samedi 20 novembre 2021

Biréli Lagrène, Lionel Loueke" création": jazzdor au zénith ! Croiser les cordes pas les pouces!

 


Considéré depuis sa prime jeunesse comme le guitariste le plus doué de sa génération à perpétuer l’héritage de Django, Biréli Lagrène n’aura cessé d’ouvrir grand les portes de sa tradition aux musiques 
du monde entier. Revisitant la guitare jazz au prisme des musiques africaines, le Béninois Lionel Loueke s’affirme de son côté comme 
l’un des plus grands réformateurs de l’instrument apparu ces dernières années. Leur dialogue inespéré s’annonce comme la matrice de beautés hybrides inédites.

Quand deux géants se rencontrent grâce à l'initiative osée de Philippe Ochem, directeur du festival JAZZDOR, c'est à un petit miracle rarissime que l'on assiste: solos, duos rien que pour nous, pour eux, complices de ces instants magiques devant une salle comble à Schiltigheim, la Briqueterie!

Un concert de clôture de toute beauté artistique, mêlant inventivité, audace, résonances inédites sous les doigts agiles et véloces de chacun des protagonistes de cette soirée unique.Les harmonies se fondent, les timbres s’emmêlent joyeusement, se répondent, les guitares à l'affût d'un effet discordant, ou au contraire en réponse, symbiose Chasseurs de sons, aventuriers de la cadence, des hauteurs qui s'entrechoquent et puisent dans des métissages sonores incongrus, surprenants, désaxant notre écoute ou nous berçant dans des rythmes accomplis de grande maitrise tonique, dynamique. On se plait à songer à la chance qu'on a d'écouter deux "stars" du jazz, pas vraiment modestes mais pleines de générosité et pétries d'un talent sans jamais "croiser les pouces" mais "les cordes" pour s'accorder, corps à corps, corps raccords puissants de musique: pour le meilleur d'une soirée partagée, concluant la programmation de la 36 ème édition de Jazzdor! Une belle équipe soudée autour d'un projet musical audacieux, une ligne éditoriale faite pour éclairer notre perception du jazz d'aujourd'hui! 

Croisons les doigts pour de futures et prolixes éditions!

 ven. 19 nov. 2021 20H30 à la Briqueterie à Schiltigheim

vendredi 19 novembre 2021

"With a smile" ....is beautyful ! par l'OPS. Chaplin, homme orchestre kinéma-tographique en diable....Filmphilarmonie oblige!


 Indissociable de ses films, la musique a toujours fait partie de la vie de Chaplin : dès son plus jeune âge depuis les coulisses en observant ses parents sur scène, puis en travaillant dans les théâtres tout en apprenant le violon et le violoncelle. Autodidacte, il composera des partitions symphoniques (notamment pour Les Lumières de la ville et Les Temps modernes qui seront jouées lors du concert). C’est d’ailleurs pour sa musique dans Les Feux de la rampe qu’il recevra son premier Oscar en 1973. Ce ciné-concert pose un autre regard sur l’un des plus grands artistes du XXe siècle, sur scène et sur grand écran, à travers des arrangements inédits, des interprétations de ses plus grands chefs d’oeuvres (Le Dictateur, La Ruée vers l'or, Le Kid...) et des séquences iconiques et exclusives, issues notamment d’archives privées.

Jamais l’appellation "ciné-concert" n'aura pris autant de sens que lors de ce concert exceptionnel devant un public enthousiaste et réceptif, de tout age, de tout bord! Chaplin musicien, compositeur, acteur-danseur, clown et pantin de nos cœurs: un génie, démiurge de la mise en scène, méticuleux fabricant de gestes, de rythmes, de musique et de danse: le spectacle "total" ce soir là dans la grande salle du PMC crève l'écran. Chaplin en noir et blanc tout d'abord pour ses débutes en première partie d'un programme soigné, riche en documentation et références rares et délicieuses évocation d'une carrière entièrement vouée au spectacle, au divertissement cinématographique de haute voltige.Vagabond affamé, plein de malices et d'agilité, de ruse et de manigancerie, doublé par une musique pleine de suspens et de rebondissement, bâtisseur habile plein de dextérité, d'habileté, rapide comme l'éclair...Autant de scènes cultes ou inédites où Chaplin construit son personnage légendaire; pas encore de haut de forme, de canne ou de démarche, les pieds en ouverture, mais un corps musicien trempé de rythme, de saccades, de cadences folles à vous couper le souffle! La musique épouse, borde les péripéties, rehausse l'anecdote ou le gag, la narration, l'histoire de ce personnage unique et multiforme, si charmant, attachant, désopilant. La grâce l'habite, le hante,la rigueur l'obsède, maniaque exécutant de ses fantasmes, de sa fantaisie, de son côté androgyne, grimé par la délicatesse d'un maquillage cerné, appuyé, expressionniste , surligné, opérant pour exprimer toutes les facettes des sentiments et des sensations. Kinéma-tographique à l'envie, ce corps se démène, explorez l'espace du cadre, repousse les limites de la virtuosité; clown, équilibriste, circassien, grimpeur de corde ou de rideau...Un artiste rarement aussi complet, auteur de ses films, de la chorégraphie et bien sur de nombreuses musiques."Les temps modernes" comme film phare, emblématique de son génie du rythme, du mouvement, de la glissade autant que de la science fiction anticipant sur le modernisme, la machinerie, les engrenages.."Le Kid" pour nous rappeler la détresse de la vie, l'amour paternel et surtout la dramaturgie omniprésente du contexte. La musique arrive à bon point et ne cesse d'accompagner la partition visuelle pour ne faire q'une avec danse et expression du corps animé.Il faudrait tout citer tant la ligne éditoriale de ce concert est intelligente, construite et rebondissante dans les choix: Charlot barbier sur la musique des danses hongroises de Brahms est un morceau de choix, tant sons, rythme et sens sont voisins, complice en osmose totale sans fausse note de ton, de cadence, de  virtuosité visuelle. Après un entracte, suit une partie plus consacrée au personnage, musicien, acteur, conteur, acrobate. Une facette moins connue et d'autant plus pertinente qu'on n'en saura jamais assez sur ce démiurge des temps modernes.Les lumières de la ville, la danse des petits pains, le cabaret dansé de "Titine ho ma titine" galvanise l'acteur et le public rendu complice des actes farfelus, dangereux, tendres de cet aventurier en diable. Du coin de l’œil -caméra- ,près des bons et levées corporelles musicales, des silences qui parlent, des retenues ou des emballements frénétiques des gestes, postures et attitudes, on se réjouit, on se surprend à le découvrir dans cet inventaire-compilation savante et recherchée de livre d'image, de flip book, pop-up,pêle-mêle ou léporello cinématographique et musical!La danse libre d'Isadora Duncan pour "une idylle aux champs"ou Nijinsky comme source d'inspiration, la danse classique pour mieux faire corps et sens avec la mise en scène, les sentiments, les hésitations de tous ces personnages qui peuplent l'écran et l'orchestre. 


Et le "moon walk" en sus !


Un régal qui n'en finit pas d'enchanter, d'émouvoir, de déplacer notre perception sensorielle pour animer nos âmes d'enfant, notre maturité d'adultes capables de se glisser dans ces univers multiples, autant poétiques que politiques, malins ou dérisoires, désenchantés autant que porteur d'espoir "smile is beautyful" et les rêves dansant de nous habiter encore longtemps en ce début de soirée de pleine lune...de miel: l'image finale de ce couple amoureux allant de l'avant sans jamais se retourner!

Fernando Carmena est l'instigateur, bâtisseur de ce programme gigantesque et dantesque: "Charlot et le chronomètre" comme lien subtil entre cinéma, danse et musique, lumières et rythme, les fondamentaux du cinématographe: l'écriture et la partition-composition de toute bonne compagnie tout au long de sa carrière. Et l'Orchestre Philharmonique de "jubiler" et se s'enthousiasmer pour cette musique, glamour, divertissante, haute couture entre image et sons, "sur mesure" d'un art pluridisciplinaire très inspiré par l’inouï et le jamais vu!

Frank STROBEL direction  Fernando Carmena, directeur de création au Europaische Filmphilarmonie

Palais de la Musique et des Congrès LE 18 Novembre

mercredi 17 novembre 2021

"L"avenir" de Magrit Coulon, c'le chantier ! Au 104 une mise à nu du processus de création!

 


Comment les histoires et les rituels nous aident-ils à survivre et à trouver l’apaisement dans l’incertitude ? Telle est la question à laquelle Magrit Coulon se confronte avec L’Avenir en convoquant la malice des Congrès de Banalyse, rendez-vous expérimentaux au cours desquels les participant·e·s se retrouvaient pour faire récit de l’insignifiant et mettre en scène le vide. Rendez-vous est pris dans une gare au milieu des montagnes, où l’on rencontre aussi des artistes solitaires et d’étranges figures costumées, à la recherche de cet endroit de possible, sur la crête entre fiction et réalité. 

Un bon moment de partage entre les protagonistes d'un spectacle à venir, un chantier léger et très bien articulé en mots et paroles pour éclaircir les intentions des créateurs, prolixes en verbe et en rêves de création.

Un temps d'échanges, d'expérimentation sur l'espace à vivre en live pour un public curieux et désireux d'aborder une œuvre en amont. Que deviendront ces projections, ces envies, ces positionnements sur la mise en scène d'une pièce encore incertaine....On mise sur un bel avenir de production, de réflexions pour un "produit" à découvrier avec quelques clefs de lecture suplémentaires...

Au 104 le 10 NOVEMBRE 19H....