jeudi 10 février 2022

"Des choses qui se dansent" de Germain Louvet

 


Germain Louvet, danseur étoile de l'Opéra de Paris, raconte sa passion et convoque les œuvres qui le portent, celles qui lui résistent. Mais sur scène comme en coulisses, le danseur étoile essaie de bousculer l’ordre établi du milieu de la danse. Germain Louvet fait porter sa voix en faveur de davantage de diversité, remet en cause les codes inculqués, questionne les stéréotypes des corps, et interroge sa pratique jusqu’à renverser l’idée de vocation. Ce récit est celui d’un artiste engagé, pour qui toutes les choses qui se dansent sont un cri.
« Être danseur, c’est passer beaucoup de temps devant le miroir. Comment ne pas m’interroger à chaque spectacle sur mon rôle ? Comment dois-je l’habiter, l’interpréter et le danser devant un public d’aujourd’hui ? J’ai décidé de me raconter tel que je suis, pour être capable ensuite de m’adresser à ceux qu’on ne représente hélas jamais. Le chemin va être long, mais je ne me retournerai pas. Je dois accepter celui que j’étais hier et que je suis toujours, étoile ou pas. Le titre n’y change rien. »

Le 28 décembre 2016, Germain Louvet est consacré danseur étoile à l’issue d’une représentation du Lac des cygnes. Investi d’une exigence d’excellence depuis son admission à l’école de danse de l’Opéra de Paris à l’âge de douze ans, il raconte sa passion, convoque les œuvres qui le portent, celles qui lui résistent. Mais sur scène comme en coulisses, le danseur étoile essaie de bousculer l’ordre établi du milieu de la danse.

Germain Louvet fait porter sa voix en faveur de davantage de diversité, remet en cause les codes inculqués, questionne les stéréotypes des corps, et interroge sa pratique jusqu’à renverser l’idée de vocation. Ce récit est celui d’un artiste engagé, pour qui toutes les choses qui se dansent sont un cri.
 

mercredi 9 février 2022

"Le dragon" : terrassé .....par un cocktail "dragonade" tonique en période de "Dragonnades" insolites...

 


Lancelot arrive dans une bourgade où l’humanité semble s’être résolue à la fatalité. Le lendemain, la jeune Elsa sera emmenée par le Dragon, comme tant d’autres avant elle. D’où vient que les habitant·e·s puissent ainsi se soumettre à l’horreur sans même combattre ? L’auteur russe Evgueni Schwartz écrit cette pièce en 1944, se servant d’éléments du conte et du fantastique pour interroger les forces de résistance face à un pouvoir totalitaire. On retrouve ici l’univers du metteur en scène Thomas Jolly, sa revendication d’un théâtre à la fois populaire et spectaculaire au service de la pensée. Quelles injustices terribles sommes-nous prêt·e·s à accepter tant que nous n’en sommes pas victimes ? Quel dragon faut-il chasser en nous ?

Grandes orgues en préambule, prologue à une odyssée fantastique et onirique, "dragonade", cocktail pétillant en majesté pour une ère secondaire, aire de jeu tempétueuse....C'est un chat qui se tapit, un étranger qui débarque dans un charmant lieu ouvert, demeure bourgeoise calfeutrée ...Qui est ce personnage en lambeaux faisant irruption dans un monde en apparence calme...Mais le chat avoue le secret dissimulé de la contrée: un dragon s'y cache réclamant chaque année sa victime: ce sera ce moment ci , la fille du propriétaire qui est menacée...Conte de fée ou manifeste anti totalitaire, à vous de choisir un angle d'attaque pour ce combat contre les violences et colères qui nous animent et une réalité qui met en jeu l'histoire et l'inconscient collectif. Notons le jeu des acteurs-en particulier la gestuelle du chat -Bruno Delmotte et celle du bourgmestre Bruno Bayeux-, interprétés par des comédiens hors pair aux mouvements savamment désarticulés ou savoureux.Cataleptique bourgmestre, tétanique figure domestique qui hante la pièce et lui confère un caractère énigmatique et prémonitoire.Chaplin en diable et Marx Brothers au menu gestuel!Animé de "perturbations psychomotrices" singulières et digne d'un film muet....

Dragonnades singulières que l'on pourrait ici évoquer -Les dragonnades sont les persécutions dirigées sous le règne de Louis XIV contre les communautés protestantes du royaume de France durant les années 1680, avant et après la révocation en 1685 de l'édit de Nantes, qui avait autorisé le protestantisme et le culte protestant.La mise en scène de cette tonique fresque narrative, est dynamique, et fertile en surprise, mélange et succession de rôles à l'envi que se partagent des comédiens rebondissants d'un personnages à l'autre, endossant de multiples facettes de caractères à la Molière Choeur et chorale désopilante, burlesque ou grotesque pour hurler ou mieux gesticuler la révolte ou l'impuissance du destin. Dans un décor sophistiqué, auréolé de néons dessinant la tête d'un dragon ou l'espace d'une tornade, paysages flamands, feu au loin, tour prend garde: l'univers, le climat et l'ambiance, l'atmosphère est forte et prend le pouvoir dans ce film en "noir et blanc" où les costumes quasi expressionnistes créent un topic saisissant. La ville y figure aussi, vaste façade inclinée, qui défaille en une architectonique à la Frank O Gehry, défaillante aire de jeu en déséquilibre..Un président y fait irruption nous rappelant que le politique veille et sévit au détriment des initiatives et autogestions de tout poils...Théâtre populaire de l'émerveillement et du divertissement intelligent!

A u TNS jusqu'au 8 Février 

vendredi 4 février 2022

"Dialogues" par l'OPS : la clarinette en majesté ! Dialogues, ça va de source...

 


Dans ce concert construit sur mesure pour Jérôme Comte, il peut déployer tout son talent et mettre en évidence la virtuosité de sa clarinette. Elle se teinte de sonorités inventives, d’ambiances contemporaines, non exemptes de références au passé. Dédicataire de l’œuvre de Philippe Hurel, il trouve dans la pièce de Jörg Widmann, compositeur également clarinettiste, un langage ardu dont il se joue avec bonheur. La Symphonie n°7 de Ludwig van Beethoven et son incroyable Allegretto concluent… avec brio. PHILIPPE HUREL

JÖRG WIDMANN Con brio, ouverture de concert d’après Beethoven

Une attaque en règle pour amorcer un aspect quasi symphonique à l'ensemble de l'orchestre, timbales et baguettes judicieusement amorçant des sons et un bruitage percussif original.Souffles ténus des vents puis fulgurances fugaces des sons:tout concourt au contraste d'ambiances qui basculent et forme une sorte de canopée sonore enveloppante, protectrice, architecture d'urgence pour pièce pressée.Vive, enjouée, relevée d'aigus stridents qui tendent vers un crescendo de l'ensemble orchestral.Le rythme endiablé, déferlantes vibrations des cordes pour cerner une atmosphère magistrale, triomphante et tempétueuse.Le légato, large climax reposant pour une accalmie soudaine qui vient rompre le zénith et l'apogée musicale de la pièce!

 

PHILIPPE HUREL Quelques traces dans l’air

La clarinette s'impose soutenue par les cordes et "le vent c'est bien dans ses cordes" pourrait-on dire en observant le jeu de Jérôme Comte, soliste largement porté par l'orchestre.Une atmosphère étrange, suspendue à la tenue des notes et durées s'installe, périlleuse ambiance, fragile: la clarinette émerge sans cesse comme sortant d'une plongée en apnée, elle s'infiltre dans la masse sonore, dans ses failles, jaillit dans la fluidité des sons, des vagues, flux et reflux discontinus.Des coups de becs secs des clapets, des sursauts en élévation dans une distinction précise, ciselée, élégante comme "ornement" très efficace.Une becquée sonore bordée de fréquences et vibrations aiguës pour créer un paysage large, flottant, aérien, planant dans l'éther en suspension...Dans un solo virtuose, le clarinettiste délivre silences et rebondissements, calme et sérénité qui insuffle à l'oeuvre un aspect d'apesanteur, de légèreté faite de dissonances, pour un chatoyant ensemble, pétillant, rayonnant.Fusion, éclats des timbres pour mieux surprendre et tenir en affut à l'écoute de cette pièce portée par Jérôme Comte avec brio et sincérité.En bis, un solo enchanteur dédié au public!

 LUDWIG VAN BEETHOVEN Symphonie n°7 en la majeur

C'est la flamboyance des masses sonores qui introduit cette symphonie à l'ambiance funèbre et recueillie, très nuancée, paisible, délicate, autant que fougueuse et sans retenue. Le chef s'y révèle dans une gestuelle, animant de dos tout son corps impliqué: appuis, reculs, vibrations de la tête, gestuelle efficace, fougueuse et directions du buste à variations multiples, impressionnantes.Dans la reprise virevoltante qui suit, enjouée, puissante et colorée, il semble façonner la musique, sculpte l'espace, danse sa partition invisible, dissocié, sagital, animé de secousses, la chevelure touffue en résonance.Dosé, précis, attentif, en quasi automate baroque Aziz Shokhakimov jubile dans des attaque et postures d'escrimeur, fendu en tierce, perle rare tétanique en robotique pantin en majesté. Épreuve de force que la direction de cette oeuvre turbulente, très connue Son corps musical engagé en accord et complicité avec l'orchestre. Incisif et tranchant directeur musical pour interpréter une oeuvre mégalomaniaque et vivifiante.

Une soirée qui tisse les liens subtils et nous prouve que les influences, sources et créativité font bon ménage et révèlent surprises et imaginaire bien salvateurs!

 Jérôme COMTE, clarinette Aziz SHOKHAKIMOV, direction  

CONFÉRENCE D'AVANT-CONCERT jeudi 3 février à 19h 

Palais de la Musique et des Congrès - Salle Marie Jaëll 

CINQ CONCERTOS : LE SOLISTE AUGMENTÉ avec Philippe Hurel 

Lire "La  clarinette" de vassilis alexandris"