samedi 23 septembre 2023

"Queen of Hearts" un biopic original sur le harcellement médiatique: royal... ! Paparrazzis rois des médias....Reine de coer sur le carreau....

 

THÉÂTRE MUSICAL

Quel pouvoir une femme a-t-elle sur son propre récit dans un monde surmédiatisé ?


THÉÂTRE MUSICAL

Quel pouvoir une femme a-t-elle sur son propre récit dans un monde surmédiatisé ?

Jannik Giger, Leo Hofmann, Benjamin van Bebber, Sarah Maria Sun, Jude Ellison Sady Doyle

L’interview télévisée du journaliste de la BBC Martin Bashir avec la Princesse de Galles en 1995 est le point de départ de Queen of Hearts, une création collective qui expose dans une perspective féministe les relations complexes liant la capacité d’agir individuelle et le pouvoir des médias, la vie privée et le domaine public, la politique, l’opinion et les émotions. Depuis, les réseaux sociaux ont supplanté la presse people mais le règne de l’image subsiste, créant des icônes féminines portées aux nues ou conspuées en un battement de tweet. Le mythe de la Reine des cœurs demeure toutefois exemplaire de la revanche systémique à laquelle se confrontent les femmes qui osent parler — et la librettiste du spectacle de mêler aux mots de Diana ceux de Meghan Markle, Sinéad O’Connor, Paris Hilton ou Britney Spears. Pour exprimer les non-dits, au centre de la scène, la soprano Sarah Maria Sun déploie toutes ses qualités vocales dans une situation d’interview rejouée une fois encore, pour le meilleur et pour le pire.

C'est une très intéressante approche, un "biopic" théâtral et musical que nous livrent Jannik Giger et Leo Hofmann dans une mise en scène de Benjamin  van Bebber. Dans un dispositif sobre, un salon d'interview banal, deux personnages se scrutent, s'interrogent et vont faire basculer un simple entretien, en drame médiatique et personnel. Du destin de Lady Di joué et interprété par Sarah Maria Sun nous n'apprendrons pas grand chose, excepté la puissance et dureté de l'impact des rumeurs ou encensements à son sujet. Les images, les paparazzis la poursuivent, la traquent et sur l'écran frontal des images trahissent les méfaits de ces parasites incontournables. Documents qui stigmatisent notre héroïne et encourage le speaker à la bousculer dans ses retranchements. La voix est changeante, virtuose et oscille entre texte et chant, bascule de l'un à l'autre pour devenir aussi cris et aveux d'impuissance. Fatalité d'un destin qui se montre derrière un voile opaque pour dissimuler les contours de la vérité. Sorte de flou pour pénétrer les secrets d'un mythe encore jamais traité en terme de scénographie et spectacle musical. La pièce est sobre, émouvante et décrit toute une époque où la "princesse" est reine et subit toutes sortes de pression. Corps contraint de la cantatrice qui se meut hors les canons de sa condition de princesse et campe un personnage livré à une partition simple et accessible donnant lieu à un opus convaincant et perspicace sur une femme victime de sa position sociale. Son partenaire, Silvester von Hosslin comme un écho et extracteur d'aveux et confidence fort réjouissant. Faire valoir d'icônes vidéo omniprésentes, histoire de dessiner des espaces de mémoire autant que des gros plans serrés sur les visages. Un castelet de praticables comme rideau de fin dans laquelle les deux personnages perdent pieds et tirent le rideau.


création française

performance | Sarah Maria Sun et Silvester von Hösslin

composition | Jannik Giger et Leo Hofmann
mise en scène, livret et video | Benjamin van Bebber
livret | Jude Ellison, Sady Doyle
lumière | Thomas Giger
vidéo | Flor de Fuego
scène et costumes | Lea Burkhalter
dramaturgie | Juliane Votteler
œil extérieur et management tournée | Jeanne Charlotte Vogt
assistante mise en scène | Judith Holland-Moritz
scène et assistante costumes | Julia Kraushaar
scène et assistante tournée | Prisca Grandi
voix | Josef Böhm, Lisa Pottstock, Alexandra Idele, Marla Johanna Breuker, Clara Gallagher
direction technique | Julian Gresenz

Orchesterschule Insel
coordination | Dorothee Mariani
violon | Iryna Polova, Lou Scheffer, Alma Bleich, Diart Krasniqi et Alesandro Garcia Fontan
alto | Fabian Louzan, Jari Szekely et Benjamin Sutter
violoncelle | Dorothée Mariani, Tomas Dias, Josefa Schweizer et Anjay Arumugam
Contrebasse | Noah Sutter et Alan Infante

Au Maillon Wacken dans le cadre du festival MUSICA—


représentations
ven 22 sept - 19h
sam 23 sept - 19h


coréalisation Musica et Le Maillon
commande Gare du Nord, soutenue par la Fondation pour la musique Ernst von Siemens, la Fondation Nicati-de Luze et la Fondation Suisa
avec le soutien de Pro Helvetia et Ernst Göhner Foundation.


jeudi 21 septembre 2023

"Oration of loss" une musique afro diasporique...

 


Pour son premier concert en France, la formation vocale Ekmeles nous fait découvrir trois figures qui incarnent le renouveau de la création musicale afro-américaine. Libérer les consciences, œuvrer pour la diversité et décoloniser la musique contemporaine est l’engagement de George Lewis depuis les années 1970. Sa voix est l’une des plus influentes dans le monde de la musique aujourd’hui, et dans son sillage, une nouvelle génération arrive. En font partie les compositrices Hannah Kendall et Corie Rose Soumah qui toutes deux s’appuient sur un héritage profond, celui de la mémoire de l’esclavage et des corps suppliciés pour la première, celui de la mélancolie des identités fragmentées pour la seconde.


créations françaises

Hannah Kendall this is but an oration of loss (2023)

Trois harmonica comme sur un filet de souffle ténu tiennent une ligne musicale fine et fragile. Les voix des trois chanteurs se distinguent alors en timbres, hauteur, tenue et variations multiples Un jeu scénique discret anime les interprètes habités et mus par une précision extrême et radicale de la partition.


George Lewis Lone Coast Anacrucis (2023) 

L'ensemble interprète avec brio une oeuvre complexe en hommage à la diversité; celle des langues, des couleurs de peau, celle des origines. Texte, voix et corps engagés dans cette cérémonie où de petites percussions timbrent le tout.Des expressions, des mimiques et surtout toute une gamme de sons issus des tréfonds de la voix: gorge, souffle, respiration, jusqu'à l'ecoeurement parfois simulé, l'espectoration, le cri, le borborygme.Et l'accordéon de s'immiscer dans ce gouffre de sons étranges pour mieux étirer l'espace sonore.


Corie Rose Soumah like a frog on the road to it (2023)

A nouveau de l'expression vocale en touches étouffées, les mains en percussion sur le souffle de la bouche et toutes sortes de manières d'émettre ce qui donne naissance à un panorama infini des possibilités d'inventivité du vent corporel Sur fond de bande sonore, les sonorités se fondent et s'accompagnent somptueusement.

A St Paul le 21 Septembre dans le cadre du festival MUSICA


Ekmeles
soprano | Charlotte Mundy
mezzo-soprano | Elisa Sutherland
contre-ténor | Timothy Parsons
ténor | Tomás Cruz
baryton et direction artistique | Jeffrey Gavett
basse | Steven Hrycelak

accordéon | Iwo Jedynecki



commande du Festival Ultima pour la nouvelle pièce de George Lewis
Ekmeles est lauréat du prix Ensemble 2023 de la Fondation pour la musique Ernst von Siemens

ce projet est soutenu en partie par Mid Atlantic Arts par l'intermédiaire de USArtists International, un programme en partenariat avec la Fondation nationale pour les Arts, la Fondation Andrew W. Mellon et Trust for Mutual Understanding.


"Hide to show" : leurre exquise qui nous grise. Quand le trouble règne, l'incarnation se fait virtuelle, la musique réelle! Fabuloserie ou musée des arts modestes très sophistiqués

 


En 2007, l’entreprise japonaise Crypton Future Media lançait la carrière de Miku Hatsune, une chanteuse virtuelle à la une voix de synthèse se produisant en concert sous la forme d’un hologramme. Cette icône de la culture pop allait-elle sonner le glas de la musique vivante ? Était-elle le signe d’une vie future vouée aux illusions digitales ? Rien n’est moins sûr… Quinze ans plus tard, le compositeur allemand Michael Beil joue avec le phénomène et avec notre perception : les musiciens et musiciennes que nous voyons, là devant nous sur scène, emprisonnés dans leurs cellules domestiques, sont-ils réels ou virtuels ? Un spectacle pluridisciplinaire virtuose où tous les artifices naissent encore et toujours d’un artisanat bel et bien vivant.


Sur la scène de la Cité de la Musique et de la Danse six"cabines" ou cellules abritent six musiciens habillés de couleurs chatoyantes...Dans une atmosphère bon enfant chacun y va de son instrument, isolé dans sa cabane.Rien de fascinant encore dans cette mise en bouche, prologue à bien d'autres aventures visuelles.

Une chanteuse toute japonaise , longues nattes violettes, style jeunesse dorée urbaine :Les courants de mode de rue au Japon sont multiples et ont pour la plupart vu le jour dans les années 1990. Il n'est pas rare de croiser dans les rues de Tokyo des jeunes filles ou jeunes garçons en costume, semblant sortir d'un parc d'attraction ou d'un dessin animé. Par exemple, les kogaru sont des adolescentes reconnaissables à leurs cheveux blonds ondulés, leur teint très mat et leur maquillage marqué, leurs chaussures à hauts talons compensés et leurs mini-jupes, robes à froufrous et autres accessoires bling-bling et tape-à-l’oeil. L'objectif pour ces jeunes filles est de ressembler aux filles occidentales, dans un style « kawai » (« mignon ») en poussant bien sûr le concept au maximum puisque, par nature, le japonais ne connaît pas la demi-mesure.Alors devenue pianiste, elle s'attèle au chant et séduit par son exotisme.Les choses se compliquent quand pour remplacer les musiciens dans leur cage dorée, des images se confondent et font leurre.Fausse incarnation puisqu'il n'y a plus personne en place sauf des avatars, clones ou autre icône artificielle à la place des corps. C'est visuellement bluffant et l'art vidéographique trouve une seconde dimension dramaturgique et humoristique. Six ou huit personnages en quête de compositeurs, musiques variées qui oscillent du pop au classique, font danser chacun pour soi puis collectivement nos héros de bande dessinée vivante.Le sourire aux lèvres ou le visage déconfit, les voici en groupe de chanteurs, formation improbable de joyeux lurons en pullover à carreaux: les nouveaux "Frères Jacques" de la scène musicale.Tout ceci vire à la virtuosité d'interprétation tant chacun est synchrone avec son voisin, sans se voir, hormis la perception innée, le rythme comme indicateur fédérateur. Les images se métamorphosent, se surexposent dans des couleurs flashies, les panneaux et petits rideaux qui se montent et se baissent à l'envi pour dévoiler la supercherie font office de jeu de cache cache



.Ça dansouille à l'envi et chaque corps se meut comme sur un dance floor épatant.Et les cabines de se transformer en petit salon de prestidigitation.. Fabuloserie ou musée de l'art modeste en superficie, alors que la complexité de la technologie nous livre un scénario-image loufoque et très sophistiqué. Quand la technique vire à l’irréel et à la fantaisie tout concorde pour instaurer une ambiance étrange, maline et burlesque. Ce petit castelet à six cases devient l'antre, l'endroit où se fabrique le rêve et l'illusion: du beau travail hypnotique et trompeur comme on l'aime au festival MUSICA. Et la lumière de transformer la scène en erre de jeu fantastique et drôle, la musique d'accompagner ces trublions modestes et innocents, responsables cependant d'un joyeux pataquès ludique et performant!L'ensemble Nadar n'a jamais autant porté son nom: roi de l'image et découvreur de la magie opératoire des images!

A la Cité de la Musique et de la danse le 20 Septembre dans le cadre du festival MUSICA


création française

musique, mise en scène, création vidéo | Michael Beil
vidéo live, scénographie | WARPED TYPE (Andreas Huck, Roland Nebe)
conseillère chorégraphique | Barbara Galli-Jescheck
livret | Charlotte Triebus

Ensemble Nadar
flûte | Katrien Gaelens
clarinette | Dries Tack
trombone et euphonium | Thomas Moore
saxophone | Bertel Schollaert

violon | Winnie Huang
violoncelle et direction artistique | Pieter Matthynssens
piano | Elisa Medinilla
percussion | Yves Goemaere
IG son et coordination technique | Wannes Gonnissen
IG lumières | Steven Reymer
administrateur | Robin Goossens
production | Veerle Vervoort