lundi 21 février 2022

"Le problème lapin" Cartographie 7 de l’Atlas de l’anthropocène : bonne "pêche" et pas de con-nerie !


 Notre conférencier Frédéric Ferrer revient pour cette 7e cartographie accompagné d’Hélène Schwartz. Ils apporteront les réponses nécessaires à tout ce que vous n’avez jamais osé demander sur le lapin. Lapin sauvage ou domestiqué, en peluche ou en clapier, lapin dans l’espace (en 1959 !), lapin des îles Kerguelen, lapin en civet ou lapin crétin : le lapin est partout, insaisissable, paré de nombreux maux, et interroge les limites de notre monde. De son impact néfaste sur l’environnement à sa résistance acharnée à l’éradication, du lit de nos enfants où trône sa peluche jusqu’aux recettes de nos grands-mères ! Suivez le fil de Frédéric Ferrer qui nous rappelle que le changement climatique affecte tous les domaines y compris la cause lapine !

Et il faut le suivre, ce goulu du verbe, de mots lancés dans un flux incessant et passionnant à vous couper le souffle tant la logique déclinée semble couler de source sur ses lèvres! Frédéric Ferrer est un as de la parole, de l'anti conférence, gesticulée juste ce qu'il faut pour nous conduire au plus profond des terriers de cet animal domestique si familier...Le décor est sobre, un écran vidéo où s'inscrivent des vérités, la marche à suivre, où les chapitres et pensées liées aux propos de notre "conférencier" hors pair. Mais il s'agit d'une paire de complices cette fois-ci pour renforcer la démonstration. C'est Hélène Schwartz qui s'y colle et attend patiemment son tour pour mieux se lâcher sur le sujet: plus directe, plus concrète et pragmatique que son acolyte, elle fonce dans le sujet abrupte ou tendre, douce ou virulente selon Le ton est à l'humour parfois noir, à la dérision mais surtout à la passion débordante pour cet animal digne de tant de faveurs ou entouré de mystères jusqu'à présents restés sans explication. Répondre aux plus de 150 questions récollectées en amont auprès de grand public est un challenge: alors ils en gardent 30 est se donnent 60 minutes chrono pour y répondre devant nous, en alternance ou en se dévorant le territoire, interrompant, se marchant sur les pieds ou sur les plates bandes. C'est drôle, comique, incongru et séduisant; on en perd pas une miette même si parfois on ne suit plus tant tout déferle, surréaliste ou trivial et s'enchaine dans un train d'enfer. Poser un lapin, ou l'histoire du lapin de pâques leur échappe tant on ne "pose" pas de lapin ici et que ce qui est énoncé est simple et semble couler de source. Le lapin "pêche" bien sur, c'est une évidence et au filet. Pas de con-nerie au sujet de la légende de la reproduction des lapin, mais une jolie démonstration du coït en quelques secondes...Ceci multiplié jusqu'à 6 quand même! Tout déferle ici joyeusement pour une ode à celui qui ronge pour se limer les dents alors qu'il n'est pas de la famille des "rongeurs": on en apprend toute les minutes, vrai ou faux peut importe, on en rit de voir un seul sujet si dense se déployer devant nous grâce à ces deux champions du verbe et du geste! Et quand il pleut des lapins, c'est la faute in fine à Fibonacci! Rare performance que ce jeu là, duo cocasse, décoiffant, terre à terre comme notre lapin capable de voler, d'être "l'origine du monde" d'être la pine ou le con comme aux temps anciens...Ca ravigote et frivole prestation en superficie, cette conférence laisse bien des traces savoureuses dans les mémoires qui quittent la salle, ravis et non "gavés" d'informations accumulées Un inventaire à la Prévert, une épopée, odysée lapine très réconfortante et pleine d’ingéniosité, de verve et d'engagement physique.

Mais qui l'a peint, le lapin qui pose pour le peintre à son comble !

lire "l'histoire de lapin Tur" de Nièle Toroni !

Aux Métallos jusqu'au 19 Février

jeudi 10 février 2022

"Des choses qui se dansent" de Germain Louvet

 


Germain Louvet, danseur étoile de l'Opéra de Paris, raconte sa passion et convoque les œuvres qui le portent, celles qui lui résistent. Mais sur scène comme en coulisses, le danseur étoile essaie de bousculer l’ordre établi du milieu de la danse. Germain Louvet fait porter sa voix en faveur de davantage de diversité, remet en cause les codes inculqués, questionne les stéréotypes des corps, et interroge sa pratique jusqu’à renverser l’idée de vocation. Ce récit est celui d’un artiste engagé, pour qui toutes les choses qui se dansent sont un cri.
« Être danseur, c’est passer beaucoup de temps devant le miroir. Comment ne pas m’interroger à chaque spectacle sur mon rôle ? Comment dois-je l’habiter, l’interpréter et le danser devant un public d’aujourd’hui ? J’ai décidé de me raconter tel que je suis, pour être capable ensuite de m’adresser à ceux qu’on ne représente hélas jamais. Le chemin va être long, mais je ne me retournerai pas. Je dois accepter celui que j’étais hier et que je suis toujours, étoile ou pas. Le titre n’y change rien. »

Le 28 décembre 2016, Germain Louvet est consacré danseur étoile à l’issue d’une représentation du Lac des cygnes. Investi d’une exigence d’excellence depuis son admission à l’école de danse de l’Opéra de Paris à l’âge de douze ans, il raconte sa passion, convoque les œuvres qui le portent, celles qui lui résistent. Mais sur scène comme en coulisses, le danseur étoile essaie de bousculer l’ordre établi du milieu de la danse.

Germain Louvet fait porter sa voix en faveur de davantage de diversité, remet en cause les codes inculqués, questionne les stéréotypes des corps, et interroge sa pratique jusqu’à renverser l’idée de vocation. Ce récit est celui d’un artiste engagé, pour qui toutes les choses qui se dansent sont un cri.
 

mercredi 9 février 2022

"Le dragon" : terrassé .....par un cocktail "dragonade" tonique en période de "Dragonnades" insolites...

 


Lancelot arrive dans une bourgade où l’humanité semble s’être résolue à la fatalité. Le lendemain, la jeune Elsa sera emmenée par le Dragon, comme tant d’autres avant elle. D’où vient que les habitant·e·s puissent ainsi se soumettre à l’horreur sans même combattre ? L’auteur russe Evgueni Schwartz écrit cette pièce en 1944, se servant d’éléments du conte et du fantastique pour interroger les forces de résistance face à un pouvoir totalitaire. On retrouve ici l’univers du metteur en scène Thomas Jolly, sa revendication d’un théâtre à la fois populaire et spectaculaire au service de la pensée. Quelles injustices terribles sommes-nous prêt·e·s à accepter tant que nous n’en sommes pas victimes ? Quel dragon faut-il chasser en nous ?

Grandes orgues en préambule, prologue à une odyssée fantastique et onirique, "dragonade", cocktail pétillant en majesté pour une ère secondaire, aire de jeu tempétueuse....C'est un chat qui se tapit, un étranger qui débarque dans un charmant lieu ouvert, demeure bourgeoise calfeutrée ...Qui est ce personnage en lambeaux faisant irruption dans un monde en apparence calme...Mais le chat avoue le secret dissimulé de la contrée: un dragon s'y cache réclamant chaque année sa victime: ce sera ce moment ci , la fille du propriétaire qui est menacée...Conte de fée ou manifeste anti totalitaire, à vous de choisir un angle d'attaque pour ce combat contre les violences et colères qui nous animent et une réalité qui met en jeu l'histoire et l'inconscient collectif. Notons le jeu des acteurs-en particulier la gestuelle du chat -Bruno Delmotte et celle du bourgmestre Bruno Bayeux-, interprétés par des comédiens hors pair aux mouvements savamment désarticulés ou savoureux.Cataleptique bourgmestre, tétanique figure domestique qui hante la pièce et lui confère un caractère énigmatique et prémonitoire.Chaplin en diable et Marx Brothers au menu gestuel!Animé de "perturbations psychomotrices" singulières et digne d'un film muet....

Dragonnades singulières que l'on pourrait ici évoquer -Les dragonnades sont les persécutions dirigées sous le règne de Louis XIV contre les communautés protestantes du royaume de France durant les années 1680, avant et après la révocation en 1685 de l'édit de Nantes, qui avait autorisé le protestantisme et le culte protestant.La mise en scène de cette tonique fresque narrative, est dynamique, et fertile en surprise, mélange et succession de rôles à l'envi que se partagent des comédiens rebondissants d'un personnages à l'autre, endossant de multiples facettes de caractères à la Molière Choeur et chorale désopilante, burlesque ou grotesque pour hurler ou mieux gesticuler la révolte ou l'impuissance du destin. Dans un décor sophistiqué, auréolé de néons dessinant la tête d'un dragon ou l'espace d'une tornade, paysages flamands, feu au loin, tour prend garde: l'univers, le climat et l'ambiance, l'atmosphère est forte et prend le pouvoir dans ce film en "noir et blanc" où les costumes quasi expressionnistes créent un topic saisissant. La ville y figure aussi, vaste façade inclinée, qui défaille en une architectonique à la Frank O Gehry, défaillante aire de jeu en déséquilibre..Un président y fait irruption nous rappelant que le politique veille et sévit au détriment des initiatives et autogestions de tout poils...Théâtre populaire de l'émerveillement et du divertissement intelligent!

A u TNS jusqu'au 8 Février