samedi 16 septembre 2023

Véronique con carnet : une exposition de Véronique Boyer; "les yeus fermés" à Musica.

 


Véronique Boyer a fréquenté Musica depuis ses débuts et y a développé une pratique singulière. À partir de 1984, elle s’est mise à dessiner les concerts sur des feuilles volantes, puis dans de minuscules agendas. Dans le noir des salles, à main levée, elle a ainsi fixé une mémoire musicale. Près d’un millier de dessins, passés à l’aquarelle une fois de retour dans son atelier, composent cette extraordinaire collection. Un témoignage artistique rare et intime qui traverse la grande histoire de la musique contemporaine et ses figures — de John Cage à Georges Aperghis, en passant par Cathy Berberian, Meredith Monk ou le Quatuor Arditti — en laissant courir une main aveugle seulement guidée par l’écoute.


C'est une véritable mine d'or que le travail assidu et acharné de cette plasticienne, témoin des trente premières années du festival MUSICA à Strasbourg Une croqueuse de concerts à main levée dans le noir, esquissant ses notes graphiques sur de petits carnets de croquis, agendas non utilisés de sa grand-mère. Un "support-surface" original, chargé d'histoire, deviendra ainsi la petite toile, la feuille, le réceptacle de ses envies, transfiguration, métamorphoses graphiques de la musique live, in situ. Et non des moindres puisque s'y sont présentés les pointures de la musique contemporaine. Dessins pétris de mouvements, très chorégraphiques saisis dans l'instant de l"émotion. Dessins évoquant attitudes, poses, positions dans l'espace, de musiciens, d'orchestres, d'ensembles connus. Tels des croquis de Kandinsky pour Greta Palucca ou Mary Wigman, de Colin pour Joséphine Baker, les traits sont fulgurants, justes et racontent des histoires de corps musiciens, danseurs, Les couleurs rehaussent des atmosphères, des couleurs rythmiques et musicales, des voyelles à la Rimbaud. Et le coté quasi exhaustif de l'accrochage est joyeux, astucieux, en phase avec le travail rythmique de l'artiste. Enjouée et accueillante au sein de cette galerie nichée au sein du QG du festival. Ces carnets secrets aujourd'hui dévoilés sont comme des pages conservées pour un public qui aurait vécu ces instants de création musicale contemporaine, hors nostalgie, autant que pour des curieux du geste musical à jamais gravé, esquissé avec des "moyens du bord" si charmant et précieux.



du mar 5 au sam 30 sept
QG du festival - Ancienne Poste - place de la cathédrale

Exposition accessible du 5 sept au 30 sept aux horaires d’ouverture de la billetterie, du mardi au samedi de 13h à 18h.


"Nuits occitanes": Celadon en balade: l 'amour courtois à son apogée!

 


Céladon

Vendredi 15 septembre | 20hen balade
Strasbourg | chapelle Saint-Étienne


Nuits Occitanes

Lyrique amoureuse des troubadours

Au 11e siècle, ou peut-être au 12e siècle, dans le secret d’un château, dans la chambre d’une ferme ou sur les collines brûlées par le souffle du Levant, un homme et une femme réinventent, chaque soir, l’amour. Leur passion, leurs étreintes se lisent dans les manuscrits enluminés de poèmes et de chants. Les Troubadours y célèbrent la beauté des femmes, louent le courage des hommes, chantent les angoisses de l’aube. Les poètes portent sur la nuit un regard rempli de contradictions, mêlant craintes et plaisirs : au Moyen-Âge, la nuit représente l’inconnu, l’inexplicable, mais elle cache aussi aux yeux du monde les amours interdites. Une soirée hypnotique aux évocations charnelles, divisée en trois parties (avant, pendant et après la nuit), qui transporte l’auditoire dans un ailleurs chevaleresque et courtois.

Dans la chapelle Saint Etienne, si chère au président du festival "Voix et Route romane"François Geissler les voix et les instruments de l'Ensemble Celadon vont résonner de toute leur énergie, ampleur et nuances. Dans un répertoire "haute couture" sur mesure voici les six interprètes au défit de nous faire partager une musique médiévale peu connue du XI et XII siècle. L a thématique en est l'amour chevaleresque et courtois des troubadours de la haute société de l'époque: discrétion, pudeur, séduction dans une atmosphère recueillie et passionnée à la fois. Il faut entendre se croiser les voix de Paulin Bündgen, chaude et sensuelle à celle de Clara Coutouly pour se laisser enchanter, hypnotiser littéralement durant les morceaux de choix proposés. Un jeu dramatique et très éloquent de la soprano nous transporte dans des univers secrets, discrets, amoureux, tendres et très humains. L'empathie grandit au fur et à mesure de la découverte des talents de chacun: aux percussions, Ludwin Bernaténé, au doigté agile, semblant faire planer son instrument à peau tendue ou sa cloche bien timbrée, C'est spectaculaire comme le jeu de chacun: Nolwenn le Guern habile et complice interprète au rebab et vièle à archet souligne les niveaux de voix de la soprano dans un magnifique duo.Aux flûtes, Gwenael Bihan , enchanteur, prestidigitateur d"une poésie du souffle discret et résonant dans le choeur de la chapelle.Florent Marie au luth médiéval pour enjouer le tout et faire danser la musique, chavire les corps et enjôler le public, séduit et médusé par ce temps musical qui passe lentement pour charmer, enrober un thème : l'amour mais aussi la nuit tant inquiétante en ces temps là, source de mystère, d'inconnu, sujet tabou de l"époque. Mais aujourd'hui une telle soirée résonne dans l'intelligence de faire surgir des états d'âme et des corps ressuscités par l"interprétation hors pair d'un ensemble chaleureux dont la théâtralité et la présence en font un véritable spectacle, habité, vécu du plus profond des tremblements et vibrations des voix et des intruments de toute beauté.

Céladon

Empruntant son nom au héros de L’Astrée d’Honoré d’Urfé, Céladon explore avec charme et fantaisie le patrimoine de la musique ancienne, cherchant à chacune de ses manifestations à réinventer la forme de ses concerts. Mené par le chanteur Paulin Bündgen, l’ensemble se plaît à arpenter le répertoire lié à au timbre de contre-ténor de son chef et cherche à s’échapper des sentiers battus. Il  s’intéresse aussi bien à la recréation d’œuvres tombées dans l’oubli qu’à la réalisation de spectacles mis en scène. Depuis sa formation en 1999, Céladon crée des programmes de concert à l’identité forte et originale. Dix disques composent à ce jour sa discographie et il se produit dans de nombreux festivals français et européens.

dimanche 10 septembre 2023

"JUIFS ET TROUVERES": nomades'land ....Sur la voie lactée.....

 Alla francesca

Dimanche 10 septembre | 17h
Eschau | église Sainte-Trophime


Juifs et trouvères


au tournant des 13e et 14e siècles

Ce programme ressuscite tout un univers culturel où la langue d’oïl et l’hébreu sont intimement mêlés. Dans le nord de la France, à la fin du 13e siècle, il existe des chansons des communautés juives en alphabethébraïque qui utilisent les mélodies de trouvères qui leur sont contemporaines… Ces chansons reflètent la vie quotidienne et les événements, heureux ou tragiques, qui la ponctuent. On y trouve l’expression vocale d’une population, gardienne de ses rites et de ses traditions, tout en étant intégrée dans son environnement et s’exprimant en langue d’oïl. Seuls les prières, les poèmes liturgiques et les études sont demeurées en hébreu. De ces pages manuscrites séculaires jaillit la musique d’un monde coloré, bruyant et sensuel où les Juifs expriment leur foi, leur peine et leur plaisir ; un monde disparu après leur expulsion de France en 1394, et que ce programme fait revivre.

A Sainte Trophime l'ensemble a ravi en cette fin de dimanche caniculaire, un public attentif et curieux.Des instruments authentiques pour faire valoir une musique typique, résonant des chants, des paroles contées sur un ton de quasi sprechgesang.Le travail d'interprétation suit quelques orientations fondamentales :
– Recherche d'une vocalité spécifique pour les chansons « à texte » : éloquence et expression, récitation et legato, compréhension des langues anciennes ;
– Lignes instrumentales adaptées à l'accompagnement du chanteur soliste, en s'inspirant de nombreuses traditions monodiques de transmission orale ;
– « Compositions » ou improvisation de musiques à danser, à partir des thèmes mélodiques conservés, restituant ainsi la pratique des jongleurs et ménestrels ;
– Apport des savoirs acquis dans les répertoires médiévaux pour l'interprétation de musiques plus tardives, Renaissance et baroque ;
– Recherche d'un son d'ensemble équilibré et unifié respectant les identités vocales et instrumentales de chaque soliste.

Alors saluons les cinq interprètes aux solides qualités d"interprètes, autant musicaux que mus par une expression théâtrale fine et recherchée, discrète mais très opérante.Sur les chemins très variés de pièces courtes, vocales ou instrumentale, l'auditeur suit la découverte de sonorités, échos, correspondances multiples: et l'on se régale des diverses pièces narratives, musicales vocales ou instrumentale.

Un concert unique dans la constellation musicale médiévale dont l'originalité réside dans l"affirmation de musiques d'origine juive à peine connue encore.

Alla Francesca'

Internationalement reconnu pour la qualité et l’originalité de ses projets, Alla francesca a été fondé par Brigitte Lesne au début des années 1990. Ses interprétations – à la fois vivantes et poétiques, conséquence de la lecture directe des manuscrits – propose une rencontre fructueuse entre l’exigence musicologique et l’expérience joyeuse du contact direct avec le public et la découverte de musiques très peu connues, qui nous semblent souvent étrangement familières. Alla francesca se consacre aux répertoires de la fin du 11e jusqu’au début du 16e siècle. L’ensemble mêle parfois aux musiques médiévales des œuvres y plongeant leurs racines, leur offrant ainsi un autre angle d’écoute : chansons séfarades, tarentelles ou chants traditionnels italiens, chants anciens en hébreu ou en yiddish.