans des posture ou attitudes burlesques: la voix d'une narratrice surgit sous la couche des vents et cordes et devient chant triste et nostalgique.En spasmes fébriles, en transe, tambour battant. Possédée assurément!On désigne le ciel du doigt dans le silence, la musique se regarde et s'observe.Des respirations communes entre les cordes et les vents pour un choeur de voyelles scandées alors que s'agite des branches de saules comme des brins d'asperges géantes, montés en graine dans le souffle et la lumière.Curieux paysage inventé!De balai végétal ondoyant dans l'urgence fébrile des sons musicaux. Au final, une image arrêtée, figée transporte dans le calme: un air latino américain en boutade finale!

Jennifer Walshe
Mario de Vega
Syncretismus hypothesi (2021) création mondiale 

voix | Jennifer Walshe
électronique | Mario de Vega

Ensemble hiatus
violon | Tiziana Bertoncini
flûte | Angelika Sheridan
tuba | Carl Ludwig Hübsch
violoncelle | Martine Altenburger
synthétiseur, piano | Thomas Lehn
percussions | Lê Quan Ninh