mardi 4 juillet 2023

Les rencontres d'Ete de l'Accroche Note: le 4 JUILLET 2023: "Tradition et Modernité"

 


Organisées par l'Ensemble Accroche Note, les Rencontres d'été de musique de chambre de Choucroute-Ville (Strasbourg) auront lieu entre le 4 et le 6 juillet 2023. On y entendra - entre autres - le pianiste Wilhem Latchoumia, tout comme une oeuvre récente de Benoît Menut. Le clou des Rencontres sera le programme construit autour d'Aleksandra Dzenisenia (photo), virtuose biélorusse du cymbalum. Grâce à Armand Angster et à Françoise Kubler, l'art de faire des programmes intelligents s'exprime avec force. On est loin des programmes sans imagination dont certains sont coutumiers ...

Accroche Note organise cette année les Rencontres de Musique de Chambre pour la 23ème année consécutive. Les trois concerts auront lieu à l’Eglise du Bouclier les mardi 4 juillet, mercredi 5 juillet et jeudi 6 juillet 2023 à 20h30.
Concept innovant, ces concerts proposent au spectateur des programmes mixtes de musiques classiques, romantiques et contemporaines qui permettent de confronter les grandes œuvres du répertoire avec des musiques plus récentes, souvent réservées à des festivals spécialisés. Cette année seront notamment jouées des œuvres de Johannes Brahms, Bela Bartok ainsi que des oeuvres de Kaija Saariaho, qui vient de nous quitter début juin, mais aussi Georges Aperghis, Benoît Menut et une création de Gualtiero Dazzi.
Lors de cette vingt-troisième édition, l'Ensemble Accroche Note jouera le premier soir un programme intitulé « Tradition et Modernité », le deuxième soir autour du cymbalum, instrument emblématique de l’Europe de l’Est et le troisième soir une confrontation entre Claude Debussy et André Boucourechliev, autour de l’oeuvre de ce dernier, « La révolution subtile ».
 
TRADITION ET MODERNITE
 
Des grans écarts, en voici pour parcourir le temps, franchir les frontières et tisser des liens entre compositeurs...
Du magnifique "Quintette avec clarinette" op 115 de Johaness Brams, longue partition animée de quatre mouvements en hommage à la clarinette habitée par toute la musicalité de Armand Angster et toutes ses possibilités de timbre, on saute dans"Die Aussicht" pour Soprano et Quatuor à cordes de Katja Saariaho. Un petit bijoux lyrique où la voix de Françoise Kubler s’immisce et résonne des poèmes de Holderlin.
Succède"Landscapes of the mind" pour clarinette et quatuor à cordes de Ada Gentile: une oeuvre où les cordes font oeuvre de sonorités multiples et inouïes: les corps des musiciens comme de bascules, archet en poupe dans une amplitude physique impressionnante. Les sons y sont vifs et tranchants, sifflement des cordes qui se mesurent à la clarinette avec volupté. Des silences, des vibrations du violoncelle pour ornement de cet opus original et méconnu. Au final on reprendra bien quelques"Lieder pour soprano et quatuor à cordes" de Johannes Brams: un voyage musical où la vois de Françoise Kubler éblouit, séduit et de ses timbres multiples, de l'aigu au grave sert la composition avec gravité, humour malice et tendresse à l'envi. Le quatuor Adrasta comme compagnon de route de ce récital plein de charme et de diversité. Les ponte et passerelles comme jetés d'une époque à l'autre pour mieux accéder à d'autres rives...

Françoise Kubler soprano
Armand Angster clarinette
 Quatuor  Adrasta: J. Moquet et B.Vidal: violons
M.Abeilhou: alto
A.Martynciow: violoncelle


lundi 3 juillet 2023

"Comprovisation": sans compromis...Olivier Duverger Houpert et compagnie pour un "saut dans le vide" impressionnant !

 


"Premier concert-étape de doctorat pour moi ! Je vous invite à découvrir la comprovisation, pièces de musique écrite impliquant de l'improvisation et sujet de mes recherches depuis déjà deux ans.
Pour cette première étape de recherches artistiques, j'ai concocté un programme spécial articulant improvisations et pièces de comprovisation de différentes esthétiques pour vous faire découvrir à la fois mon univers d'improvisation et les univers des compositeurs programmés."
 
"Revolutions" : soulèvements et tornades sonores....Un pavé dans les amarres.

Ceci pour introduction au concert-performance autour du travail du jeune musicien saxophoniste (et photographe) Oinier Duverger Houpert: de la musique vivante, organique au coeur de la salle 30 du Conservatoire de musique et de danse de Strasbourg.
 Violon, guitare électrique, clarinette et saxophone pour démarrer la session : un champ libre s'ouvre aux musiciens sur un temps imparti.Beaucoup de couleurs dans les sons étranges, gloussements du saxophone, crissement de l'archet sur le violon et grincements de guitare au poing.Comme des alarmes, des sirène en folie, le son circule, se déploie, se transforme. Accalmie puis résurgence des sons en forts décibels comme une rivière souterraine qui resurgit au grand air...Vrombissements, cacophonie joyeuse, déversoir d'éboulis de scories de notes en roulements progressifs.Le saxophone s'isole pour une autre pièce qui s'enchaine naturellement, sans pose, dans une continuité logique: multidirectionnel pour des émissions qui seront vite rejointes par un compère de la même famille. S'ensuit un duo remarquable: souffles, cris aigus en réponse et réplique constante, bascule de sons de l'un à l'autre.Dialogue et murmures en osmose, en sympathie. Des sons graves sourdent, denses, profonds, venus des entrailles des instruments gorgés du souffle des interprètes, athlètes en herbe du souffle. En alternance, des sirènes de paquebot, des chants de sirènes s'imposent à l’ouïe en alerte. Une narration s’immisce dans cette joute improbable: claquements des clapets en percussion et sons éclatés, éclaboussants d'une dynamique infernale. Un chemin parallèle ou croisé entre les deux musiciens comme une allée de sonorités qui se frottent. S'apprivoisent au fur et à mesure. Individuelles ou en osmose fondue.Une écoute en tension relie les deux saxophonistes pour des crescendo endiablés, des redescentes en contraste. C'est de la musique acoustique en majesté, organique, sensuelle, vivante Jamais doublée ni soutenue, ni renforcée que par elle-même. Le son en proximité d'écoute et de sensation pour le public rassemblé en couronne autour d'eux Au coeur d'un dispositif scénique qui met à nu le jeu corporel puissant des appuis, des fléchissements des genoux et de l'investissement de tout le corps. Les morceaux s'enchainent sans heurt. Deux saxophones à nouveau en volutes sonores, échos et sursauts, rebonds qui tapissent le son global perçus, ressenti. Ces improvisations sont cavalcades, chevauchées de souffles chuchotés, hennis, la ventilation opérant à vif. Et tel un combat, un affrontement des sons se forge un duel/ duo, une lutte vers un désir de victoire de l'un envers l'autre. Final de compétition ou agonie de l'hostilité? Vers une réconciliation de ces deux corps engagés, galvanisé par le plaisir et la jouissance de l'improvisation ! Tension, séduction, répulsions du jeu pour ce combat de coqs aux stridences  aux abois. Un face à face avec Tristan Michelin sans compromis dans cette comprovisation, sorte de manifeste de liberté du musicien face à la "composition" des opus. Les regards des deux compères comme conduite et repères de "partition", canevas déstructuré comme une bonne cuisine "nouvelle", légère, digeste et enflammée. Sur leur garde, reculer pour mieux rebondir et sauter dans le vide de l'impro, vécue, respirée à fond.Des tonalités curieuses, énigmatiques comme bréviaire, à l'affut, sur la touche...Suspens et surprises au menu. Un coté très animal s'en détache, ludique cache-cache ou colin maillard à vue. Les appuis sonores comme tremplin de jeu corporel. Des accents toniques pour un délire glissant: ça dérape et l'on se réjouit et joue à qui perd, gagne. Féroce ou tendre bataille de sons au diapason. Des galops titanesques, des chevauchées alertes et stridentes comme guide de ce western acoustique remuant. Genoux fléchis accueillant secousses et tremblements, absorbant les obstacles de cette conduite infernale par ces deux cascadeurs du son. Les respirations pulmonaires communes des instruments pour oxygéner l'air du temps imparti qui se délie et déferle à son gré. Et encore un feu d'artifice, fréquences vibratoires intenses du saxo solo comme des séquences, saynètes indociles autour des pupitres aux quatre partitions distribuées en arène. Au final les trois et quatre instruments se retrouvent. Triturés sur leur carcasse ou enveloppes pour générer des acoustiques et sons inédits et singuliers. Une sorte d’archaïsme du futur, d'artisanat indisciplinaire du jeu musical. L'ambiance est minérale, la lenteur des émissions des vents, les cavalcades retrouvées font cause commune. Encore des déraillements offusqués du saxophone d'Oliver Duverger  Houpert en déflagrations, galops, trots, à toute vitesse et précipitation sonore. De l'audace toujours et une dextérité de jeu, une vélocité des doigts, futile manière de se jouer des difficultés et embuches d'une "partition fantôme" virtuose....  Le musicien en transe en oublie la mesure, possédé par un envoutement contagieux. Comme un univers photographique de paysages passagers, de cadres et cadrages impromptus...Sans clichés dans une fluidité vitale proche de l'organique, de respirations vitales.
 
Photo: olivier duverger houpert



Du bel ouvrage pour une prestation très professionnelle et engagée!
 
Au Conservatoire le 2 JUILLET
 
 
Oeuvres de 
Kintsugi - F.Cali
Sour Helix - S.Rubin
Atlas Sonographique - S.Clor
r/evolution - G.Fitzell
 
olivier duverger houpert

Son parcours artistique le faisant côtoyer autant la musique écrite que la musique improvisée, il s’intéresse dans le cadre de sa thèse aux rencontres entre écrit et improvisé sous la perspective de l’interprète-improvisateur-improvisateur. L’acte, éminemment politique, ainsi posé par les performers et compositeurs, soulève des questions quant à la distribution de la créativité, et notamment des questions d’autorité sur le langage musical produit et de normativité de l’œuvre musicale. Son approche auto-ethnographique permettra d’établir un cadre théorique pour la performance de comprovisation.

La création de spectacles où s'entrechoquent la liberté de l’improvisateur avec les contraintes de l’interprétation seront pour lui l’occasion de questionner ce type d’acte performatif, afin de se repousser les limites habituelles du concert. Il développe également dans ce cadre un projet parallèle avec théâtre, où l’improvisation sera contrainte non par le texte musical d’un compositeur, mais par le texte littéraire de l’écrivaine Danielle Collobert.

 

dimanche 2 juillet 2023

Deux coups de coeur pour les diplomes de la HEAR 2023: Cassandre Albert en scénographie et Harold Jodeau en Art: bien charpentée, bien décousu...

 


Première de cordée au plus haut des cieux...
 
"J’aurais tant aimé vivre pour toujours ces instants de grâce aujourd’hui à la Haute école des arts du Rhin ☁️ Hélas, la réalité de ce monde hyperviolent où la lacrymo remplace les nuages m’est revenue en pleine gueule dès la sortie du temple.
Photo : Église Saint-Guillaume / « Ce n’étaient que de vastes sommets d’où partaient de vastes pentes », performance ascensionnelle de Cassandre Albert" Emmanuel Dosda

J' ai personnellement adoré cette performance à L'Eglise St Guillaume, voyage, cheminement encordé à d'autres participants, ce" Lenz" vagabond marcheur de  Buchner façon mer de nuages à la Sils Maria, première de cordée et larguez les amarres des cordes de sécurité! Cordes à nœuds et prise de risque mesurée pour une ascension du mont Ventoux extra-ordinaire. Il ne manquait plus que l'orgue pour bouger sur ses rails pour clore le chapitre en "rappel" !! Pedi-bus de randonnée sous char-pente bonne à escalader...Une visite -randonnée menée par une guide, sac à dos et cordes de secours, lumières frontales partagées.Une Cassandre vive et pleine de bravoure pour nous initier à cette ascension vers les hauts de St Guillaume: des endroits inconnus du pèlerin. Ca se mérite! On se glisse en rang serré, relié à la corde et ses mousquetons comme pour une cordée d'alpinistes chevronnés. Bienveillance du guide qui nous laisse apprécier du haut des tribunes la mer de nuages qu'elle a inventée, imaginée avec des fumigènes. En émergent les grandes orgues comme des orgues basaltiques...C'est magique, fascinant, hors du temps, onirique...Fantomatique comme la mer de nuage de Sils Maria, cette vallée suisse extraordinaire dans les Grisons de l'Engadine cher à Nietzsche (voir le film d'Assayas"Sils Maria")...
 

Une performance née de l'envie de l'artiste de performer dans une église bien "charpentée" pour y inventer cette histoire de randonnée pédestre au plus haut des cieux!
 
Ce dimanche 2 JUILLET à St Guillaume dans le cadre de l'exposition des diplômes de la HEAR 2023..."PSSST Edition"reçu 5/5" festival de scénographie
Enseignant François Duconseille

 

Quant à Harold Jodeau c'est un travail minutieux sur toile de lin, couture et broderie de motifs de petits êtres humains, skieurs, pantins, clowns, squelettes miniatures comme des enluminures précieuses et très humoristiques. Presque du Philippe Favier ou Cuno Amiet .... Travail d'orfèvre, passion de l'artiste qui pique et qui coud depuis longtemps. Plusieurs oeuvres de taille moyenne sont exposées, ponctuées d'interventions murales, entremets de charme et plein de malice.Travail sur tambour, sorte de cadavre exquis qui où le tissu glisse d'un support à l'autre sans cohérence: l'absurde des saynètes brodées s'y  déchaine à l'envi.Ou totale improvisation au fil des points de broderie qui inventent une narration de petits personnages futés, mobiles....
 

 
CUNO AMIET



FAVIER

Les  étudiant·es en DNSEP/Master – option scénographie investissent le quartier Krutenau pour présenter leurs projets de diplômes en 5 créations inédites, entre spectacles, expositions, théâtre, performances et installations. Un festival d’art et de spectacle très! vivant, porté par l’association 23bis.

Vendredi 30 juin, samedi 01 et dimanche 02 juillet |
TJP – 7, rue des Balayeurs à Strasbourg
Église Saint-Guillaume – 1, rue Munch à Strasbourg
HEAR – 1 et 2 rue de l’Académie à Strasbourg