jeudi 24 novembre 2022

"Drôle d'oiseau" à la Case à Preuschdorf samedi 28 Janvier 16H et "L'oiseau rare" dimanchhe 5 Février 16H ...On en fait tout un fromage....

 


"L'oiseau rare" et "Drôle d'oiseau": deux performances inédites in situ à l'occasion de l'exposition"Wanderfejjl" de Maeva Bochin et Miriam Schwamm à "La Case é à Preuschdorf

 "En cage ou dans le puits, l'oiseau de feu en paon-talons hauts et courts!

A plumes, à poils, oiseau de nuit, de proie en proie aux volages effets d'ailes, oiseau de paradis terrestre.

De sa couveuse, oisillon il va voler : ouvrez la cage aux oiseaux! Les cigognes en castagnettes, craquettent, les échassiers partent en goguette pour aller se faire plumer comme des pigeons!Ça roucoule les palombes..Coucouroucoucou!


 

Un coq au vin, un poulet au riesling ou en cocotte de boulevard. Des yeux de perdrix aux pieds...

Un ramage et plumage pour un corps beau et un fromage.Un père hoquet, cacatoès, une pie voleuse, et un flamand ose! Sans oublier le col du cygne du lac, l'oiseau de feu et autre vilain petit canard boiteux!

Pattes d'oie pour rides et becs et ongles


"Wanderfèjjl" (Oiseaux migrateurs en français) est une petite exposition concentrée sur la grande stub de la salle d'expo, avec la restitution de la résidence de Maeva Bochin autour de son projet de création, la petite stub devient l'espace scénique pour les 2 performances de Geneviève Charras, l'atelier de la Case vous accueillera pour découvrir les diverses techniques de gravure et d'autres oeuvres et épreuves. Et sous le hangar, vous pourrez découvrir une autre aventure de création nomade de Maeva, qui a eu lieu au Quebec !

(chants: il vole/ chouette hibou/ le colibri/ un petit oiseau gréco /daphénéo/ la paloma/ la donna mobile/ coucou hibou /:le bois de st amand barbara /la ronde de l'omelette )

mercredi 16 novembre 2022

"De bon augure" : la conférence des oiseaux, le congrès des volatiles..."Drôle d'oiseau"....ce ThomasLebrun!

 


Thomas Lebrun
CCN de Tours France 5 danseurs création 2020

… de bon augure

Il est à croire que Thomas Lebrun s’est senti pousser des ailes. Selon les propres mots du chorégraphe, ornithologue à ses heures, … de bon augure a été pensé comme : « un divertissement, au sens noble du terme, une proposition qui transporte et apaise, qui allie technicité et rêverie, puissance et fragilité… ». Une poétique célébration de la diversité.

Dans …de bon augure, pas de politique de l’autruche ni de miroir aux alouettes, encore moins de corbeau ! Pas d’oiseau de malheur ni de chant du cygne quoi que… Tournant le dos à tous ces aspects, la pièce de Thomas Lebrun s’intéresse à un autre état : être gai comme un pinson, c’est chouette !
Le corps vêtu d’imprimés aux motifs colorés, parfois même paré de quelques plumes, les interprètes mènent les danses de solis en quatuors. Tour à tour simples et savants, drôles et légers, leurs gestes s’emparent de la trame musicale et voyageuse imaginée par le chorégraphe. Montage varié qui va : « Du chant des oiseaux de Janequin au Rappel des oiseaux de Rameau, des notes suspendues des Petites esquisses d’oiseaux de Messiaen au Coucouroucoucou Paloma de Nana Mouskouri, en passant par la légèreté de L’oiseau bleu de Lys Gauty. En tout, quinze morceaux musicaux de différentes époques et styles, du Moyen Âge à nos jours.
Abstraite, l’écriture du chorégraphe a gardé l’empreinte d’un fort rapport à la musique mêlant sensibilité et rigueur de l’analyse. On la retrouve ici, dans cette façon particulière de rendre hommage à la diversité à travers ses deux passions, la danse et les oiseaux, « ménageant des assemblages inédits dans la composition ciselée ou instantanée des partitions chorégraphiques ».

 A tire d'ailes. Un oiseau de nuit, rare quand l'un des paons danse, le flamand ose...

 Une silhouette qui se découpe sur fond de tondo aux couleurs d'automne, l'oscillation d'un corps au lointain....L'ambiance est douce et reposée, calme et voluptueuse. La danse de Thomas Lebrun est épure, distinction, ornement et la thématique des oiseaux lui offre tout un panel de registres qu'il creuse, approfondit à l'envi: envergure des bras qui évoquent l'envol, parure et ramage des costumes bigarrés, veinés de gris, très seyants, justaucorps et tunique large. Balade des mains, des doigts écarquillés, des épaules rehaussées et un style multidirectionnel des nuques, têtes et autres membres voués au mouvement total... Ça picore dans les sillons de la musique, ça pépie en staccato, saccades ou vagues successives très bien orchestrées en canon. La danse est musique, composition et partition des corps, prise de l'espace, tantôt en quatuor, duo ou solo qui s'enchainent, tuilés d'une formation à une autre, les tableaux se succédant dans une harmonie évidente. Thomas Lebrun nous offre sa signature dans un bref solo aux multiples facettes, relâchés et tensions au service d'un velouté touchant à l'épure. La grâce est naturelle et fascinante le temps d'un solo, "mort du cygne" dansée de dos, nu et fascinante. Deux oiseaux dévoreurs d'espace font irruption dans cette cage dorée, échappée belle de gestes vrillés, explorant les niveaux spatiaux de chacun. La sensualité déborde dans une scène pleine de lenteur savoureuse sur une musique de Grieg, apprivoisée. Dompteur, oiseleur ou dresseur de mouvements, le chorégraphe excelle dans l'évocation pudique et discrète de la gente plumée. Des oiseaux dessinés à même les collants et vêtements augurent du chatoiement de la gestuelle: les abattis en mesure, les ailes déployées qui caressent l'air, sur demi-pointes, de profil.... Vol d'oiseaux dans une atmosphère de nuages pastel pour un quatuor de sculptures mouvantes dans le silence. Un martin-pêcheur issu de la mélodie française, bijou de dissonance, de mesures surprenantes et de tonalités imprévisibles succède à un solo destroy en maillot de bain et chaussettes, oiseau de bonheur, fleur bleue à souhait. Et les saynètes de se succéder, très contrastées jusqu'à faire apparaitre le spectre bien incarné de Nana Mouskouri et ses colombes blanches, entourée de deux gigolos à fleurs en bikini. Désuet, désopilant, kitsch sans jamais caricaturer ni offenser son sujet. Encore un très beau solo le long d'un tapis vert, ou pigeon vole et s'envole gracieusement, les gestes étirés... Avant de clore sur le manège d'un quatuor qui dessine ses fresques et frises à la grecque, en marche lente. Bras en couronne, profils singuliers. Tout s'efface dans la pénombre, les silhouettes mouvantes sur fond de stries de lumières très picturales. Françoise Michel aux commandes de cette scénographie-lumières de toute beauté. Et la musique issue d'un répertoire très fouillé, variée, en osmose avec l'écriture ciselée de Thomas Lebrun qui "varie" les genres dans un joli charivari sans appeau ni crécelle avec doigté, mesure et un gout du baroque non dissimulé: perle rare et pli selon pli pour magnifier la musicalité des corps de ses interprètes rompus à sa "griffe" d'aigle affutée.

A Pôle Sud le 16 et le 17 Novembre

"La Septième": l'age d'or-aison! Tristan Garcia, Marie-Christine Soma, Pierre François Garel: un triangle d'or....

 


"Dans La Septième, issu du roman 7, le philosophe et écrivain Tristan Garcia donne la parole à un narrateur à l’aube de sa septième vie. Il se souvient de tout : sa première existence où, à l’âge de sept ans, Fran lui a annoncé qu’il était immortel, sa rencontre avec Hardy, qui sera toujours la femme de ses différentes vies. Ce narrateur, qui renaît toujours dans le même lieu et le même temps, raconte comment il a été prix Nobel de science, chef de combat, guide spirituel, criminel… Marie-Christine Soma met en scène l’acteur Pierre-François Garel dans une épopée où le héros explore, à chaque renaissance, une nouvelle existence, tout en se souvenant des précédentes. Si l’on pouvait revivre, que voudrait-on changer ? Quels potentiels chaque être recèle-t-il ?"


Rarement une "pièce" de Théâtre tient en haleine, fascine et d'emblée invite à l'empathie avec ce personnage qui dès l'aube de sa vie apprend d'un "médecin" charlatan, la caractéristique d' immortelle de son existence. Malgré une maladie inconnue, un saignement de nez continu, inexpliqué, source d'interrogation, de recherche, puis de constatation fataliste, il vit,ce garçonnet que l'on rencontre sur fond d'écran cinéma, dans des coloris vifs et tranchés. Alors que notre "anti-héros" se débat avec son inhumaine condition qui rapidement va se révéler  difficilement gérable.En sept chapitres bien distincts, le "narrateur" qui n'a pas de prénom, traverse sept phases de sa vie, loin des reprises et répétitions des faits.On bascule d'une section à une autre, le destin, le chemin du narrateur conduisant aux expériences, rencontres et connections les plus audacieuses.Tandis qu'il modifie les contours du décor du plateau qui opère sa mutation au fur et à mesure. C'est une métamorphose lente qui passe de la douceur de l'existence à la révolte, le ton, la tessiture de la voix de Pierre François Garel oscillant sans cesse d'un registre à l'autre dans une partition littéraire de toute beauté. Le texte adapté et mis en scène de Tristan Garcia,comme une composition sonore et musicale, rythmée par une mise en scène sobre et efficace signée Marie-Christine Soma.Les images du film retracent les épisodes manquants, duos du médecin et de l'enfant, du narrateur et de Hardy, la Femme qui accompagne ses 7 vies de son empreinte irrévocable. Fran, le médecin complice hante la narration de cette "septième" histoire issue du roman global.On reste fasciné par la subtilité du jeu de "l'acteur-comédien" narrateur et conteur à la fois, par la performance de cette présence qui se bat, ne se défile jamais de ce destin étrange qui ne semble pourtant pas pré-destiné à des réincarnations banales, sacrées, spirituelles. Le sang comme vecteur des situations, ce qui coule de source, sourd de son corps, de sa peau, circulation pulsée par les rebondissements opérés dans les sept chapitres annoncés sur écran de télévision. Un parterre de bâche comme neige ou filtre du temps, un fauteuil de bureau qui roule et passe d'un lieu, d'un endroit à un autre, bravant le passé, des cartons emplis de K7, des journaux, tout un fatras d'accessoires indispensables pour franchir le miroir, le mur du son de cet homme qui "parle", conte et raconte son épopée. C'est émouvant, pétrifiant, médusant et l'on file durant plus de deux heures en plus que "sympathie", cum-patio avec cet homme aux prises avec un trajet insolite, une destination inconnue sur fond de trajet de train évoquant son enfance fascinée par les  territoires inconnus..."Mornay" comme jeu de mot valise d'une vie transfigurée.


Marie-Christine Soma est créatrice lumière et metteure en scène. Le public du TNS a pu voir Feux d’August Stramm, en 2008, et Ciseaux, papier, caillou de Daniel Keene, en 2011, spectacles co-mis en scène avec Daniel Jeanneteau. En 2010, elle a adapté et créé le roman Les Vagues de Virginia Woolf. En 2018, elle a présenté au TNS La Pomme dans le noir, d’après Le Bâtisseur de ruines de Clarice Lispector.